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Arthur Satàn,  So Far So Good : ex-fan des sixties

Arthur Satàn, So Far So Good : ex-fan des sixties

So good…

Ça débute tout doucement avec des notes aigrelettes jouées sur le dernier octave d’un clavier type Fender Rhodes. Le son et les mélodies sont familières et pourraient sortir d’un enregistrement pop anglais ou US des années 60. La rythmique langoureuse de guitare acoustique et le chant « youngien » nous font effectivement basculer cinquante ans en arrière, à l’époque des acides, des chemises à fleurs col pelle-à-tarte et autre délices psychédéliques.

Ces mélodies sont l’œuvre d’Arthur Larregle aka Arthur Satàn. Arthur, c’est à la fois le guitariste du combo électrique qui sait si bien délivrer de bons décibels de Bordeaux (et Turin) J. C. Satàn, et le producteur de nombreux artistes locaux (Siz par exemple dont nous vous touchions deux mots ici). Il enfile une nouvelle casquette et sort son premier album solo chez Born Bad Records. Ce So Far So Good s’avère bien so good du début à la fin. Un album qui sort à point pour passer l’été avec des mélodies et des sons qui vous emmènent loin.

Une belle écriture

Pour ceux qui connaissent la musique de J. C. Satàn, le talent d’écriture et de mélodiste du musicien ne leur est pas étranger. Car derrière le bruit et la fureur des guitares se cache une patte plus pop, très psychée qui s’exprime ici sans le mur du son « garage »—je sais qu’ils n’aiment pas qu’on leur accole cette étiquette, mais à la fois c’est tellement large…— qui habille d’habitude les compositions.

Les influences 60’s et 70’s ne sont jamais loin. Martial de Total Heaven (disquaire, Bordeaux) aime à définir le groupe comme « un QOTSA qui se fait botter le cul par le Black Sabbath de “Paranoid” pendant que Jean-Claude Vannier fait le guet au coin de la rue » (dixit le site Born bad). Je ne saurais dire mieux, tant l’image est juste. À l’en croire, Arthur n’en est pas à son premier essai solo puisqu’il aurait déjà enregistré quelques titres désormais introuvables il y a une petite dizaine d’années.

She’s long gone convoque sans équivoque l’ombre des Fab Four (que JB boss de Born Bad semble ne pas trop aimer…) tout comme The Boy In The Frame (dont la mélodie d’intro a un je ne sais quoi de Warpigs du Sabbath) à propos duquel l’artiste déclare avoir fait sa thérapie en l’écrivant. Certes, il y a du T. Rex dans She’s Hotter Than The Sun (où les guitares fuzzées reprennent leurs droits), on trouve aussi du Kinks ou du Scott Walker ou encore du America, presque brut dans ces compositions, comme si chaque titre renvoyait à une influence bien particulière, comme une tentative de retrouver la recette des madeleines de Proust musicales qui l’ont bercé à un moment ou un autre.

So Far So Good opère de la même manière que les compils de Peter Quill des Gardiens de la Galaxie : il évoque des moments passés et une sorte de paradis musical perdu, sans nostalgie mais avec une forme de saine naïveté.

Le truc des compiles de mon père, j’y ai vachement pensé en revanche. Il m’emmenait à l’école en primaire en foutant des cassettes dans la bagnole : le “Double Bleu”, le “Double Rouge” des Beatles, et d’autres trucs à la con que tu chopais pour rien avec des morceaux sixties et seventies. Tu croisais les Shocking Blue, Dusty Springfield, tous les énormes tubes à la Canned Heat. Le genre que tout le monde connaît, sans forcément connaître le nom des groupes. Et chacun des morceaux de mon disque me rappelle un peu une de ces chansons.

Les Inrocks, https://www.lesinrocks.com/musique/arthur-satan-cest-pas-parce-que-tas-un-bon-riff-que-tas-un-bon-morceau-393171-30-06-2021/
Le titre qui ouvre l’album donne le ton de l’ensemble : un air de fin d’été sur fond de revival 60’s

Arthur Satàn, en mode DIY pendant le confinement

Fort de son expérience avec J. C. Satàn (chronique de leur dernier et très bon album, Centaur Desire à lire ici), le guitariste est aussi producteur, ingénieur du son et possède son propre matériel d’enregistrement chez lui. Conséquence, ce dernier a donc trompé l’ennui du confinement en enregistrant les ritournelles qui lui passaient dans la tête sous la douche, puis entre les doigts. Le ralentissement, voir l’absence de trafic, lui a octroyé des périodes de calme absolu favorisant l’enregistrement d’instruments acoustiques sans interférences sonores perturbatrices (klaxons, motos…). Producteur, musicien multi-instrumentiste, il n’a eu donc aucun mal à mettre en boite des titres assez rapidement, puisque, de son propre aveu, il enregistrait et écrivait les textes en un à trois jours. So Far So Good est un album « fait maison », impulsif et sans arrière pensée.

Pour preuve, à chaque fois qu’un morceau était enregistré, il était publié sur Soundcloud. Tout d’abord conçu pour occuper le trop plein de temps d’un gars qui n’aime pas ne rien faire, il n’était pas vraiment dans l’intention de celui-ci de sortir un L.P.. C’est sur l’insistance de son entourage, et du label, que l’artiste s’est finalement décidé à publier l’album. Jouant tous les instruments lui-même,Arthur Satàn prépare également un clip avec l’aide du batteur de JC (Romain) et répète un version scénique de ses titres avec une partie du groupe et d’autres musiciens (dates en lien en bas de l’article). DIY, c’est aussi une volonté de rester indépendant, de défendre certaines valeurs dans le « business » de la musique, ce que revendique Arthur.

DIY une fois DIY toujours, l’artiste tatoueur (L’Homme Invisible, Bordeaux) tatoué est aussi illustrateur, ainsi que l’auteur de la pochette de l’album, sorte de fresque à la Bosch (Jheronimus Van Aken dit Bosch, le peintre, pas l’outillage ou les moteurs de vélo!). Elle donne une assez bonne idée de son univers graphique, quasi exclusivement en noir et blanc, mélangeant et détournant figures animales, insectoïdes, quelques éléments de l’imagerie chrétienne, foules de squelettes, imagerie médiévale…

Et l’album est un peu à cette image : un mélange personnel d’influences que l’on devine dans les mélodies et instruments. Des influences détournées et qui se cachent derrière un habillage habile et délicat. Tout comme derrière le tatoué un peu bourru d’aspect se cache un homme d’une grande gentillesse, derrière la rudesse et le gros son de J.C Satàn se dissimule un musicien/compositeur aux arrangements sensibles et précis. Et tout ceci, comme toute chose qui est bien cachée, est pourtant bien visible à celui qui sait voir (entendre). Car les mélodies de ce So Far So Good ne sont pas très éloignées de celles des morceaux du groupe bordelais.

L’influence cinématographique d’Arthur Satàn

Jusqu’ici tout va bien. So Far So Good. Le titre de l’album traduit le sentiment du musicien vis à vis de son parcours, estimant que jusqu’à aujourd’hui il a eu la chance de pouvoir faire à peu près ce qu’il aimait, sans trop se casser la gueule (à part à vélo) et de pouvoir exprimer sa créativité. C’est une citation extraite d’un dialogue de La Haine, elle-même reprise des Sept mercenaires dans la bouche de Steve Mc Queen (The Magnificent Seven, 1960).

Car Arthur Satàn est un grand amateur de musique de film, comme il le dit lui même dans cette interview, ce qui se ressent beaucoup plus encore avec ces compositions, et notamment avec le court instrumental The Nap sur lequel plane l’ombre des compositeurs français des 60’s et 70’s (François De Roubaix, Francis Lai…). Comme il l’admet dans une interview donnée aux Inrocks, l’album aurait pu dériver vers une sorte de bande son d’un film imaginaire. Boredom is quiet, dont l’ambiance très cinématographique qui évoque un peu le Morricone d’Il était une fois dans l’ouest clôt le disque, pourrait être un des titres de cette B. O..

Au final, un album d’ Arthur Satàn qui ne révolutionnera jamais la pop, mais qui lui rend hommage au travers de dix titres composés et arrangés avec talent, et d’ une musique qui offre tout simplement à l’auditeur le plaisir qu’elle devrait toujours lui procurer. Sans prétention, avec la plus grande simplicité, le bordelais nous donne à entendre, non pas son côté obscur, mais la partie lumineuse de sa personnalité musicale. On entre dans ce disque comme chez un ami de longue date chez qui on a plaisir à se retrouver.

Liens

https://www.facebook.com/ArthurSATAN

https://jcsatan.bandcamp.com/album/so-far-so-good

https://www.bornbadrecords.net/artists/jc-satan/

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