En Une: Laetitia Shériff et Thomas Poli. St Nazaire le VIP – photo benoit pour weirdsound.net
Laetitia Shériff est depuis près de 20 ans, une des figures majeures du rock indé français. Pour une raison mystérieuse, elle reste cependant encore trop peu connue en France; Pourtant, son dernier album, Stillness, paru il y a un an,sur le label Yotanka, regorge de bons titres. Je l’avais vue, la première fois, dans une soirée plus Folk Rock, le 1er Mai 2004. Ce soir là, à l’Olympic de Nantes, elle partage la-très belle- soirée avec les Anglais de Sophia et les Islandais de Mum. Interessant d’apprécier le chemin parcouru par Laetitia Shériff depuis 2004- sortant alors son premier album-et aujourd’hui où, désormais, elle impose sa loi musicale.
Zaho de Sagazan: découverte intéressante
La chanteuse Zaho de Sagazan, jeune artiste de 21 ans, remplace, quasiment au pied levé, Peter Von Poehle. Celui ci, victime d’une extinction de voix a du déclarer forfait la veille. « C’était pas prévu » avoue d’ailleurs la chanteuse , sans doute aussi ravie de pouvoir faire partager ses chansons; certains avaient pu déjà la voir lors d’une soirée, le Quart d’heure nantais, à Stereolux, 2 semaines plus tôt. Elle cotoie alors notamment Coline Rio, la chanteuse d’Inuit, en solo. Vous pouvez aussi jeter un oeil à sa prestation vocale avec le groupe Vagabond sur Culture Box, lors de l’été 2020.
Zaho de Sagazan, cheveux raccourcis, a une voix plutôt grave. Cela ne l’empêche pas de faire des vocalises plus aigues, tout en gesticulant et nous faisant vivre sa musique. Une voix intéressante qui nous présente des chansons en français. N’ayant pas encore de disque paru, je me contente donc des informations données par la chanteuse. Zaho de Sagazan nous présente souvent ses chansons. J’aime bien Dernier Voyage, titre pêchu. Suffisamment, « une chanson d’Amour », nous offre aussi de belles nappes de synthé. Encore un bon titre pêchu précède Mon Corps. Zaho tient à préciser qu’elle a longtemps rejeté son corps. Une thérapie musicale réussie? Alors tant mieux!
Laetitia Sheriff: Stillness, un album appel à se réveiller!
Le monde est en mouvement comme le chante d’ailleurs Laetitia Shériff dans son dernier opus. Le titre, Stillness, le calme, est cependant trompeur. L’album a, cependant, été écrit avant la pandémie. La dernière session d’enregistrement et le mastering se déroulent début Mars 2020, quelques jours avant le confinement. Beaucoup des textes de la chanteuse sont alors « autour de l’immobilité, du besoin de se retrouver, de prendre le temps d’observer ce qui nous entoure, sans oublier le passé » explique t-elle dans une ITV à Guitarpart.
Sur ce besoin de se retrouver , Laetitia Shériff apporte des précisions intéressantes dans le communiqué qui accompage la sortie de l’album. « C’est un combat car, en ces temps troublés, tout nous éloigne de nous même et tout nous disperse. Voilà pourquoi Stillness, s’il est aussi recherche de calme et de sérénité, est aussi un cri de révolte contre tous les conditionnements, contre l’oubli et la passivité qui sont les formes de l’abandon de soi« .
Les influences et références musicales majeures de Laetitia Shériff sont larges. De Oh Sees à Bowie, en passant par Sunn O))) et Jason Loewenstein du groupe Sabadoh. Belles influences musicales mais aussi littéraires et humanistes voire spirituelles. Si, pour Patti Smith, le rock est une forme de spiritualité, Laetitia partage avec elle un « rock pétri de conscience ». « On vit une période assez dure et compliquée, avec une notion d’avenir complètement biaisée. Mais je pense qu’il y a une forme de solidarité qui peut se créer autour de nous » ajoute t–elle fin 2020. Pourvu que certains de ces élans généreux, vécus en temps de pandémie, ne soient pass trop vite oubliés!
Un concert Rock conjugant cri de révolte et émotion!
Les titres de Stillness ayant été enregistrés dans les conditions du Live, il n’est pas étonnant de retrouver, en concert, les mêmes ingrédients. L’émotion et le calme, souvent trompeur, vont ainsi cotoyer la rage et l’énergie brute encore plus palpables en Live. Laetitia Shériff, faute de tournée après la sortie de l’album Stillness, va, bien sûr, nous en jouer 7 des 10 titres! Elle est entourée de Thomas Poli (guitare et basse) et de Nicolas Courret à la batterie. Beaucoup ont déjà croisé Thomas Poli, notamment avec Dominique A et Nicolas Courret avec Eiffel.
Le concert commence avec-sans doute pas un hasard- le titre d’ouverture de Stillness, People Rise Up. Cela me semblait faire écho aux propos de Oystein Braut, frontman d‘Electric Eye-récemment chroniqué- It’s time to wake up kids. Bon, il semble que seuls les dirigeants politiques soient sourds et aveugles. C’est l’un de mes titres préférés, précédant , comme sur l’album, A Stirring World. Quelques sourires et Laetitia Shériff continue sur un rythme rapide avec 2 incursions dans des albums plus anciens. Solitary Play est emprunté à l’album Games Over de 2008. Quant à The Pachyderm Memories, c’est l’un des 5 titres du mini album The Anticipation de 2015.
Pour ces 4 premiers titres, Laetitia Shériff garde sa Fender Jazzmaster. Tiens, elle ne joue plus de basse, s’étonnent certains? Elle avait annoncé la couleur en préparant son album. Elle jouerait plus de guitare que de basse. Retour pour 5 titres au dernier album avec changement de guitare. C’est une Danelectro baryton, la première guitare achetée par Laetitia Shériff. J’aime beaucoup We are You puis le plus cool Go To Big Sur….cela fait du bien! Le calme avant la tempête. Laetitia Shériff empoigne sa basse pour la première fois pour un Outside pêchu après un début pourtant calme. Si l’on pense souvent à Shannon Wright ou P.J Harvey, je trouve aussi autant un parfum Anna Calvi chez Laetitia Shériff.
Laetitia Shériff, la prêtresse au Rock dans le sang
Le très rock Stupid March est enchaîné avec Sign Of Shirking tout aussi ravageur. On reste dans un tempo rock et swingant avec The Living Dead de l’album de 2014. Le public adore. Laetitia Shériff reprend sa guitare et en profite pour échanger un peu avec celui-ci. « Vous êtes en forme »…mais aussi -hélas-« ce sera le dernier morceau »…Riffs de guitare et batterie lourde pour un titre démarrant comme une marche. C’est Urbanism (After Goya), toujours extrait de Pandemonium, Solace and Stars, un des grands titres de la chanteuse. La fin du titre, très calme, nous ramène au propos de Stillness! Ouf…un rappel…Laetitia Shériff revient seule pour 2 titres….un parfum de Patti Smith souffle à nouveau.
Le set est terminé. Laetitia Shériff reste une grande artiste, prêtresse plus rock aujourd’hui qu’hier. Une artiste toujours faisant preuve de simplicité et qui donne le meilleur d’elle même en concert. Pour les séances de rattrapage, c’est encore possible! Elle va encore donner 6 concerts d’ici la mi-Décembre. Elle retrouve, notamment, sa ville d’adoption, Rennes le 11 Décembre pour un concert avec les belges de BRNS. Ceux-ci viennent de sortir un nouvel album, aussi sur le label Yotanka.
Pour les déçus de l’annulation, Peter Von Poehl sera au VIP de St Nazaire, en concert, le 18 Décembre.