En une photo: H-Burns au Festival Check in Party Août 2022 crédit photo benoit@weirdsound.net
H-Burns revient avec un nouvel album, Sunset Park, le 3 Février . Il sort cette fois sur le label nantais Yotanka qui va fêter ses 20 ans. 18 mois après la belle parenthèse Cohen et bientôt 4 ans après Midlife, revoici donc un des plus talentueux artistes français Folk Rock. Un bref retour sur sa carrière va vous rappeler que les débuts furent aussi davantage Post Rock!
H-Burns: 20 ans de carrière pour un virage musical
Bon, on ne va pas vous résumer la carrière musicale de Renaud Brustlein aka H-Burns en 5 lignes ni en 50. Renaud Brustlein s’est d’abord illustré, de 1999 à 2006, dans le groupe Dont Look Back. Quartet plutôt Post Rock qui sort 2 albums sur 2 labels différents. Rehearsal est l’un des titres, du premier album, seulement instrumental, de 2003…souvenir, souvenir….
Sur le deuxième album, Brighter, en 2005, des titres excellents et surprenants pour ceux qui écoutent H-Burns aujourd’hui. Plusieurs titres à vous conseiller sur ce cd que j’ai réussi à récupérer. Farewell To The Bright Side vous révèle Renaud Brustlein désormais chanteur guitariste (il a écrit les paroles). Ecoutez aussi le fantastique Dark Robson, sur un poème de Ginsberg ou Kids Got Shadows In Their Eyes.
En 2006, Renaud est devenu H-Burns et sort son premier album solo chez Noise Digger. Les onze morceaux acoustiques sont dédiés à Johnny Cash, avec des clins d’oeil dans les titres….Un virage plus Folk Rock est désormais aussi pris. En 2008, c’est un nouvel album chez Boxson. H-Burns décide alors de s’entourer de musiciens comme ceux de Syd Matters ou Stéphane Milochevitch aka Thousand. Si ce dernier est aujourd’hui sur le label Talitres, on le retrouve encore, aujourd’hui, dans le nouvel album de H-Burns! D’autres albums vont suivre, au fil des années et des changements de labels, Vietnam puis Because.
H-Burns: des influences anglo-saxonnes marquées
Les influences anglo-saxonnes sont nombreuses chez H-Burns . Ses compositions et albums, depuis 2009, ont été marqués par l’Amérique. Les collaborations le montrent aussi. Ainsi, dès l’album We Go Way Back, on croise Tony Dekker, chanteur de Great Lake Swimmers aux côtés, certes de Milochevitch et Morali. En 2011, H-Burns collabore avec l’anglais Chris Bailey (The Saints) pour l’album sorti sur l’autre label bordelais Vicious Circle. Collaboration américaine à nouveau avec Troy Von Balthazar(ex Chokebore) en 2017. C’est surtout la collaboration avec le musicien producteur d’Elliot Smith, Rob Schnapf depuis 2015 comme on le verra plus loin.
Dans le parcour Folk Rock de Renaud Brustlein, la parenthèse Burns On The Wire était presque inévitable. H-Burns revisite, avec brio, Leonard Cohen avec The Stranger Quartet. La longue tournée, passant notamment par Check In Party en Août 2022, nous montre alors que H-Burns sait aussi reprendre, avec talent, les grands classiques du Canadien.
Sunset Park: un album pas seulement californien!
Le nouvel album d’H-Burns, Sunset Park, reflète-apparemment seulement- la Californie. Bien sûr, on peut penser à Sunset Boulevard, la mythique avenue de L.A débouchant sur Malibu. La pochette de l’album peut nous faire rêver aussi de ce coin de planète. Peinte par Gilles Marrey, elle représente en fait la plage de Pacific City, dans le comté de Tillamook dans l’Oregon. Une esthétique appréciée et définie par H-Burns: « Lumière incertaine juste après le coucher du soleil ».
L’écriture de l’album a pourtant commencé juste avant le premier confinement, au fond du Vercors et pas en Ardèche comme 15 ans plus tôt. C’est tout de même un cadre apaisant dont semble avoir besoin H-Burns pour se ressourcer. Le chemin passe ensuite par le studio de David Chalmin, au Pays Basque. C’est l’un des deux musiciens -collaborateurs qu’affectionne aussi le groupe The National dont le nouvel album est prévu pour Avril. L’album sera ensuite peaufiné en Californie, à L.A.
Ah, la Californie, nous y voilà! Dans le studio de Rob Schnapf. On retrouve déjà celui-ci pour le mixage, l’enregistrement et la production de l’album Night Moves, en 2015. Il est encore à la manoeuvre dans l’album suivant, Kid We Own The Summer, en 2017, et chroniqué ici. Déjà un parfum californien où se mêlent David Lynch, le Boss et The National pour une certaine mélancolie. H-Burns ne tarie d’alleurs pas d’éloges sur Rob Schnapf, incontournable pour retrouver l’esprit West Coast. « Personne mieux que lui n’aurait pu apporter l’ambiance familiale protectrice telle un cocon que je recherchais ».
H-Burns et son album cheminent aussi jusqu’à Vancouver. Un road trip accompagné par la bande sonore de l’audio-book du roman, paru en 2011, de Paul Auster, Sunset Park. Bon, vous savez maintenant d’où vient le titre…..effaçant un peu le seul mythe L.A…
Sunset Park: un album Folk Rock sensible.
Dès le morceau titre qui ouvre l’album, on tombe sous le charme de celui-ci. On ne peut s’empêcher de penser à la mélancolie récurrente de The National. La pedal steel guitare sublime ce titre; Merci Stéphane-Thousand. Blue Lights est plus rythmée avant un Morning Flight sublime et addictif. On y croise un autre collaborateur de The National, Benjamin Lanz, pour des cuivres somptueux. Le clip a été tourné dans le quartier d’Echo Park sur Sunset Boulevard. Le sentiment de mélancolie, au soleil couchant, est aussi renforcé par les paroles. H-Burns semble errer, fixant la ligne d’horizon et s’emmerdant profondément! Le ton de l’album est donné?
Late Bloomers poursuit l’opération séduction. Son Up Tempo « fige l’invincibilité adolescente » nous déclare H-Burns. Puis il ajoute: « L’impression que rien ne nous atteint se volatilise au fil des années avant de nous laisser seul face à l’adversité. » New Moon nous offre une douce ballade avec éclats de guitares l’éclaboussant. La douceur revient ensuite provisoirement avec des nappes de claviers.
Dark Eyes est au coeur de l’album de 13 titres . Il nous séduit doublement par la présence de Dominique A. C’est l’un des artistes français-avec Bertrand Belin- qu’affectionne H-Burns. Dominique A a enregistré sa partie au Garage Hermétique de Rezé avant qu’elle soit remixée à L.A. Ce studio de l’agglo nantaise a vu passer, depuis 30 ans, de nombreux artistes, y compris The Libertines de Peter Doherty. Les deux voix cohabitent avec sensibilité et fragilité pour chanter l’Amour fuyant. Alternent le spoken word en français de Dominique A et l’anglais de H-Burns pour notre plus grand plaisir!
H-Burns et le retour nostalgique à L.A
Different times nous fait retrouver les guitares éclatant comme des étincelles et cristallines. Le tempo, plus enlevé, en ferait presque un titre dansant. L.A est l’un de mes titres minimalistes préférés. Encore un titre, court, empreint de mélancolie. Il nous livre une des clés de ce Road Trip mêlé de nostalgie. « Tous les souvenirs que j’ai rejetés sont la raison pour laquelle je continue à voyager » nous chante H-Burns. Un road trip pour panser des plaies non cicatrisées. Le retour à L.A n’en est que plus difficile. Amour et douleur se mêlent dans le ciel violet du crépuscule.
La veine musicale douce se poursuit avec Familiar et, surtout, le superbe Sidelines qui nous fait rêver. Movies clôture l’album en beauté. Titre absolument magnifique avec le piano sur lequel vient se poser la voix sensible de H-Burns. La deuxième partie du titre, plus électrique, nous révèle toute la complexité et la richesse de la musique de H-Burns. L’émotion est à son comble lorsque H-Burns nous chante « Je m’enfuis en pensant que le temps guérira tout ». Il faut apprendre à vivre avec les absents même si leurs fantômes nous hantent au quotidien.
Bon! Vous avez hâte de découvrir l’album en Live…alors rendez vous dans les concerts!
Notamment le 15 Mars à Laval ou le 8 Juin à Paris (La Maroquinerie)
Autres dates: https://www.bandsintown.com/fr/a/190608-h-burns