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Camille Deléan: Le milieu intérieur de Cold House Burning

Camille Deléan: Le milieu intérieur de Cold House Burning

Trois ans après son premier album, Music on the Grey Mile, Camille Deléan revient avec un nouvel opus, Cold House Burning. Son 1er album, avait été enregistré entre Montréal et Londres et l’avait fait découvrir en 2017: c’était un disque folk rock, un peu intemporel, apparaissant comme une oeuvre de voyages et de désorientation. Un album plein de délicatesse et de poésie mais aussi de caractère qui comportait de belles ballades comme Heron,Timberline Rover, Black Sail ou Shaky Ground, parmi mes titres préférés. Ironie du destin ou titre tristement pémonitoire, Cold House Burning paraît le 5 juin, sur le label E-Tron Records, alors que l’appartement de Camille Deléan, sa « bulle » montréalaise, vient de brûler, fin Mai.

Timberline Rover et Black Sail, sur le pemier album de Camille Deléan

Cold House Burning ou Le Milieu Intérieur de Camille Deléan

Dans un article du quotidien montréalais Le Devoir, Camille Deléan confiait que le « Milieu Intérieur » aurait pu être un bon titre pour ce deuxième album. Ce sont les deux mots qui apparaissent, en français, dans le titre Flash Flood. C’est , en effet, le thème majeur de l’album, reflet du concept du médecin Claude Bernard au XIXème et définissant l’homeostasie; comme l’explique Camille Deléan, c’est « l’autorégulation d’un système biologique, l’équilibre dans notre système…C’est vraiment cela, l’idée de l’album: la quête d’un équilibre qui ne vient pas naturellement ».

Camille Deléan a peaufiné toutes ces nouvelles chansons, souvent déjà composées quand paraissait son 1er album, alors qu’elle s’installait à Montréal, il y a trois ans: une installation qu’elle considérait comme temporaire, ne connaissant personne et sa famille étant restée à Toronto. Après plusieurs années à voyager en Europe, notamment Paris et Londres, elle avait un peu peur de s’installer dans cet appartement de Montréal qui allait se révéler être sa bulle pendant près de 3 ans: elle n’avait pas trop le choix non plus, étant confrontée à de nouvelles crises d’ankylose dont elle souffre depuis son enfance. « J’ai tendance à être solitaire, ajoutait-elle dans cette ITV au Devoir, mais cette solitude est devenue un piège, un cercle vicieux quand ça fait si longtemps qu’on s’enferme, on ne sait plus comment s’en sortir…c’est un peu ça l’album, quand ton monde devient tellement petit, quand toutes les journées se ressemblent« …. Le monde avançait alors, mais sans elle, contrairement au confinement que nous avons tous vécu récemment. L’album va, évidemment, être imprégné de tout cela.

Cold House Burning pochette de l'album de Camille Deléan
Cold House Burning pochette de l’album de Camille Deléan

Cold House Burning, un album oppressant?

« J’ai fait un album oppressant, un album où l’on bouge mal et se sent mal…pour moi, l’été c’est cela  » confiait-elle encore au Devoir. Il faut dire que Camille Deléan semble préférer l’hiver et le froid mais, paradoxalement, son album paraît juste avant l’été pour nous envelopper davantage. Personnellement je ne trouve pas qu’il communique cettte oppression, même s’il reflète un monde intérieur troublé: le confinement, la maladie, le paradis et l’enfer et une lutte pour un équilibre entre le rêve domestique et le cauchemar: « Ca va être un combat toute la journée/je suis presque ravie » chante t-elle sur Medecine Morning. Pour Camille Deléan, c’est le titre, assez enlevé, Fault Line (late July) qui est l’épicentre de l’album: elle chante: « Tread lightly/Think Steady/Watch Your Footing around the lines/ or your going down/ Marche avec légèreté/Pense stabilité/Surveille ton équilibre/ou tu vas descendre/. « J’ai beaucoup exploré le thème de l’équilibre qui ne vient pas naturellement chez moi » confesse t-elle encore avant d’ajouter: »En fait, il s’étend à toutes les échelles…les textes de mes chansons en font foi, la musique aussi. Parfois, j’étais dans cet esprit lors de la composition de l’album. J’ai toujours eu peur de m’ancrer à un endroit. Cette crainte a nourri mon isolement . Plus on se renferme, plus il devient difficile d’aller vers l’autre, vers l’inconnu« : c’est ce que traduit la chanson Afraid of People.

Fault Line, l’épicentre de l’album pour Camille Deléan

Un album à l’instrumentation soignée et réalisé avec des collaborateurs de confiance.

« Je voulais que l’instrumentation soit plus raffinée, plus épurée. J’avais envie d’explorer aussi davantage les choeurs » déclarait Camille Deléan dans une entrevue téléphonique au site canadien Pan m 360. L’objectif est atteint, car, même si les rythmes sont souvent lents, les mélodies vont nous envoûter en combinant riches, mais sobres, arrangements , sublimés, bien sûr, par la voix de Camille Deléan qui reste très présente. L’album Cold House Burning se déploie ainsi sur des cadences subtiles, dès le 1er morceau, Idle Fever, out of time mais n’a pas peur de s’aventurer sur des terrains plus alternatifs et exploratoires comme sur le magnifique Flash Flood (Milieu Intérieur), un de mes titres préférés ou sur Medecine Morning. Chaque chanson se construit autour d’un dialogue intérieur, nourri par l’isolement et la solitude: ce dialogue s’est installé entre la chanteuse et ses pensées; Dans une ITV au Droit, grand quotidien francophone d’Ottawa, Camille Deléan évoque aussi les choeurs, souvent présents mais de façon très subtile et discrète: « Avec les choeurs, j’ai essayé de composer avec les voix qui chuchotent, toutes ces voix prises dans ma tête« , avant d’ajouter: « Les choeurs contribuent à l’aspect fantomatique de l’album. Ce sont des voix qui sont là sans être là. C’est sombre« . Camille Deléan en profite pour rappeler qu’elle adorait les premiers albums de R.E.M qui l’ont marquée et ont teinté, musicalement, la création de Cold House Burning.

Sur le plan de l’instrumentation, Camille Deléan a construit ses morceaux à partir de la batterie pour imposer « des rythmes simples et lourds » expliquait-elle au Droit. « C’est comme si les mélodies poussaient contre les rythmes, comme si elles essayaient de pousser la musique pour réussir à la faire bouger« . Sur de nombreux titres, on peut remarquer que la basse joue aussi un rôle important, en contribuant à ce « mouvement lent et pesant » nous éclaire encore Camille Deléan. Le saxophone, toujours subtil, vient suggérer la respiration: « il se mélange un peu à la voix, il ya beaucoup d’air dans ses textures et ça ressemblait à la respiration » précisait Camille Deléan, car « quand on est enfermé, le son de la respiration, c’est tout ce qui reste, avec le silence« . Le rôle des claviers est plus complexe: le piano plus sombre, avec des notes basses est assuré par Jeremy Gara, alors que le clavier, plus léger est assuré par Mathieu Charbonneau.

Camille Deléan s’est entourée de collaborateurs de qualité et confiance, devenus souvent ses amis. L’album a été enregistré avec le multi instrumentiste Michael Feuerstack (membre de Bell Orchestree et de Wooden Stars) qui est devenu son premier ami à Montréal et son co-producteur. On trouve aussi Jeremy Gara, le batteur d’Arcade Fire, au piano et à la batterie, Mathieu Charbonneau, le claviériste d’Avec Pas d’Casque et de Timber Timbre, et Philippe Charbonneau (de Scattered Clouds- voix et synthés) et co-fondateur du label E-Tron Records. N’oublions pas, enfin, le violon de Joshua Zubok et le saxo de Adam Kinner,(tous deux membres de Land of Kush, autour du compositeur oudiste et chef d’orchestre Sam Shalabi).

Un de mes 3 titres préférés

Cold House Burning est un bien bel album de Folk Rock, reflet d’une fragilité et dd’une quête pour retrouver un équilibre délicat qui se clôt avec le très cool What I Lost in The Snow, sorte de point de fuite vers l’horizon. camille Deléan semble s’avancer, plus optimiste sur les dernières notes de piano.

https://camilledelean.bandcamp.com/album/cold-house-burning


https://www.ledevoir.com/culture/musique/580226/le-milieu-interieur-de-camille-delean

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