Dès notre arrivée au MOTOCULTOR FESTIVAL, nous avons eu l’opportunité de rencontrer les lillois de THE LUMBERJACK FEEDBACK, un groupe de Doom / Sludge métal instrumental qui a la particularité d’avoir deux batteurs. Ce sont eux qui ont ouvert les hostilités lors de cette édition 2018 sur la Dave Mustage. A peine sortis de la voiture, les pass fraichement accrochés à nos poignets et nous voilà déjà sur le front. Nous avons échangé après leur show avec SIMON et GEOFFREY (les deux guitaristes) pour parler de leur formation ainsi que de leurs projets en cours et à venir.
Enjoy !
Weirdsound : Bonjour. Tout d’abord on se posait une question à propos de votre nom. Pourquoi LAMBERJACK FEEDBACK ?
Simon : Alors ça remonte à l’époque où j’étais à la fac et où j’essayais d’expliquer à mon prof d’anglais la musique que je jouais. J’étais quasi incapable de lui expliquer et de ce qu’il a compris est sortie cette expression « Lamberjack Feedback ». On n’avait pas de nom de groupe alors on l’a gardé.
Geoffrey : Et littéralement de toute façon ça fonctionne plutôt bien. Un larsen de bûcheron … Du gros son de bûcheron … Je pense que ça nous définit bien.
W : Vous vous connaissez tous depuis le début ?
Geoffrey : Moi je suis dans le groupe depuis 6 / 8 mois mais je connais Simon depuis bien longtemps. On joue dans un autre groupe ensemble qui s’appelle MERCURE. Et donc j’ai intégré la formation quand Arnaud, le précédent guitariste, a quitté le navire. Donc, moi, je vais te parler des trucs plus actuels car ça ne fait pas si longtemps que ça que je suis dans le groupe, bien que je le suivais depuis les débuts ou pas loin .
Simon : Sinon le groupe existe depuis maintenant 10 ans.
W : Si je ne me trompe pas, et si c’est le cas je peux me faire flageller, il n’y a pas de soucis, vous avez sorti un album intitulé BLACKENED VISIONS. Et avant ça il y avait un autre album uniquement numérique ?
Simon : Il y a eu un premier EP numérique en 2009 qui consistait en un seul et même morceau de 15 minutes. Il me semble que 2 ans après on a sorti un EP de 6 ou 7 morceaux. Encore 3 ans après il y a eu un autre EP intitulé Hand of Glory, qui était le premier EP avec les deux batteries. Puis après on a sorti un live qui était dans une église. Puis enfin Blackened Visions en 2016 et le suivant qui ne devrait pas tarder.
W : Je rebondis sur ce que tu as dit. Vous avez joué dans une église ?
Simon : Alors en fait c’est une salle qui s’appelle L’Aéronef à Lille qui propose tous les ans à des groupes locaux de filmer 2 titres live. Soit ça se fait dans leurs murs soit ça se fait ailleurs. Nous on a eu l’idée de faire ça dans un lieu un peu atypique, dans une église désacralisée (c’est une salle des fêtes) mais qui a encore gardé toutes ses décorations. Donc c’est hyper joli. Et surtout on s’est fait un gros délire de faire ça sans public.
W : A la PINK FLOYD.
Simon : Exactement. On avait un peu le Live at Pompeii en tête. Je trouvais ça génial de se dire que personne ne pourrait venir.
W : Même après transformation, l’église a gardé son acoustique ?
Simon : Ouais tout est nickel, tout est resté intact. C’était génial !
W : Sans public il devait y avoir moins de pression ?
Simon : Et bien pas forcement car il n’y avait que deux prises. Une pour la vidéo et une pour le son. Donc tout ce que tu entends sur la vidéo c’est fait en une seule et unique prise. Ce qui est génial dans ce genre d’endroit c’est que l’on ressent des choses particulières. Et le son est lui aussi particulier. Jouer sans public, forcement, ton regard se perd sur des éléments de décors et ce genre de lieu de culte c’est blindé de décors qui te captent l’oeil, qui t’emmènent dans des pensées un peu bizarres. On a passé une journée là dedans. C’était vraiment génial.
W : Dans vos titres il n’y a pas de paroles. Ce n’est pas plus compliqué de construire autour ou même tout simplement de se repérer dans la structure ?
Geoffrey : Tu a carrément capté le truc. C’est sûr que quand il y a un chanteur tu sais où tu te trouves dans le morceau. Mais nous aussi il y a des structures qui sont établies, c’est nécessaire. Nécessaire pour nous au niveau du repérage et nécessaire pour rendre les morceaux intéressants. C’est instrumental … il y a deux batteries aussi. On fait des structures pour qu’il se passe un maximum de choses dans chaque titre, qui sont relativement longs a chaque fois qui plus est. C’est ça qui m’intéresse depuis que je suis dans le groupe et même avant. C’est qu’il n’y a pas besoin de chanteur pour que ce soit cool à écouter.
W : Ce n’est pas pour faire mon lèche botte mais c’est plutôt réussi. Au début je me suis dit que ça allait être encore un groupe comme APOCALYPTICA. Mais en fait pas du tout. On se prend au jeu.
Geoffrey : Après, tu sais, j’en écoute beaucoup des groupes instrumentaux qui peuvent être ennuyeux en live. Sur CD tu peux être emporté mais en live il faut qu’il se passe des choses.
Simon : Il y a un lien avec la musique classique à faire, où ce sont des œuvres très longues et où il n’y a pas forcement de chant.
W : Le public n’est peut être pas formaté à ça …
Geoffrey : C’est la culture pop dans laquelle on a grandi.
Simon : Quand tu te mets un morceaux de musique classique ça ne te viendrait pas à l’esprit de te dire : « sans chant ça va être chiant ! ». Car on conçoit la musique classique comme cela .
W : Mais au point de vu création, comment ça se passe car c’est assez abstrait pour moi.
Geoffrey / Simon : Pour nous aussi !
Geoffrey : Ça vient d’une idée ou d’un riff un soir dans ton canapé ou en répétition pendant que les batteries s’accordent. On est un groupe donc tout le monde prête attention à ce que les autres font aussi. Et du coup il y a des réponses qui se font plus ou moins naturellement à des choses que tu peux envoyer. Soit il y a quelque chose à creuser ou pas du tout et on passe à autre chose. Mais la création il n’y a pas de réponse définitive là dessus. Ça vient quand ça vient. Des fois ça vient pas du tout. Mais il y a ce coté presque mathématique. Je reviens sur les deux drums parce qu’ils se répondent beaucoup. L’intérêt d’avoir deux batteries c’est qu’elles fassent des choses différentes. C’est peut être ce qui est un peu original sur la scène musicale qu’elle qu’elle soit. Il y en a d’autres des groupes avec deux batteries mais c’est rare. Les deux batteurs sont obligés de composer ensemble.
W : Les deux batteries ont été simples à gérer dès le début ?
Simon : Non. Il y a eu jusqu’à l’ EP Hand of Glory, c’est le premier où il y a les deux batteries. Nico qui était le batteur est parti. Quand on avait terminé d’apprendre les morceaux à son remplaçant il est revenu. Donc tu te retrouves avec un mec avec qui tu adores jouer et un autre avec qui tu as commencé à développer des trucs et avec qui t’adores jouer aussi. Donc on les a réunis en répétition et on leur a dit : « surprise les gars vous allez jouer à deux ! ». Et puis rapidement ça s’est fait. Il n’y a pas eu de guéguerre entre eux, ça a été très rapide.
W : Ça doit tabasser un max en répète avec deux batteries !
Geoffrey : C’est à dire que nous on aime quand ça tabasse. C’est un peu le but. (rires)
W : Lorsque vous avez monté le groupe c’était directement dans l’optique de devenir pro ?
Simon : On n’a pas monté un groupe réellement. On était un groupe d’étudiants qui jouaient ensemble parce que la musique nous passionnait plus que les cours. (rires) On passait des journées de 10h à minuit à ne faire que ça. On s’amusait et forcément il y a une jam qui revient souvent et ça fait un morceau. Ça a duré comme ça pendant au moins 3 ans et puis un jour un pote nous a dit :« Bon les gars votre truc là … J’organise la fête de la musique et j’ai un gars qui a annulé. Vous êtes chauds pour demain ? ». On y est allé. Tu te retrouves à jouer à la fête de la musique à Lille. C’est blindé ! Tu sors de scène en te marrant car tu te dis que les gens n’ont du rien comprendre. Et puis quelques un viennent en nous demandant des scuds. On s’est demandé « merde qu’est ce qui c’est passé ! ». Il fallait donc que l’on fasse un CD. Ça s’est fait malgré nous.
W : Autre question classique. Quelles sont vos influences ?
Simon : Alors elles sont très très larges les influences. Mais il y a 2 groupes sur lesquels on est d’accord. C’est MASTODON et GOJIRA. Ils nous inspirent grave ! Il n’y a pas un cd, pas un live, pas une attitude que l’on aime pas.
Geoffrey : Tout à fait !
W : Et vous ? Vos goûts musicaux ?
Geoffrey : En tout cas pour moi directement c’est les BEATLES qui me viennent. Après ce que j’aime jouer et pas seulement écouter, je vais te citer EARTH, le mec qui a crée le drone électrique. Avec des guitares qui hurlent accordées super bas. Des trucs hypnotiques, des boucles qui paraissent chiantes, à mon avis à 95 % de la population, mais moi ça me parle. Il y a un peu de ça dans ce qu’on fait. Des structures longues, un travail sur le son mais physique. C’est pour ça qu’on joue fort. Ce n’est pas juste parce qu’on aime avoir les oreilles qui saignent. On recherche l’effet psychoacoustique sur le corps. C’est inimitable et il n’y a que comme ça qu’on peut l’avoir. Mais pour te répondre, j’adore la pop, j’adore le heavy et même la world. C’est hyper dur de t’en extraire que quelques uns.
W : C’est bien on sort du cliché du métalleux !
Geoffrey : Si on reste dans l’environnement MOTOCULTOR, GOJIRA c’est notre étendard.
W : En ce moment il y a quoi dans vos playlists ?
Simon : En ce moment j’ écoute pas mal …
W : Katie Perry !
(rires)
Simon : J’ai AC/DC, THE BIRDS, CREEDENCE. A ouais ça j’écoute souvent : SCARS ON BROADWAY. C’est le guitariste de SYSTEM OF A DOWN. J’ai DEEP PURPLE, Dr. DRE, GOJIRA, PINK FLOYD , IGGY POP,KING CRIMSON, LADY GAGA, MARILYN MANSON […]
Geoffrey : Je pense qu’on peut résumer en disant qu’on n’écoute pas forcement ce qu’on fait.
Simon : Ils n’ont pas encore créé l’ Ipod où je pourrais mettre tout ce que je veux. (rires) Il me faut 1 Milliard de Giga. (rires)
W : Mais tu écoutes tout ce que tu as ?
Simon : J’arrête d’écouter parce qu’il faut aller dormir et aller au taf. Mais tous les jours il y a de la musique.
Geoffrey : Moi je suis disquaire et lui il bosse dans un magasin d’instruments de musique. La musique fait vraiment partie de nos vies.
W : Votre meilleur et pire souvenir dans le groupe … ou hors groupe ?!
Simon : Il n’y a pas vraiment de pire souvenir. On ne joue pas souvent alors il y a toujours une sorte d’évènement qui se créer. On est super content. Même si il y a du avoir des moments où ça n’a pas du se passer nickel. C’est surtout la route ! Je repense à une fois où on s’est fait un one shoot Lille – Nantes sur la journée. Partir tôt le matin, jouer à Nantes et repartir pour être au taf le lendemain matin. J’ai du m’endormir sur la route à 10 kilomètres de chez moi. Le truc ignoble quoi ! Mais ce n’est même pas un mauvais souvenir ; ça me fait rire. Et le meilleur souvenir c’est à chaque fois que l’on monte sur scène …
Geoffrey : Ça aurait pu être aujourd’hui ! On a pu faire tout ce qu’on voulait et c’était blindé.
W : Je suis spectateur et pour moi le live c’est le dernier endroit où l’on peut vivre vraiment la musique autrement qu’à travers des écouteurs …
Geoffrey : Le spectacle vivant !
W : Oui c’est ça. Et je me demandais si pour vous être sur scène c’était l’extase total, le nirvana ou est ce qu’on se blase au bout d’un moment ? Money money !?
Geoffrey : On ne pense pas au pèse en faisant de la musique en 2018. En tout cas je ne pense pas. Ça va paraître peut être un peu con mais il y a ce truc de partage. Nous si on fait 10 heures de route pour jouer notre musique devant les gens c’est pour faire partager ce qu’on fait. Et je ne suis pas un humaniste, je suis aussi très bien tout seul dans mon coin. C’est pas la question … On fait de la musique pour être écouté c’est sûr ! Tu trouveras des gens qui le font que pour eux. Il y en a 1 sur 2 qui te diras ça qui te mentira quelque part. On fait ça parce qu’on aime partager, parce qu’on est fier de ce que l’on fait. On en bouffe tous les jours en tant que consommateur de musique. On doit être fier de ce que l’on fait et cette fierté on a envie de la partager. Même pourquoi pas en tirer de la reconnaissance. C’est valorisant aussi. Même si on est pas nombriliste, loin de là ! Mais ça fait plaisir.
W : Vous avez joué où à Nantes ?
Simon : A la SCENE MICHELET, au FERRAILLEUR et pas très loin au HELLFEST.
W : En quelle année le HELLFEST ?
Simon : C’était il y a 2 ans. Le FERRAILLEUR c’était l’année dernière pour METALORGIE et la SCENE MICHELET c’était en tournée avec MANTAR et la deuxième fois avec nos potes de DUNT pour la tournée de Blackened Visions.
W : Merci pour ce moment. L’interview sera retranscrite quasiment mot pour mot.
Simon : Au naturel !
W : Ça, c’est beau ! Ça ferait une super accroche !
LUMBERJACK FEEDBACK AU NATUREL !
MOTOCULTOR FESTIVAL DAY 3 : kenavo Saint-Nolff !
MOTOCULTOR FESTIVAL DAY 2 : Mais où est Vianney ?