Je ne m’imaginais pas, il y a encore moins d’un an , pouvoir écouter, en live, et en moins de 2 mois d’intervalle, les deux piliers musicaux du shoegazing (même si, à l’époque, Andy Bell détestait et refusait l’assimilation au courant shoegazing!). Il a fallu le retour discographique des groupes mythiques, Slowdive avec leur album « Slowdive » Slowdive: un come back inespéré et brillant! en Mai 2017, puis Ride, en Juin 2017, avec leur album « weather diaries« , pour espérer quelques concerts et quelques dates françaises. Après le magnifique album de Slowdive et leur concert convaincant à Angers,Festival Lévitation /After show 15/09/2017 j’attendais , moins confiant, le come back de Ride.
Ride, groupe d’Oxford formé, en 1988, par Andy Bell et Mark Gardener, tous deux guitaristes et chanteurs, rejoints par Laurence Colbert (batterie) et Steve Queralt (basse) avait fait parler la poudre discographique dès leur 1er album « Nowhere » en Octobre 1990 alors qu’ils ont à peine 20 ans ! Signés, comme Slowdive un an plus tard, chez Creation records, grâce à Jim Reid (The Jesus and Mary Chain) qui les avait recommandés à Alan Mc Gee, le groupe est alors influencé à la fois par My Bloody Valentine et Sonic Youth. Le succès de ce 1er album est considérable jusqu’au Japon.
« Seagull », un des titres du 1er album joué à Nantes/ (ici à Seattle en 2015)
Même si Andy Bell s’en défend, Ride va rester, pendant 5 ans , avec Slowdive, l’un des piliers du courant shoegaze et du « wall of sound » (« mur de son ») inventé par Phil Spector. En 1992, le 2ème album « Going blank again », avec notamment le long titre » Leave them all behind » ( mur de son et pédales wah wah magnifiques!!) est un nouveau succès. Le 3ème album, « Carnival of light » , en 1994 (c’était aussi le titre d’un morceau expérimental des Beatles en 67), sort alors que, comme pour Slowdive aussi, les critiques musicaux s’intéressent désormais surtout à ce que l’on appelle la Britpop mais aussi au Grunge ….De plus, les tensions entre Gardener et Bell se sont exacerbées: ils ont composé alors chacun leurs titres, leur moitié de disque, sans concession aucune à l’autre. Le groupe se sépare en 1996 alors que sort le 4ème album, « Tarantula » que l’on peut qualifier de médiocre voire mauvais et que les querelles d’ego et les divergences musicales sont à leur paroxysme.
« LTAB »/Leave them all behind, titre fameux de 1992/ album »Going blank again ».
Après des aventures musicales séparées (notons surtout celle d’Andy Bell comme bassiste d’Oasis de 1999 à la fin du groupe, en Août 2009, alors que leurs fans les attendaient , le soir même à Rock en Seine, puis au sein de Beady Eye avec Liam Gallagher!!), Ride fait un retour remarqué à Barcelona, au Primavera sound festival, en Juin 2015, et laisse entendre que ses membres travailleraient bien à nouveau ensemble pour préparer un nouvel album….
« Lannoy point »/ version acoustique : Août 2017/WFUV radio/ 1er titre joué à Nantes
En Juin 2017, sort « Weather diaries », 5ème album de Ride, 23 ans après le précédent! Les deux rivaux d’hier s’étaient réconciliés pour vouloir revivre le meilleur . D’emblée l’album peut apparaître comme un compromis musical entre les tendances divergentes qui les avaient déchirés ans plus tôt. Les nostalgiques/amateurs de shoegaze pouvaient y trouver leur compte avec « Home is a feeling », « Weather diaries » ou « White sands », belle ballade. Ceux qui aiment la veine « Britpop » des années 90/2000 pouvaient se satisfaire d’un bon titre comme « Lannoy point » avec de superbes effets de guitares cristallines, titre de surcoît très dansant…..Entre les deux courants, l’excellent « Cali« , un de mes 3 titres préférés (dédié à Bruno…ah..ah..)…..Pour le reste, de peu convaincants « Rocket silver symphony » ou même « All I want » et des titres banaux » Charm Assault » ou « Lateral Alice » (si c’était un autre groupe que Ride, beaucoup de critiques auraient osé le dire!!). Bref un album à demi réussi……qui venait surtout, pour moi, après l’excellent album de Slowdive!
« Home is a feeling » / live in Glasgow/mai 2017
Le festival Soy nous ayant réservé, à Nantes, un week-end de folie, nous n’allions pas bouder notre plaisir! Après la soirée du samedi (Chaad Vangaalen suivi de John Maus, excusez du peu!!), le dimanche soir s’annonçait tout aussi prometteur avec Kevin Morby suivi de Ride, au Lieu Unique (L.U) , ancienne usine L.U (Lefèvre Utile) pour nos lecteurs ne connaissant pas l’histoire économico-culturelle de Nantes.
Première partie de soirée avec Kevin Morby, américain de 29 ans qui a déjà produit 4 bons albums (j’avais acheté l’album de 2016, « singing saw« ) et que je n’avais pas encore vu en live. Bon set rock-folk d’une heure pour un chanteur guitariste talentueux , accompagné de 3 autres musiciens dont une guitariste, Meg Duffy, qui nous livre de subtiles solos. Final plus péchu avec le bon titre » Dorothy« .
Après une longue pause (et l’originale/décalée russe Mary Ocher qui sévissait au bar du L.U), le public attendait Ride avec une impatience grandissante…..
Longue intro instrumentale dans la pénombre…..c’étaient les premières notes de « Lannoy Point « , titre qui ouvre aussi le dernier opus du groupe…Après cette séduisante entrée, on retombait hélas dans un titre que je n’aime pas….. »Charm Assault« ..puis « Seagull » de l’album mythique « Nowhere« .3 titres joués sur un rythme très « Britpop »…le 4ème titre du concert, « Weather diaries« , opérait une courte transition plus shoegazienne….appréciée.
Ride revenait le temps d’un titre au 1er album avec « Taste« , le temps d’apprécier les vocaux très au point des 2 compères Bell et Gardener puis enchaînait avec « Cali » , titre que j’affectionne aussi en live! Après une nouvelle transition plus Britpop avec « Twisterella » et « lateral Alice« , Ride attaquait le lourd….. »All I want » assurait le compromis avec l’époque shoegazienne pour mieux amener « Leave them all behind« …les frissons ne parcouraient pas que les vieux nostalgiques du 2ème album…le « mur de son » opérait avec magie et efficacité tandis que les guitares de Bell et Gardener s’en donnaient à coeur joie.
« Ox4 » du même album ravissait aussi les fans du groupe mais moins les oreilles du public qui commençaient à demander grâce….Il fallait à nouveau appuyer avec zèle sur ses bouchons d’oreilles pour apprécier vocaux et jeu de guitare de Bell…Quel dommage!!
Ride nous livrait ensuite 2 titres plutôt toniques du 1er album « Nowhere », « Vapour trail » et « Drive blind« . Après un cour rappel, Ride revenait pour 2 titres: dreams burn out et « Chelsea girl » qui figurait sur leur 1er E.P.
Fin du show…90 minutes dont je ne sors qu’à moitié heureux…j’ai vu Ride alors que je pensais ne jamais plus les voir mais les titres du dernier album ne sont pas tous convaincants, y compris en live et le son BEAUCOUP TROP FORT a gâché le plaisir de savourer les titres les plus beaux du groupe. Nombre de spectateurs faisaient la même réflexion en sortant du concert….J’imaginais Ride avec Bart (ingé son de Mélanie de Biasio Mélanie de Biasio: jazz…….inclassable!? Aftershow/ Nantes /25/10/17 ) aux manettes……cela aurait été du bonheur supplémentaire.
En rappel, les titres joués étaient Dreams burn down et Chelsea girl..
Drive Blind ne figure pas sur le premier album. Taste, seulement en bonus sur CD.