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Decius
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Rentrée musicale avec  The Ocean,The Hives et Kvelertak

Rentrée musicale avec The Ocean,The Hives et Kvelertak

Oulala, que de longues vacances pour la rédaction de Weirdsound. Bien sûr, pour ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux, vous aurez remarqué qu’il y a eu une bonne fréquentation des festivals de la part des rédacteurs. Cependant, en dépit de nombreuses sorties d’album plus que remarquables, cet été a surtout été marqué par une longue période de repos bien mérité. Il m’a alors semblé qu’était temps pour moi de vous faire partager certains des albums qui ont accompagné ce hiatus. Vous aurez déjà eu une petite dose de nouveautés et de titres à écouter avec la dernière mouture des clips de la semaine. Mais je vous propose de découvrir ci-dessous un concentré d’énergie qui vous fera l’effet d’un traitement de vitamines et de magnésium pour affronter l’automne et le raccourcissement des jours.

The Ocean Collective-Holocene

Bien que sorti en mai dernier, cet album de The Ocean—accoler « Collective » à « The ocean » n’est qu’une manière d’être référencé plus facilement avoue le chanteur—n’a pas eu la chronique qu’il méritait. Et Dieu (qui?) sait qu’il a été écouté et ré écouté depuis sa sortie et encore plus cet été où votre serviteur s’est rendu sur les terres du label Pelagic Records, à Berlin. Le collectif berlinois a en effet tout d’abord annoncé la couleur avec le single Preboreal en janvier. Reconnaissant l’influence majeur du trip-hop et de la musique électronique dans leurs compositions, les musiciens glissent de plus en plus d’éléments empruntés à ces styles dans leur metal prog. L’expérience est jouissive et puissante. Car tout en gardant la noirceur et la rage qui les caractérisent, ils accentuent encore les changements d’ambiance et les ascenseurs émotionnels en alternant nappes et explosions de guitares et rythmes et riffs détonants. Rien de neuf dans la musique du collectif. Non, et si en fait : sa (fausse) complexité ressort d’autant plus que le style s’enrichit.

Lors d’une interview, Peter Voigtmann (synthé) déclarait « Nous sommes tous de grands fans de Mezzanine qui est toujours un des plus grands albums jamais produit. » On peut entendre l’influence de Massive Attack à de nombreuses reprises dans Holocene, c’est notamment flagrant avec le beat d’intro d’Atlantic. Autre fait notable, la domination des mélodies et la quasi disparition du chant hurlé de Loïc Rossetti dont le style mélodique reste largement reconnaissable avec ses circonvolutions arabisantes. La présence de cuivres (Atlantic) donne à l’ensemble un côté jazzy qui affleurait déjà sur les précédents opus, Phanerozoic I et II (2018 et 2020). Une fois encore, les thématiques abordées mélangent savamment constats sur nos sociétés et références aux ères géologiques. On se serait attendu à des références à la société du spectacle dans Preboreal, mais c’est un texte du Comte de Lautréamont (Isodore Ducasse) qui est déclamé en français au milieu du morceau. Car il est ici question d’esprit critique qui se perd, d’un appauvrissement du sens, tel ce que clamait justement le poète dans Poésies (1870) : Les idées s’améliorent, le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire : le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par une idée juste.

Subatlantic de The Ocean sur Holocene, titre qui clôture un album magistral

L’évolution, au sens musical et non au sens darwinien (quoi que…), du groupe s’est faite de façon tout à fait naturelle et lorsqu’on écoute les albums à la suite, on s’aperçoit qu’ils constituent une continuité tout à fait homogène. Une bonne partie des démos qui ont servi de matrice aux titres d’Holocene ont été composées durant la pandémie et le confinement. Lorsque Peter Viogtmann a présenté ses proposions à Robin Staps (guitariste, fondateur du groupe et de Pelagic Records), ce dernier a été enthousiasmé et s’est attelé à mettre sa patte sur les compositions. Rossetti s’est aussi senti immédiatement à l’aise et c’est tout naturellement qu’il s’est orienté vers un chant plus mélodique, se contentant de pousser ses cordes vocales dans leurs retranchements sur des titres comme Suboreal, Uncomformities ou Subatlantic. Il reconnait également que cette évolution ne l’a pas choqué mais lui a paru toute naturelle. On notera la présence de la chanteuse et moitié d’Arabrot, Karin Park sur le magnifique Uncomformities. Je ne saurais que vous recommander l’écoute en boucle de ce qui est sans doute le meilleur album du groupe à ce jour. Ce qui n’est pas rien étant donné la qualité des précédents!

https://www.theoceancollective.com/

The Hives-The Death Of Randy Fitzsimmons

Rassurez-vous, les suédois n’ont pas perdu un membre de leur groupe ni un ami proche. Quoique… Car qui est Randy Fitzsimmons dont ils narrent ici la vie et la disparition? Ce personnage n’est-il qu’une entité imaginaire sorti de l’esprit des musiciens ou est-t-il inspiré d’une personne existant vraiment? Supposé unique compositeur et manager du groupe, l’annonce de ce décès musical d’une figure aussi importante dans l’activité du groupe pourrait-elle laisser augurer que cet album serait le dernier de The Hives? Il faut dire qu’après onze ans d’absence depuis Lex Hives, on pourrait croire que le « créateur » et manager du combo était entré dans un traitement quelconque d’une « longue » maladie à laquelle il aurait finalement succombé… Les compos de cette nécrologie auraient été trouvées dans son cercueil.

The Hives dynamitent l’open-space avec Countdown to Shutdown!

Mais qu’on se rassure, Pelle Almqvist, hurleur attitré du quintet n’a-t-il pas déclaré : « Rock’n’roll can’t grow up, it is a perpetual teenager. » Si c’est le cas, « les essaims » continueront de bourdonner encore longtemps, éternels adolescents ayant besoin d’expurger leur trop plein d’énergie. Et c’est exactement ça dont il est question ici ; d’énergie. Cet opus mortem est un concentré de douze brûlots rock and roll produits par Patrick Berger dans le studio de Benny Anderson (ABBA) et sorti en août dernier. On retrouve avec un plaisir non dissimulé l’essence même de ce qui fait le charme des morceaux du groupe : un son abrasif où pointe le nez des Stooges et de l’iguane (Rigor Mortis Radio, Crash Into The Weekend) ou des NY Dolls, du meilleur du punk, une urgence contagieuse délivrée à 200 bpm (Trapdoor Solution, 1:03 mn et son refrain simple et ultra efficace!) des incursions vers un rock plus swing (Stick Up) tendance Cramps avec toujours ce soin apporté aux mélodies—certainement une marque de fabrique du rock suédois (Hellacopters, Märvel, Hanoi Rocks…)—du ’77 like (Smoke and Mirrors)… Une avalanche (bon seulement douze, comme on l’a déjà marqué sur une durée d’à peine 30mn) de tubes estampillés du meilleur des Hives avec l’inévitable titre aux guitares qui vont se répondre (Two Kind Of Troubles). Bref, ça valait vraiment le coup d’attendre onze ans, on retrouve ces ado qui ne veulent pas grandir et jouer du rnr jusqu’à en crever. La recette ne change pas ? Tant mieux, ça fait toujours du bien par où ça passe, comme une rasade de Jack. Et qu’on se le dise :

Rock’n’roll can’t never die! It’s alive!!!!

https://www.thehives.com/

Kvelertak-Endling

Allez, on entre directement dans l’album avec ce qui est devenu une habitude chez les norvégiens ; une longue intro instrumentale qui monte sur plusieurs minutes pour déboucher sur l’explosion rageuse du titre ouvrant l’album. Pour ce Endling, c’est Kroterveg te Helvete. Ah oui, comme il n’y a pas de featuring d’un chanteur anglophone, le choix a été fait d’utiliser uniquement le norvégien sur les dix titres de ce cinquième opus. Et deuxième avec Ivar Nikolaisen derrière le micro. Si l’amplitude d’octave vocal du hurleur n’est pas ce qui le caractérise—contrairement certainement aux décibels qu’il peut envoyer— ni la mélodie, son énergie et sa rage sont plus que communicatives. La prestation au Hellfest avant la sortie de Splid avait montré un chanteur à l’aise, désinvolte, à l’attitude et à la gouaille punk, au sourire désarmant. Il avait déjà convaincu sur ce premier L.P. qu’il était l’homme de la situation pour remplacer Erlend Hjelvik, et ce dernier album vient confirmer qu’il a bien ce talent qui nous avait sauté à la g…le sur Splid.

Endling qui donne également son titre au cinquième album de Kvelertak

La production n’a pas été assurée par Kurt Balou ce coup-ci, mais par Jorgen Træen et Yngve Sæetre de Duper Studio. Le duo rend parfaitement toute l’ampleur de la musique du sextet (trois guitaristes officient au sein du groupe) qui mélange toujours avec bonheur punk, black, death, rock and roll, heavy… et sait désormais s’agrémenter de refrains aux mélodies accrocheuses qui contrastent avec les couplets hurlés de Nikolaisen. L’enregistrement live fait ressortir le côté âpre et rugueux du groupe et permet aux titres d’exprimer toute leur énergie en leur conférant une sincérité certaine. Ivar Nikolaisen souligne toutefois que l’expérience fut tout de même nerveusement éprouvante du fait de l’ambiance délétère qui règne habituellement dans le groupe.

Si les textes sont en norvégien, le chanteur n’hésite toutefois aucunement à délivrer les clés de lecture de ses paroles. Il est parti d’une expérience personnelle pour bâtir certains titres de l’album puisqu’il s’est inspiré de l’histoire d’un personnage hors du commun imaginé lors de ses pérégrination dans la nature de sa région, le Rogaland. Helmut Von Botnlaus, qui a inspiré Skonggangr (littéralement gang de forestier), serait une sorte d’ermite vivant en autarcie dans les bois. Né à la fin de la seconde guerre mondiale de l’union cachée d’un soldat allemand et d’une jeune norvégienne, celle-ci l’aurait soustrait à la société pour éviter le rejet et la stigmatisation dont elle et lui auraient pu être victimes, et l’aurait élevé en cachette en pleine nature. Certains titres ont été inspirés par ce personnage imaginaire là où d’autres exhument littéralement d’obscures histoires du folklore local, soit trouvées dans de vieux ouvrages, ou recueillies par le chanteur auprès de rencontres faites au gré de ses treks. Svart September raconte l’histoire d’un ouvrier ayant pété un boulon et massacré ses collègues. Fedrekult parle de micro schismes religieux qui déchirent une petite communauté.

À la fois plus mature et plus spontané, plus brut et plus produit que Splid (oui, tout ça en même temps), Endling entre directement dans le top 5 des albums de l’année!

https://www.kvelertak.com/

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