Ils ont joué dans différents groupes tels que Wild Dawn, No Sign Nothing, Maelzel et The Lanatiks, mais ils ont tous en commun la passion du rock et la ville d’Orléans. En décembre 2018, 5 musiciens expérimentés s’unissent après avoir passé plusieurs années au sein de leurs groupes respectifs. Romain (guitariste), Greg (guitariste et chanteur), Mélodie (chanteuse et claviériste), Gauthier (bassiste) et Paskal (batteur) se lancent dans une nouvelle aventure musicale en créant leur groupe Orpheum Black.
Leur nom ne comporte aucun clin d’œil à la mythologie, il s’agit bien d’une référence au circuit Orpheum, une chaîne de vaudeville et de cinéma aux Etats-Unis fondée en 1886. Sans être aux antipodes de ce qu’ils faisaient respectivement, leur diversité et leurs influences vont faire naître un ADN propre à Orpheum Black. Entre ambiances planantes et gros riffs de rockeurs, le groupe joue avec les limites entre Rock alternatif et Metal tout en ayant la particularité d’avoir deux voix, l’une féminine et l’autre masculine. A la veille de la sortie de leur premier EP nommé “Act I”, Weirdsound a souhaité prendre la température auprès de Greg, le chanteur et guitariste du groupe.
Weirdsound : Salut Greg, ancien guitariste du groupe Wild Down avec Romain, vous voilà désormais à la tête d’un tout nouveau projet avec Orpheum Black qui s’est créé en 2019. Avant même de parler d’Orpheum Black, pourquoi avoir fait le choix de quitter le groupe Wild Dawn ?
Greg : Avec Wild Dawn, ça faisait 10 ans que le groupe existait. On a fait plein de tournées, on a enregistré 5 albums, on a joué au Hellfest, au Printemps de Bourges, on s’est vraiment bien marré. Mais c’est vrai qu’au bout de 10 ans, les 4 membres, nous étions toujours en phase et toujours potes mais je pense qu’on avait fait le tour de la situation. C’est d’un commun accord, qu’on s’est dit qu’il serait temps de passer à autre chose. Certains n’avaient même plus envie d’être en groupe parce que c’est l’industrie qui est parfois “ingrate”, j’ai envie de dire, par rapport au retour sur investissement. Donc voilà ça a pu en démotiver certains avec le temps et c’est comme ça qu’en avril 2018 ça s’est terminé.
Weirdsound : Ça a dû être un moment de remise en question non ?
Greg : Exactement, il y avait donc Morgan (à la batterie) et Alex (à la basse) qui sont partis chacun de leur côté pour soit refaire des projets musicaux, ou arrêter tout ça. Et puis Romain et moi, on s’est posé. La question de remonter un groupe ne s’est pas posée tout de suite car nous étions un peu blasés de tout ça aussi. Plus tard, j’ai proposé à Romain de faire des covers pour le plaisir, en tant qu’artiste et musicien, c’est toujours intéressant de faire ça. L’idée était juste de reprendre un titre à notre sauce. On a enregistré à chaque fois une petite vidéo que l’on diffusait sans objectif, le projet s’appelait “Mojo drivers” et on a tourné avec ça pendant une petite année pour le kiff. Et à l’été 2018, j’ai eu envie d’enregistrer un morceau qui était différent de ce que l’on faisait. On a repris, un morceau un peu planant de Anathema, et en l’enregistrant on a trouvé qu’il manquait une voix féminine. On a pensé à Mélodie, la chanteuse de Orpheum Black. Elle venait de quitter son groupe au même moment et je la connaissais depuis longtemps. Elle est venue en studio, elle est passée derrière le micro et là, il s’est passé un truc. On a commencé à trois comme ça.
« C’était une claque, on a eu une grosse remise en question musicale mais je crois que maintenant on a trouvé notre voie «
Greg à Weirdsound
Weirdsound : Vous n’avez pas eu peur de refaire la même chose que ce que vous faisiez avec Wild Dawn ?
Greg : C’est vrai qu’il y avait une crainte. On voulait une musique plus moderne, dans l’air du temps sans parler de “musique FM”, mais qui parle à plus de monde. Le clavier était également intéressant à intégrer. Et puis, c’est parti à trois.
Weirdsound : Gauthier et Paskal se sont rajoutés par la suite alors ?
Greg : Romain est professeur de guitare et Gauthier est un ancien élève de Romain. On l’a appelé suite aux conseils de Romain, il est venu et il n’est jamais trop parti (Rire). On ne s’est jamais trop posé la question de savoir si on devait le prendre dans le groupe ou pas, ça a matché direct. Et pour Paskal, Mélodie a dit “Je veux qu’on ne connaisse pas le batteur pour ne pas tomber dans des automatismes”. On a fait une sorte de casting, Paskal est venu en ayant bossé 2 morceaux qu’on avait déjà ébauchés et puis il a assuré. Le groupe s’est donc formé en décembre 2018.
Weirdsound : Si vous n’aviez pas fait ce “casting”, vous auriez pu vous passer d’une batterie ou remplacer cette absence par de l’électronique ?
Greg : C’est quelque chose que j’ai envisagé car pendant ma pause entre les 2 groupes, j’ai touché un peu à la musique électronique. Mais en y réfléchissant et souhaitant faire des concerts par la suite, la présence d’une batterie et d’un batteur sur scène c’est génial, c’est joli à voir et ça donne une autre énergie.
Weirdsound : Tu partages désormais le micro avec une chanteuse, ça a été un grand changement ?
Greg : Ça a été assez compliqué de se relancer car quand on a recomposé avec Romain, et Mélodie nous reprenait en disant que ça ressemblait trop à Wild Dawn. C’était une claque, on a eu une grosse remise en question musicale mais je crois que maintenant on a trouvé notre voie. Désormais je chante en duo avec Mélodie, qui était beaucoup plus à l’aise dans l’exercice, alors que de mon côté j’ai dû apprendre à écouter l’autre et à me mettre en retrait pour laisser briller l’autre. Elle a fait de moi un meilleur chanteur.
Weirdsound : Pour l’écriture, comment vous composez ?
Greg : D’un point de vue instrumental, j’amène une grosse partie, Romain également. On se retrouve tous les deux en studio, on mixe des choses et après on propose aux autres. Et pour la partie chant, c’est plus le job de Mélodie et moi, soit j’avance le premier texte ou inversement et après on finit par se voir tous les deux en plus des répètes pour ensuite travailler la puissance des textes, les placements rythmiques et l’accent anglais. (Rire)
Weirdsound : Et justement qu’est-ce qui vous inspire dans l’écriture des textes ?
Greg : C’est très varié, c’est peut-être un discours de con alors que je n’ai que 30 ans. On a tous un peu mûri. On était plus basé sur la colère, l’action alors qu’aujourd’hui, on est dans des émotions contemplatives et introspectives. Grossièrement, on essaie d’être plus dans l’imaginatif et moins dans la violence des textes.
Weirdsound : Vous sortez votre 1er EP le 7 février 2020. Pour faire patienter le public, votre premier clip “Midnight” a vu le jour le 1er octobre 2019. Pourquoi ce morceau et pas un autre ?
Greg : C’est vrai que ce n’est pas le morceau qu’on a composé en premier. Lorsqu’on a réussi à faire cette introspection musicale, c’est le titre qui a été écrit le plus spontanément, il était différent, on l’a écrit en 1h. Il est plus pop, certains diront plus “FM” et assez facile à comprendre que ce soit dans le texte ou dans la grille de compo. La volonté c’est de se faire plaisir avant tout et même si c’est un titre assez facile à base de 4 accords, le morceau est génial et peut parler à tout le monde. Romain en tant que prof de guitare, va chercher des accords plus durs, plus techniques, ce n’est peut-être pas le morceau qu’il préfère d’un point de vue technique.
Weirdsound : J’ai l’impression que parfois il y a une forme de nostalgie ou des regrets dans vos textes par rapport à votre expérience…
Greg : Là je vais déballer ma vie. (Rire) Je suis passé par des remises en question qui ont forcément un impact sur mes textes. Ça peut parler sur toutes les bandes son mais oui, ils sont teintés de plein d’émotions.
Weirdsound : En une phrase, comment tu définirais ce nouveau projet ?
Greg : Je dirais… Une forme d’éclectisme avec des morceaux un peu plus faciles à comprendre, un peu plus chiadés pour la structure et des morceaux enregistrés à la guitare acoustique. Je pense qu’on est resté cohérent en apportant une certaine palette de tout ce qu’on voulait et savait apporter à la musique.
Weirdsound : Tu parlais d’acoustique, j’aime beaucoup le morceau “Silent” et principalement l’intro. Pour toi, quel morceau conseillerais-tu d’écouter pour une personne qui ne connaît pas Orpheum Black ?
Greg : C’est une très bonne question car justement on est éclectique. Personnellement, bien que je ne sois pas le plus objectif, le morceau qui me séduit le plus c’est « Last Legacy » car j’aime beaucoup la voix de Mélodie et l’intro, l’arpège de guitare de 3 notes est cool.
Weirdsound : Quels ont été les premiers retours de votre public pendant vos premiers concerts à Orléans ? J’imagine que c’est un public qui vous connaissait déjà ?
Greg : En fait on a fait 4 concerts, 1 résidence et 3 concerts. A la sortie de la résidence, on a invité des amis proches pour avoir un retour. J’avais un peu peur. Les premiers retours étaient bons, nos 2 voix se mariaient trop bien et l’ambiance était géniale, donc ça fait plaisir à entendre. C’étaient des gens qui nous avaient déjà vus avec nos anciens groupes. Ce qui m’a rassuré, comme on n’avait pas joué depuis un certain temps, c’est que le public a répondu présent, la salle était remplie et le public avait l’air curieux de voir ce qu’on était capable de faire. Alors oui, il y a des gens qui préfèrent le rock plus énervé et d’autres qui aiment mieux ce qu’on fait maintenant. Je trouve qu’on a fait un bon start.
Weirdsound : De par votre nom, est ce que vous théâtralisez votre mise en scène ?
Greg : On est sur une certaine forme de classicisme car on recommence avec des petites scènes, donc on est limité dans la disposition et les décors, bien que ce soit quelque chose qui nous plairait. On essaye de respecter une cohérence avec notre thème, on a un dresscode que l’on applique et la particularité c’est qu’il y a deux chanteurs sur le devant de la scène.
Weirdsound : Votre premier EP s’intitule “Acte I”, ce qui laisse supposer qu’il y aura un acte 2, voir 3 ou même 4 ?
Greg : (Rire) Oui oui, c’est prévu ! Après on les appellera différemment. On a 9 morceaux de prêts mais on va déjà se laisser le temps de la réflexion avant peut-être d’en composer d’autres, histoire de voir si l’on ne rate pas quelque chose. On est déjà sur un projet d’album et on est censé rentrer en studio cet été.
Weirdsound : Donc l’objectif c’est de créer un album et non pas un nouvel EP ?
Greg : Ouais, on va plutôt partir sur un album. L’idée c’était de sortir quelque chose rapidement pour pouvoir le défendre auprès des organisateurs de concerts et de festivals. Après, on veut travailler sur un album et voir où ça nous mène.
« L’alchimie qu’on a créé durant ces mois de boulot, tu ne peux l’avoir qu’en jouant de la musique »
Greg à Weirdsound
Weirdsound : L’envie par la suite, c’est de faire de la scène ou plutôt de poursuivre la composition ?
Greg : On est toujours en train de composer en background et on répète de façon régulière. Avec Romain, on aime bien faire une chose ; c’est enregistrer séparément des compos. Le set va grossir et vu qu’on se positionne entre le rock et le metal, on va pouvoir adapter notre set selon le lieu où l’on jouera.
Weirdsound : Vous serez en première partie de KO KO MO le 8 février prochain, d’autres dates vont arriver ?
Greg : Oui on joue la veille à Paris en première partie de Blackout Problems. On joue aussi le 4 avril à l’Astrolabe à Orléans, et d’autres dates vont arriver.
Weirdsound : Est-ce que par la suite, on pourrait voir un 6e membre ou un autre instrument chez Orpheum Black ?
Greg : Humainement parlant, et c’est vrai que je n’en ai pas parlé, l’alchimie qu’on a créé durant ces mois de boulot, tu ne peux l’avoir qu’en jouant de la musique. On l’a enfin et on l’aime. Donc un nouveau membre, je ne pense pas. Pour ce qui est d’un autre instrument, j’aime assez l’idée, et on est tous comme ça, à vouloir explorer de nouvelles choses. J’aime la musique orchestrale, Romain est sur des instrus typées jazz ou même du gros metal bien sale. Il faut qu’on expérimente de toute façon, continuer à se renouveler, mais dans tous les cas ce sera joué par un de nous 5. (Rire)
Weirdsound : qu’est qu’on peut souhaiter à Orpheum Black qui se lance dans un gros challenge ?
Greg : Un maximum de concerts et de public, ça va être génial !
Weirdsoud : Merci Greg de nous avoir accordé du temps.
Greg : Merci à toi pour cette interview, c’était cool.
Vous pouvez depuis aujourd’hui découvrir leur nouvel EP “Acte I” disponible sur toutes les plateformes de streaming et de téléchargement. Ils seront en 1ère partie du concert de KO KO MO ce samedi 8 février à Ingé (près d’Orléans) et le 8 avril à l’Astrolabe, sans parler des autres dates à venir.
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