OK, c’est la rentrée. Gardons notre sang-froid et organisons nous pour que tout se passe bien. Oui, bien sûr, on est tous sur les starting-blocs, les sorties pullulent et il y a des dizaines de groupes à écouter. D’accord, d’accord, il faut emmener les gosses à l’école/collège/lycée, les mails accumulés depuis plusieurs semaines s’amassent dans les boites, les factures se sont entassées derrière la porte, la plante grimpante déborde chez le voisin, le cadavre du chat que ce dernier avait promis de nourrir finit de sécher dans la cuisine, la petite fuite d’eau du robinet est devenue une cataracte, la fissure dans le mur n’existe plus puisque le mur s’est effondré et l’immeuble avec, tous les commerces et services publics du quartier sont définitivement fermés, le changement climatique, toutes les catastrophes environnementales et sociales ont rapproché les aiguilles de la doomsday clock de minuit … La boîte de xanax est vide et j’ai oublié de faire vacciner le chien!
Ouf, heureusement, il y a les clips de la semaine.
Dagoba – The Hunt
The Hunt est le premier single de l’album à venir du groupe (sortie cet automne chez Napalm Records). Il reflète l’évolution naturelle de ce dernier emmené par Shawter, désormais seul rescapé de l’aventure. Si les machines se font toujours plus présentes qu’auparavant, elles n’enlèvent en rien le plaisir ni le groove du morceau. Riffs cliniques, batterie toujours percussive, ça joue bien, et les ambiances sont tantôt typées indus dans les couplets, tantôt plus épiques dans le refrain et le très bon solo signé Ritch ajoute un côté éthéré au tout.
Un titre tout en puissance et en maîtrise, superbement mis en valeur par une production énorme. Il est mis en image par un très beau clip aux relents cyberpunk avec l’imagerie d’une ville tentaculaire plongée dans une nuit propice à tous les errements.
La vidéo, financée par un Kickstarter, scénarise la virée nocturne d’un jeune japonais, on le suppose, dans un futur proche, qui fera la rencontre d’une femme aussi sexy que… particulière quand la lune tourne au violet. Les moyens y sont, et le résultat convient parfaitement à la musique de Dagoba, à la fois sombre, teintée de lumière artificielle, la référence à l’indus prend ici toute sa place, avec la dualité ville/nature qui illustre parfaitement le changement d’ambiance entre les couplets et les refrains qui se fait tout naturellement. Une belle réussite qui donne un os à mâcher en attendant le huitième effort des marseillais.
Spiritbox – Hurt You
On reste dans les ambiances nocturnes où les pulsions de vie et de mort se déchirent dans les recoins obscurs, véritable métaphore de nos esprits torturés et schizophrènes d’humains du XXIe siècle. Spiritbox surf sur la vague de neo metal/indus contemporaine suivant les traces de Bring Me The Horizon et mélangeant sans aucune gène les couplets bien gutturaux et les refrains “à la Céline Dion”.
On aime ou pas (“perso, j’aime bien les couplets, elle assure grave en guttural… » a malicieusement observé Mr. Moonlight), toujours est-il que le couple canadien (la chanteuse Courtney La Plante et son compagnon, Michael Stringer) vient de signer chez Rise Records et sort son premier album, Eternal Blue, le 17 septembre. À découvrir de toute urgence!
Hippotraktor – Manifest the Mountain
Encore une signature Pelagic qui décidément sait trouver les groupes prometteurs et sortir des galettes toujours alléchantes. Le clip du deuxième single du groupe explore la mystique créatrice, entre imagerie christique et symbolisme païen, le noir et blanc des images donnent encore plus de forces et d’ampleur aux éléments auxquels se confronte le protagoniste. Au regard des deux titres déjà sortis, on peut deviner une thématique qui lorgne vers la nature, sinon vers les questions environnementales.
Les belges d’Hippotraktor dispensent un post-metal qui tend vers le prog et va chercher du côté des excellents (et malheureusement non chroniqués) néo-zélandais de Pull Down The Sun. Une musique puissante, chaotique et pourtant aérienne. Sans doute une chronique pour l’album à sortir le 15 octobre. Chez Pelagic bien sûr.(Je vous invite à écouter l’autre single, Manifest The Mountain).
Horte – Maa antaa yön vaientaa
Sélection très Pelagic cette semaine, décidément. Il faut dire que le label multiplie les signatures et bonnes sorties en ces mois de rentrée. Nous vous avions déjà présenté Hörte dans un précédent épisode, mais les productions sont plus rapides que les chroniqueurs et les clips devancent le rythme des publications.
Sorti le 27, l’album qui porte le même nom que ce titre, pourrait faire l’objet d’une prochaine chronique. L’ambiance très post-rock, avec des résonances de Sigur Rös, est à l’image de ce titre envoûtant et mystérieux, truffé d’expérimentations sonores, de mélanges entre acoustique et électronique, avec toujours cette langue dont les sonorités évoquent des incantations sabbatiques.
Hoaxed – Candle Master
Le tout jeune duo de Portland a sorti son premier EP éponyme 4 titres chez Relapse début 2021 et devrait nous proposer leur premier album en 2022. Candle Master est un titre qui vous prend dès le riff d’intro et vous emporte dans un univers pop/shoegaze entre ombre et lumière. Il s’appuie sur la voix de la chanteuse/guitariste Kat Keo dont le timbre contraste assez joliment avec le beat martelé par Kim Coffel et le mur de guitare qui semble s’enrouler autour.
Une belle découverte et un titre à se balancer cet automne pour garder la pêche (en plus du xanax et des cures de magnésium).
Pepper White – Lockdown
“La veille, il s’appelait Thomas Dahyot. Jeune, brun, il chantait dans les Madcaps, l’un des groupes de garage les plus feelgood du pays. Le lendemain, il s’est réveillé, les tempes blanchies, portant en lui un blues de tous les diables. Voilà : ce jour-là, il a fait connaissance avec Pepper White.
Son premier album « The Lonely Tunes Of Pepper White » sortira le 17 septembre 2021 sur Howlin Banana Records.”
Lockdown est un furieux rappel de la vacuité de notre mode de vie aliénant où, bien souvent, le labeur est perçu comme inutile et vain, lié à la matérialité de nos existences. Le noir et blanc vient ici renforcer l’aspect terne et monotone de la tâche de ce Sysiphe moderne (et pas heureux comme celui de Camus).
Wang Wen – Wu Wu Road
Avant la sortie de leur album 100,000 Whys le 24 septembre, les chinois de Wang Wen nous proposent un extrait enregistré en live. Leur musique entre jazz, électro et post-rock dispense une profondeur et un kaleidoscope de sons qui emmènent l’auditeur vers des paysages imaginaires riches et colorés.
Onzième album depuis leur premier EP en 2012, 100,000 Whys fait suite à un documentaire, Seven Thousand Hows, qui rend compte des trois jours de concerts organisés en 2015 en soutien aux populations de Gorkha au Népal touchées par le séisme de magnitude 7.8 et qui avait fait plusieurs milliers de morts dans le pays.
En attendant la chronique de ce “100 000 pourquois”, Pelagic nous offre deux extraits de ce live, dont Wu Wu Road.
Lia Moon – I’m The Ghost
2 clips pour le prix d’un? Allez, c’est cadeau. En effet, l’artiste Marine Thibault/Lia Moon a choisi de sortir deux clips à quelques jours d’ intervalles avant la publication d’un troisième le jour de la parution de son album, Housewife, le 15 octobre.
Fière de sa collaboration avec Wax Taylor, Alpha Blondy ou le regretté Manu Dibango, la musicienne /DJ se tourne vers ses propres préoccupations et se recentre sur son amour de la house. Elle assume son statut récent de mère et se consacre plus profondément à l’expression de son art.
I’m The Ghost est une video dont les images ont été peintes par sa sœur et cherchent à personnifier la “femme au foyer” (pour en savoir plus, lire le texte sous le clip).
Snake Charmer part à la recherche d’une figure féminine légendaire, Hamnouchia.
Profitez-en pour prêter une oreille à son fascinant DJ set délivré au sommet du phare du cap ferret. Envoutant.
Red On – Ordinary Ghosts
On reste chez les fantômes avec ce spectre ordinaire. Red On, est le pseudo de Philipp Dittmar qui compose et produit l’album Drums à sortir le 1er octobre chez VeryDeep. Sur ce titre, la voix de Jana Sotzko se pose au sein d’un ensemble de sons électriques/électroniques accompagnés d’un beat acoustique.
La production fait la part belle aux tessitures sonores et le mixe donne de l’espace à chaque élément qui semble trouver tout naturellement sa place au sein de la composition. L’utilisation peu conventionnelle des instruments produit une musique un peu hantée (ce qui va bien pour le titre me direz-vous), aux ambiances oniriques.
Lord Of The Lost – Viva Vendetta
« Même si nous avons réussi à transférer le thème de base de notre concept album JUDAS dans la vidéo « Viva Vendetta », beaucoup peuvent encore se demander ce qu’un western a à voir avec ce sujet, ou avec nous en tant que groupe. La réponse est assez simple : rien du tout ! Nous apprécions simplement l’esthétique visuelle de notre propre petit mashup fantastique de Tarantino. Et c’est exactement ce qui doit animer un artiste dans l’âme : l’envie de créer, libérée de toutes frontières, notamment les vôtres. »
Le groupe allemand et son leader chanteur Chris Harms à la voix qui nous rappelle Till Lindemann ou Andrew Eldritch, ont sorti leur album Judas chez Napalm début juillet. Ils y traitent l’éternel sujet du bien et du mal, deux concepts hautement religieux et surtout subjectifs! Ils partent de dialogues imaginaires entre Jesus et Judas à propos d’un évangile de ce dernier, forcément très éloigné de ce que racontent les autres…
The Bevis Frond – Little Eden
Mélodies pop au service d’une musique entre folk à la Arthur Lee et ritournelle british sur laquelle planerait l’ombre de Ray davies. Voilà la première impression à l’écoute de ce doucement mélancolique Little Eden.
Little Eden, c’est aussi le titre de l’album du groupe de Nick Saloman qui signe aussi la photo de couverture de l’album. Ce dernier est sorti le 10 septembre et vient à point nommé fêter les 35 ans de carrière du groupe. Également à mettre au crédit de Fire Records, la ré édition de la discographie de The Bevis Frond.
Zahn – Aykroyd
Stoner expérimental, Doom Noïse? Zahn, c’est avant tout un son et un concept musical. Trio instrumental allemand, certains trouveront des racines Kraut à leur musique. Le feedback de la réverb et les sons tordus, la lourdeur de certains riffs lorgnent largement vers Hawkwind, tandis que les harmonies à la limite de la justesse pourraient avoir été jouées un jour par un sonic youth fan de desert rock…
Premier album sorti chez Crazy sane Records (ils ne sont pas fous puisqu’ils ont signé ce groupes très intéressant), il mérite plusieurs écoutes, et, au fil du temps, chaque morceau se laisse apprivoiser, les sonorités parfois psychédéliques, ou plus éthérées finissent par devenir entêtantes.
Headcharger – Magical Ride
Nouvel album, nouveau line-up, Headcharger never give up! Le groupe de metal français nous revient avec un nouvel opus certainement bientôt chroniqué dans ces colonnes, le très bien nommé Rise From The Ashes (celle du précédent, et une interview à lire sur Weirdsound ici) qui sort le 10 septembre (je remarque que peu d’album sortent le 11).
Donc, un nouveau guitariste-David Vallée-et un nouveau batteur Antoine Cadot-viennent rejoindre le noyau dur, Sébastien Pierre au chant, Romain neveu à la basse et David Rocha à la guitare. Une pêche et une envie d’en découdre intactes dans cette nouvelle composition où les nuances et variations d’atmosphères s’enchaînent avec bonheur. Le groupe délaisse encore un peu plus ses velléités stoner pour s’orienter vers un rock-metalplus U.S.. Magical Ride serait sorti aux states, il y avait passage radio obligé! Mais en France, ben on fait encore des émissions sur Sardou et on encense Biolay… Oui, je sais, moi aussi j’ai du mal avec les playlists France Inter.
Arabrot – Live at The Church (2021)
Extra bonus : un live d’Arabrot dont nous aurions dû chroniquer l’excellent Norwegian Gothic si nous avions eu le temps… Alors pour nous rattraper, voici un live enregistré chez eux, dans l’église où ils vivent, composent et enregistrent! (chez…Pelagic bien sûr! Décidément, vous allez croire qu’on a des actions…)
Voili, voilou, c’est fini pour cette “semaine”. On vous aurait bien remis un petit Mono pour la route, mais on laisse ça pour la chronique de l’album Riptide (chez? chez? Allez, cherchez un peu) qui devrait venir sous peu sur weirdsound. Allez, le rythme reprend, on se prépare pour les prochaines. Les prochaines vacances, bien sûr!
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