Iggy Pop - Love Missing
The Offspring - Why Don't Get You A Job?
The Dropkick Murphys - Dirty Old Town cover
Washington Dead Cats - I'm A Dead Cat
Bob Vylan - We live here
Ghost - Kaisarion
Decius
The Brains

Les aveux musicaux de Strawberry Pills au sujet de leur premier album, Murder To A Beat

Les aveux musicaux de Strawberry Pills au sujet de leur premier album, Murder To A Beat

Suite à la découverte du clip du titre Voyeur, que nous vous proposions dans une de nos sélections des clips de la semaine, j’ai eu la brillante idée d’écouter le premier album de Strawberry Pills nommé Murder To A Beat : C’est peut être une des meilleures décisions que j’ai prises cette année ! Je vous le confesse d’emblée, je ne suis pas le plus grand spécialiste de la scène indépendante grecque ! Aussi je tiens à remercier Stratos du label Inner Ears Records pour m’avoir fait parvenir l’album.

Eh oui la Grèce : Ce sympathique pays, qui pour beaucoup de Français rime avec Tarama, Blinis et autre moussaka, est aussi une terre musicale féconde ! On y trouve quelques très belles formations punk rock ou électro, issues d’une scène indépendante jeune et bouillonnante d’énergie.

Ma première écoute de Strawberry Pills m’a fait penser à pas mal de groupes que j’apprécie : les premiers Depeche Mode, Bauhaus, Siouxie and The Banshees… Que du beau monde me direz vous ! Ce premier album comporte huit titres, il alterne intelligemment entre moments planants et atmosphères plus oppressantes. Le disque laisse une large place à l’imaginaire en s’inspirant de romans noirs et de films fantastiques, mais on y trouve aussi des allusions au quotidien, pas forcément très drôle, en Grèce de nos jours.

Avant de vous parler de Murder To A Beat, j’ai proposé à Valisia Odell et Antonis Konstantaras, les deux membres du duo formant Strawberry Pills, de répondre à quelques questions afin de mieux les connaitre. Ils se sont gentiment prêtés au jeu du questions/réponses par e-mail interposés, je les remercie pour leur disponibilité et leur gentillesse !

Weirdsound : Dans cette période compliquée, comment allez vous ? Quelle est la situation des artistes en Grèce ?


Valisia : Tout d’abord, nous essayons de maintenir notre équilibre mental et émotionnel puisque tout ce changement s’est produit de manière vraiment violente et brutale. La plupart d’entre nous, artistes, comptons sur des événements du monde réel pour faire évoluer notre carrière.

Au moment où nous parlons, ici en Grèce, nous sommes au milieu d’un deuxième confinement et nous essayons de déterminer quelles devraient être nos prochaines étapes. Heureusement, dans notre cas, l’isolement conduit à une créativité accrue. Nous produisons du nouveau matériel visuel, nous travaillons sur de nouvelles compétences et des projets adaptés à un format en ligne et restons optimistes sur le fait que tout reviendra à ce qu’il était avant que le covid-19 ne frappe.

Avant de créer Strawberry Pills, vous avez tous les deux déjà une solide expérience dans le milieu musical grec. Pouvez-vous vous présenter à nos chers lecteurs ?


Valisia : Vers l’âge de 20 ans, j’ai formé mon premier groupe Phoenix Catscratch. C’était un groupe bien connu de la scène underground qui faisait des concerts en Grèce et dans d’autres pays européens. En outre, deux de nos chansons ont été présentées dans le film Alp de Yorgos Lathimos. Après cela, moi et d’autres membres de Phoenix Catscratch avons formé Father Breath, qui était davantage un projet industriel et expérimental. J’ai également collaboré avec Doric et Oberst Panizza de Velvet Condom.

Un morceau tiré de l’albumNectar & Wrinkles, daté de 2011, de Phoenix Catscratch,

Antonis : Je joue dans des groupes depuis l’âge de 14 ans. J’ai commencé par jouer de simples chansons punk dans des groupes de garage et j’ai ensuite participé à des groupes indépendants. J’avais l’habitude de jouer dans un groupe de pop indie assez connu avec qui j’ai également tourné en Grèce et dans certaines villes européennes. En même temps, j’ai joué avec de nombreux autres groupes en tant que bassiste. Phoenix Catscratch étant l’un d’entre eux.

WS : Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous eu envie de fonder Strawberry Pills?


Valisia: Nous nous sommes rencontrés pour la première fois lorsque nous étions membres de Phoenix Catscratch. Antonis a été notre premier bassiste. Puis, vers 2013, Antonis a lancé un projet appelé Strawberry Pills et il a collaboré avec plusieurs chanteuses. Il m’a demandé d’en faire partie. À ce moment-là, nous avons réalisé à quel point nous aimions travailler ensemble et nous avons décidé de faire avancer le projet ensemble.

Cependant, cela n’a pas duré longtemps (je pense que c’était une question de quelques mois) pour diverses raisons. Ce qui nous amène en 2019 lorsque nous nous sommes rencontrés à nouveau et que nous avions tous les deux le même sentiment instinctif que c’était le bon moment pour relancer le projet Strawberry Pills. Nous savions exactement ce que nous voulions faire sans même en parler. Entre nous, l’alchimie était là. Strawberry Pills est une véritable combinaison de la sensibilité constante d’Antonis et de mon intensité.

WS : D’ailleurs, que signifie le nom Strawberry Pills ?


Valisia : Le nom Strawberry Pills reflète la nature de l’esprit humain. La mentalité des gens est définie par le dualisme, le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, le noir et blanc. Strawberry Pills représente cette contradiction éternelle. D’une part, nous avons quelque chose en nous de doux et d’inoffensif, mais d’autre part, notre nature nous pousse à l’addiction compulsive et / ou à la névrose. Néanmoins, gardez à l’esprit que tous ces principes hétérogènes sont souvent en conflit mais aussi parfois complémentaires.

WS : Quelles sont vos inspirations musicales ? Parmi eux, y a-t-il des groupes français que vous aimez ?


Valisia : Je suis profondément inspirée par la musique qui a émergé dans les années 80. J’adore la scène dark wave, la scène new wave, même la scène new beat et Italo disco. Strawberry Pills est profondément influencé par plusieurs groupes et artistes français tels que Deux et Martin Dupont. De plus, personnellement, j’ai une profonde admiration pour les chanteuses Lizzy Mercier Descloux et Ronny.

Le duo Deux – formation pionnière de la synth wave en France durant les années 1980

Antonis : J’ai toujours essayé d’être ouvert à tous les sons, donc mes inspirations viennent de différents genres. J’adore Depeche Mode, mais j’admire aussi The Flaming Lips et Elliott Smith. Je considère Daniel Johnston comme mon roi. Bien sûr, je me suis aussi inspiré des groupes français ! Deux par exemple, est l’une de mes plus grandes influences.

Ce groupe lyonnais compte beaucoup pour moi. La France a une scène électronique incroyable qui domine le monde de la musique depuis des décennies. Il est presque impossible de ne pas s’en inspirer. En plus de cela, je suis amoureux de la langue française. Je ne parle pas très bien le français mais les gens disent que j’ai un bon accent, peut-être parce que ma mère est à moitié canadienne.

WS : A l’inverse, y a-t-il un groupe grec que vous nous conseilleriez de découvrir d’urgence ?


Antonis : Il y a un jeune groupe de pop indie appelé Jimmy Knows que j’écoute beaucoup ces derniers temps. Je recommanderais également un artiste appelé Tango Mangalore. Il est brillant.

WS : J’ai écouté votre reprise du groupe Queens Of The Stone Age, c’est un groupe que j’aime et j’apprécie vraiment votre version. Aimez-vous le stoner en tant que genre musical ? c’est assez différent de vos propres productions.

Valisia : Le stoner n’est pas ma tasse de thé, mais pour une raison étrange, j’aime beaucoup le son de QOTSA et en particulier la voix et les paroles de Josh Homme. Je ne sais pas, mais il y a quelque chose de vraiment cool à leur sujet. Intégrer Go With The Flow dans notre style était un véritable défi que nous voulions plus que relever.

Go With The Flow, morceau mythique de QOTSA repris par Strawberry Pills

Antonis : Le stoner est vraiment un courant musical reconnu en Grèce. Deux des plus grands groupes grecs (Planet of Zeus et 1000 Mods) représentent ce genre. Mais ce n’est pas non plus ma tasse de thé, même si j’aime aussi QOTSA. Pour vous dire la vérité, je n’ai pas choisi exactement de reprendre cette chanson, je l’ai juste entendue différemment dans ma tête et j’ai pensé que c’était une bonne idée. Fait amusant : le rythme de la batterie est en fait un échantillon du remix de David Lynch pour une chanson intitulée American Woman.

WS : Vos morceaux sont en anglais, ne seriez-vous pas tenté de faire des chansons en grec ? C’est une langue merveilleuse à entendre !

Valisia: Nous avons tous les deux grandi avec de la musique anglophone, donc faire des chansons en anglais est venu naturellement. Cependant, nous envisageons également d’expérimenter la langue grecque, mais de manière limitée. Peut-être faire une chanson ou deux mais pas un album entier. Nous voulons que nos paroles soient accessibles à un public plus large.

WS : Concernant ce premier album, avant d’entrer dans sa présentation piste par piste, j’ai compris que vos sources d’inspiration étaient fortement liées au cinéma et à la littérature … pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre démarche ?

Valisia : L’atmosphère générale de Murder To A Beat est inspirée du ton et de l’ambiance du film noir et de la fiction policière. C’est rapide, il fait sombre, c’est inquiétant, c’est imposant. Vous pouvez vous retrouver instantanément impliqué dans la vie des chansons. Un mystère vous attire et il vous tient accroché jusqu’à la fin. C’est comme une anthologie de huit nouvelles de fiction policière.

WS : Si la situation sanitaire le permet, envisagez-vous de faire des dates en Europe ? Peut-être en France ?

Antonis : Oh oui ! Nous adorons la France et nous avons hâte de jouer pour vous ! Quand tout cela sera terminé, nous serons sur la route et jouerons dans toute l’Europe !

L’album Murder To A Beat, piste par piste :

Suite à notre entretien retranscrit ci dessus, j’ai demandé à Antonis et Vasilia de nous présenter leur premier album, Murder To A Beat, un peu plus dans le détail. Grande première pour weirdsound.net, nous vous proposons un commentaire piste par piste de cet excellent premier disque : Merci à eux deux !

The Voyeur

Nous ne pouvions pas penser à une meilleure piste avec laquelle ouvrir notre album. Un hommage au travail de Guy Bourdin et à son approche voyeuriste de la photographie. Nous avons beaucoup aimé la chanson, mais nous n’y avions pas pensé comme un single, jusqu’à ce que nous la jouions en live. Nous l’avons essayée dans certains festivals d’été auxquels nous avons joué en 2019 et les gens ont réagi immédiatement. Cela nous a fait réaliser que nous avions quelque chose de vraiment bien entre nos mains.

Le clip du morceau The Voyeur : une superbe entrée en matière!

Private Nightmare

Je me souviens avoir regardé un film où un enseignant demandait aux élèves d’écrire tous leurs rêves et de les présenter ensuite, devant le reste de la classe. Je ne me souviens plus du nom du film, ou même si c’était un bon film, mais ce dont je me souviens, c’est que je me sentais mal pour ces enfants. Vos rêves sont personnels et vous ne devriez jamais être obligé d’en parler. Puis j’ai commencé à penser à Nightmare on Elm Street (NDL : en français la saga Freddy) et ça m’a frappé. Si les rêves sont personnels, les cauchemars devraient absolument rester privés. Vous ne savez jamais ce qui se cache dans les coins sombres de votre esprit.

Verbal Suicide

Notre premier single officiel. Il est sorti avant même que nous ayons un plan pour la suite ! Ce morceau nous a permis de faire voyager notre musique à travers le monde. Sa sortie nous a également stressés pendant un certain temps, quand nous avons réalisé que nous devions ensuite travailler sur un album entier… Cela nous semblait un horizon lointain à l’époque, et finalement nous voici avec toi à parler de l’album !

Strawberry Pills – Verbal Suicide : le premier extrait de l’album, sorti en 2019

Enter the Void

Une chanson sur la perte. L’un des deux morceaux que nous avons écrits sans l’aide de notre collaborateur bien-aimé, Aristomenis Theodoropoulos. Je suis récemment arrivé à la conclusion que c’était la chanson parfaite pour ouvrir un concert live. Il a un rythme fort, des guitares et un excellent refrain.

Dreams

Un de mes titres favoris pour jouer en live. C’est aussi la chanson préférée de Valisia sur l’album. Je ne peux pas vous dire ce qui rend cette chanson différente mais elle a quelque chose de spécial, un pouvoir sombre difficile à expliquer. Ce que j’aime le plus, c’est que cela donne à l’auditeur la liberté de créer sa propre histoire. Nous fournissons les bases, les personnages principaux et l’acte meurtrier, et attendons le résultat. Est-ce un rêve, un voyage dans le temps ou un vrai crime ? C’est à vous de décider.

Porcelain Face

Un hommage aux femmes fatales et une chanson très personnelle pour moi. J’adore cette chanson, elle est douce et rugueuse à la fois. Nous prévoyons de tourner une vidéo pour cela. Elle fera partie d’une trilogie qui relie la vidéo Verbal Suicide à celle-ci. La troisième et dernière partie sera la vidéo Dreams que nous tournerons ensuite – une fois le confinement en Grèce terminé.

Icarus

J’adore jouer le riff principal, c’est assez simple mais j’en suis fier. Icare a volé trop près du soleil, a brûlé ses ailes et en est mort. Sa punition pour son arrogance. J’ai toujours dit que celle-ci sonne comme une chanson qui devrait figurer dans le prochain film Tron ! J’espère que la prochaine fois qu’ils en réaliseront un, ils prendront contact avec nous.

Strawberry Pills – Icarus

Set to Rise Again

Le riff principal du clavier était le pont d’une autre de nos chansons, mais j’ai toujours pensé que ce serait une bonne base pour une nouvelle chanson. Après discussion avec Aristomenis et Valisia nous avons décidé de le séparer et faire un tout nouveau morceau avec. A l’écouter, Je me sens conforté dans ma décision, Set to Rise Again est l’un de mes titres favoris de notre album. Cela ressemble un peu à la musique d’un jeu vidéo des années 90, mais nous chantons une société qui pourrait ressembler à Mad Max – qui pourrait finalement effectivement exister dans un jeu vidéo des années 90 !

Ainsi se termine cette découverte piste par piste du premier album de Strawberry Pills. Je remercie une nouvelle fois Vasilia et Antonis ainsi que leur label Inner Ear Records. Suite à cette lecture, J’espère que, comme moi, vous aurez envie de vous immerger un peu plus dans l’univers de ces deux artistes talentueux.

L’album Murder to a Beat est disponible depuis le 30 octobre dernier, en direct sur le site du label Inner Ears Records ou bien en passant par Bandcamp.

https://strawberrypills.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/strawberrypillsband/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *