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Hermetic Delight, F. A. Cult : International Cult Of Pop!

Hermetic Delight, F. A. Cult : International Cult Of Pop!

Liturgie pop internationaliste

Serait-ce une secte? Une nouvelle religion aux rituels ésotériques réservés aux initiés? Une chose est sûre : ses membres font partie d’une grande internationale, celle de la pop, tendance schisme post-punk psychédélique. Car Hermetic Delight c’est un paysage musical qui fait fi de toute temporalité, mais également une formation qui mélange les cultures. Entre Strasbourg et la Turquie, se réclamant aussi bien de la New Wave des années 80 que de la pop US des 90’s, ils chantent en français tout comme en turc ou en anglais. Revendiquant dix années d’existence et plusieurs E.P., Zeynep Kaya (chant), Nicolas Kientzler (Basse), Atef Aouadhi (guitare) et Delphine Padilla sortent leur premier album, F. A. Cult, le 22 mai prochain chez October Tone, le label fondé par le guitariste.

Suave et sombre

La musique d’Hermetic Delight plonge ses racines dans la mouvance post-punk new wave des années 80-90, lorsque la musique et l’art visuel s’écrivaient dans les rues, les bars et les squats berlinois. On retrouve cet esprit qui survole le film les Ailes du Désir, et on pourrait voir surgir le fantôme de Rowland S. Howard et son Crime And The City Solution comme sur Holy Sister, ou, déjà, au détour de ce clip réalisé pour leur précédent E. P. 7 titres, Vow.

C’est une musique d’errances nocturnes, une bande son d’un film de Wong Kar Wai ou de David Lynch. Les titres du groupe sont imbibés des ambiances des nuits urbaines. Les villes passent, se ressemblent, les lumières de la nuit et les odeurs leur donnent leur identité. On commence F. A. Cult comme une virée nocturne avec Glassdancers qui invite l’auditeur à une soirée pas comme les autres dans une ambiance qui allie sensualité et sonorités très cold, entre Siouxsie, Cure et Blondie. La thématique de la nuit est très présente tout au long de l’album, et les titres où les guitares sont parfois sursaturées de feedback et reverb, et sur lesquelles vient se poser la voix parfois suave, parfois puissante de Zenep kaya, sont comme des fragments de rêveries. Brève histoire d’amour platonique lors d’une soirée, These Quantic Feelings, à la mélodie entêtante et à la qualité cinématique indéniable, offre un bel écrin à cette voix formée à l’école lyrique. On redescend de cette nuit épuisante de fêtes et de rencontres sur une note plus planante avec How High Is Your High, « un rythme en neuf temps sur un tremolo psychédélique », sur lequel plane l’ombre de Cocteau Twins ou de Laurie Anderson. Dixit le communiqué de presse qui ne se trompe pas.

Un groupe hors du temps…

Les morceaux de F. A. Cult (d’ailleurs, pas d’explication à ce titre, très frustrant pour quelqu’un qui, comme moi, aime avoir une explication et donner un sens à toute chose!) nous font agréablement replonger dans ces sons 80/90, et remonter des sensations et images à travers le temps, sans jamais tomber dans la nostalgie ni le plagiat. Après huit ans d’existence, le groupe a évolué pour s’éloigner un peu du shoegaze de Heartbeat, leur premier E. P. en 2012, pour prendre des couleurs plus new wave, déjà pressenties sur leur précédent E.P. Vow, sorti en 2016. On trouve toujours ces guitares qui ne sont pas sans rappeler qu’ils ont un faible pour Ride, comme avec Rockstarlari (Rockstar en turc), ou encore A Void (peut-être un jeu de mots avec a void, un vide, et avoid, évite…), titre qui date déjà de plusieurs années. Mais ils sont aussi sous influence cinématographique forte, comme le montre ce Unravel instrumental sur lequel la chanteuse se lance dans une mélodie lyrique qui renforce le côté Ennio Morricone du morceau. Mais il y a désormais un équilibre dans l’écriture des morceaux qui montre une maturité qui n’était peut-être pas aussi affirmée dans les enregistrements antérieurs. La production, confiée au compère du guitariste au sein de Crocodiles, Charles Rowell, a su mettre en avant les qualités des musiciens et offrir un son travaillé et ample.

…et qui se réinvente

Hermetic Delight apparait comme un groupe en constante ré invention. Le Parfum de La Nuit est leur premier titre en français—un nom qui aurait pu figurer sur un album de Taxi Girl—ce qui en fait un groupe trilingue et d’autant plus international. Le morceau se développe autour d’un rythme syncopé sur lequel s’appuie une mélodie teintée d’orientalisme à la Natacha Atlas et que vient renforcer un refrain envoûtant où l’on décèle comme un écho de la variété indie française des années 80. Holy Sister est un ré enregistrement d’un titre du premier EP., qui trouve ici une nouvelle dimension mettant largement plus en valeur sa superbe mélodie et son ambiance un peu mélancolique. Un morceau qui prend son temps pour poser des ambiances.

Ce premier L. P. des Strasbourgeois est une réussite. Chaperonné par Anna Calvi, qui fait souvent jouer Atef Aouadhi aka Rachid Bowie en DJ Set en première partie de ses spectacles, Hermetic Delight reste pourtant peu connu alors qu’ils ont sans aucun doute une carrure internationale. Espérons que F. A. Cult leur ouvre les portes d’une carrière qu’ils méritent largement.

Liens :

https://www.hermeticdelight.com/

https://hermeticdelight.bandcamp.com/

https://octobertone.com/shop/hermetic-delight

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