Electric Eye, quatuor norvégien sort, ce jour, son quatrième album studio, Horizons. Il signe d’ailleurs son retour sur le label Fuzz. Un album aux influences multiples qui nous fait voyager. Il nous offre, en effet, des sonorités souvent évocatrices de paysages et notamment d’espaces sous marins.
Electric Eye: un quatuor norvégien aux influences multiples
Electric Eye nous vient de Bergen. Il nait début 2012 autour de Oystein Braut, Njal Clementsen, Anders Bjelland et Oyvind Hegg-Lunde. Le groupe sort son 1er single, Tangerine-un clin d’oeil au groupe allemand Tangerine Dream? Suit un premier album, Pick Up, Lift Off, Space, Time de Rock Psyché mais l’étiquette simpliste est plus complexe et riche. Les influences musicales revendiquées par le quatuor sont d’ailleurs multiples: entre Blues, Rock, Folk du monde et notamment indien -avec sitar. Ecoutez Tangerine!
En 2016 paraît leur 2ème album, Different Sun. Le quatuor nous embarque avec ses guitares brumeuses et de belles lignes de basse. On retrouve les mêmes ingrédients et des rythmes motorik dans leur 3ème album, From The Poisonous Tree . Le titre Turn Around, Face The Sun est intéressant sur plusieurs plans. La lecture des paroles, comme l’écoute de la musique peuvent se faire selon votre inspiration, libre. En 2017, interviewé par Louder, le chanteur guitariste Oystein Braut avoue ne pas aimer « être trop évident ou spécifique dans notre poésie ». Le groupe est alors déjà marqué par la situation du monde qui se dégrade. Il évoque » le changement climatique ou la constructin de murs entre les communautés ». Ainsi, l’objectif alors confessé est que « nos mots et nos instruments donnent à l’auditeur quelques images dans son esprit« .
Electric Eye: Horizons, une conception originale, entre ciel et mer!
Le nouvel album, Horizons, paut paraître déjà atypique dans sa conception. L’essentiel en a été écrit lors d’un séjour d’une semaine, dans un phare de la petite île d’Utsira, en Juin 2018. C’est au large d’Haugesund, à quelques dizaines de km au Sud de Bergen. Une région d’où vient aussi Mayflower Madame, groupe chroniqué en Janvier dernier. Oystein Braut dit que cet album est « inspiré par les éruptions volcaniques, les aventures sous-marines et la puissance brute de l’environnement maritime« .
En Juin 2018, « notre seul public-poursuit le groupe- était les mouettes et quelques amateurs perdus se demandant d’ou venaient ces bruits étranges » (les jams jours et nuits!). « Nous étions entourés d’un océan inhabituellement calme, nous regardant presque en attente de la prochaine éruption. La nature sauvage était omniprésente et ne pouvait être ignorée alors que les jam sessions devenaient plus intenses et que les chansons commençaient à se matérialiser ».
Pour citer l’explorateur Jacques Cousteau, Electric Eye s’aventure « dans les profondeurs d’un autre type de musique, celui du fond des océans ». Plusieurs des titres de l’album sont d’ailleurs en phase avec vette nouvelle aventure musicale; Lighthouse Rock nous en rappelle le berceau, The Sleeping Sharks-les requins endormis- , Our Water Is On Fire ou le titre norvégien Den Atmosfaeriske Elven » les liens entre ciel et mer. Ce dernier titre-les rivières atmosphériques en français- est intéressant à disséquer.
Le groupe explique ainsi que « les rivières atmosphériques sont comme de longs couloirs qui, dans l’atmosphère terreste, peuvent transporter des panaches de vapeur d’eau concentrée sur des milliers de km. Venant, en général, des tropiques, elles peuvent atteindre l’Europe du Nord et y entraîner d’intenses précipitations ». Bergen connaît ainsi un total pluviométrique annuel 4 fois plus élévé que Paris.
Horizons, un hymne à la nature sauce Rock Psyché, Kraut, Drone
Forts de cette « expérience intense d’être à la réception de ces fortes pluies qui nous ont été transportées des Tropiques« , les musiciens la traduisent en sons. De retour dans leur studio à Bergen, les guitares Fuzz aux Riffs lourds et les orgues chatoyants sont retravaillés. C’est l’art de leur producteur Sir Duperman (Jorgen Traeen). Ses machines jouent alors avec le temps lui même. Alors, l’album est-il un hymne à la nature? En partie, car il est aussi motivé par la frustration des tentatives de l’humanité de le détruire au nom du profit explique le groupe.
En lien avec le titre Put The Secret In Your Pocket, le groupe pointe du doigt les solutions rapides et soi-disant simples aux défis existentiels. Ces solutions que proposent les industries, seulement appâtées par les profits et ne pensant qu’à leurs propres gains. « En nous inspirant de la musique instrumentale progressive du multi instrumentiste suédois des années 70, Bo Hansson, nous avons utilisé des instruments comme la pedal-steel guitare, les synthés Moog et l’auto harpe pour ajouter une touche plus jazzy au son d’Electric Eye »
L’album s’ouvre sur un très bel instrumental kraut space rock au parfum de western. On plonge ensuite carrément dans une ambiance subaquatique avec Last call At The Infinity Pool. Le chant apparaît après plus d’une minute. The Sleeping Sharks semble nous embarquer à bord de la Calypso. de Cousteau. Thème très cinématographique avec son tourbillon de rythmes psyché hypnotiques. Our Water is On Fire est un long instrumental au parfum Floydien saupoudré de Kraut là encore. La guitare s’affirme aussi progessivement avec quelques solos.
Electric Eye: un horizon musical élargi
Après Put The Secret In Your Pocket, vient le très beau Lighthouse Rock. 7 minutes de bonheur musical rappelant parfois Pink Floyd et la guitare de….Carlos Santana ! Retour à l’ambiance précitée plus haut avec Den Atmosfaeriske Elven. Rythme pêchu, belles lignes de basse et beaux riffs de guitare Fuzz. Un de mes trois titres préférés! The Singularity est un des morceaux les plus intéressants. Il mélange les styles musicaux. Après un début à l’atmosphère chaotique, voire anxiogène (même si l’on peut aussi imaginer un feu d’artifice!), le titre nous apaise et nous surprend aussi par son groove.
Electric Eye et son album Horizons lui permet d’élargir encore un peu plus son spectre sonore. On trouve des grooves funky, comme dans le dernier titre. L’album poursuit aussi la veine Space Rock d’Hawkwind, le Rock Psyché de Pink Floyd et le Kraut de Can. Les guitares lourdes aux riffs fuzz font encore merveille. Reste aussi le message que la jeune génération comprend de plus en plus. Quels Horizons lui offrir à l’heure de la COP 26 à Glasgow? Comme le disait déjà Oystein Braut en 2017, « it’s time to wake up kids »!