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Deleyaman, l’esprit Sentinel

Deleyaman, l’esprit Sentinel

Deleyaman est un de ces groupes qui avancent, dans l’ombre mais avec un noyau de fans fidèles, en France comme à l’étranger. Sentinel est déjà leur 8ème album et va coincider avec les 20 ans du groupe fondé par Aret Madilian. D’origine arménienne, né en Turquie, il a passé la fin de son enfance puis sa jeunesse à Los Angeles où ses parents s’étaient installés. Weirdsound reviendra, très bientôt sur ce parcours atypique, dans une interview réalisée dans la maison studio de Normandie, région d’adoption après le retour des Etats Unis en 1998.

Un quatuor enrichi de guest stars

Deleyaman (feat Jules Maxwell) lors de la tournée d’automne Irlande 2018

Deleyaman, ce sont aujourd’hui 4 musiciens: d’abord Aret Madilian, multi instrumentiste et auteur compositeur de la plupart des titres, qui partage le chant avec Béatrice Valantin, sa compagne à la ville comme à la scène; Gérard Madilian au doudouk – flute arménienne au son enchanteur. Depuis l’élaboration de ce 8ème album, Sentinel, le groupe a été renforcé par Guillaume Leprévost à la basse.

Sur cet album, Jules Maxwell (claviériste irlandais de Dead Can Dance) avec qui ils ont déjà joué et tourné, notamment en Irlande en 2018, est présent au piano. On retrouve aussi, comme sur l’album précédent, le frontman de Dead Can Dance, Brendan Perry au bouzouki, au cimbalum et à la batterie sur le titre « The Valley ». Le groupe a également bénéficié de la participation de Madalina Obreja, violoniste d’origine roumaine, qui sublime plusieurs des titres.

Un album reflet d’un état d’esprit…

Deleyaman Sentinel 2020

Si ce 8ème album, qui sort ce Vendredi 17 janvier, correspond aux 20 ans du groupe, il n’y avait pas d’intention particulière dans l’écriture ou la composition de celui ci . Comme pour les précédents, « Sentinel devait traduire, en musique, le plus justement possible, notre état présent, avec une conscience aïgue de toutes les menaces pesant sur notre monde » me confie Aret Madilian. « Sentinel est aussi synonyme de gardien, gardien de l’idée qu’un certain art, créé d’une façon indépendante, est encore utile » précise t-il. « Sentinel » veut aussi traduire « un esprit critique vis à vis de la culture politiquement correct(e)…et contre les critères du progrès définis seulment par l’argent et l’économie ». Quand je rappelle à Aret que « cri de sentinelle » apparaît même dès le 1er titre, « Exil », Aret ajoute que c’est « comme une mise en garde pour l’avenir, le rappel que toutes propositions de construction d’un système social ou concept humain doivent sans cesse être questionnées, surtout quand on réalise dans quelle voie sans issue nous nous trouvons aujourd’hui ».

Un album pas forcément dark mais ancré dans la réalité!


Si les albums et la musique de Deleyaman évoquent une atmosphère souvent « dark » (sombre), Aret Madilian réfute l’allégation selon laquelle Sentinel et le groupe pourraient cultiver cette voie: « Certains verront de la nostalgie dans le fait de traiter des sujets comme le temps (qui passe) ou notre vie éphémère sur terre, mais c’est possible d’être lumineux tout en étant réaliste » précise ainsi Aret. La mise en musique de « De Roses Vermeilles », (Caligula II ème chant) le poème de Gérard de Nerval, peut en être une illustration: « Puisque chaque année Jetant aux hivers Sa robe fânée, Renaît couronnée De feuillages verts…..Car le temps nous presse D’un constant effort; Hier la jeunesse, Ce soir la vieillesse Et demain la mort ». Le titre « Keep the light » évoque quant à lui « les amoureux qui résistent et gardent la lumière »; il symbolise « tous ceux qui résistent et tentent de marcher hors des sentiers battus où le bonheur est possible sans se soumettre à quelconque religion ou idéologie » ajoute encore Aret Madilian. Même le dernier titre « Slaves », s’achevant par la phrase  » Slaves we are born » se veut plus réaliste que pessimiste: « C’est un constat de notre esclavage à nos propres constructions mentales…nos représentations subjectives du monde nous séparant les uns des autres »… »Tout en nous pensant intelligents et forts, nous sommes en réalité Slaves (esclaves) de nous mêmes »!

La nature source d’inspiration

Dès le début de l’album, et dans plus de la moitié de celui ci, la nature est prégnante, y compris sous formes de sons, oiseaux, orage, vent, un peu à la manière d’une Emily Jane White dans son dernier opus. Là encore, l’album Sentinel n’est que le reflet de l’environnement du groupe, entre Normandie, baie de Somme ou Nord Bretagne selon les musiciens. Aret évoque ainsi l’environnement naturel de l’habitat de leur couple, source d’inspiration: « la nature fait partie de nous…Nous vivons hors de la ville, dans un environnement plus naturel, près de la mer ou de la forêt. Cela permet l’introspection et la mise en question des choses. L’impression de lenteur qu’on retrouve en dehors des villes, soumises à la vitesse permanente, est aussi très importante pour notre musique et change notre rapport au monde ».


L’album de 10 titres s’ouvre sur un texte de Béatrice Valantin, « Exil » où l’on retrouve des cris d’oiseaux et une intro instrumentale assez longue pour cet hymne à la Liberté. Après des grondements d’orage , la voix chaude d’Aret nous emporte dans « Become » tandis que Jules Maxwell nous distille de discrètes notes de piano. Arrive alors le violon de Madalina Obreja pour nous séduire encore davantage. « Keep the light » s’ouvre sur des nappes de synthés et une belle ligne de basse avant que la batterie nous entraîne dans un rythme plus rapide. La voix, plus grave, de Béatrice Valantin me rappelle un peu celle d’Emmanuelle Seigner dans l’album de L’Epée ; le final et ses vocaux nous propose une atmosphère aérienne très envoutante. C’est un de mes titres préférés avec le suivant: « Electric Sky » renoue avec un tempo lent mais aussi très beau avec quelques belles dissonances à la guitare avant un final, là encore, très atmosphérique. Le vent en intro , puis le violon et le doudouk à la fin de « De roses Vemeilles », au rythme très lent, nous obligent quasiment à une qualité d’écoute favorisant l’introspection. « The Valley » fait partie de mes 4 titres favoris; On y retrouve Brendan Perry, déjà présent dans l’album précédent sur 2 titres. Aret Madilian raconte:  » Nous avions fixé une date de session de travail avec Brendan dans son Home Studio en Bretagne, fin Août. Quand je suis arrivé, Brendan avait déjà enregistré la partie rythmique (batterie jouée par Brendan Perry). Il nous restait à enregistrer ses parties cimbalum et bouzouki, ce qui fût effectué en 2 après midi ». Le bouzouki et le doudouk nous proposent un beau final. Après « Still Waters » où l’on apprécie à nouveau le chant d’Aret Madilian et ses notes de guitare égrenées, on retrouve une composition de Béatrice Valantin, en français, « 1973 », le titre gardant sa part de mystère personnel: le piano de Jules Maxwell puis le violon accentuent la tonalité mélancolique du morceau.

9ème titre de l’album Sentinel de Deleyaman

« Deer on the Run » nous propose de retrouver la voix d’Aret mais aussi la belle basse de Guillaume Leprévost; le violon et le doudouk s’unissent pour magnifier à nouveau le titre. « Slaves » conclut de très belle manière l’album: quelques arpèges de guitare pour commencer avant que la slide ne soit relayée par le doudouk et nous accompagne pour un dernier moment de douce rêverie au delà des paroles ancrées dans la réalité!

Sentinel est un bel album dont la musique et l’esprit oscillent entre douce mélancolie contemplative et introspection pouvant inviter à la rébellion, un album entre rêverie et combat, y compris intérieur!

Un des beaux titres de l’album The Edge de 2014

Après un 1er passage en Allemagne, en Décembre,

Deleyaman sera en concert notamment: (d’autres dates à venir)

17 Janvier : Vissingen (De Piek) Pays Bas

18 Janvier: Bruxelles (Art Base)

2 et 3 Mars : Paris (Théatre du Temps)


http://www.deleyaman.com

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