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Emily Jane White: un folk subtil et engagé

Emily Jane White: un folk subtil et engagé

A l’automne 2010, je voyais pour la 1ère fois en Live Emily Jane White: c’était au Fuzz Yon (La Roche/Yon) et elle avait, alors, sorti son 3ème album, Ode To Sentence, sur le label bordelais Talitres, auquel elle reste fidèle depuis ses débuts discographiques en 2007. Premier coup de foudre, en live, pour cette voix plutôt grave et cristalline à la fois au service d’un folk sombre et lumineux! Depuis j’ai revu Emily Jane White plusieurs fois, la dernière au printemps 2018, en compagnie de Rey Villalobos aka House of Wolves pour une très belle soirée (voir notre article); un E.P split (avec 6 titres) a été d’ailleurs produit (sur le label discolexique) et indispensable aux amateurs des deux artistes. Le 6ème album d’Emily Jane White, Immanent Fire, vient de sortir le 15 Novembre et, une fois encore, c’est une belle réussite!

Un Folk engagé

Immanent Fire va, une nouvelle fois, rappeler qu’Emily Jane White joue un folk subtil et engagé, éclairé par une voix et une orchestration qui subliment ses chansons. Ce n’est pas la 1ère fois qu’un album rappelle son engagement social et politique: dès 2009 et son 2ème opus Victorian America Emily Jane White évoquait le sexisme et diverses formes de discrimination de l’Amérique « victorienne ». Son avant dernier opus They Moved in Shadow Together (en 2016) abordait de façon plus frontale encore les violences faites aux femmes (dans « Womankind ») le racisme ou les débordements policiers (« The Black Dove »); ces thèmes n’ont rien perdu, hélas, de leur actualité, tant aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde. Dans Immanent Fire, Emily Jane White dresse un constat alarmant faisant écho à celui d’une autre Californienne, Weyes Blood, que nous avons revue récemment: anéantissement biologique, accélération de l’extinction des espèces, mais aussi désordres économiques et sociaux.

Emily Jane White rappelle d’ailleurs, à propos de « Washed Away », 1er extrait/clip tiré de l’album Immanent Fire, qu »il évoque notre rapport souvent distancié au monde naturel, la façon dont la communication et la technologie dominent une grande partie de notre monde contemporain. Notre relation à la nature doit être réévaluée et revalorisée, elle dégage à terme une force créative non négligeable. Le décalage actuel a un impact direct sur la crise climatique et la destruction accélérée de notre planète ».

L’emprunt à Starhawk, la « sorcière » californienne

Emily Jane White emprunte ainsi les thèmes chers à Starhawk, l’écrivaine militante écoféministe, « sorcière » néopaïenne participant à des rituels très organisés, qui « rêve l’obscur » pour esquisser un meilleur futur (« rêver l’obscur » est un écrit de 2015). Si Miriam Simos aka Starhawk (faucon étoile) a pris la tête du mouvement des « Sorcières », c’est en mémoire des milliers de femmes qui ont été brûlées à partir de la fin du XVIème siècle car elles s’opposaient à l’émergence d’un monde patriarcal, mécaniste et colonialiste : »Les bûchers ont créé les conditions du développement du capitalisme » écrit ainsi Starhawk et, avec lui, « la dévalorisation de la femme et la destruction de la nature ». La boucle est bouclée…

Si les thèmes d’Emily Jane White paraissent sombres voire anxiogènes, elle sait nous proposer un regard lucide qui veut, peut-être aussi, nous apporter une certaine sérénité…à condition d’agir!! Starhawk elle même ne veut-elle pas nous mobiliser tout en rêvant: « Si nous ne sommes pas capables de rêver le monde que nous voulons, nous ne pouvons pas le créer. Il s’agit de restaurer et protéger les écosystèmes écologiques mais aussi sociaux, politiques, économiques et culturels ».

Emily Jane White St Nazaire 2018 photo benoit pour weirdsound
Emily Jane White St Nazaire 2018 photo benoit pour weirdsound

Entre lumière et clair obscur, son plus bel album?

Immanent Fire a été écrit sur une période de deux ans, co-produit et arrangé par Anton Patzner (fondateur aussi de Judgment Day). Il a été enregistré début 2019 en Californie: « Anton a su porter un regard sensible lors du processus de production, jouant avec dextérité entre lumière et clair obscur, douceur et déchirure » précise Emily Jane White.

Les 10 titres sont bons, même si, bien sûr, j’ai mes préférés! Dès le 1er titre, la séduction opère: « Surrender » s’ouvre sur quelques arpèges subtils de guitare avant que la voix d’Emily Jane White ne s’élève et que d’autres instruments prennent le relais. « Drowned » démarre sur un rythme enlevé et presque symphonique pour nous entraîner dans une mélodie addictive pour un des sommets de l’album. « Infernal » est un de mes 5 titres préférés: son rythme reflète la richesse et la complexité de la musique d’E J W. On pourrait imaginer ce titre aussi bien chanté par Sinead O’Connor(période trip reggae-Jah) que par Patti Smith. Le piano vient aussi illuminer ce titre avant le beau final instrumental. Avec « Washed Away », retour à un titre plus folk classique au moins en apparence, même si la richesse musicale prolonge, là encore, la sobriété de début de titre. « Metamorphosis » est un autre très beau titre: grondements de tonnerre lointains accompagnent le début du morceau au martellement presque pesant; suit une rupture dans le rythme où des chœurs subliment la voix aérienne d’Emily Jane White.

Dans « Dew », le piano et la voix apportent de la douceur à cette deuxième partie d’album. La cloche de « Shroud » nous rappelle la volonté d’E.J.W de mêler les bruits de la nature (y compris les grondements de tonnerre évoqués précédemment ou les chants d’oiseaux) à sa musique acoustique ou électronique pour mieux faire le lien entre situation écologique actuelle et notre nécessaire utilisation morale des outils technologiques. Les violons et cordes fragiles magnifient « Entity », titre sensible. le final de l’album est somptueux: « Light » avec sa belle intro , quelques chœurs et le piano sont à déguster sans modération avant l’ultime « The gates at the end ».

Il est grand temps, après plus de 10 ans de carrière, qu’E.J.W soit reconnue à sa juste valeur de grande artiste folk au même titre que d’autres plus « vieilles » américaines comme Joni Mitchell. Ce sixième très bel album peut lui apporter enfin la reconnaissance méritée.

Après une tournée européenne passant par Paris (11) et Tourcoing (12 Décembre), Emily jane White reviendra en France….notamment le 11 Février à Nantes/Stereolux.

le 30.01 : Annecy, Le Brise-Glace
le 06.02 : Strasbourg, La Laiterie
le 07.02 : Lyon, L’Epicerie Moderne
le 11.02 : Nantes, Stéréolux
le 12.02 : Orléans, L’Astrolabe  
le 13.02 : Bordeaux, Le Rocher de Palmer

le 14.02: Toulouse, le Rex


tournée de décembre d'Emily Jane White
tournée de décembre d’Emily Jane White

http://www.talitres.com/

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