Birds On A Wire, le duo composé de Rosemary Standley et Dom La Nena, vient de sortir son deuxième album, Ramages, paru chez PIAS. Si l’on considère que les ramages sont notamment des chants d’oiseaux (pas forcément sur un fil), on peut imaginer que cet album peut annoncer le printemps en occultant un peu l’actualité anxiogène. Après la Cigale, 3 jours avant, Nantes et la salle Paul Fort (qui affichait complet ce 3 Mars 2020) , démarraient la tournée hexagonale destinée à promouvoir l’album et conquérir le public. Mission accomplie pour Nantes!
Au commencement, le chant rencontre le violoncelle
Le duo Birds On A Wire est né en 2012 à l’initiative de Sonia Bester, alias Madamelune, du nom de sa société de production et de diffusion de concerts. Alors que le groupe Moriarty était pourtant à l’apogée de son succès musical, Rosemary Standley, son emblématique chanteuse, souhaitait s’ouvrir à d’autres formes de performances artistiques: il faut dire qu’étant passée par le chant lyrique au conservatoire de Paris, sa voix lui permettait de pouvoir briller dans des styles très divers! Elle l’a d’ailleurs montré à travers d’autres productions discographiques récentes, que ce soit Love I Obey, mélange de chansons traditionnelles et de compositions baroques, en 2015 ou A Queen of Hearts, en 2016.
Dom La Nena, née au Brésil, s’est formée, avec son violoncelle, aux exigences du classique avant de naviguer entre pop et chanson aux côtés de Jane Birkin, Jeanne Moreau, Etienne Daho et Piers Faccini: c’est d’ailleurs ce dernier qui l’a soutenue pour son 1er album, Ela, en 2012.
La connivence de 2 artistes libres
Sur scène, comme à Nantes en ce début Mars, la connivence entre Rosemary Standley et Dom La Nena est évidente et bien plus palpable qu’à l’écoute du seul album. C’est sans doute parce que leur parcours musical et leur manière d’être les ont affranchies de nombreux codes. Les deux artistes sont libres: libres de chanter en se permettant des reprises, de Purcell à Pink Floyd, en passant par Brel, Dylan, The Doors et tant d’autres! Liberté de ton et de jeu aussi, presque théatral: Rosemary Standley est passée par le théatre musical , cela se sent, et l’ombre de Madamelune est présente. Sonia Bester et Rosemary Standley s’étaient retrouvées, y compris dans des lieux parfois atypiques, pour des projets plus ou moins insolites: avec d’autres chanteuses (le spectacle Les Françoises) ou chanteurs ( dans « On dit on fait un spectacle »), déjà avec Dom La Nena en 2015/2016 et après le 1er album éponyme du duo en 2014 (paru sur le label Air Rytmo).
Ramages, une palette chamarée de reprises réappropriées
L’album Ramages, comme son prédécesseur, est composé de reprises, dont 13 des 16 titres ont été joués en cette soirée nantaise. Comme un clin d’oeil au nom du groupe, c’est « le chant des oiseaux » (El Cant dels ocells) , reprise d’un traditionnel catalan, qui ouvre le set dans une pénombre qui prédispose à l’écoute attentive. C’était la version chantée que l’on retrouve dans le dernier opus. Nous eûmes ensuite le plaisir d’entendre une reprise de Dylan , » I shall be released », hors discographie du duo pour le moment. Après l’une des intrusions dans le 1er album, nous retrouvons 4 titres du dernier album, dans des styles très différents mais reflétant déjà le talent multiforme de notre duo. « Sur la place », reprise de Brel est un régal avant l’amusant « La Gatta » , où les spectateurs apprécient les miaulements de nos chanteuses. C’est une autre occasion de voir aussi comment Rosemary Standley va manier différentes langues. Bon, d’accord, elle avoue, après le concert, ne pas parler toutes les langues retrouvées dans les reprises, ayant même dû être « coachée » pour le russe. Après un autre titre en italien »Voglio una casa », c’est la délicieuse « La Marelle », reprise d’un titre brésilien de R. Casoy de Queiroz et chantée il y a 40 ans par Nazare Pereira. Chanson légère, facile à mémoriser et qui permet au public de reprendre facilement les « La la la »…!!
Une musique sans frontières
La musique de Birds on a Wire est sans frontières et libre comme l’air dans lequel nos deux oiselles prennent plaisir à gazouiller ou à roucouler puisque plusieurs titres parlent aussi d’Amour! Si le titre « Birds on the wire » faisait partie du 1er album, le duo reprend un autre titre de Cohen, extrait du second; « Who by Fire » est ainsi très épuré et le violoncelle sublime l’harmonie vocale parfaite. « les berceaux » nous offre une reprise osée et minimaliste de Gabriel Fauré, sur des paroles de Sully Prudhomme. Gilberto Gil sera aussi honoré avec deux titres, Calice, chantée par Dom La Nena et le refrain repris par le duo et « Les fils de Gandhi ».
Ce dernier titre (hors album pour le moment) est bien entouré par deux autres très beaux titres du dernier opus: « Shake Sugaree » de l’américaine Elisabeth Cotten nous fait apprécier son atmosphère bluesy et rappelle le parfum folk américain qui inspira tant Moriarty. Ne manque que la voix du père de Rosemary Standley, présent sur l’album comme sur le titre « Which Side are you on ». Le violoncelle est magnifique, la mélodie envoutante et le refrain entêtant rendent hommage aux working class heroes! Le set se termine avec une reprise étonnante de The Doors, « People are strange ». Moi qui suis un grand fan des Doors, je suis bluffé par cette réappropriation péchue du titre. Un seul regret, elle est hors disque!
Le rappel, enthousiaste, nous propose encore 4 titres qui vont nous faire voyager entre Bretagne, Brésil et Réunion après le quasi inévitable « Wish you were here » , reprise des Pink Floyd. « Bergère », reprise d’un titre breton permet d’honorer la mémoire de Yann Franch Kemener, décédé l’an dernier. Le concert se termine malgré tout dans une ambiance festive avec « Panis e circenses » ,version sud américaine de la devise de la Rome Antique puis « Sega Jacquot » où le public, debout, célèbre la musique réunionnaise mais aussi les deux musiciennes .
Birds on A wire est un duo qui nous offre mieux que des reprises grâce à une classe et une aisance qui leur permet de s’approprier véritablement ce qui pourrait paraître quasi impossible. Les harmonies vocales, au service des instruments et surtout du violoncelle, sont parfaites. C’est un régal pour nos oreilles mais aussi un plaisir pour nos yeux car il faut vivre cet album…en Live! Sur scène, Rosemary Standley joue aussi souvent avec le rideau, disparaissant et glissant tel un fantôme puis réapparaissant tout en chantant. La communication avec le public assure aussi une proximité que seul le Live peut permettre!
La tournée de Birds on A Wire continue!
https://www.facebook.com/birdonawiremusic/
C’est un excellent disque, le concert était vraiment chouette! Et cet article est excellent
Merci à l’un de nos plus fidèles lecteurs! Vive la musique en ces temsp anxiogènes!