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Avec Enzo Petillault, au plus près d’Aucard

Avec Enzo Petillault, au plus près d’Aucard

Le festival Aucard de Tours commence dans un peu plus d’un mois. La multiplication des lieux et des évènements estampillés « Aucard » nous ont donné envie d’en savoir un peu plus sur son organisation. Sous le soleil de ce mois d’avril caniculaire, sur le parvis de la place Plumereau, une petite Maiz dans la main, nous avons échangé autour de la préparation, de la programmation, des collaborations et des éditions passées avec le chargé de production pour Béton Prod, Enzo Petillault.

Chargé de production, ça ne veut pas dire grand chose à Béton!

Un travail en béton!

Arrivé au poste depuis six ans, jusqu’à récemment Enzo pouvait compter sur l’appuie d’un contrat aidé, en la personne de Nathan Aulin. Malheureusement, avec l’arrêt de ces emplois subventionnés, unique CDI de la prod, il va se retrouver seul aux commandes pour un travail où être deux n’est vraiment pas du luxe. Car chez Béton Prod, chargé de production recouvre bien des tâches plus diversifiées que celles de simple attaché de production.

Entre Funkadelic/Parliament, Sun Ra avec des poussées de Doors voire même de surf music parfois, le mélange Golden Dawn Arkestra promet d’être un bon moment festif lors de cette édition d’Aucard le samedi 9 juin.

Ainsi, ils doivent gérer la préparation des déroulés, le planning des artistes, les fiches techniques à transmettre, les demandes spécifiques de chacun, participer à la programmation, contacter les artistes lorsqu’ils ne sont pas encore trop bookés pour l’été… Autant dire que si c’est du plaisir, c’est aussi de l’énergie et beaucoup, beaucoup de travail (comme pour un album d’Asterix?).

Toujours faire le pont.

Ici, un petit flashback s’impose. Radio Béton! est née avec les radio libres des années 80, lors de l’ouverture des ondes. Les « vétérans » ont vécu la libéralisation des ondes et sont aujourd’hui des témoins de cette époque de liberté radiophonique que les plus jeunes ont du mal à imaginer. Ce sont donc plusieurs générations qui ont fait et qui font aujourd’hui Béton et Aucard¹. Ainsi la programmation du festival est-elle guidée d’un côté par les playlists de la dernière génération d’animateurs, celle d’Enzo, et d’autre part par Pascal Rémy qui appartient à une époque plus ancienne de la radio et du festival. La dynamique entre les deux programmateurs est bonne, car complémentaire.

J’essaie de faire le lien avec ce que défend et promeut la radio, mais j’essaie aussi de faire découvrir mes coups de cœur

Si Enzo est celui par qui la jeune garde amène ses goûts en matière de musique contemporaine, Pascal assure la continuité avec les anciennes générations qui viennent toujours assister (maintenant même parfois en famille) au festival. C’est pourquoi on peut voir se côtoyer des groupes comme les $heriff ou Ecca Vandal sous les chapiteaux de la gloriette. Cette dernière vient de sortir son premier album et entame sa première tournée en Europe.

Ecca vandal, un des coups de cœur d’Enzo pour cette année jouera le 5 juin. L’australienne qui a un petit je ne sais quoi de Poly Styrene (X-Ray Spex) dans la voix,  joue pour la première fois en Europe. Interview à venir dans Weirdsound.

Pour assurer une programmation de qualité, le chargé de prod essaie de faire la juste balance entre ce que promeut la radio et ses goûts. Aussi parcourt-il de nombreux festivals, arpente les concerts de l’Hexagone à l’affut des groupes et artistes qui pourraient entrer dans la liste des programmables de l’année. L’an dernier, c’est le rock fuzz de Franck Carter and The Rattlesnake  qui s’est vu invité pour l’édition 2017.

Un étalement géographique

Si le festival est complet à plus de 90% sur la semaine, il n’est pas question de grossir. Aussi, le choix a été, plutôt que de rallonger la programmation, d’engager des collaborations afin d’étaler géographiquement l’évènement sur d’autres sites de l’agglomération tourangelle. En 2017, c’était notamment le warm-up au Temps Machine avec The Oh Sees. Cette année, ce sont les Soft Moon qui ouvrent le bal le 4 juin. C’est aussi le rôle des soirées label, avec cette année une carte Blanche à Brice de Goat Cheese (groupe et asso punk tourangelle) au château du Plessis. Prévue il y a deux ans, la soirée avait été annulée pour cause d’inondations. Et oui, la gloriette, où se déroule les concerts, est une plaine en bordure du Cher, qui, de temps en temps, ne peut se retenir de déborder.

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Y aurait-il des géographes chez Justin (e) le groupe Punk nantais qui fait ce jeux de mot sur le nom du plus grand géographe (anarchiste) français du XIXe? En tout cas, ils seront là à la soirée Goat Cheese du 3 juin.

Cette année, c’est aussi un after avec les acteurs locaux de la guinguette de Tours/Le Petit Monde, sur les bords de Loire. Ceux-ci, qui ont l’habitude d’organiser des soirées concerts, spectacles et autres animations, sont donc venus chercher les programmateurs du festival pour leur proposer une collaboration qui verra se produire notamment le duo de hip-hop londonien Too Many T’s.

School’s out pour les Too Many T’s. Toute la programmation de cette after ici.

On a voulu impliquer les habitants pour le choix des apérocks avec les centres sociaux Léo Lagrange à Gentiana et celui des Fontaines

Enzo continue en m’expliquant que, depuis quatre ans maintenant, les apérocks débutent dans le quartier qui abrite les locaux de la radio, l’espace Gentiana. Les habitants des environs sont invités à voter pour le groupe qui jouera lors de cette ouverture officielle du festival au pied de leurs immeubles. Enzo voit une nette progression dans les choix, évolution qui dénote d’une réelle réussite d’ouvrir ce public à un plus large spectre musical. Alors que les artistes choisis lors des premières sessions étaient plutôt francophones, c’est un groupe de rock anglophone, The Drafts, entre cold wave et rock, qui se produira à 18h30 dans les quartiers Nord de Tours. Et le 2 juin, ce sont « les Fontaines », quartier de la rive Sud du Cher qui aura le plaisir d’accueillir le groupe de rap qu’ils ont désigné, Danslamercedesnacrée.

En discutant, j’avoue à Enzo que, si je n’ai pas suivi toutes les éditions, j’ai participé à un grand nombre d’entre elles, dont les toutes premières (quel est l’âge du capitaine?). Aucard doit bien son nom à une île de la Loire qui abrite la régie des eaux en face du château de Tours. Pourtant, le site devenu trop petit, avait tout d’abord migré sur les bords du lac de Tours pour se déplacer finalement à quelques encablures sur les bords du Cher. Mais, comme vous le savez, si vous n’avez pas sauté de lignes, celui-ci peut-être capricieux. Enzo est revenu sur l’épisode des inondations de 2016 qui a bien failli couter la vie au festival.

Staying alive! (où l’on apprend que les lapins ne savent pas nager)

Alors que l’ouverture des chapiteaux s’était plutôt bien passée la veille, malgré des intempéries peu propices à la musique en plein air (à moins d’organiser des toboggans de boue…), le mercredi, au moment où  les organisateurs allaient ouvrir les grilles au public pour cette deuxième journée, ils ont vu débarquer la police municipale avec un arrêté préfectoral « risque inondation »  leur intimant l’ordre de tout stopper. Juste le temps de remballer les structures, et deux jours plus tard le site était recouvert par les eaux. Seuls restaient un chapiteau dont les propriétaires n’avaient pu être joints, et de tristes cadavres de lapins qui flottaient ça et là… Sur un budget de 350/400 000€, le coût pour l’orga était de plus de 180 000€. Autant dire que la pérennité du festival semblait compromise. Heureusement, me raconte Enzo soulagé, beaucoup de groupes ont accepté de rendre leur cachet ou de ne tout simplement pas le prendre. Des cagnottes ont été organisées dans les bars de la ville ou en ligne, et les prestataires »ont été cool » avec la production. Et puis retour aux sources, avec Aucard’s not dead sur l’île Aucard, monté pour renflouer les caisses et qui a très, très bien fonctionné (la buvette aussi, apparemment). Enfin, grâce à une aide parlementaire (les fameuses « enveloppes ») et à l’aide du Centre National de la chanson de la Variété et du Jazz (CNV) « on a pu repartir à zéro à la fin de l’année ».

Radio Béton!, live transmission

Et heureusement, poursuit le chargé de prod, car parmi les organisateurs,  fatigués par la difficulté grandissante de monter un festival et de le porter d’année en année à bout de bras, certains y avaient vu un signe funeste du destin et parlaient d’arrêter la machine. Cet épisode est aussi plus ou moins concomitant d’un moment de transmission, puisque Cédric Grouhan, régisseur général (et ex manageur de la Ruda), va tranquillement passer la main petit à petit à Sebastien Garcia. L’été 2016 a finalement été celui des remises en questions, des transmissions générationnelles où l’énergie encore intacte des « nouveaux » a redynamisé l’évènement, les plus anciens et la radio. L’épreuve a ressoudé et largement fédéré l’équipe et s’est peut-être avérée être « un mal pour un bien ».

Mais toutes les transmissions ne débouchent pas sur des évènements positifs. Ainsi, le festival Rock The House qui avait été initié par AZ prod qui s’occupe du parc des expos, ne s’est pas vu prolongé au-delà de la première année pour cause de changement de direction. C’est que les organisateurs tablaient sur 3 000 entrées, et que—pour une première édition sur une seule soirée!— l’évènement n’a fait « que » 2 500 entrées… tant pis.

Ce qui n’empêche pas Enzo d’être super enthousiaste à l’idée de l’édition 2018 d’Aucard qui s’annonce à la fois comme une formidable scène de « nouveautés » et l’occasion de voir des pointures déjà ancrées dans le paysage musical, tel Girls In Hawaï.

Moaning,  groupe Sub Pop qui vient de sortir son premier album début mars qui sera sur scène à la gloriette le 5 juin.

Merci à Enzo pour le temps qu’il m’a consacré et à très vite sur la pelouse du festival.

1 Livre des 30 ans et interview de Pascal Robert ici en fin d’article (titre désormais faux avec les nouvelles programmations!):

Aucard de Tours, ça démarre le 5 juin!

http://www.radiobeton.com/aucard/

 

 

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