Début Mai, weirdsound vous dévoilait le 1er extrait, All I ask for, du premier album d’A.A Williams, Forever Blue, qui est sorti ce 3 Juillet chez Bella Union. Depuis mon coup de coeur de début de printemps pour Hilary Woods, plusieurs artistes femmes ont réussi à me séduire par leur album et c’est donc un nouvel bel opus féminin que nous offre ce début d’été. Un album maîtrisé et habité qui surprend d’autant plus quand c’est le premier de l’artiste. Un coup d’essai qui est un coup de maître!
A.A Williams ou les coups de pouce d’un destin musical
Le début de la carrière musicale d’A.A Williams est récent : elle a signé avec le label londonien Holy Roar Records, à l’automne 2018. Fin 2018, avec le déjà magnifique Cold, A.A Williams fait une première apparition musicale remarquée sur le net. En Janvier 2019, son 1er E.P éponyme de 4 titres révèle voire confirme son talent que beaucoup vont alors découvrir sur scène. Au Printemps 2019, A.A Williams fait ses débuts sur scène, au prestigieux Southbank Centre de Londres. Concert à guichets fermés et éloges unanimes pour cette première performance de l’auteure compositrice. Dès lors, des groupes comme Cult Of Luna, Sisters Of Mercy (vus tous deux au Hellfest en 2019, voir notre report) mais aussi Explosions in The Sky ou Russian Circles vont l’embarquer en tournée et faire découvrir A.A Williams à un public toujours plus large.
A.A Williams a pris des leçons de musique dès l’âge de 6 ans mais est alors plongée dans la musique classique. Sa vie musicale et sa future carrière vont pourtant basculer à deux reprises. Adolescente, elle découvre le groupe Deftones, un choc : « C’est la musique qui m’a fait me sentir incluse, qui a puisé en moi« . Le coup de pouce du destin est surtout venu quelques années plus tard. A.A Williams découvre une guitare, dans la rue, avec une petite note attachée « Please Take me, Just needs to work« . Un peu comme dans les contes de princesses. Elle apprend donc à jouer de la guitare et commence à écrire des chansons, pour aussi apprendre à jouer dit-elle: « J’ai écrit dans différents styles pour trouver un son avec lequel je me sentais à l’aise« . Le chant est aussi venu comme un coup de pouce supplémentaire du destin: « Je n’avais jamais pensé auparavant à chanter avec un micro devant d’autres personnes. Cela a été un sacré voyage »!
L’identité musicale forte de A.A Williams
Dès son premier E.P éponyme et dès le 1er titre, Control, on est frappé et happé par une voix et un style. Ceux ci peuvent rappeler, par moments, Emma Ruth Rundle dont A.A Williams revendique d’ailleurs l’influence avec Cat Power. Curieusement d’ailleurs , sur son dernier très bel album, On Dark Horses, Emma Ruth Rundle a aussi un titre nommé Control! Ce 1er E.P va aussi marquer l’identité musicale de A.A Williams : un piano, une guitare, des arrangements acoustiques subtils et une voix envoûtante faisant place, soudainement, à des envolées électriques Post Rock. On va retrouver cette identité sur l’album Forever Blue. Entre les deux, il ne faut pas oublier le très bel E.P, Exit In Darkness, paru en Janvier 2020 chez Pelagic Records. Fruit d’une collaboration avec le groupe post rock japonais Mono, ce maxi vinyle 2 titres est un vrai bijou!
Forever Blue entre Post Rock et Post classique
L’album Forever Blue porte le nom d’une chanson « intemporelle » selon A.A Williams, mais ne faisant pas partie de la version finale de l’album! Cette version « a tout de même su capturer l’esprit de l’ensemble des chansons » nous précise t-elle. Les morceaux qui composent l’album résument les angoisses, les dépendances à l’Amour ou la perte, avec des détails parfois obsédants. A.A Williams reconnait cependant que les thèmes de son album ont été souvent façonnés par son subconscient. Melt est le deuxième extrait de l’album dévoilé fin Mai. A propos de ce titre, A.A Williams nous éclaire : « Melt nous parle de la recherche, de la reconnaissance et de l’acceptation de l’indépendance par l’individu. Après s’être cru si fragile, l’un en vient à réaliser que lui même n’a jamais été dépendant des autres, que les autres dépendaient de lui. Dans cette force nouvelle, il trouve du réconfort ». On peut aussi penser à Anna Calvi dans ce titre!
Musicalement, l’album est un mélange de Post Rock et de Post classique. Forever Blue nous enveloppe par ses mélodies et atmosphères habitées voire hantées. De nombreux titres sont construits un peu sur la même structure : on passe de la sérénité reflétée par les notes de piano ou de guitare distillées et accompagnées d’une voix douce à une explosion instrumentale où le parfum shoegaze/ mur de son n’est parfois pas loin. A.A Williams , multi instrumentiste nous fait ainsi découvrir ses multiples talents au piano, au clavier, à la guitare mais aussi au violoncelle ; celui ci sublime d’ailleurs plusieurs des titres, contribuant à cette dimension post classique. Lorsque le dernier et 8ème titre, I’m Fine, s’achève, entre piano et violoncelle, on se sent apaisé, à l’image du titre ! On a d’ailleurs envie de remettre l’album !
Forever Blue, une maîtrise étonnante pour un 1er album
Ce qui peut surprendre le plus, dans l’album Forever Blue, c’est l’étonnante maîtrise dont fait preuve A.A Williams. Au delà d’être une formidable auteure compositrice, elle fait preuve aussi d’une grande maîtrise vocale. Sa voix et son rythme/débit souvent contrôlés n’empêchent pas de nous transmettre des émotions. On sent A.A Williams habitée par ses chansons y compris lorsqu’elle fait des reprises. L’album Forever Blue a été enregistré, en grande partie, dans le deux pièces du Nord de Londres occupé par A.A Williams et son mari et bassiste Thomas Williams. Les percussions et autres voix ont été ajoutées ensuite. Ainsi, les percussions de Geoff Holroyde ont été ajoutées par Adrian Hall dans son studio du sud londonien. 4 des 8 titres bénéficient aussi de voix doubles, masculines ou féminine pour un des titres.
A.A Williams s’est retrouvée, comme beaucoup d’artistes, bloquée par le confinement du au Covid 19. C’était juste après un nouveau concert, à Manchester, avec The Sisters Of Mercy. Cela lui a permis de mettre en place un projet musical video, en mode confinement, baptisé « Songs from isolation ». Elle a, là aussi, montré l’étendue de son talent maîtrisé. A la demande de ses fans, elle a ainsi notamment repris des chansons de Radiohead, Gordon Lightfoot, Nine Inch Nails ou Nick Cave et, bien sûr, son choc d’adolescente, Deftones.
Nul doute qu’avec Forever Blue, A.A Williams a réussi un coup de maître et un album prometteur. On peut déjà attendre bien sûr, comme souvent, le fameux redouté deuxième album, mais on risque peu d’être déçu.
Je suis entrain d’écouter le Replay de Sun radio…A a William c’est quand même vachement bien?
Merci Willy! A.A Williams, le talent et l’émotion conjugués!
Album reçu sous le sapin!
Belle initiative de ton amoureuse?