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The Dandy Warhols : un quart de siècle, un nouvel album et un brin de folie…

The Dandy Warhols : un quart de siècle, un nouvel album et un brin de folie…

Paris, Le Trianon 14 mars 2015, 22h32,

Après une heure de concert et un petit tour en coulisse, les Dandy Warhols reviennent sur scène pour un rappel. Votre serviteur, 4 ans de moins qu’aujourd’hui, tente le tout pour le tout :

« Courtney , please… Courtney… could you play It’s A Fast-Driving Rave-Up With The Dandy Warhols Sixteen Minutes … please Courtney… please… please… please Courtney ? ».

Devant ma persistance, les vigiles interviennent, me plaquent au sol… je me débats, j’en maîtrise un assez logiquement, mais ils sont très bien organisés. Sous le nombre de mes détracteurs et de mes 57 kilos tout mouillés… je me résous à ne pas blesser des gars qui sont juste là pour faire leur job. Puis,… la suite logique : évacuation, interrogatoire, comparution immédiate, bracelet électronique, 4 ans d’interdiction de slam et mesure d’éloignement instituée auprès du groupe…

Bon… ok… mes souvenirs sont approximatifs… Mon anglais était d’ores et déjà un poil trop juste : L’envie y était, mais je n’avais pas été capable d’énoncer complètement et distinctement ce somptueux titre de près de 22 minutes de leur premier album Dandys Rule Ok (datant de 1995). Morceau anthologique en double accord qui reste, à aujourd’hui, mon préféré du groupe de rock-pop-psyché créé sous l’impulsion de Courtney Taylor-Taylor et Peter Holmström en 1994.

1- The Dandy Warhols - Dine Alone Records
The Dandy Warhols – Dine Alone Records

C’est donc avec énormément de respect que j’aborde la composition de cet article… Les Dandy Warhols ont sorti vendredi 25 janvier un nouvel opus Why You So Crazy que j’ai eu la chance et l’honneur de découvrir en avant-première. Les Dandy sont pour moi un monument, un groupe qui m’a suivi quasiment depuis l’adolescence, difficile donc de les décrire en quelques lignes. Lançons-nous…

Déjà 25 ans de carrière…

Les Dandy Warhols sont composés de 4 membres multi-instrumentalistes restés fidèles au groupe depuis ses origines: le leader Courtney Taylor-Taylor aux airs dandy, le guitariste Peter Holmström, la claviériste-bassiste Zia McCabe (DJ Rescue à ses heures perdues), et le batteur Brent DeBoer (qui a remplacé Eric Hedford, membre originaire, en 1999).

La réputation des Dandy Warhols est liée à une reconnaissance fulgurante dans le milieu indé-rock aux Etats Unis et en Europe, suite aux sorties de leurs 3 premiers albums ainsi que par la diffusion du film DIG !, Grand Prix du jury du Festival de Sundance 2004. Petit aparté cinématographique, ce film réalisé par Ondi Timoner reste selon moi « LE » documentaire le plus rock’n’roll et le plus abouti au niveau musical existant (Je pourrais en débattre pendant des heures pour défendre ma position, et je sais que cela fera réagir mes collègues Weirdos… bref un pavé dans la mare !!!). Durant 7 ans (entre 1995 et 2002), il relate le destin croisé des Dandy Warhols et des Brian Jonestown Massacre, groupe du très charismatique Anton Newcombe (et, en moindre mesure, de Peter Hayes et Bobby Hecksher, tous deux ex-BJM, qui créèrent respectivement les Black Rebel Motorcycle Club, et les Warlocks). Ami du rock ou non, je ne vous ferai pas un synopsis complet du film mais vous conseillerai d’y jeter un œil (et de l’article de fatherubu sur le film paru en 2016 ici) Au quotidien, on y découvre les deux groupes de l’intérieur, un grand moment de rock à l’état pur, une page de l’histoire de l’indé US et surtout une belle claque musicale.

2- The Dandy Warhols - Dine Alone Records
The Dandy Warhols – Dine Alone Records

Restreindre les Dandy Warhols au film DIG! serait toutefois une erreur. Ceux-ci présentent à aujourd’hui 10 albums studios regorgeant de pépites connues et reconnues, de titres efficaces mais souvent oubliés. C’est leur marque de fabrique : une création audacieuse mais aussi des morceaux simples très accrocheurs que l’on pourrait qualifier de « passe-partout » (je n’ai aucun problème avec les gens de petites tailles, je tiens à le préciser et éviter tout litige juridique entrainant la disgrâce du site internet Weirdsound). Enfin, le groupe a le chic pour pondre, à chaque sortie d’album, un morceau complètement « OVNI », déconnecté de leur ligne musicale classique… (on en reparlera plus bas… mais ça n’a pas loupé pour leur dernier album). En clair, une quart de siècle que la bande de Courtney distille une musique bourrée de curiosités et prouve une remise en question permanente. Seul bémol à leurs 25 ans de carrière : le fait de n’avoir jamais décollé complètement en termes de reconnaissance après 2005. Mais après tout, est-ce si important…

Retour sur la discographie

Je vous propose donc une présentation rapide de leur discographie, très personnalisée et forcément réductrice, de l’ensemble de leur carrière :

The Dandy Warhols - Dandys Rule OK - Tim/Kerr
The Dandy Warhols – Dandys Rule OK – Tim/Kerr

Dandys rules ok (1995) est le premier opus du groupe. Tout comme pour Come Down, l’album est un compilé de psyché, d’un rock finalement assez brut, d’envolées musicales et d’une rythmique maîtrisée. Ecoutez avec attention la piste Not Your Bottle (et sa magnifique montée finale), ainsi que The Coffee And Tea Wrecks marqué par la fabuleuse ligne de basse de Zia McCabe… enfin comme indiqué précédemment lors du soir de concert où 7 vigiles ont péniblement réussi à me maîtriser, le triptyque musical qu’est It’s A Fast-Driving Rave-Up With The Dandy Warhols Sixteen Minutes mérite l’écoute de l’album à lui tout seul.

The Dandy Warhols - ... The Dandy Warhols Come Down - Capitol
The Dandy Warhols – … The Dandy Warhols Come Down – Capitol

2 ans plus tard, le talent se confirme donc avec… The Dandy Warhols Come Down. J’estime que les Dandy ont sûrement enregistré en 1997 leur meilleur album. Les mots d’ordre sont selon moi : Maîtrise, Personnalité et Cohérence. Je n’ai qu’un fichu conseil à vous donner, branchez votre chaîne-hifi ou calez-vous un gros casque sur les oreilles, montez le son, lancez le premier morceau Be-In, laissez-vous porter sur les 13 morceaux suivants et vous vivrez 66 minutes de plaisir musical absolu. Mention particulière pour Boys Better, assemblage parfait d’un lead-clavier très 60s, de riffs guitaristiques cinglants et de pédales à effets divers et variés. Impossible de louper non plus, la somptuosité et la montée tout en finesse d’I love you (je préfère prévenir par contre, pas de surprise au niveau des lyrics sur ce morceau) et aussi le tube Not If You Were The Last Junkie On Earth (et son clip complètement barré) :

Enfin, un final « OVNI » avec The Creep Out, morceau fleuve de 9 minutes (une véritable pépite musicale, sûrement l’un de leurs meilleurs morceaux).

The Dandy Warhols - Thirteen Tales From Urban Bohemia - Capitol
The Dandy Warhols – Thirteen Tales From Urban Bohemia – Capitol

En 2000 sort Thirteen Tales From Urban Bohemia. L’album par lequel j’ai découvert le groupe du haut de mes 15 ans, avec les indéboulonnables Godless (oh mes ami(e)s, le son de cette guitare folk… oh mes ami(e)s, cette trompette,…), Nietzsche, Horse Pills, Get Off (oh mes ami(e)s, vous qui avez aimé le riff de Godless que pensez-vous de celui de Get Off, il doit faire chavirer vos cœurs et mouvementer vos hanches), ou encore le fameux Bohemian Like You (lecteurs, je parie une bière que vous avez déjà entendu ce tube une fois dans votre vie).

L’album Welcome To the Monkey House (2003), à la pochette très très velvetienne que je trouve d’une grande efficacité n’est finalement pas celui qui a été le plus apprécié par la critique. Pourtant quelques morceaux sont emblématiques tels que We Used To Be Friends, You Come In Burned (encore un fantastique « OVNI » de plus de 7 minutes), ou encore l’excellent The Last High (qui je ne sais pour quelle raison m’a toujours fait penser à au titre électro Remind Me de Röyksopp).

The Dandy Warhols - Welcome To The Monkey House - Capitol
The Dandy Warhols – Welcome To The Monkey House – Capitol

Pour la petite histoire, la 1ère version de l’album présentée par les Dandy avait été refusée par le label Capitol nécessitant un réenregistrement. Le groupe a d’ailleurs fini par ressortir l’album originel en 2009 sous le nom The Dandy Warhols Are Sound, en bon fan… je préfère et vous incite à découvrir la version de 2009, plus authentique.

Pour les puristes, les Dandy Warhols ont sorti leur propre Black Album (2004) un album de reprises, Face B et démos en 2004. Album ou pas Album, telle est la question… Passé inaperçu, la compilation est pourtant très complète et nous révèle quelques morceaux assez percutants, je pense notamment à l’excellent Head.

The Dandy Warhols - Odditorium Or Warlords of Mars - Capitol
The Dandy Warhols – Odditorium Or Warlords of Mars – Capitol

Odditorium Or Warlords of Mars (2005) est le premier album enregistré dans le propre studio des Dandy Warhols. Retour aux sources de Dandys Rules Ok et Come Down. Quelques titres portent l’album : Love Is The New Feel Awful, Holding Me Up, Smoke it et Down Like Disco dont je vous conseille l’écoute.

J’avoue, par contre, avoir eu un peu moins d’accroches sur les 3 albums suivants, restant peut-être un peu dans la nostalgie des enregistrements initiaux du groupe. L’explication : j’estime qu’il y a un manque d’originalité sur l’album Earth to the Dandy Warhols et ce, malgré le très pêchu Mis Amigos, et l’extraordinaire Beast Of All Saints atmosphérique et très planant, mettant une fois de plus la voix profonde de Courtney Taylor à l’honneur. Idem pour The Machine, qui est un album plaisant, mais que je n’ai pas réussi à creuser du fait d’une légère lassitude lors de son écoute initiale.

The Dandy Warhols - Distortland - Dine Alone Records
The Dandy Warhols – Distortland – Dine Alone Records

Enfin, Distortland m’a permis de reprendre confiance dans les Dandy Warhols, album léger, assez simple, mais qui correspond bien aux originaires de Portland, notamment avec la pop envoûtante de Styggo ou le très bon Doves aux influences très BJM.

Une tournée sur début 2019 :

Les Dandy Warhols fêtent en ce début d’année 2019, leurs 25 ans de carrière. Un quart de siècle marqué par une tournée inaugurale en Europe, aux Etats-Unis et au Canada sur janvier-février 2019. Je n’ai malheureusement pas eu la chance et la possibilité d’être présent à l’Olympia vendredi 25 janvier pour leur unique date en France de cette tournée, mais les 2.500 spectateurs présents ont pu assister à un panorama de leurs meilleures créations et surtout de quelques titres de leur nouvel album Why you so crazy, sorti le jour même.

Why you so Crazy :

C’est finalement après quelques écoutes que j’ai pu apprécier à sa juste valeur le nouvel album des Dandy Warhols. L’album s’avère complexe et mérite une écoute minutieuse. Au programme, 40 minutes et 12 titres.

Après une introduction d’album de moins d’une minute nous ramenant aux sonorités des années 30 par le morceau Fred N Ginger (en hommage aux comédies musicales du duo composé de Fred Astaire et Ginger Rogers)… bond temporel de près de 90 ans avec Terraform temporisé par une ligne de synthé et de basse aux sonorités lourdes, à la limite du dérangeant. Ce 2ème morceau nous donne une information sur l’album… Les Dandy Warhols ont souhaité faire un virage par rapport à leurs 3 albums précédents plus conventionnels.

The Dandy Warhols - Dine Alone Records
The Dandy Warhols – Dine Alone Records

Highlife confirme ce virage. Zia McCabe pousse la chansonnette, et cela s’avère assez rare dans les 10 albums du groupe. Le morceau suit un riff rock des années 50-60, avec même un léger lead Amérique profonde. La batterie de Brent DeBoer est presque festive… je ne suis pas très country, mais sur ce titre, ça passe tout seul, car on retrouve la Dandy Warhols touch. Ce morceau est dans la même mouvance que Sins are forgiven (6ème morceau de l’album), assez rétro dans l’approche. Cette fois-ci, Courtney reprend le chant de sa voix inimitable. Le rythme est simple, pas de fioriture, et c’est finalement cette simplicité qui rend le titre agréable à l’écoute.

Sorti en avant-première Be Alright est le tube number one de l’album. On retrouve la spontanéité des Dandy : guitare grasse, rythme enivrant, voix suave de Courtney… et cette petite corde de piano à l’aigu extrême qui reste gravée en tête. Le clip est même assez déroutant car filmé en caméra 360° (oui, on se croirait dans Google Street… sauf que les personnes qui apparaissent ne sont pas floutées) et est introduit par Fred N Ginger cité plus haut. Dans mon top 3 de l’album sans aucun doute… et je vais même vous dire cela fait du bien de retrouver cette fougue qu’on attend chez les Dandy et qui décrit bien leur 25 ans de carrière. Be Alright aurait eu parfaitement sa place dans les 3 premiers albums du groupe.

(Il existe une version de Be Alright sans le 360° si vous avez un modem 56k)

La pop dandy refait surface avec Thee Elegant Bum. Je qualifierais ce titre d’assez classique pour le groupe, on est sur une pop qui nous rappelle les influences de David Bowie (les Dandy avaient fait les premières parties de la légende entre 2002 et 2005). Ce ne sont pas mes sonorités préférées chez les Dandy Warhols, mais le titre reste efficace et accrocheur.

Les tables de mixages de Zia McCabe refont surface pour le morceau Next Thing I Know, accompagnées d’une ligne de basse assez scolaire (sauf erreur, de cette même Zia). Le morceau est recherché, calme et posé, même avec l’apparition des sonorités noisy de la guitare de Peter Holmström au milieu du titre.

On enchaîne sur Small Town GirlCourtney alterne entre chant et parlé sur ce morceau assez court dans une ambiance à la limite du folktronica. Puis To The Church, un de mes morceaux préférés de l’album. On y retrouve la propension des DW à fusionner différents sons et instruments de manière assez bordélique de premiers abords… mais pour une création très smoothy finalement. La ligne de guitare est mesurée, la voix est douce. On peut fermer les yeux et se laisser emporter pour un petit voyage de 4 minutes.

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The Dandy Warhols – Forever – Dine Alone Records – Photo : Jacob Pander

Motor City Steel re-dynamise l’album avec une pop psychédélique et entraînante, hymne à la campagne profonde américaine et aux marques d’automobile.

On arrive enfin sur les 2 derniers morceaux de l’album. Forever est un titre qui résume très bien cet album des Dandy Warhols. Un gout prononcé pour une ligne de beats. En plus de l’accompagnement guitare de Peter Holmström, on retrouve également la ligne de piano au son strident / aigu de Be Alright. Une ambiance très bien maîtrisée, l’assemblage de voix de Courtney aidé par ses collègues crée un morceau à la limite de la performance psychédélique. Un super morceau qui reprend finalement les standards de To The Church, un grand bazar niveau sonore qui trouve une cohérence et devient du nectar au niveau de nos oreilles. Et je vais vous avouer, c’est l’un des morceaux que j’écoute en boucle, mon coup de cœur sur cet album :

Puis arriva « l’OVNI » de l’album… (je suis un peu lourd avec ça, mais je ne trouve pas meilleure manière de le décrire). Sans aucune interruption avec Forever, le 12ème et dernier titre de cet album se nomme Ondine, qui n’est autre que le titre du premier poème du triptyque Gaspard de la Nuit du poète Aloysius Bertrand, le compositeur Maurice Ravel s’est inspiré de ce texte romantique pour créer son propre triptyque pour piano. Loin de moi l’idée de faire de l’explication de texte mais Ondine correspond parfaitement au clip de Forever. Dans le poème comme dans la mythologie nordique, Ondine est le personnage qui conduit les visiteurs égarés à travers les brumes mais qui finit par les perdre et les noyer.

Est-ce un message de la part des Dandy Warhols ? Une manière de regarder 25 ans en arrière ? Dans tous les cas, la conclusion de cet album est une nouvelle fois atypique avec cette sonate au piano concluant un album dense, travaillé, et complexe. A titre perso, j’ai repris goût à la spontanéité des Dandy Warhols grâce à Why you so crazy et me suis agréablement replongé dans les anciens albums.

Longue vie à vous… et vivement le prochain anniversaire !

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