Starving Woodchucks, les « marmottes affamées », est sans doute un nom de groupe qui ne dira rien à beaucoup d’entre vous. Je pouvais même passer à côté de ce quintet poitevin pendant un certain temps encore mais il a eu la bonne idée de me contacter et j’ai eu un vrai coup de coeur! Leur 2ème E.P , « White Fang », vient de sortir en janvier, occasion de mieux faire connaissance avec ce groupe!
La naissance d’un groupe folk…rock et un 1er concert en 2014.
Fredéric Debert (guitare éléctrique) et Antonin Deloffre (guitare acoustique) se connaissent depuis le Lycée et se sont retrouvés 2 ans après le Bac, à Poitiers, il y a une dizaine d’années: « On a commencé à jouer pas mal ensemble, à faire nos 1ères reprises mais aussi nos 1ères compos » me racontent-ils. Le duo, Fred et Antonin, a alors intégré la M.A.I (Music Academy International) à Nancy, école de musiques actuelles: « C’est à ce moment là que l’idée de monter un projet axé Folk est né ». Quand je leur demande ce qui les a décidés à faire un groupe (et ne pas rester un duo), c’est Antonin qui répond: « Pour pouvoir défendre ce projet sur scène et également en développer la musicalité en ajoutant basse, batterie et chant…on a toujours conçu nos projets en voyant l’aspect groupe ». Le duo a ensuite parlé de ce projet à deux autres amis, Jean-Philippe Bérard (Basse) et Aurélien Chestier ( Batterie/samples) avec lesquels ils avaient joué précédemment dans un groupe post rock, « Million Miles » et Elodie De Freitas (chant, piano) les a rejoints quelques mois plus tard. Quant au nom du groupe, c’est Elodie qui est tombée sur « Woodchucks » , une race de marmottes vivant en Amérique du Nord et « ça collait plutôt bien à l’esprit folk très inspiré de nos amis americano-canadiens » nous rappelle t-elle , « et le nom a fait l’unanimité ». Pour « Starving » (affamés) , « on aimait bien ce côté féroce et un peu brut de pomme que l’on peut retrouver dans l’aspect rock de notre musique ». Vous l’aurez compris, le nom du groupe comportait finalement les deux ingrédients majeurs inhérents à l’identité du groupe, Folk et Rock. Tous ont une formation musicale solide (M.A.I, à Nancy/ Tous en Scène à Tours ou l’Atla/Paris pour Elodie qui continue à parfaire sa formaton en cursus chant et piano).
« Mama », le titre préféré du groupe sur leur 1 er E.P
Le 1er concert du groupe a lieu en Octobre 2014 dans le cadre du Festival « Les Expressifs » à Poitiers, ville jumelée avec Northampton. Starving Woodchucks se retrouve sélectionné pour jouer au Twinfest, festival de Northampton, l’année suivante….L’aventure musicale, après cette « suberbe expérience » va se poursuivre avec un 1er E.P éponyme enregistré en Septembre 2015.
Les goûts et influences du groupe:
Les goûts, bien évidemment, varient toujours d’un individu à l’autre et sont très éclectiques: « On écoute de tout, du Rap à la pop en passant par le post rock ou le métal » résume Fred! Elodie cite First Aid Kit ( que j’ai appréciés en Live à Nantes en Décembre), mais aussi Alice Phoebe Lou, Noname (chanteuse rappeuse de Chicago), Ella Fitzgerald, Esperanza Spalding (chanteuse/contre bassiste de jazz) et « même Angèle »…Elle tient aussi à évoquer son grop coup de coeur pour l’album « Nivalis » du groupe islandais Arstidir (je ne connaissais pas et j’ai eu, aussi, ce gros coup de coeur! musique avec cordes et vocaux superbes me rappelant aussi parfois Half Moon Run!) Fred « écoute un peu de tout…de Sting à Deftones en passant par We Lost The Sea (groupe post rock instrumental australien) et Agnes Obel. Tous se retrouvent cependant dans quelques groupes: Mumford & Sons, Of Monsters and Men (encore des islandais), Half Moon Run, Angus et Julia Stone et Daughter. Fred avoue qu’il dévorait « Dark Eyes »(le 1er album de Half Moon Run) à l’époque où le groupe avait composé « Skyscraper »: « On a forcément été influencés » me dit-il quand je lui fais remarquer que son jeu de guitare me fait penser au guitariste canadien.
Starving Woodchucks…un très beau titre éponyme hors discographie!
Un processus créatif le plus souvent collectif.
C’est Elodie qui répond surtout à mes questions sur le processus de création: « Le plus souvent, ce sont Fred et Antonin qui proposent des riffs de guitare ou des idées, parfois même des structures entières »…Ensuite « chacun ajoute sa patte, une proposition ou une ligne pour enrichir l’idée de base ». « Parfois, quelqu’un compose entièrement un morceau convenant à tous…on suit et on arrange ». Les lyrics sont l’affaire d’Elodie: « Soit ils me viennent direct en tête, le plus souvent quand on travaille ensemble, soit je pioche dans mes textes ». Elodie semble avoir une réserve conséquente sur son ordinateur. Mais il lui arrive aussi de « bûcher pendant des semaines pour trouver un texte qui me plaît ». Le groupe a choisi l’anglais car « c’est plus facile de jouer avec les rythme et les mélodies et au niveau international cela permet de toucher plus de monde ».
Quelles sont tes sources d’inspiration? …Elodie répond: « En général , je suis inspirée par des émotons fortes, cela peut être un livre qui me plaît, une musique qui m’a touchée, un voyage, une rupture amoureuse, un tableau que j’ai vu au musée, la perte d’un proche ou une histoire que j’ai entendue dans le métro ». Ce sont d’ailleurs les thèmes de l’évasion et du voyage (comme Varmahlid) que l’on retrouve dans le dernier E.P.
Deux (très bons) E.P en… 4 ans:
Le 1er E.P éponyme a été enregistré en Septembre 2015 au Nomad Studio à Belleville/Vie près de la Roche/Yon (comme d’ailleurs leurs autres titres postérieurement) et est paru fin 2015. Pour Antonin, « c’était une bonne expérience » et pour Fred « il nous a permis de vraiment savoir vers quelle direction misicale nous voulions aller ». Elodie en convient d’ailleurs: « On a beaucoup évolué (ensuite) aussi bien au niveau des compos, du style et de notre technique. Les 4 titres sont bons (j’aime beaucoup Nightmare et Bye!) mais le groupe, à l’unanimité préfère « Mama« , titre que l’on retrouve aussi dans une compil du label Only Lovers Records (j’ai découvert aussi quelques perles internationales sur cette compil comme les californiens de Magic Magic Roses ou le hongrois Platon Karataev).
Le groupe a aussi enregistré, hors discographie, d’autres très bons titres comme « Storm » (reprise d’une demo de 2014) mais aussi « Starving Woodchucks » à l’automne 2016 et « Freedom » une cover très réussie de Django Unchained.
En Septembre 2017, le groupe entre en studio pour enregistrer le 2ème E.P « White Fang » (5 titres) qui vient de sortir en Janvier. Un E.P encore auto-produit, moins Folk et un peu plus Rock aussi.. « On the moonlight’s road » ouvre l’E.P par des accords cristallins ( me rappelant Gareth Dickson) et une atmosphère très cool pendant plus d’une minute 20, avant que la voix d’Elodie monte très progressivement en puissance et que batterie et basse viennent étoffer l’ensemble. Après un nouveau break, le dernier tiers du titre est instrumental, entre rock psyché et post rock. « Varmahlid » est un de mes 2 titres préférés et est Inspiré par les 6 mois passés par Elodie en Islande. Plus rythmé dès le début, il a aussi un parfum Half Moon Run (voire de Coldplay ) dans le jeu de guitare et de Within Temptation dans la voix! (On ne lui avait pas encore dit mais elle avait entendu la comparaison avec Amy Lee (Evanescence)…sourires… Les choeurs sont plaisants. J’adore aussi le 3ème titre « Mocking bird« : le piano et la voix d’Elodie nous séduisent avant que les autres musiciens n’emportent le titre très haut. Cette fois , la voix d’Elodie me fait penser aussi à Océane Rémy, la chanteuse de Jumaï avec un zeste de Rosemary Standley (Moriarty). « North Star » est un titre très enlevé, flirtant davantage avec le Rock Pop qu’avec la Folk…Titre qui a le mérite de s’apprivoiser au fil des écoutes : on l’apprécie alors que davantage! « White Fang » renoue avec ce qui fait, pour moi, l’identité musicale de Starving Woodchucks: structure progressive…intro cool avec guitare acoustique , relayée par des arpèges cristallins de guitare électrique tandis qu’arrive la voix d’Elodie….avant la fin de la 1ère minute, basse et batterie déboulent mais avec sans rien enlever à la légèreté de l’ensemble…atmosphère Folk Rock très belle et propice à l’évasion et aux paysages cinématographiques qui peuvent défiler dans la tête de l’auditeur fermant les yeux pour mieux savourer encore Starving Woodchucks!
Varmahlid, titre de Starving Woodchucks que j’adore!
weirdsound: Alors …une identité musicale Folk Rock pour un 2ème E.P encore plus abouti/fignolé?
Pour Fred, « on aime bien dire que l’on fait de l‘indie folk, style que l’on associe à des groupes comme Of Monsters and Men ou Mumford & Sons qui sont des groupes dont on se rapproche en termes d’univers surtout pour ce 2ème E.P ». Quand je leur dis que ce 2ème E.P me paraît encore plus abouti/fignolé, bref « meilleur » encore que le 1er, Jean Philippe semble acquiescer: « On a travaillé et composé différemment pour ce 2ème E.P…on a ajouté de nouveaux instruments et de nouveaux sons, le but étant de donner de l’épaisseur et d’aller plus loin que nos instruments attitrés ».
Les projets, l’avenir du groupe?
En dehors du projet clip video pour d’autres titres de l’E.P, Starving Woodchucks aimerait surtout multiplier les concerts, « afin de défendre ce nouvel E.P », mais « quand on est peu entouré, professionnellement parlant, tout devient compliqué » avoue Fred. Il pousuit : »notre souhait serait de taper dans l’oeil d’un label, d’un bookeur ayant un projet et aurait envie d’amener le groupe encore plus loin ». Le groupe compose aussi pour un 1er album mais, là encore, l’argent et un label sont la clé de la réussite du projet.
En attendant, écoutez ce 2ème E.P de Starving Woodchucks, notamment si vous aimez déjà Half Moon Run, Of Monsters and Men, Mumford & Sons et même Other Lives: entre les arpèges cristallins de Fred, le piano sur « Mocking Bird », la voix d’Elodie et les autres musiciens qui font mieux qu’assurer, vous avez un cocktail séduisant pour être ….rassasié, bien sûr, de mélodies Folk Rock addictives!
C’est vrai que c’est pas mal tout ça!