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Staplin, sous les néons, le film

Staplin, sous les néons, le film

Plongée dans les 70’s avec Staplin

Le duo Staplin n’est plus tout à fait inconnu à vos oreilles de lecteurs de Weirdsound, puisque lors de deux épisodes des « clips de la semaine » (ici et ici) nous avons eu l’occasion de vous parler de ces deux français, Norman Langolff et Arno van Colen. Fans de B. O. de films sixties et seventies et admirateurs de leurs compositeurs, ils mélangent à leur manière, en remettant la recette au goût du jour, ces influences qui brassent pêle-mêle Francis Lai, François De Roubaix, Michel Colombier, ou Lalo Schifrin… Pour ce faire, ils s’entourent de chanteurs et chanteuses aux univers proches. Viennent poser leurs voix : Halo Maud, April March, Sacha Sieff ou Mark Kerr, tous deux membres d’un autre duo électro, Maestro. Un beau casting, à la fois riche et éclectique.

Des références en veux-tu en voilà!

On commence par leur nom : les deux musiciens, tout de noir vêtus, lunettes noires sur le nez, n’ont pas choisi un patronyme évoquant la franche rigolade ou la légèreté. En effet, Staplin est le nom du personnage incarné par Bernard Blier dans Série Noire d’Alain Corneau, un film qui ne peut pas se terminer bien avec l’inoubliable Patrick Dewaere. L’abum est ainsi émaillé de références cinématographiques, citations sonores, titres évocateurs. Bref, Staplin se nourrit d’images et de couleurs aux teintes légèrement passées à qui ils redonnent un éclat plus contemporain. Chaque titre ou presque est l’occasion d’aller chercher une référence cinématographique, clin d’œil ou nom d’un personnage de fiction ou à une bande originale. Le duo œuvre ici comme un chef cuistot qui dose et additionne des ingrédients aux goûts caractéristiques et que l’on devine, mais que l’on peine tout de même à identifier une fois le plat préparé.

Leur son est lui aussi un subtil mélange entre trip-hop, électro-french touch. On pense parfois à leurs ainés de Air, ou encore à de sonorités piochés chez leurs compositeurs préférés. La prégnance de l’imaginaire cinématographique est ainsi palpable dès le premier titre au nom ambigu, Starlight, qui évoque à la fois une rêverie amoureuse sous un ciel étoilé ou, au choix, la lumineuse présence des stars de l’écran et la persistance rétinienne qui les imprime pour quelques secondes sur nos cornées dans l’obscurité ouatée des salles de cinéma. La voix d’Halo Maud (Moodoïd), suave et sensuelle, proche de la tessiture d’une Hope Sandoval, nous fait plonger dans cet album aux sons et mélodies entêtants (Let’s go Crazy) et aux ambiances variées. Secret Silence est un des titres les plus emblématiques peut-être du talent d’écriture et de production des deux complices, avec ses couches d’instruments, cordes, guitares fuzz, son ambiance polar, ses clins d’œil à Morricone, avec sa montée de violons et son clavier qui vient appuyer progressivement cette dernière.

Un album incarné et des réponses à Philip K. Dick

Oui, les androïdes rêvent. De moutons électriques? Peut-être, le titre ne le dit pas. Android Dream n’évoque pourtant pas la B. O. de Blade Runner composée par Vangelis qui est certainement aussi une autre des influences du duo. Non, la composition lorgne plutôt ici vers les Beatles et la pop des années Abbey Road. Pas de featuring ici— j’en déduis que ce sont les deux musiciens compositeurs qui poussent la chansonnette— la mélodie n’est, en effet, pas sans rappeler un Because ou celle d’un Here, There and Everywhere des quatre garçons qui furent dans le vent dans les années 60. From Fire, avec ses nappes de synthés et ses guitares hawaïenne planantes évoque irrésistiblement le Ladies And Gentlemen… de Spiritualized qui accompagne si bien le très beau film Eternal Sunshine of a Spotless Mind de Gondry.

La présence de featuring sur de nombreux titres permet de se distancer quelques peu des références présentes dans les titres (Tuco et son ambiance western—Tuco est le personnage incarné par Eli Wallach dans Le Bon, La Brute et Le Truand au cas où certains l’ignoreraient) comme c’est le cas pour Harry Palmer qui évoque la silhouette de Michael Caine qui incarne à l’écran cet espion de papier. On retrouve la voix chaude, entre rap et chant, de Sacha Sieff sur The Mass. On pourrait étirer le lien entre musique et pellicule argentique en évoquant la filiation du chanteur, fils du grand Jean-Loup Sieff.

De la Seine à la scène

Tous deux originaires de Rouen, cette ville qui donna au rock français les formidables Dogs, la rencontre et la collaboration de Langolff et Van Colen semblait inévitable tant leur univers musical et géographique sont proches. On évoquera tout d’abord les liens étroits des deux musiciens avec le monde de la musique depuis déjà fort longtemps. En effet, les deux compères ont derrière eux un long parcours dans le milieu qui a permis de tisser des liens étroits avec une nébuleuse d’autres artistes. Le père de Norman Langolff, Franck, composait déjà des chansons pour Johnny Hallyday, Renaud ou Vanessa Paradis. À trente ans, en 2003, Norman sort un album sous le nom Requin des îles, avec David Concato. Quant à Arno Van Colen, il n’est pas un inconnu dans les colonnes de Weirdsound, puisqu’il est le clavier et chanteur de l’excellent groupe psyché-expérimental Steeple Remove (dont des albums ont été mixés par Alf (?) qui travaillait avec… Air) et dont nous avions chroniqué le dernier album il y a peu (ici). Il officie également comme producteur pour des formations rouennaises, ou encore de Bryan’s Magic Tears (ici).

Ces relations durables qui ont été établies au fil des années nous permettent d’avoir le plaisir d’écouter la voix éthérée de Mark Kerr (batteur et accessoirement frère de Jim), d’apprécier les interventions douces et envoutantes d’Halo Maud ou les intonations espiègles d’April March sur Celluloid . La chanteuse californienne donne la réplique à une voix masculine (Arno Van Colen?), dans la tradition des duo gainsbouriens sur une musique qui pourrait figurer sur la B.O. de Barbarella. Un second album en compagnie de cette américaine amoureuse de la France est d’ailleurs déjà prévu.

Sur quel astre danses-tu?

Staplin, La B.O. de l’été

Neon Shades est sans nul doute un album clé dans la carrière des deux musiciens (du moins, on l’espère). Un premier essai qui est une vrai réussite. Ces deux talents réunis nous offrent une série de courts métrages musicaux légers qui évoquent les vacances sur les bords de l’Atlantique dans les années soixante dix, les illustrations d’Alexandre Clérisse et ses bandes dessinées avec Thierry Smolderen (à découvrir absolument si vous ne connaissez pas), les films de Lautner ou les R16 et les Ray Ban aux verres teintés et montures dorées, ou encore les coupes « Mireille Mathieu » que nous infligeaient nos parents pour économiser le coiffeur. On déambulerait aisément dans les rues d’une station balnéaire de l’ouest français, au rythme d’un des titres de Neon Shades dont les mélodies restent si facilement dans la tête. Pourtant, pas de nostalgie dans cette production, mais une légèreté qui évoque une époque qui, vu d’ici, paraissait plus insouciante, mais aussi plus téméraire quand il s’agissait d’expérimentations sonores.

Liens :

https://www.facebook.com/wearestaplin/

Merci à Ugo Tanguy qui fait du beau travail…

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