On ne présente plus le trio britannique originaire de Teignmouth. Ces messieurs remplissent maintenant des stades, concerts orchestrés par des mises en scène technologiques futuristes, qui objectivement parlant, ne sont pas trop mal. Mais pour ceux qui ne le savent pas, avant de tomber dans le sombre piège de la musique commerciale, Muse pondait des putains de morceaux, à en rêver la nuit. Il a été LE groupe qui m’a fait tomber dans le joli berceau du rock. A 12 ans, ma culture musicale se limitait à … Non, j’ai bien trop honte d’avouer mes écoutes de pré adolescente. Et le temps de 3 min, j’ai laissé tomber ma pourriture musicale, pour laisser filer dans mes oreilles le doux son hypnotique de Muse.
BIM !
Une chose est sûre, dans ma vie, il y a eu l’avant et l’après Muse. Alors, mélancolie, quand tu nous tiens … S’il y a un album à retenir de ce trio, c’est bien ORIGIN OF SYMMETRY, leur petit deuxième. Sorti en 2001, il fait suite à un très prometteur premier album SHOWBIZ. Il a été longtemps considéré comme l’un des meilleurs albums du groupe. Pour les fans de la première heure, il restera une pépite d’or, à écouter et réécouter sans fin, pour sécher les larmes qui coulent lorsque les radios diffusent désormais leur pop électro rock musique ou que sais-je, n’ayant même pas la force de définir leur style 2018. Dans cet ovnis musical, le groupe nous fait entrer dans leur monde bien perché de l’époque. Je doute sur le fait qu’une seule de leur chanson est été écrite sans l’once d’une substance illicite, et au fond on les comprend, on est rock’n’roll ou on ne l’est pas. Au fil des morceaux, nous découvrons un Matthew Bellamy qui lâche enfin tout son potentiel. De chanteur dont la voix couvre 3 octaves et demi (une putain de prouesse!), que l’on peut savourer notamment sur le morceau MICROCUTS. De musicien, se baladant sur sa gratte comme s’il composait une symphonie au piano. Un Chris Wolstenholme en or, dont les sons de basses deviennent sa signature, et sans oublier Dom Howard, le batteur fripouille de la bande, qui tabasse sa batterie comme un acharné.
Aller, venez, on va (re) découvrir ensemble ce chef d’œuvre musical.
On démarre en douceur, comme une petite berceuse qu’on ferai écouter à un enfant avant d’aller faire un bon dodo. Un piano doux, un jeu de basse magnifiquement bien tenu, un chant mélodieux poser par-dessus. Le calme avant la tempête. La plénitude de New born ne dure que 1’25, car les 5 min restantes, les gars, ça décooiffe !! Le piano laisse place à un son bien saturé de guitare, plaçant un riff qui me donne à chaque fois envie de placer les la la la la la ! L’intensité monte en quelques instants, crescendo, même pas le temps de voir venir le truc que la tête est déjà en train de bouger dans tous les sens. Au-delà du rythme ultra entraînant, les paroles, elles sont biens plus profondes. Une colère contre un monde qui tourne pas rond, contre l’Univers. Un appel à la reconnexion à soi, à la vie, d’une manière un peu brutale ok ! Parce qu’une fois que le groupe a bien chauffé l’ambiance, le solo de guitare assomme par sa puissance. Puis c’est reparti pour un dernier tour.
Après cette belle introduction dans l’univers d’Origin of Symmetry, place à Bliss.
Toujours placé sous le signe d’un rock à la fois pop et déstructuré, Muse reste sur leur leitmotiv, à savoir un son très expérimental. Le climax est assez cosmique, polaire. ET cette basse les amis ! Un bon gros Fuzz comme Chris les aime. Son jeu se stabilise et devient de plus en plus reconnaissable. Petite anecdote sur cette chanson : Matthew n’avait à la base pas imaginé cette chanson ainsi et avait composé la démo sur des sonorités « jeux vidéos ». Je vous laisse découvrir cette première version en live. On remercie les gars d’avoir amélioré Bliss. Parce que ce n’était pas ça quand même (on va mettre ça sur le coup des champipi)
Sans transition, l’univers change complètement avec Space Dementia. Le nom de ce titre fait référence à la démence spatiale, terme utilisé par la NASA, pour décrire un état proche de la folie des astronautes parti dans l’espace, face à la solitude et au cosmos. Matt y fait une analogie avec une histoire d’amour. C’est un morceau très dark, l’une des plus belles perles du groupe. La guitare est rangée, et place au piano. Instrument bien évidemment ultra maîtrisé par le chanteur/multi instrumentaliste. Nous assistons à un beau mélange entre un son bien rock et des influences très classiques, des interludes plus calmes qui donneraient envie de prendre un bon petit pétard pour rejoindre la Space Dementia. Le plus jouissif de la chanson reste le final, les sons sortent dans tous les sens, d’une manière harmonieuse et qui signe définitivement l’esprit très noir mais aussi rêveur, laissant apparaître une guitare apportant la touche finale à cette fin somptueuse.
Afin de nous faire redescendre un peu sur la Terre ferme, Hyper Music a le don de nous réveiller quelques peu : « Je ne t’aime pas, je ne t’ai jamais aimé et je te crache à la gueule » Voilà ! Et oui, Hyper Music est loin d’être calme, on aurait plutôt envie de lâcher tous nos nerfs sur cette musique entraînante, au rythme très soutenu, qui nous permet d’apprécier le jeu parfait de Chris, qui se balade sur tout le manche de sa basse, les notes vont dans tous les sens. Ça monte, ça descend, c’est beau, c’est bon, on en redemande !
Et bien parfait puisque Plug In Baby, l’une des plus populaires du groupe arrive juste après.Premier grand succès commercial, Plug In baby signe l’arrivée de Muse sur la grande scène européenne. Le riff entêtant de cette chanson a d’ailleurs été inspirée par une composition de … Bach ! Oui oui, grand fan de musique classique ce Matthew. Dans ce titre, comme le clip peut en faire référence, Matt évoque la possibilité d’un jour être dominé par les machines.
Préoccupation qui persistera dans les influences du groupe dans le futur jusqu’à aujourd’hui. Même si tout l’album reste très expérimental, les morceaux qui suivent et finissent l’opus le sont d’autant plus,
Citizen Erased, la 6ème piste, nous embarque dans un univers toujours plus sombre. Musicalement ; cette chanson est juste magnifique. Les sons s’entrechoquent, pour former un climax profond, noir grâce à un jeu de basse/guitare qui suivent les mêmes notes à des octaves différentes. Matthew a choisi de jouer sur une guitare construite sur mesure à 7 cordes ( la Manson 7 string E) afin d’avoir un panel de notes plus riche, et c’est pari gagné !
Cette chanson est un voyage, une sorte de torture magnifique, un solo de guitare qui me met les frissons à chaque écoute. Le final est doux, comme le calme après la tempête, la résilience d’un état qui ne peut être apaisé.
Ce n’est pas Microcuts qui apaisera les esprits. Tout est misé sur les aiguës, que ce soit à la guitare comme à la voix ! Et ce n’est pas peu dire lorsque nous écoutons la chanson. Alors non, Matthew ne se fait pas marcher sur les couilles pour chanter à cette octave ! Le choix de ce ton de voix est toutefois très bien choisi et encore une fois, ce morceau est électrique, strident même, complètement fou. L’esprit torturé du compositeur est très bien transposé en musique. On y ressent le sang, une sorte de mort spirituelle. « What you’re doing to me Destroying puppet strings to our souls »
Thème que l’on retrouve dans Screenager, qui nous permet de continuer le voyage expérimental sortant de la tête du Trio. Screenager est la plus calme des compositions de l’album. Un petit côté tribal ? Oui car Dominic le batteur choisi de jouer la chanson avec des os d’animaux et un balafon. Un synthé rempli d’effets y ajoute sa part de mystère. Je dois avouer que cette chanson reste une énigme. Le lien entre les instruments choisi et les paroles sont totalement en dehors de ma compréhension. Ce qui n’est pas pour me déplaire. Cela reste un très beau morceau, juste parfait pour planer et pour ceux qui cherchent des réponses à leurs questions existentielles de vie ! Le rythme reste toujours moins définissable dans Darkshines. Le groupe s’essaye à un style totalement différent des autres titres de l’album, ce qui peut faire perdre un peu la tête en matière de stabilité musicale d’un opus, c’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé certains spécialistes a littéralement descendre l’album, par manque de cohérence. Le titre est toutefois réussi, l’émotion est là, et moi ça me vas. Je ne classerai cependant pas Darkshines dans mon top 5 des to do listen de Muse.
Dark par-çi, Dark par-là, on croirait presque à la fin de cet opus que Matthew court droit vers le suicide. Alors pour nous (se?) rassurer, nous avons le droit a une reprise rock de l’indémodable titre Feeling good , repris par moultes artistes à toutes les sauces. Pour le petit rappel, Feeling good a été écrite en 1964 par Anthony Newley et Leslie Bricusse pour la comédie musicale The Roar of the Greasepaint – The smell of the crowd… Voilà voilà. Reprise simple, mais quelle efficacité du morceau ! J’aime ce petit côté violent donné par la batterie de Dom, et toujours ce bon gros fuzz (je suis amoureuse de ce fuzz) de Chris. Pour le coté expérimental, parce qu’il en fallait bien un, aller qu’on se lâche sur un mégaphone. Et pourquoi pas ? Bref à mon sens, cette reprise est très bien réussite et reste encore aujourd’hui un incontournable de Muse, un classique quoi !
Mais les amis, j’ai la lourde charge de vous parler de Megalomania pour terminer cet article. On laisse tomber les guitares et le piano, et on balance l’orgue !! Morceau très psychédélique, qui nous ouvrent les portes des grandes questions de vie « pourquoi avons-nous été créés » « quel est le sens de la vie ». Alors pour bien transposer ces questions profondes, autant les faire dans les règles de l’art : sonorités très majestueuses, des envolées vocales pour « rejoindre un paradis qui a un prix ». La basse donne la profondeur nécessaire à ce climax religieux. Toutes les interprétations sont permises dans cette chanson, et à y regarder de plus près, je la trouverai presque sexuelle. (j’ai sûrement un esprit torturé aussi, allez savoir)
C’est le moins que l’on puisse dire, sur Origin of Symmetry, ils ont fait péter tous les filtres les gars, laissant pleinement place à leur imagination musicale plus que déroutante. Le côté expérimental de tout l’album permet au moins aux aventuriers musicaux de voyager de contrés en contrés philosophiques, sur le sens de l’être humain, notre avenir dans le monde moderne. La place de l’être vivant face à la robotisation de la civilisation. Et nous étions en 2001 …
Petit Bonus : Je vous laisse savourer le bonus de la version japonaise de l’album, sur les mêmes sonorités du début de ce très réussi voyage musical..
Très belle analyse et effectivement, on a des larmes à sécher quand on entend leur musique actuelle et ce dont ils étaient capable de faire.
Merci pour ce touchant hommage à un de mes CD préférés. Il siège à droite de The Wall.