Samedi 06 janvier se tenait la seconde édition de l’Ocean Fest, au Zénith de Nantes. L’occasion pour votre serviteur de couvrir de nouveau (après une grande première à Biarritz en 2023) un évènement musical engagé qui monte tranquillement en puissance. Ami lecteur, sois prévenu, dans cet article je vais probablement plus parler d’écologie que de musique ! Mais il me semble important, à la modeste mesure de notre petit webzine musical, de soutenir le combat (car s’en est un) pour défendre et préserver les océans et sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux qui y sont liés : la survie des écosystèmes marins, directement reliée à la survie de notre propre espèce !
Toutes les photos de cet article sont de Benjamin Guillet pour weirdsound.net
Un festival engagé à 200%
Le 31 mars 2023 j’avais fait la route jusqu’à Biarritz pour aller à la rencontre d’un nouveau festival dans le paysage musical et cultural français : L’Ocean Fest. L’évènement a vu le jour grâce au travail et à la collaboration entre le producteur Worakls et le journaliste Hugo Clément. J’apprécie la musique du premier et les reportages/ prises de parole du second : un bon argument pour faire 800 kilomètres en train pour faire les présentations! Cette première édition a été un franc succès, pour en savoir plus je vous invite à lire mes deux articles présents ci-dessous :
https://weirdsound.net/rencontre-avec-worakls-et-hugo-clement-engagement-ethique-et-plaisir/
https://weirdsound.net/ocean-fest-ou-quand-lelectro-rime-avec-conscience-ecolo/
Sur le fond, l’Ocean Fest c’est une journée proposant conférences et ateliers autour de l’écologie et de la protection des océans, et une soirée musicale festive portée par une programmation de haut niveau.
Sur les fonds (aha) : l’ensemble des bénéfices seront reversés à des associations et ONG travaillant sur le terrain au quotidien. On précisera par ailleurs que la totalité des artistes se produisant dans le cadre du festival sont là bénévolement.
Sur la forme l’Ocean fest se distingue aussi par :
- Des associations locales liées à la protection de l’environnement parties prenantes dans la démarche
- Pas de course au gigantisme en termes de jauge
- Un ancrage fort auprès de partenaires locaux (bars, restauration, animations diverses)
- Une offre de restauration entièrement végétarienne et/ou vegan
- Une démarche « zéro plastique »
- Un accent mis sur les mobilités douces ou partagées pour venir et repartir
- Et naturellement une belle programmation, orientée vers les musiques électroniques !
Avant d’aller plus en avant concernant la soirée musicale du 06 janvier dernier, je vous propose une présentation rapide des associations présentes, et qui bénéficieront du soutien financier de l’Ocean Fest grâce aux bénéfices engrangés par la soirée.
- Clean (Conservation de L’Eau A Nantes) : l’association concentre son action sur les déchets, pour éviter que ces derniers ne finissent dans l’océan.
- Les Amis de l’Erdre : Tout est dans le titre ! Les bénévoles de cette fédération agissent au quotidien pour la préservation et la valorisation de l’Erdre et ses alentours, une rivière magnifique et bien connue des nantais.
- One Voice existe depuis bientôt trente ans, l’association mène un combat incessant pour faire cesser les violences faites aux animaux, qu’ils soient en captivité (parcs, zoo, laboratoires, industries…) ou bien en milieu sauvage (braconnage…)
- Sea Sheperd France : a-t-on réellement besoin de les présenter ? l’ONG est régulièrement en première ligne pour documenter et entraver les actes illégaux d’atteinte aux écosystèmes marins et à la faune marine.
Cette seconde édition a donc donné lieu à une journée de sensibilisation de grande qualité, qui se tenait à la Carrière, autre salle de concert nantaise située à proximité du Zénith. Pris par le travail (weirdsound ne payant toujours pas nos factures), je n’ai malheureusement pas pu y participer. Dès que possible, j’ai donc pris la direction du festival pour arriver juste après l’ouverture des portes du Zénith vers 18H. A ce titre, sept mille billets avaient été vendus, autant vous dire que l’endroit était bien plein. Le public est jeune (ou bien c’est moi qui me considère comme vieux ?), sans doute du fait de la programmation, et plein de bonnes énergies : j’aime ça !
Petit Biscuit : la jeune pousse de l’électro est devenue grande
Il est né en 1999 : Là aussi je prends un coup de vieux ! A 24 ans, le rouennais Petit Biscuit continue de faire évoluer son style et ses inspirations musicales, et ce pour notre plus grand plaisir. En 2015, alors qu’il est encore adolescent, il se fait connaitre de manière magistrale à l’échelle mondiale avec le tube Sunset Lover. S’en suivra des millions de vues et d’écoutes, et des dizaines de dates partout sur la planète. Mêlant musique électronique, pop et chillwave, ses albums s’écoutent super bien, j’en fais régulièrement le constat quand je bosse (ma double vie, celle où je remplis des tableaux Excel pendant huit heures par jour).
Je ne l’avais pas vu sur scène depuis longtemps, et, waouh ! Petit Biscuit est devenu Grand Costaud ! Mais on ne juge pas sur le physique chez weirdsound. Bon au niveau vestimentaire, il a un petit look de méchant dans un film de Steven Seagal (un bon film donc…) Allez je stoppe les vannes. C’est un super bon concert, l’ambiance montant crescendo dans la fosse du Zénith. Petit Biscuit nous offrira une performance bien vitaminée, alternant titres chiil/planants et parties purement dancefloor.
Fun Fact ? en 2016, votre serviteur avait eu l’occasion d’interviewer Mome (qui ferait d’ailleurs un excellent candidat pour une prochaine édition du festival) qui s’était montré dithyrambique concernant Petit Biscuit, puis en 2019 c’était au tour de Flume, le pape de la Chillwave australienne, de m’en parler. Bref : 24 ans et beaucoup de talent, Petit Biscuit est assurément un artiste de classe mondiale qui fera longtemps parler de lui.
Worakls : De la régularité dans la qualité
En à peine huit mois j’ai vu trois fois Worakls se produire sur scène (et bientôt quatre si je compte son passage au Stereolux en février 2024). Bien loin de m’en lasser, je suis au contraire toujours ravi d’entendre ses compositions et nouveaux morceaux (c’est un peu le Stakhanov de l’électro française, il y a toujours un nouveau morceau ou projet à découvrir). Un concert de Worakls est une expérience musicale surprenante qui mêle habilement des éléments de musique électronique, de musique classique et d’autres influences variées.
Pour cette date nantaise, il était accompagné de la talentueuse et violoniste internationalement reconnue (je pèse mes mots) Esther Abrami, cette dernière étant aussi sa conjointe en dehors de la scène (c’était l’instant Voici de cet article), et de deux autres musiciens classiques.
Leur passage est légèrement raccourci par rapport à ce qui était prévu (il y a effectivement eu pas mal d’attente entre le passage de Petit Biscuit et Worakls), mais pour se faire pardonner ils nous offriront à eux quatre un concert intense et immersif. Un petit moment de magie, que dis-je de poésie, très apprécié par le public nantais.
Ibrahim Maalouf : Assurément le grand gagnant de la soirée !
Cela faisait maintenant quelques années que je n’avais pas vu et entendu Ibrahim Maalouf en live (la dernière fois remontant à son passage au festival Beauregard). Dire que le franco libanais est devenu une figure incontournable de la scène musicale contemporaine relève sans doute du pléonasme, c’est simple il est omniprésent sur les ondes comme à la télévision (et compositeur de BO pour le cinéma). Capable de toucher toutes les générations, Ibrahim Maalouf est un véritable touche à tout qui s’amuse à naviguer entre les genres musicaux.
A l’occasion de l’Ocean Fest, Ibrahim Maalouf nous réservait une belle surprise, en dévoilant des compositions et arrangements totalement inédits ! Verdict ? C’était top ! L’intégralité de la fosse dansera pendant près d’une heure, devant une scénographie magnifique reprenant notamment des vues célèbres de Paris.
Si on devait retenir un moment musical sur la durée de la soirée, je pense que la performance d’Ibrahim Maalouf et ses musiciens emportera la majorité des suffrages haut la main !
Feder : Il fédère toujours autant….
Désolé pour cette blague particulièrement nulle…J’assume. Je vais passer aux aveux tout de suite, Je ne suis pas familier de la musique de Feder. Hormis des soirées en boite de nuit où j’ai eu l’occasion de l’entendre (merci le Warehouse), ce n’est pas foncièrement le genre d’électro que je vais écouter au quotidien. Voilà pour mes états d’âme ! Car le 06 janvier dernier, il y avait 7000 personnes qui avaient l’air, elles, de bien connaitre et surtout de beaucoup apprécier Feder.
Feder, de son vrai nom Hadrien Federiconi, s’est fait connaître à l’échelle internationale avec son single à succès Goodbye sorti en 2014, qui a rapidement atteint les sommets des charts européens. Feder a depuis continué à produire des morceaux qui fusionnent des éléments de house, de deep house et de pop, ce qui lui a valu une reconnaissance croissante dans l’industrie musicale. Sa musique est caractérisée par des mélodies entraînantes, des beats percutants et des collaborations fructueuses avec divers artistes.
Je reste une petite demi-heure avant de prendre le chemin du Hall du Zénith, pour rejoindre quelques connaissances et finir ma soirée tranquillement. Je passerai rapidement voir Ofenbach mais là on est à des années lumières de mon terrain de jeu habituel, idem pour Vladimir Cauchemar qui clôturait la soirée : J’ai toujours autant de mal à saisir la hype autour de lui, mais ça a l’air de sacrément plaire aux jeunes générations et c’est sans doute là le principal.
La soirée se continuait au Warehouse pour les plus motivé(e)s, avec un beau line-up ! Pour ma part j’étais claqué, papy est donc parti se reposer chez lui.
Voilà pour ce rapide retour concernant l’Ocean Fest à Nantes, j’espère que vous aurez pris plaisir à le lire et que vous aurez envie de nous rejoindre pour les futurs évènements ! Car oui, il y en aura d’autres : L’Ocean Fest continue de prendre de l’ampleur et c’est tant mieux. Si vous êtes à proximité de Biarritz les 26 et 27 avril prochains, vous pourrez vous rendre à la troisième édition qui s’annonce d’ores et déjà mémorable.
On a parfois l’impression que l’écologie est un sujet moralisateur et anxiogène, une sorte de logique punitive où on passe son temps a se dire « on va tous crever ». Mettez les pieds à l’Ocean Fest, cela va vous requinquer le moral. Il y a beaucoup a faire pour protéger et réparer notre petite planète, mais nous sommes nombreux à nous sentir concernés et nous pouvons changer les mentalités dans la joie, la fête et la bonne humeur !