Le Motocultor se tenait pendant 4 jours, du 17 au 21 aout dernier à Carhaix en Bretagne. Pour cette édition, le festival a déménagé (définitivement) de son site de St Nolff. Une programmation de qualité, combinée à l’envie de retrouver des évènements à taille humaine, m’ont motivé à me rendre sur place.
Weirdound a couvert des anciennes éditions du festival, que je vous invite à relire, pour ma part ce sera ma toute première fois au « Motoc » ! Quand on connait mon amour pour le Metal, il était grand temps pour moi de prendre la direction de la Bretagne…Mon employeur n’ayant pas eu la gentillesse de me laisser filer plus tôt, je suis arrivé sur place le vendredi soir, avec la ferme intention d’en profiter un maximum !
Un vendredi soir en guise d’avant goût (et d’apéritif!)
Ce vendredi, l’organisation pour rentrer sur le festival est plutôt fluide, même si le parking aurait gagné à être mieux fléché (merci aux bénévoles pour leur aide). Le stationnement est situé à quelques minutes à peine de l’entrée du Motocultor, ici pas besoin de faire un trek ou de prendre une navette pour rejoindre le site. Nous arrivons devant un sympathique (aucune ironie) service de sécurité, qui vérifie les bracelets et les sacs.
Un festival, c’est forcément l’occasion de revoir des amis et connaissances ! Nous voilà donc à l’apéro devant le concert d’Epica, un groupe que j’ai souvent croisé, sans pour autant faire un concert en entier : Il était temps de combler ce manque. Je ne vous ferai pas l’affront de présenter dans ces colonnes Epica, groupe de Metal symphonique mondialement connu qui vient de fêter ses vingt ans de carrière. Les comparaisons avec Nightwish (que j’apprécie…peu) et Within Temptation (que j’aime beaucoup !) sont évidentes, et je prends beaucoup de plaisir à écouter la voix de Simone Simons, la chanteuse du groupe qui se révèle aussi être une sacrée show girl ! Le déroulé du concert est réglé comme du papier à musique, ça manque un peu de spontanéité, c’est peut etre le seul reproche que je leur ferais.
Je file un peu avant la fin du concert d’Epica pour me rendre sur une autre scène et découvrir HEALTH, un groupe dont j’ai entendu beaucoup de bien. Originaire de Los Angeles, le trio propose une musique à la croisée des chemins. Un subtil mélange entre post-rock et musique électro (voir industriel).
Ils jouent depuis deux minutes et un nom clignote en rouge dans ma tête, Nine Inch Nails. Le rapprochement avec le mythique groupe industriel tombe sous le sens, j’apprendrai par la suite (à la buvette de l’espace VIP pour être précis) que HEALTH a d’ailleurs fait les premières parties de NIN sur la tournée Lights in the Sky en 2008. J’entends aussi des passages de synthé que Depeche Mode n’aurait pas renié, et devinez quoi ? Les gars de HEALTH sont des fans ultimes du groupe de Dave Gahan. Décidément, voilà des mecs biens, que j’étais destiné à rencontrer !
C’est un très bon concert, baignant dans lumière rouge de fin du monde ou bleu froid, HEALTH nous offre une performance intense qui vous prend par les tripes : j’adore. C’est synthétique, froid, parfois agressif (servi par des bons gros riffs) et en même temps mélancolique voir anxiogène. Je ne trouve pas meilleur résumé à vous faire. C’est indéniablement mon coup de cœur de cette première soirée au Motocultor, et je vous recommande chaudement de découvrir si vous ne les connaissez pas déjà.
Pas le temps de souffler (juste de boire un coup), j’ai un programme à tenir. Direction la Norvège en compagnie de Wardruna. Passer de HEALTH à Wardruna, c’est comme changer de salle au Macumba : Deux salles deux ambiances ! Wardruna était sans conteste un des concerts les plus attendu de cette journée du vendredi par les festivaliers (moi y compris).
La musique de Wardruna tire ses inspirations dans les cultures et mythes, principalement scandinaves. Vous pourriez me dire beaucoup de groupes font ça ? C’est exact, les délires folk, neo folk, pagan, viking et j’en passe il y en a plein les rayonnages sur Bandcamp. La seule différence avec la concurrence ? Wardruna fait ça très bien ! Une superbe scénographie et présence scénique forte (dont une série d’instruments en cuivre, tu te serais cru sur un Drakkar), et surtout des voix qui vous transportent de manière express vers l’Islande, la Norvège…bref vers le Nord (le vrai, pas celui des Chti).
La lumière se rallume, le groupe vient saluer le public du Motocultor, qui réserve un vrai triomphe aux norvégiens. Honnêtement ? C’est mérité. Nous avons passé une heure hors du temps, emmenés très loin en terres de mythes et légendes scandinaves. Je file me coucher après quelques minutes devant Ice3Peak, duo que j’ai déjà vu au Printemps de Bourges en 2019. J’ai toujours du mal a comprendre l’engouement autour d’eux, mais bon les gouts et les couleurs…C’est ça aussi la musique !
Après une nuit calme et reposante (dans un gite, le camping ce n’est plus de mon âge), je passe la matinée a faire un peu de tourisme dans les rues de Carhaix, avant de déjeuner d’un plat typiquement breton, un couscous. En début d’après-midi, direction le Motocultor, où je constate en arrivant que le parking est déjà bien rempli. Pour cette journée du samedi, j’ai fait ma petite sélection, en pariant sur des valeurs sures et des découvertes, encouragé par certains articles de mes confrères sur le site.
Une journée du samedi ultra qualitative
J’ouvre le bal avec Coilguns, formation de post-hardcore qui tourne depuis quelques années déjà (2011, pour être exact). Le groupe est né de l’initiative de Jona Nido, guitariste de The Ocean, rejoint par Luc Hess et Louis Jucker (eux aussi membres du collectif The Ocean). On n’oubliera pas Kevin Galland, qui vient compléter le line up à la basse et au clavier. Les suisses arrivent sur la grande scène, sous le soleil ! Ils sont surtout en grand forme, nous offrant un concert énergique et ultra plaisant.
Musicalement ça me fait penser à Comity, un groupe que j’écoutais au début des années 2000 (que sont-ils devenus d’ailleurs ?). On a le droit à une petite session d’escalade sur la scène de la part de Jucker, chanteur du groupe, complètement habité par sa musique et nous offrant une performance qui restera dans les mémoires.
Par le passé, je n’avais pas pris le temps d’écouter Coilguns, ce passage au Motocultor m’a clairement donné l’envie de me pencher un peu plus sur leur cas. Pas le temps de passer par la case buvette, je pars à la rencontre de vieilles connaissances, j’ai nommé les Washington Dead Cats ! La scène alternative des 80’s était dignement représentée ce samedi, avec les Washington mais aussi les éternels Ludwig Von 88. En février dernier, j’ai déjà eu l’occasion de voir les Washington Dead Cats lors d’une soirée mémorable au Stereolux à Nantes, en compagnie des Burning Heads et de Toxxic TV, rien que ça !
La tente où se déroule le concert est pleine à craquer, le concert s’annonce donc sous les meilleurs auspices. Mat Firehair arrive sur scène et nous voilà partis pour une petite heure de punkabilly. Il faut moins de cinq minutes aux Washington Dead Cats pour se mettre les festivalier(e)s dans la poche, bientôt tous les refrains (surtout les plus cons) sont joyeusement repris en cœur. Il fait beau, on s’amuse et la musique fuse : Que demandez de plus ? En prime, nous aurons droit à une setlist mélangeant vieux titres et plus récents (39 ans de carrière quand même les gus). Naturellement Mat Firehair finira en caleçon sur scène : Il y a des coutumes avec lesquelles on ne transige pas !
Le temps d’un arrêt au stand merchandising, puis retour sur le champ de bataille devant la grande scène ! Il est temps de se mettre dans les premiers rangs pour le concert, très attendu, de Brutus. Leur troisième, dernier album en date, avait fait forte impression auprès de notre rédaction en 2022, pour ma part je l’ai découvert avec quelques mois de retard (c’est ma marque de fabrique) en préparant ma venue au Motocultor.
Disons-le clairement, le trio a tué le game pour cette journée du samedi ! C’est sans conteste le meilleur concert auquel j’ai assisté durant ces trois jours de festival. Stéfanie Mannaerts et ses deux associés nous ont livrés une performance parfaite. Un véritable envoutement musical, que la voix de Stéfanie parachève de la plus belle de la manière. Créant une atmosphère où se mêlent fulgurances brutales et moments planants, les belges nous offrent une performance splendide ! La fosse devant la scène est domptée, fait extraordinaire alors que nous sommes en fin d’après-midi et que le taux d’alcoolémie est haut…Pour ma part je ferai le concert jusqu’à la dernière note.
Après ce très bon moment en compagnie de Brutus, je continue mon périple musical vers la scène où est attendu Russian Circles. Bon, désolé mais je vais me répéter, eux aussi ils m’ont cassé les pattes. Je savais pourtant à quoi m’attendre… ils ont réussis a dépasser mes espérances ! Un super concert, puissant, tellurique, je suis tombé dans le vortex dès les premières minutes. De prime abord, on se prend un rouleau compresseur de décibels dans la gueule. Mais une fois la surprise passée, le véritable voyage commence : c’est beau et puissant à la fois (oui je l’ai déjà dit), j’aurai pu rester une heure de plus sans difficulté.
Grand plaisir pour moi, une super setlist concernant Russian Circles : Conduit, Bretayal, Gnosis, Harper Lewis…et deux/trois autres que je n’ai pas reconnu. C’était top et je suis reparti de là ravi ! Le reste de la soirée va s’écouler tranquillement, en passant d’une scène à une autre après avoir mangé. L’occasion d’entendre des choses sympas… Je rentre dormir sur les coups dès 1H du matin, très satisfait de ma journée du samedi au Motocultor.
Le dimanche, découvertes et valeurs sûres en provenance de la Nouvelle-Orléans!
Le dimanche nous gratifie encore d’une météo clémente, l’occasion d’aller faire une sympathique promenade dans la nature le matin, avant d’aller au festival.
Je commence mon après-midi devant les français d’Orpheum Black. Le groupe est une création récente (2019), il est cependant composé de membres ayant déjà de nombreuses années de scène à leur actif, et ça se ressent ! Le duo vocal composé de Mélodie Archambault et Grégory Daudin est vraiment harmonieux et efficace, pour des compositions subtiles et réfléchies. Ils ont déjà deux albums et un court métrage (visible sur youtube) à leur palmarès, le tout au service d’un univers artistique très cohérent.
Musicalement c’est intéressant, même si je n’y adhère que moyennement. Non pas que ça soit mauvais, au contraire, ce sont de très bons musiciens. Ça tire vers le rock progressif, avec des envolées un peu plus incisives, mais je suis sans doute un peu loin de mon terrain de jeu musical habituel et j’ai du mal à me mettre dedans.
Dans un style très différent, je m’offre une parenthèse de doom metal, genre musical que j’écoutais beaucoup dans ma jeunesse. J’ai arrêté mon choix sur Bell Witch, et je peux vous dire que ça valait le déplacement.
Après une looooonnnnnggggue introduction typique du doom, le bassiste et chanteur Dylan Desmond pose sa voix sur un morceau somptueux (selon moi !) qui durera quarante-cinq minutes. Un concept qui fera reculer pas mal de festivalier, mais pas moi : je suis sous le charme ! En définitive si vous aimez le doom et que vous ne connaissez pas Bell Witch : Foncez !
La fin de mon odyssée au Motocultor arrive, mais rassurez-vous il me reste trois concerts et pas des moindres !
J’ai la chance d’assister aux balances de Cave In, le groupe les réalisant lui-même. On se marre bien en petit comité, notamment sur une reprise de Words Up de Korn, très réussie. Petit interlude le temps que le public se masse sous la tente, puis le groupe revient. Je les attends pour la photo, en compagnie du « boss » du Motocultor, Yann Le Baraillec venu les écouter sur le bord de la scène.
Pour connaitre un peu mieux Cave In, je vous invite à relire la chronique de leur dernier album, Heavy Pendulum, sorti dans nos colonnes l’année dernière. L’article de mon estimé camarade Mr.Moonlinght m’ayant sans doute décidé à venir assister à ce concert.
C’est très cool ! Mais Cool avec un « c » majuscule quoi. Du bon gros rock qui joue bien et un groupe qui se donne à fond sur scène ! Musicalement, j’aurai un peu de mal a situer ce que j’écoute, tellement les idées qui me viennent sont diverses : Space rock (si si je vous jure), un peu grunge et post rock…La seule vérité dans tout ça étant que c’est super ! Du coup j’ai pris mes places pour le concert au Ferailleur à Nantes dans la foulée. Je suis quelqu’un de très influençable, il faut le savoir.
S’en suit un duo de concerts magiques : Crowbar puis Eyehategod….Ca sent bon la Nouvelle-Orléans et la Louisiane ! Petite confession (on est entre ami(e)s), je suis ultra fan des deux groupes et sans doute totalement parti pris quand j’en parle.
Crowbar arrive sur scène devant un public complètement acquis à leur cause. La bande à Kirk Windstein a l’habitude des tournées françaises (je pense les avoir vu pas loin d’une dizaine de fois) et ça se sent ! J’ai le plaisir de faire mes petites photos juste sous leurs nez, je savoure l’instant. Niveau playlist, Crowbar a choisi le mode « Best-Of », c’est sans surprise mais bien efficace : Surrender, Don’t Lose Your Heart, Downfall, The World in Front of Me, Loveless…Trop cool ! Je ne m’en lasserai jamais et il n’y a pas à discuter là-dessus. Je coche la case Crowbar pour cette fois, et j’attends leurs potes…Eyehategod.
Eyehategod et moi c’est une longue histoire d’amour commencée il y a une vingtaine d’années. Comme pour les vieux couples, on ne sait plus trop comment on est tombés amoureux, mais les sentiments sont là comme au premier jour…Je suis comme un gosse avant le concert, du coup je préfère laisser mon appareil photo à un ami pour aller m’immerger dans les premiers rangs de la fosse.
Qui aime bien, châtie bien : c’est le dicton. Malheureusement je vais devoir l’appliquer à ce concert de mes white trash préférés. Si vocalement Mike Williams est en forme, c’est un peu le service minimum sur scène. Les mecs n’ont pas spécialement envie d’être là et il faudra se contenter d’une setlist sympathique (Take As Needed for Pain / Blank / Sisterfucker / Kill your Boss, New Orleans is the New Vietnam). Bon je ne vais pas faire mon Calimero non plus, c’était quand même chouette de les revoir (pour la quinzième fois) !
Clap de fin pour moi, il faut se décider à rentrer à la maison (trois heures de route et le boulot le lendemain).
En conclusion, cette édition 2023 du Motocultor m’a fait énormément de bien et réconcilié avec ma vision de ce que devrait être un festival de musique :
- Une bonne programmation
- Accessible financièrement au plus grand nombre
- Pas de décorum ou de surenchère inutile concernant les scènes
- Du monde, mais pas non plus avoir l’impression de faire la queue à Disneyland pour aller boire une bière (par contre il n’y a que de la bière…)
- Des rencontres entre passionné(e)s !
- Petit point bonus : La restauration
Ce n’est que mon point de vue personnel et je précise encore une fois que mes conditions de séjour étaient plus que confortables, dans un super gîte à 15 km du festival. En préparant mon article, j’ai lu de nombreux commentaires concernant l’organisation sur le site, la communication et les conditions de vie pour les festivaliers sur le camping…Vu le flot de messages, le festival a sans doute besoin d’entendre les critiques et de s’améliorer, c’est surement possible !