Ça fait plusieurs mois que le grand manitou Fatherubu, me pousse à écrire un article pour ce sublime site (je vous assure, je ne suis pas payé) et moi, par simple fainéantise je répondais : « oui, mais non, nian nian… »
Enfin, en ce mardi soir du mois de mars, je me sens épris d’une envie soudaine de me lancer dans cet exercice : je m’installe sur le canap’, je mets mes écouteurs et c’est parti. Par grâce, chers lecteurs de weirdsound, faites preuve de clémence.
Bon, passons aux choses sérieuses : Freedom For King Kong ou FFKK, est un groupe fondé en 1996 à Lorient composé de : Bring’s au chant, de Djey à la guitare, de Bux2 ou Bubu à la basse, Régis remplacé par Cédric et enfin Nico à la batterie et de Ton’s aux claviers ; et c’est un putain de groupe de metal français ! (Ouais !)
Ma session de dépucelage fini, je reprends mes esprits une clope au bec et je me dis : « putain ! ça fait du bien ».
Ces bonhommes sortent leur premier album studio en 1999 : Citoyens du monde. Ils annoncent la couleur d’entrée de jeu avec l’intro Me me, me me, me me, 1er : bienvenu dans la (vraie) France révolte et communiste de la patrie bretonne. Tu n’as pas le temps de finir de rire (ou pleurer) que le deuxième morceau te claque la gueule avec une déferlante violente des quatre instruments suivis par la voix puissante de Bring’s – le Cekikontatou remue et enflamme.
Une touche de reggae se pointe sur l’album avec un morceau entraînant et tranquille (et je ne dis pas souvent ça du reggae bobo écolo…) Donne de la voix et bizarrement, donne vraiment envie de croire en ses convictions humanistes. Mais, ne te méprends pas pauvre mortel, Babylone le titre suivant est là pour te ramener sur le champ de bataille. La suite s’enchainant sur un seul mot d’ordre : Puissance et Métal. (Ok, deux)
MAIS, et je vous préviens cher lecteurs ici le principe d’objectivité disparaît totalement, sortit de nulle part, sans prévenir ni Dieu, ni Diable, le temps s’arrête. Je découvre, sans aucun doute, un de mes morceaux préférés – je mesure mes mots – Révolution. Le dixième titre de l’album. Le début est lent et lourd, accompagné par le chant murmuré de Bring’s récitant une ode au vrai héros de notre pays, avec tout l’impérialisme de la langue française. Le chant et les instruments fondent et se confondent sur une toile blanche et votre esprit perd la notion du temps et de l’espace. Nonobstant, cette parenthèse temporelle se transforme soudain en une explosion furieuse soutenue par le rythme frénétique des instruments et le chant propagandiste. Voilà, folie
La suite de l’album est un retour à la réalité avec de très bons morceaux comme H, apocalyptique et Afrique ma mère, plutôt pop-esque.
Ma session de dépucelage fini, je reprends mes esprits une clope au bec et je me dis : « putain ! ça fait du bien ». J’étais frappé par deux choses : 1) la puissance de cet album et 2) les paroles en français parfaitement exploités à leur juste valeur. FFKK va, dans chacun de ses albums, démontrer qu’ils sont nos RATM. La bombe est lâchée !
Ici, ça va chavirer, se faire bousculer, se prendre des coups et en balancer en retour. Bref, vous l’avez compris : « tu vas suer mon pote ! »
Primate Diplomate, deuxième album studio, sort en 2001. Plus solide sur la durée et mieux construit que le premier mais ne jalouse en rien la puissance de son aîné : Chaos un début dansant suivi par un coup de pied qui défonce la porte du château. Le roi gorille est de retour.
A peine remis que ça s’enchaine avec un autre titre Les étiquettes plus dansant au style pogo.
La suite de l’album continue sur cette lancée furieuse mais ponctuée de quelques titres plus doux tel que Comme un fou et Rencontre
Les 5 compères ont prouvé leur férocité et leur capacité à surprendre. Toutefois, et même s’il y a une nette évolution de qualité artistique entre les deux albums, ça reste un peu désordonné.
Vient alors leur 3ème album ; Marche ou rêve et je comprends tout de suite que les 5 compadres ne sont pas là pour faire semblant ! Fini l’intro de leur pote sympa Bernard (même si c’est un bon gars) et adieu chansonnette pop ou reggae.
Ici, ça va chavirer, se faire bousculer, se prendre des coups et en balancer en retour. Bref, vous l’avez compris : « tu vas suer mon pote ! »
L’ensemble de cet album est une fusion entre le métal et l’électro : grinçant, grave et s’enchaînant sans répit. L’alchimie des styles est confirmé dans le morceau Phénomène tant il est puissant et synchro. Son effet est aussi efficace que Smack my bitch up des Prodigy : ça va vite et c’est dangereux mais bordel qu’est-ce que c’est bon.
Mais l’expérience folle ne s’arrête pas là. FFKK va vous concocter un cocktail explosif. Gun Tune : une arène de gladiateurs qui vont entrechoqués et faire éclater leurs armes au rythme effréné du fer chaud et du sang bouillant ! Un régal pour nous, public avide de sensations fortes.
A toi, petit adolescent en manque de courage. A toi, révolté intarissable. A toi, salarié opprimé. A toi, malheureux être. A toi, Homme avide. Écoute Des Plumes et tu exauceras tous tes désirs – même les plus intimes. En contrepartie, bien entendu, tu devras abandonner une partie de ton âme : c’est une offre alléchante, non ? Que le diable t’emporte.
Putain ! je suis lessivé ! FFKK va jusqu’à épuiser ses admirateurs. Ce 3ème disque prouve que les bonhommes ont, en espace de 2 ans, continué à travailler pour façonner leur art. L’ensemble est mécaniquement fluide et métalement puissant. On passe de 5 copains qui s’amusent à faire du bon son à 5 artistes qui confirment leur place de maîtres dans cet univers.
Le roi gorille règne de toute sa splendeur sur son royaume et vous accueil dans son palais.
Freedom For King Kong. 2005. 4ème album. Issue de corps. Sans doute le meilleur de leur discographie.
Au sommet de leur art, nous assistons à la transformation finale de ces 5 gars en 5 musiciens hors pair. Bring’s, Djey, Bubu, Nico et Ton’s jouent en parfaite symbiose et exploitent merveilleusement bien le potentiel de leurs instruments. Je me trouve donc face à un dilemme : quel titre choisir quand l’ensemble de l’album est indissociable et absolue ?
Tout y est, puissance, férocité, douceur, grâce, beauté, laideur, métal, pop, crie, chant… Ce 4ème opus est aussi guerrier que ses prédécesseurs mais plus doux : il s’écoute et se réécoute sans difficulté. Sa cadence est éléctro-métallique avec « suavitude » et opulence à l’image d’une femme qui se déhanche dans la fosse mêlant sensualité et bestialité. La langue de notre patrie (un peu de patriotisme les gars. Merde !) est mis à l’honneur avec toute son élégance et ses attraits qui lui sont propres. Les couleurs sont chaudes et intenses comme la terre pourpre du continent africain.
Le roi gorille règne de toute sa splendeur sur son royaume et vous accueil dans son palais.
Je me rappelle de ce juillet où mon ami le Professeur R me fît découvrir FFKK. Je m’écriais alors : « c’est quoi ? c’est qui ? Pourquoi ? Pourquoi je ne les connais pas ??!! C’est quand leur prochaine tournée ? » et à lui de me répondre, avec bienveillance : « mec, ils se sont séparés en mai ! » C’était l’été 2007.
Fou, après avoir découvert ce groupe dans une période où le « rock » français était mourant (Christophe Maé battait son plein à cette époque) j’avais repris espoir. Enfin, des musiciens français qui rivalisent avec les plus grands ! FFKK était puissant tant musicalement que dans leurs engagements socio-politique. Cette idée est confirmée avec la sortie de l’album live en 2008 (Live au Manège à Lorient). L’ambiance était électrique : la foule et le groupe en transe, la salle tout entière en parfaite harmonie. FFKK livrait alors son dernier combat devant ses partisans les plus fidèles dans une ambiance des plus moites et rythmée.
Alors oui, je suis devenu Aliéné (j’accuse) !