Samedi 4 Juin 2022. La deuxième journée du Festival Levitation 2022 s’annonce sous des auspices météorologiques moins favorables . La goutte froide évoquée dans le report du J1 a décidé de migrer vers le Nord du Golfe de Gascogne. Le centre dépressionnaire calé au large de l’embouchure de la Loire doit se déplacer vers le Bassin Parisien puis rejoindre nos amis belges. En fin de matinée, le tonnerre a déjà fait trembler Angers et tous les aficionados de Levitation. La fête va t-elle être gâchée? Même si les concerts commencent à 17h, je suis en « mission » dès 16h…Vous retrouverez les interviews de Servo et You Said Strange bientôt sur notre site musical.
Servo et You Said Strange: les groupes français savent briller…même sous la pluie.
N’ayant vu que pendant moins de 15 minutes le set des Angevins de Péniche, j’éviterai toute critique hâtive. Péniche est un trio instrumental de Post Rock Punk. Il a sorti un 2ème E.P, Deuxième Etoile, en Mars, très marqué par l’élément aquatique et surtout…la mer. Capable d’être à la fois pêchu et mélodieux comme dans ce Vendée Globe où le trio accélère sur le final.
Servo est le brillant trio rouennais que les lecteurs assidus de weirdsound doivent maintenant bien connaître! Il va être une belle découverte pour de nombreux spectateurs croisés. Malheureusement, après 15′ de set, le groupe va être desservi par une violente averse orageuse qui va doucher le public. Preuve de la qualité de la musique de Servo, beaucoup vont braver la seule averse du festival pendant 15/20 mns! Le groupe joue son album Alien (leur deuxième paru en 2020) mais aussi un nouveau morceau-sans titre qui fait réapparaître le soleil. Le futur album est quasiment terminé d’enregistrer….Nous vous en reparlerons, évidemment!
Place maintenant à You Said Strange, autre groupe normand mais de Giverny même si tous se côtoient y compris via le biais des membres rouennais de MNNQNS. Après l’interview des frères Carrière un peu plus tôt, je suis impatient de voir leur Live-le premier pour moi. Le quatuor est maintenant complété par « leur » saxophoniste, Joseph, et c’est tant mieux. Le saxo apporte une coloration indéniable sur de nombreux titres, y compris du premier album. Nous avons d’ailleurs droit à plusieurs titres-parmi mes préférés- de celui ci comme Run Away ou Treat Me et surtout le très beau Landed.
YST n’oublie pas pour autant son deuxième album, Thousand Shadows (Vol 1) et ses textes plus engagés. On attend le volume 2 pour l’automne. Le groupe a pris l’habitude de finir ses concerts par leur long et superbe titre The Way To The Holy War paru en single dès 2017. C’est un régal alors que le soleil nous a séchés définitivement.
Death Valley Girls et Gustaf: place à l’énergie féminine!
J’avoue que je ne connaissais pas ces deux groupes avant leur programmation….C’est donc une découverte pour moi, même si j’ai écouté quelques uns de leurs titres, suffisamment pour aiguiser ma curiosité et mon intérêt.
Chez Death Valley Girls, ce sont la voix et l’énergie de la chanteuse Bonnie Bloomgarden qui m’avaient accroché. En Live, le groupe va confirmer cette bonne impression. Les 3 femmes ont la pêche et assurent des vocaux plus qu’honorables lorsqu’elles décident de chanter séparément ou ensemble. Larry Schemel, le seul « mâle »-guitariste- au visage impassible, paraît un peu esseulé sur la gauche de la scène. Il se fend parfois d’un petit solo de guitare. Mélange de rock psyché (au parfum de Doors) et de Rock garage efficace. Les mélodies n’excluent pas non plus quelques gros riffs de guitares. Bonnie Garden est omniprésente, entre clavier et guitare. Elle descend aussi dans le crash pit en fin de set.
Le temps de bondir vers la scène Reverberation et Gustaf démarre son concert. 4 Filles et un garçon-encore un mâle isolé, Vram Kherlopian, le guitariste-ah!- qui ont déjà tourné avec Idles. Belle découverte musicale avec ces New-yorkais qui nous délivrent leur art rock punk. Le côté théatral est indéniable chez la front woman chanteuse Lydia Gammil mais aussi chez Tarra Thiesen. Entourée de différents gadgets, cette dernière s’amuse à chanter avec une voix défomée/masculinisée. Set impeccable, souvent groovy, avec parfois la belle grosse basse de Tine Hill, notamment sur Dream. Le quintet se permet même de jouer un dernier titre alors que la prog est stricte avec les horaires et les écarts interdits. Après son premier album réussi, Audio Drag For Ego Slobs, nous surveillerons le second!
Début de soirée à Levitation: Après Bruit<, Kim Gordon déçoit…
C’est encore le côté positif des Festivals comme Levitation., la découverte! Bruit< est un quatuor toulousain qui a sorti son premier album sur le label allemand Pelagic l’an dernier. Bruit<, c’est un mélange surprenant d’instruments qui vous scotche rapidement. Le violoncelle de Luc Blanchot et le violon ddu bassiste Clément Libes nous bousculent d’emblée. Aux passages acoustiques au calme trompeur, succèdent les déferlantes sonores dignes du…Hellfest avec les guitares de Théo Antolinos et la batterie de Julien Aoufi, tous deux déjà croisés avec Cali. A noter aussi le son énorme des Sub basses. Ne connaissant pas leur album avant le concert, je suppose que le groupe lui a fait la part belle. Le set s’achève sur le morceau titre The Machine is burning, morceau annoncé par Clément Libes. Juste avant il s’est adressé au public en rappelant le bonheur et aussi la fierté d’être à Levitation aux côtés « des stars qu’on adore ».
Virage à 180 degrés pour le concert de Kim Gordon. Avant le set, je suis un peu méfiant, n’ayant pas vraiment été séduit par son album No Home Records en 2019. Une certaine magie doublée d’une certaine nostalgie m’accompagnent cependant quand Kim Gordon apparaît. Jupe short en cuir noir, chemisier blanc et petite cravate. Je vais malheureusement déchanter assez vite. Pas de réelle émotion. C’est vrai que c’est difficile d’oublier Sonic Youth pour Kim Gordon version 2022. Par moments j’ai l’impression d’entendre une pâle imitation de Patti Smith, mais sans le charisme de la grande prétresse du rock.
Bon, allez, un petit kebab vegan excellent et une bière pour ne pas trop ruminer la déception. Une pensée aussi pour le festival parisien We Love Green qui a du s’interrompre sous le déluge orageux. Nous sommes chanceux!
Kikagaku Moyo, les rois du Samedi à Levitation.
Je n’ai jamais vu les australiens de Pond et ma curiosité est aiguisée. Il faut dire que Jay Watson, le batteur, officie aussi au sein de Tame Impala. Le chanteur, Nick Allbrook en fut également une autre composante. Impossible d’échapper immédiatement à l’impression d’un certain mimétisme avec Jagger jeune. Une gueule d’ange-mi démon et une gestuelle dont il est sans doute conscient. Je trouve les 2/3 premiers titres sympas, alors que je suis dans le crash pit pour des photos; Le morceau titre de l’avant dernier album de 2019, Tasmania(influence australienne oblige) achève mon intérêt. La dérive pop plus que rock me perturbe. Je songe alors même à un boys band pour lequel mon intérêt décroit. J’attends maintenant surtout les japonais de Kikagaku Moyo.
23heures…les membres de Kikagaku Moyo sont déjà sur scène pour les derniers réglages et la foule dense. Une brève sortie des musiciens précède une nouvelle entrée triomphale. Une bonne partie du public connait déjà bien les rois du Rock psyché japonais. Elle sait aussi que le groupe, après quasiment 10 ans de bons et loyaux services musicaux, a annoncé que ce serait la dernière tournée. Elle coïncide aussi avec la sortie du dernier album. Le set va être plus qu’à la hauteur de mes espérances.
Avant de commencer à jouer, les musiciens accomplissent une sorte de riruel. Ils sont en cercle, concentrés autour du batteur Go Kurusawa co-fondateur du groupe. L’autre co-fondateur est Tomo Katsurada, guitariste chanteur; Les autres membres du groupe ont autant de place. On remarque tout de suite Ryu Kurusawa, frère du batteur, et son énorme sitar. Le charismatique Daoud Popal, guitariste un peu fou et Kotsuguy le bassiste sont aussi redoublement efficaces.
Le set démarre ne douceur et l’atmosphère Rock psyché imprègne rapidement le public. Les sonorités japonaises se mêlent aux sons des guitares me rappelant parfois aussi….Carlos Santana!Que dire pour ne pas être trop long? Que le set fut impeccable, comme le son et que magie et envoûtement ont opéré tout au long du concert. Même si une partie du public était, sans doute, conquise d’avance, le set s’arrête dans une ambiance de folie. Les gens ne veulent plus bouger, en redemandent longtemps. Applaudissements, cris, rien n’y fait: l’organisation est peut-être un peu trop stricte dans ce cas; Pas de rappel mais le groupe revient saluer, visiblement touché.
Dur de redescendre sur terre avec Pelada…erreur de casting.
Le set de Pelada a commencé alors que bon nombre de fans des japonais sont toujours devant la scène Reverberation. Le batteur va faire cadeau de deux sticks à deux fans plus qu’heureux. Ils me disaient vouloir aller voir le groupe au Japon l’an prochain…sauf que c’était peut-être la dernière occasion. Deux vinyles furent aussi dédicacés par Daoud Popal, grâce à la bienveillance d’un vigile.
Dans la première programmation était prévu le duo de post punk art rock Snapped Ankles. Malheureusement, leur défection a entraîné la programmation d’un autre duo qui s’avèra être une erreur de casting.
C’est en effet le duo montréalais Pelada qui va assurer la clôture de la deuxième nuit du Festival Levitation 2022. Duo d’électro composé du producteur Tobias Rochman et de la chanteuse/chanteur d’origine colombienne, Chris Vargas. Leur premier album, Movimiento Para Cambio, signé sur le label berlinois PAN en 2019 semble avoir séduit Iggy Pop. La musique de Pelada et le chant, en espagnol, de Chris Vargas n’ont que peu séduit le public de Levitation. Textes vindicatifs sur des tempo electro/techno avec samplers et boîtes à rythmes lassent assez vite. Chris Vargas s’en prend soudainement aussi aux responsables des éclairages. Une partie du public a déjà fui et j’en fais autant! A cet après midi, Levitation! Le Dimanche s’annonce passionnant!