Neil Young a effectué de nombreuses sorties d’albums en 2021, entre rééditions et exhumations d’archives. Entre le début et la fin d’automne, 2 albums méritent tout de même notre attention. Le premier est le double album du concert du 4 Décembre 1970, au non moins mythique Carnegie Hall de New-York. Le second est le dernier album studio-live, Barn, sorti début Décembre. Double cadeau potentiel pour se retrouver sous le sapin de Noël! Deux bonnes raisons d’en parler pour G, aka Nestor B, qui rejoint weirdsound pour cette chronique.
Neil Young : Carnegie Hall 1970
Je me plonge d’abord tête baissée et oreilles curieuses dans le premier, plus précisément le soir du 4 décembre 1970 à New York… Un beau double vinyle édité officiellement en cette année 2021 alors que différentes versions pirates circulent déjà. Si 2 concerts ont été donnés (4 et 5 Décembre), c’est bien celui du 4 (et non du 5 comme indiqué sur le sticker) que l’on retrouve enregistré.
Le décor est planté : un mythique Carnegie Hall plein à craquer de spectateurs conquis par le dernier disque studio du Loner, After The Gold Rush . Seul sur scène, le canadien de 25 ans enchaîne les titres, 23 au total (et non 22, comme indiqué, là aussi par erreur, sur le sticker). Pour ne citer qu’eux : Down by the river, Southern man, Old man, Cowgirl in the sand, See the sky about to rain, …
Neil Young paraît un peu fragile au début, presque timide ; il ne tarde pas à montrer plus d’assurance, de détermination et de générosité. Tant bien que mal, il essaye de faire chanter le public sur Sugar mountain. Il se moque même gentiment de celui-ci ! La voix perchée, si unique, et l’harmonica autour du cou, il s’accompagne à la guitare acoustique ou au piano.
1 heure 30 de plaisir partagé. Un beau voyage dans le temps, que je vous recommande chaudement. A noter aussi la qualité du son, alors qu’il s’agit d’un pseudo Bootleg. Il faut dire que le vieil édifice de briques rouges bénéficie d’une acoustique quasi parfaite !
PS : pour les fans, est paru également, en mars 2021, son concert du 22 Janvier 1971 au théâtre Shakespeare de Stratford. Celui-ci n’est d’ailleurs pas sa toute première performance filmée, comme l’indique, par erreur, le magazine Les Inrocks, en Février. En effet, le concert-superbe- donné quelques jours auparavant au Massey Hall de Toronto, a aussi été filmé. Il a fait l’objet d’une sortie cd-dvd dès 2007.
Neil Young: retour vers le présent avec Barn
Une cinquantaine d’années plus tard (et à peu près autant de disques sortis), Neil Young ré-enfile son vieux jean rapiécé et sa chemise de bûcheron. En plus de collectionner les vieilles bagnoles, il aime bien la campagne, les Rocheuses et jouer avec ses potes.
De retour auprès de lui, ses fidèles acolytes du Crazy Horse : Billy Talbot à la basse, Ralph Molina à la batterie, et le fameux Nils Lofgren (guitare, piano, accordéon) bien connu des fans du Boss à partir de 1984. A noter que les deux premiers musiciens étaient présents dans l’acte fondateur du Crazy Horse, précédemment cité. Nils Lofgren rejoint Neil Young pour l’album-manifeste écologiste-After The Gold Rush.
Une belle équipe donc, réunie sur une colline au milieu du Colorado, dans une grange-barn- du 19ème siècle en rondins de bois, restaurée pour l’occasion. Enregistré en une semaine avec le « Mobile Remote Recording Studio », l’album Barn -10 titres pour 43 minutes- parait le 10 décembre 2021 chez Reprise Records, label de toujours.
Un disque sincère, empreint de nostalgie, d’amour et de colère
Le tapis sent la poussière. Le vieux piano et la Gibson Old Black sont encore là. La voix du jeune homme de 76 ans est parfois tremblante, le son brut, un peu crade. L’album commence avec Song of the seasons, balade acoustique aux allures d’ode à la nature.
La guitare, saturée comme il faut, arrive ensuite sur Heading West, évocation (ironique ?) du bon vieux temps de son enfance, et de la séparation de ses parents.
Change ain’t never gonna (come) et Human Race nous font ressentir un peu de fatalisme. Pollution, privation de libertés, racisme, autant de sujets politiques brûlants transparaissent de ses textes. Quelle planète laissons-nous à nos enfants ? Qui va sauver l’espèce humaine ?
Le titre Canerican, comme son nom l’indique, revendique son identité et son appartenance au continent Nord-Américain (avec un grand A), terre de mixité et de liberté. Le chanteur canadien a obtenu il y a peu (début 2020) sa deuxième nationalité aux Etats-Unis. Le but était, notamment, de pouvoir voter contre l’administration républicaine.
Shape of you, formule assez classique d’un rock teinté 70’s, nous parle d’amour, tout comme Tumblin’ thru the years. D’amour bien sûr il est question aussi dans le magnifique Don’t forget Love qui clôt l’album comme un billet doux au parfum de manifeste.
On imagine assez bien le titre They might be lost chanté par Tom Waits. A cause des arrangements peut-être, et de la mélancolie qui en découle.
Welcome Back, titre le plus long (8’27’’), est mon préféré. Le tempo est lent, le chant presque parlé et chuchoté. Les envolées de guitare distordue donnent à l’ensemble une atmosphère mystique, qui me rappelle la bande originale de Dead Man (Jim Jarmusch, 1995). Une pure chanson folk, nostalgique à souhait, qui donne vraiment envie de lui répondre. Bon retour Neil, content de te revoir !
Barn, un album de Neil Young… en Live
Voici donc un disque riche, quasiment enregistré dans les conditions du live. Cela lui apporte une authenticité plus grande. Certains y verront peut-être un hold-up de grands-pères. Les autres (dont moi) y voient le souffle encore bien frais du plaisir de jouer ensemble, avec douceur, et une pincée de rage quand même. Ce n’est pourtant ni du Blues ni du Grunge, mais ça transpire des deux à la fois. Je n’ai pas suivi de près Neil Young depuis très longtemps (Americana, 2012 !), et en toute subjectivité, je ne suis pas déçu du tout de ce retour au premier plan ! Et vous ?
Pour les amateurs de l’enregistrement video, filmé dans la grange, vous le retrouverez dans l’édition luxe (vinyle, cd et Blu-ray).
Ah Neil Young ❤️❤️❤️
wouah, merci, j’adore Neil Young et ça me fait plaisir de voir un article aussi bien documenté! Non, jamais déçu par Neil Young en 25 ans d’écoutes.
Merci de ton retour. Enjoy, et à bientôt sur Weirdsound !