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Deradoorian: Find The Sun, un album à ressentir

Deradoorian: Find The Sun, un album à ressentir



En une crédit photo Sean Stout.

Angel Deradoorian sort son nouvel album, Find The Sun, ce 18 Septembre, chez Anti Records. Nous vous avions déjà glissé, en Avril, dans notre rubrique Les Clips de la Semaine, le superbe et envoûtant Monk’s Robe. L’album, seulement décliné en vinyle, se veut le reflet d’un voyage spirituel et est à ressentir autant qu’à écouter.

Des Dirty Projectors au premier E.P solo

Sur le premier E.P, le titre Moon en live en 2009.

Angel Deradoorian est loin d’être une inconnue car elle fut la bassiste chanteuse du groupe Dirty Projectors entre 2007 et 2012. Elle avait alors quitté sa Californie natale pour rejoindre New-York. C’est d’ailleurs pendant cette période qu’elle s’exerce à un premier exercice solo avec un E.P, Mind Raft, sorti au Printemps 2009. On y note déjà une voix envoûtante et une originalité musicale certaine, notamment dans des titres comme High Road ou Moon.

Deradoorian va aussi partager, en 2009, un split vinyle avec Albert McCloud aka Elisabeth Wood, avec le titre Marichka, inclassable. Ce vinyle est co-produit par Avey Tare, co-fondateur d’Animal Collective (vus à Nantes dès 2005) avec Panda Bear.

Angel Deradoorian de retour en Californie

Angel Deradoorian quitte Dirty Projectors et New-York en 2012 pour revenir, avec Avey Tare, à Los Angeles. Ils forment alors le trio Avey Tare’s Slasher Flicks qui sort un unique album, Enter The Slasher House, chez Domino, en 2014. Un album original et avant-gardiste (on pouvait s’en douter !) au parfum psyché délicieux, décalé (voir ici) et parfois aussi anxiogène ! Angel Deradoorian décide alors de revenir aux expériences musicales en solo, sous son propre nom ; Cela va nous donner deux albums : en 2015, l’expérimental The Expanding Flower Planet et, en 2017, le très beau Eternal Recurrence.

Find The Sun, reflet d’une quête spirituelle

What do you want to know about meditation…..All I know is a feeling chante Angel Deradoorian dans le septième titre

L’album Find The Sun n’est pas, à priori, l’opus qu’Angel Deradoorian avait prévu de faire. Cet album est surtout le reflet d’un cheminement ; il marque une étape dans un voyage spirituel autour de l’acceptation. Après des années passées à lever le voile sur son moi intérieur, Angel D. réalise que, pour trouver la paix intérieure, elle devait être un peu moins dans le contrôle.

Le voyage d’Angel Deradoorian a été guidé par une retraite de10 jours de méditation Vipassana. Cette retraite l’a aidée à se ressourcer après une période traumatique. Find The Sun est donc aussi le reflet de son état spirituel, mental de ces dernières années et le fruit des sessions jam libres effectuées avec ses musiciens ; Ils avaient pour objectif de produire quelque chose de brut et de vulnérable à la fois. L’album traduit bien cet objectif !

Des influences musicales et spirituelles majeures

Angel Deradoorian confie être inspirée, musicalement, par la liberté créative de Can et le style vocal du japonais Damo Suzuki, chanteur du groupe entre 1970 et 1973. Il faut mentionner aussi le rôle de la spiritualité indienne qui habite les maîtres du free jazz comme le saxophoniste américain Pharoah Sanders ou Sun Ra. On ne s’étonnera donc pas de retrouver, dans des titres comme The illuminator, un album gravitant autour de sons chamaniques. Les bols tibétains, les cloches, la flûte, les gongs sont ainsi au service d’un album restant rock, mais guidé par les esprits.

Find The Sun, entre introspection et élévation

L’album, double vinyle, divisé en quatre parties, est destiné à guider l’auditeur. Angel Deradoorian nous éclaire sur cette approche : d’une manière générale, beaucoup de ces chansons parlent de se trouver et de réussir à être la meilleure personne possible. On vient d’une culture (surtour aux Etats-Unis ?) qui ne s’intéresse pas à cela. On est tellement programmé pour obéir à des règles sociétales strictes que l’on ne se rend absolument pas compte du pouvoir qui est en nous.

Le 4ème membre invisible du groupe

Les chansons, au départ seulement des esquisses, ont été travaillées lors d’un été passé sur les plages de Rockaways, profitant au mieux des rayons solaires. Avec son ami percussionniste Samer Ghadry, l’élaboration des titres se fait doucement, y compris en faisant résonner …des bols tibétains. La batterie va d’ailleurs jouer un rôle clé dans la construction des morceaux. Avec Dave Harrington, ils apportent ensuite ces titres dans le studio californien avec vue sur l’Océan Pacifique. Le trio affirme ainsi que « l’énergie du lieu, l’immensité de l’endroit ont joué le rôle de 4ème membre du groupe« .

Une atmosphère presque anxiogène

10 titres pour nous interroger sur nous mêmes

Dès le premier titre, Red Den, l’album nous plonge dans les métaphores astrologiques. La magie de la voix d’Angel Deradoorian ne tarde pas à nous envelopper et à nous embarquer dans des histoires destinées à nous faire réfléchir; 7 des 10 titres sont, pour moi, de véritables bijoux, sans négliger pour autant les trois autres!

Corsica Shore nous séduit et nous surprend par son rythme plus pêchu, presque dansant ! Dans Saturne Night, la batterie est vraiment le moteur guidant le titre ; les vocalises se révèlent addictives et l’atmosphère presque anxiogène. Avec Monk’s Robes et The Illuminator, on atteint le premier sommet de l’album. Dans The Illuminator, Angel Deradoorian nous embarque dans un univers chamanique ; longue intro instrumentale où se mêlent bols tibétains, flûte et bruits de l’océan. Puis Angel Deradoorian commence à psalmodier, nous faisant alors penser à une autre grande prêtresse, Patti Smith.

Monk’s Robes, un des deux sommets de l’album Find The Sun

Monk’s Robes, un des sommets de l’album

Le titre, d’une rare beauté, met en valeur, une nouvelle fois, la voix éthérée d’Angel Deradoorian , une voix d’ange (ok, jeu de mot facile !). Des notes de piano éclatent aussi judicieusement sur ce titre. Monk’s robes raconte l’histoire d’un moine qui se rend au sommet d’une montagne dans l’espoir de ne faire plus qu’un avec Dieu. A son arrivée, Dieu remet en cause sa vision du monde et son ignorance ; il s’interroge alors sur sa compréhension du monde et son désir d’être libre. Cette chanson parle ainsi du fait d’accepter qu’il est futile de vouloir s’échapper de sa réalité. Elle parle aussi du fait de trouver la paix dans l’acceptation et d’utiliser nos ressources pour en faire quelque chose de beau.

Angel Deradoorian nous éclaire encore davantage sur son propos : j’ai entendu tellement de gens dire, je veux partir dans la montagne, la vie est trop douloureuse. Ce n’est pas la solution non plus. Il faut s’isoler, il faut apprendre de soi-même, mais on ne peut rester comme ça éternellement. Il faut accepter, faire les deux.


Une fin d’album éblouissante

Après The Illuminator, Waterlily est une douce ballade donnant une nouvelle respiration à ce milieu d’album. Le titre est suivi de It was me où la voix d’ Angel Deradoorian rencontre un certain écho pour nous répéter It was me. Les trois derniers titres constituent, pour moi, le deuxième sommet de l’album.

Voix céleste et jeu subtil des musiciens

Devil’s market nous enchante par sa flûte ; Le titre dépeint le monde comme un marché, séduisant et diabolique à la fois, conçu pour nous écarter de notre chemin. le message semble clair : on doit constamment chercher le moyen de retourner sur notre chemin. Dans Mask of Yesterday, on retrouve, toujours avec le même délice, la voix quasi céleste d’Angel D. et un jeu subtil de guitare et batterie. Sun clôture avec brio l’album : vocalises encore parfaites et rythme martelé par la guitare puis la batterie au bout de 3 minutes. La base rythmique a, une nouvelle fois, joué un rôle clé dans la construction du titre.

Epilogue : Find The Sun, un album à ressentir

L’album Find The Sun est destiné à être ressenti autant qu’à être écouté. Angel Deradoorian nous conseille !

Ce serait bien que les gens s’allongent par terre pour l’écouter, et le laissent pénétrer leur corps. J’étais dans un tel état de conscience en le faisant, j’espère qu’il puisse provoquer une réaction physique pour les gens… en termes de fréquences, de vibrations dans le son.

Ne manquez pas, non plus, les Live Indoor Concerts d’Angel Deradoorian, réalisés au printemps, pendant le confinement. J’aime surtout le deuxième (qui vous fera penser à Sun Ra) et le troisième….. A ressentir, là encore autant qu’à écouter!

https://antirecords.bandcamp.com/


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