Cette semaine de reprise au travail avait été longue, difficile et pénible ! 61 heures de travail pour être très précis ! C’est dire si j’attendais le weekend avec impatience, avec un point de mire sur le dimanche soir 22h00… En quittant le travail samedi sur les rotules après cette 61ème heure de travail (si si, c’est digne d’être répété !), une double conclusion s’imposait : 1 – heureusement que je n’avais demandé une accréditation que pour le dimanche, cela s’appelle le flair ! 2 – J’avais sacrément besoin d’un élixir de jouvence et aller ainsi téter quelques bons concerts pour me revigorer. C’est donc après un combiné soirée/nuit/matinée sommeil, entrecoupé de doux moments de totale léthargie, que je prenais le chemin de Frossay à quasi 40 km de Nantes.
Il suffisait d’arriver à 10 km du but pour ne plus pouvoir se tromper. Aux intersections, des bénévoles indiquaient les directions à suivre, de même le parcours était fléché. Excellente organisation sur ce point. Une fois garé, je pouvais filer à l’accueil, récupérer un pass temporaire, accéder à l’espace presse et obtenir mes précieux sésames que sont l’accréditation et le pass photo. A peine le temps d’un petit tour rapide sur le site, il est temps de rejoindre la scène sud pour le premier concert de la journée.
Govrache : le slam dans l’âme!
De son vrai nom David Hebert, Govrache est un chanteur slammeur, il pratique également la guitare dans le style manouche. Ce qui l’anime avant tout, c’est de faire ce qu’il aime, écrire, passer du temps avec un pote, prendre le plaisir là où il se trouve. Il vit simplement, ne consomme pas, et ne juge pas. S’il ne se qualifie pas lui-même de littéraire, il a tout de même un bac littéraire, et a étudié à la faculté de philo. Ses textes, réalistes et poétiques, sont emprunts parfois d’humour, parfois de nostalgie. Rapidement, il m’a fait penser à Renaud par ses textes, sa chanson Le bleu de travail m’a définitivement convaincu.
Govrache : Le Bleu de travail, Ivry sur Seine, 06/2018
Habile conteur et harangueur, celui qui a donné moultes concerts dans des bars sait se mettre l’audience dans la poche. Si le public était assez clairsemé au début du set (16 :30 = l’heure à laquelle les festivaliers émergent doucement…), le chapiteau de la scène sud avait un public bien présent pour la fin de ce premier concert de la journée. Seul sur la scène, Govrache alternera slam et chanson accompagnée de sa guitare. J’ai eu un gros coup de cœur pour « Merde chuis prof ! »
Govrache : Merde, chuis prof! Ivry sur Seine, 06/2018
Shantel &Bukovina Club Orkestar : la chaleur de l’Est!
C’est sous le chapiteau de la grande Scène Ouest que Stefan Hantel, alias Shantel, avec son orchestre le Bukovina Club Orkestar, a fait se dandiner les popotins.
Allemand d’origine roumaine, ce DJ et musicien a l’amour de ses origines et de la culture de ses racines. Il le prouve en mêlant la musique traditionnelle des Balkans à l’électro. Le résultat est assez détonnant, explosif, et très festif. L’Est est froid, mais sa musique est chaude… Les musiciens du Bukovina Club Orkestar, tous originaires de la Bucovine (région située entre l’Ukraine et la Moldavie), avec force rythme et énergie, distillent une musique enivrante, entêtante, invitant à lever le coude en partageant une danse avec ses voisins.
Disko Partizani, l’un des titres phare de Shantel
J’ai eu parfois l’impression d’entendre des notes très orientales. Mais après tout comme le disait Shantel dans une interview donnée au Parisien, « Notre musique est de la musique sans frontière… ». Du début à la fin du set, l’énergie et le rythme ne se sont pas taris, la soif se faisait ressentir…
Un petit tour vers les stands proposant de faire taire les estomacs vides, et humidifier les gosiers secs ; je sens mon sourire s’élargir un peu plus. Voyons voir si le « label local » a un sens et se retrouve dans mon assiette… Au coin Burgers, deux choix s’offrent à moi : le hamburger au bleu d’Auvergne et le hamburger au curé nantais. J’opte pour un Hamburger au bleu, avec frites. Rien de bien fabuleux jusque-là me direz-vous ! Mais moi, je l’ai mangé donc écoutez ça : le pain du burger n’est pas issu d’un sachet de quinze pains industriels, il est frais et a été fait par un boulanger dans le coin, le steak est deux fois plus gros que ceux de la chaine bien connue, mais surtout nettement meilleur, la salade et l’oignon rouge ô surprise, ne sont pas en plastique, mais bien en salade et oignon. Le bleu est le seul ingrédient qui ne vient pas du coin, comme son nom l’indique. Quant aux frites… Maison et d’une bonnassité ! Je sais ce n’est pas français, mais quand je mange c’est mon estomac qui cause ! Six euros l’excellent burger et trois euros la belle portion de frites maison, le tarif est plus que largement honnête. Bravo Couvre-Feu pour tout ce travail autour du local et de la qualité !
The Trouble Notes : Pas de fausse note!
Mon Hamburger goinfré tel un crève-la-faim dégusté petit doigt en l’air, je me dirigeai vers la scène Est, sur laquelle allait jouer The Trouble Notes.
TTN est un trio berlinois, composé d’un violon (Bennet Cerven), d’une guitare (Florian Eisenschmidt), et de percussions (Olivier Maguire). Si la pièce maîtresse de cet ensemble est le violon, les trois musiciens sont de véritables virtuoses. Découvrir leur musique sur scène a été un réel plaisir.
Bennet Cerven, en chef de file de la formation donnait donc le La au violon, ne ménageant pas ses efforts pour lui faire chanter des sonorités venues d’ailleurs. A chaque morceau une histoire, à chaque morceau une émotion… Donné pour un groupe mélangeant Rock Indie, Hip Hop, et Electro aux styles classiques-Gypsi-Jazz, en fermant les yeux je me sentais quant à moi littéralement transporté vers le Nord à une autre époque…
Le son cru et sec était particulièrement bon, et les trois musiciens auront eu tôt fait de faire chavirer le public. Je n’ai pu assister à tout le concert, devant me rendre à la conférence de presse pour le bilan du Couvre-Feu 2018.
Ultra-Vomit : Propre, net, précis!
Serait-ce le groupe qui a le plus couru les festival cet été ? Cela se pourrait bien ! Le groupe nantais jouait ce soir « à la maison « .
Je ne sais pas si le fait d’être à domicile change quelque chose à l’affaire, mais il n’aura pas fallu plus de cinq minutes pour » métalliser » l’audience.
D’Ultra Vomit, je ne connaissais que le nom, jusqu’à ce que Moskowmonkey ne publie une interview du groupe en version longue ici, et en version express là. Je vous laisse faire plus ample connaissance avec le groupe au travers de ces deux articles au choix. Je ne dirai donc pas de mal d’Ultra-Vomit, afin de ne pas froisser mon collègue qui lui les surkiffe… Non je déconne ! C’est musicalement très propre, et parodiquement très réussi ! Allez, je me risque à un seul petit bémol tout de même ; peut être juste un petit poil trop de parlotte…
Calojira, Kammtar, Takoyaki, Pipi vs Caca, Boulangerie Patisserie, Evier Métal, Je collectionne des Canards, sont les titres que j’ai reconnus. Kammtar vraiment un titre très très habile… Je suis sûr que Rammstein applaudirait !
Suprême NTM : Tout le monde dans la place fait popopopop!
Aujourd’hui le Couvre-Feu a fait le plein… Et pour cause ! Le festival a décroché la timbale en convaincant le Suprême de venir sur ses terres, pour la seule date du groupe dans toute la région ! Il est fort à parier qu’il s’agisse là de la dernière tournée du groupe, il fallait donc en profiter et sauter à pieds-joints sur l’occasion… Bien que n’écoutant plus du tout ou très peu de rap, je conserve un lien très fort et une affection toute particulière avec NTM, dont les k7 ont largement tourné sur mes walkmans… Je les ai vus pour la première fois en 1995 à l’Escale Saint Sébastien près de Nantes (Tournée de l’album Paris sous les bombes). La force du mouvement Hip Hop n’étant à l’époque pas ce qu’elle est devenue, le rap considéré alors encore comme une musique de bad boys, nous étions moins de 1000 dans la salle. Au premier rang, j’avais pu serrer la main de Joey Starr ! Deux ans plus tard, c’est à la Trocardière (sold out) de Rezé que je retournais voir NTM, lors de la tournée accompagnant la sortie de l’album Suprême NTM, énorme succès. Il faudra alors attendre 10 ans pour voir le retour sur scène du Suprême, et c’est au Zénith de Nantes que j’allais les voir. Encore 10 années supplémentaires, et nous voici à ce soir…Pour accueillir le Jaguar et Neshe (Joey Starr et Kool Shen), le public ne peut être autrement que bouillant, incandescent, en fusion… Une bonne partie n’a pas bougé depuis la fin du concert d’Ultra Vomit pour ne pas perdre sa place il y a plus de deux heures ! Le petit clip d’introduction diffusé sur le sigle NTM au fond de scène, accompagné des hurlements récurrents du Jaguar participent à cette mise en condition s’il en était toutefois besoin, le chapiteau est alors une cocotte sous pression. Lorsqu’enfin apparaissent les 2 compères et amis d’enfance, j’ai la chance d’être au pied de la scène pour les photos, c’est respirable. Mais derrière moi, c’est un vacarme hallucinant, je sens dans mon dos une masse chaude et moite. Quelques secondes, je prends le temps et me retourne afin de réaliser ; c’est juste un maxi bordel qui s’offre à mes yeux… Pas de mot pour décrire ceci : l’effet Nique Ta Mère ! C’est grandiose, et rien qu’en écrivant ces mots, j’ai des frissons et une petite larme au coin de l’œil quand je me remémore ce trop plein d’émotions.
Je ne vais pas là bêtement et inutilement vous égrener la setlist chanson par chanson, car ce n’est pas cela que je souhaite partager avec vous aujourd’hui… Bien sûr, les grands titres ont été joués ce soir. A commencer par On est encore là ! Eh bien messieurs, vous m’aviez manqué ! Vous nous aviez manqué ! Oh que oui ils sont encore là et bien là.
Bien sûr, Joey a quelques cheveux et poils au menton qui virent au blanc et un poil de ventre, Kool Shen a ses rides de visage, mais… Bon Dieu quelle présence, la rage est toujours là, le verbe haut, le flow impeccable. Constamment dans le contact physique, pour ne pas dire dans le choc, les deux rappeurs ont dû bosser cette tournée comme des forcenés tant ils donnent, les triceps de Kool Shen en témoignent ! Haranguant la foule comme à l’accoutumée, l’Expert de la Maison Mère nous rappellera : « N’oubliez pas qu’à nous deux, on a un siècle ! ». Bin franchement ? Ça ne se voit pas. Bon ok, un peu quand même peut être…
Les deux compères ne sont pas venus seuls ; Raggasonic, Lord Kossity, Busta Flex et Zoxea sont venus prêter main forte et ambiancer le chapiteau de la grande scène Ouest (Aiguisé comme une lame, Ma Benz, IV My People). Pendant un peu plus d’une heure et demie, Le Suprême NTM nous a offert ce que les connaisseurs appelleront un best of. Le Noir Désir du Hip Hop français, le groupe le plus punk du Rap français, le groupe qui alors qu’il était à peine une étoile naissante a dit merde à Public Enemy, le groupe qui a défrayé la chronique par son nom, par ses chansons et par ses actes, Nique Ta Mère, a fait plus qu’assurer ce soir comme à chaque concert qu’il donne. Il a montré ses muscles, son poids dans l’histoire de la musique française, et que vingt ans sans sortir d’album ne l’empêche en rien de fêter ses trente ans devant des foules entières. Et même si Joey Starr et Kool Shen se sont fait absorber par le système le jour où ils ont signé chez Sony, même s’ils se sont embourgeoisés (qui le leur reprocherait ?), même s’ils n’ont plus rien à voir avec le 9 3 (le but n’était-il pas de sortir de la cité ?), ils ont conservé l’essentiel d’un artiste sur la scène : la crédibilité. Et pour ceci Messieurs, merci !
Dur dur de faire retomber la température après ce show gargantuesque… Sortant du chapiteau, c’est une petite bruine qui nous accueille gentiment, comme pour nous signifier : c’est bon, vous pouvez redescendre maintenant… C’est bien ce que je m’attache à faire, en marchant tranquillement jusqu’à ma voiture, sourire jusqu’aux oreilles, avec la sensation d’avoir eu le privilège de vivre un moment grandiose! P… de concert!!!
Merci à tous les bénévoles du Festival Couvre-Feu qui viennent des quatre coins de la France, merci aux organisateurs, merci à L.Orsal pour son accueil. Belle programmation, site très sympa, ambiance chaleureuse, restauration d’enfer tarifs prix minis… Je ne dirais qu’une chose en conclusion : Au plaisir de vous retrouver!
Liens :
www.govrache.fr
www.soundcloud.com/govrache-1
http://www.bucovina.de/site.html
www.deezer.com/en/artist/6813 (Shantel)
www.thetroublenotes.com
facebook.com/TheTroubleNotes/
www.supreme-ntm.com
https://fr-fr.facebook.com/suprementm/