En ce jour ensoleillé pluvieux nuageux lourd orageux de climat estival tourangeau typique, en marge du festival Aucard, j’avais rendez-vous avec un roi. Pas n’importe quel souverain. Non. Je devais rencontrer le King Salami et ses 3 cumberlands. Les cumberlands sont des saucisses fièrement élevées dans le comté de Cumberland, ultime portion du royaume anglais aux confins Nord Ouest du territoire, dérisoire espace frottant gaillardement sa frontière avec la rugueuse Écosse. Bref, ça sentait les tripes de cochons enrobés dans des boyaux et joliment ficelés aux deux bouts. Autant dire que pour un végétarien, la rencontre risquait d’être quelque peu mouvementée. Sinon, King Salami & The Cumberland 3 désigne également une très bonne recette de pub rock/garage/soul aux saveurs exotiques, concoctée par un quartet de cuistots cosmopolites, Jimmy Pantzavolta, Kamikaze U.T. Vincent, T. Bone Sanchez et Eric Baconstrip, programmée pour bouillir quelques heures plus tard sur la scène du petit chapiteau dans le cadre de la carte blanche à l’association Reviens Gamin.
Voici comment s’est passée cette rencontre avec le King et les Cumberlands 3 2.
Weirdsound : Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Jimmy Pantzavolta : Dans quelle langue ?
WS Bah, en français ?
JP: Ok. Alors Marco, on va commencer par lui car il est en visite Rock and Roll et familiale. On lui a donné la permission. Donc, c’est notre guitariste et ami de longue date (s’adressant au batteur, Eric Baconstrip) vous habitiez ensemble à l’époque ?
Eric Baconstrip :Mmh, mmh !
Il a la pathologie du Rock and Roll!
JP : … et grand fan de Wilko, Wilko Johnson (NDR : guitariste du légendaire Dr Feelgood) et surtout un mec super. À la batterie, le roi du Rythm and Blues, le collectionneur de punk rock. Comment disait Boris Vian déjà, son ami de longue date là ?
EB : Manu ? (NDR Emmanuel Paillet, fondateur du collège de pataphysique, peut-être)
JP : oui, il a la « pathologie du Rock and Roll ».
WS Bonne pathologie, ça !
JP : Et il est bien barré, ce qui nous convient, et grâce à lui—il a réussi à trouver des gens aussi barrés et bizarres que lui, et il tient ça avec une régularité, une passion—et grâce à lui, donc, on est tous là ! Face à lui, on a U.T. (basse).
U.T.: Hello !
JP : Il est originaire du Japon, de Tokyo, encore un être extraordinaire, on en discutait encore avec Eric dans le train (s’adressant au bassiste, en anglais), on se disait avec Éric qu’on avait vraiment de la chance de t’avoir comme ami, on est gâté ! Mais surtout un maladif du Rock and Roll et comme nous tous un hyper actif du Rock and Roll, du Punk et du Rythm and Blues. Et moi, j’ai été trouvé par ces gens là. Clown…
EB : T’as vu ? T’as pas besoin de poser de question, il fait l’interview.
WS : Oui, c’est formidable !
JP : (comme si rien ne l’avait interrompu) et puis, dans la tête de notre ami Eric en tout cas, il s’est dit, « lui, il aime faire le c… sur scène, sur le dance-floor », n’est-ce pas, ce qui est très, très vrai, il fera l’affaire. C’est un peu comme ça que ça c’est fait.
WS : Donc, un anglais, un japonais, toi tu es d’où ?
JP : Moi je suis de Lille, d’origine martiniquaise.
WS : Et toi Eric, par hasard, tu n’étais pas en Fac d’anglais à Tours ?
EB : Si, si, ouais !
WS : On était ensemble, je crois. Je n’étais pas sur à 100%, mais il me semblait bien t’avoir reconnu…
EB : Wouah ! Oui, je me rappelle vaguement, il y avait aussi Franck, le batteur des Porto Bello Bones (NDR excellent groupe de hardcore/noise punk, cf lien plus bas, il a aussi officié avec Captain Kavern), non ?
Le cœur bien accroché et des chaussures à bascule
WS : C’est ça ! Pour en revenir à nos maracas, est-ce que vous savez danser toutes les danses que vous évoquez dans vos morceaux ?
EB : Je ne sais pas danser, mais JP il danse tout, à sa manière
JP : Oui à ma manière.
WS : Comment on danse le wurst ?
JP : Il faut avoir un cœur à toute épreuve, des chaussures à bascule, et surtout un esprit bien souple et déglingué, car c’est l’objectif du morceau fantastique qu’Éric a écrit. Et d’ailleurs, il a tout écrit.
WS : Vous faites peu de reprises.
Un peu quand même :
JP : On en fait, mais la plupart des compos sont amenées par Eric, puis chacun y met sa sauce, mais c’est quand même Eric qui nous dirige.
EB: Je suis le directeur artistique.
JP : Et sportif, car il est membre de l’équipe de France de…
EB : Water-polo ?
JP : … punk rockeurs !
WS : En fait je posais la question, parce que beaucoup de groupes catalogués garage ont un répertoire composé en grande partie de reprises, je pense à Detroit Cobras ou Barrence Whitfield, par exemple…
EB : C’est marrant que tu parles de lui, parce que quand on a commencé le groupe, c’était un peu l’idée. Il n’y avait pas beaucoup de groupes qui mélangeaient du Rythm and Blues noir avec l’énergie du punk. On a d’ailleurs commencé en faisant des reprises de Barrence. Notre tout premier concert, on en faisait 4 ou 5 reprises, et puis finalement on a joué avec eux il y a 3 semaines.
JP : C’était fantastique ! (s’adressant à U.T.) je me rappelle le début du groupe, on essayait des chansons, et puis on voulait faire du wild Rythm and Blues, du Rock and Roll, et puis on a trouvé petit à petit notre identité.
WS : On sent bien l’influence punk rock.
JP : Je crois qu’on le doit pas mal à la basse, et même à la section rythmique d’ailleurs, vous êtes notre côté punk.
Les saucisses, un antidote aux invasions de nuisibles.
WS : D’où vient votre nom ?
JP : Ben c’est Eric, encore une fois, qui a tout créé, l’univers, le nom. Les cumberlands, ce sont des saucisses britanniques, mais à mon avis, c’était pour enlever le caractère un peu trop sérieux et, comment dire ? Dangereux du Rock and Roll. À mon avis, il (Eric) en a eu marre de voir des nazis débarquer et qu’il y ait des bastons aux concerts, et King Salami, ça a mis tous le monde d’accord.
WS : Il y avait beaucoup de faf dans vos concerts ?
JP : Eux (U.T. et Eric) ils jouaient dans des groupes de punk avant, et Eric me disait qu’il y avait des fachos qui se pointaient et voulaient entendre du Screwdriver, et ça partait en sucette, pas des gens gentils.
WS : Vous jouiez dans quels groupes ?
U. T. : Chinese Lung
JP : Fantastique!
Et c’est vrai. La preuve :
WS : Bon, j’en perd mes questions…
EB : Qu’est-ce que ça t’a apporté la fac d’Anglais alors ?
WS : Quelques années de vacances.
(rires)
EB : T’as continué ?
JP : Ouais, à notre tour de poser des questions !
(rires)
WS : Mais m…de j’ai perdu le fil (tendu) mes questions maintenant…
JP : On parlait de quoi ? Des nazis, non ?
WS : Oui, il fallait saper toute tentative de sérieux, se servir de cette imagerie propre au garage, ce mélange de Rythm and Blues, de motifs panthères, de trucs un peu décalés, non ?
EB : Avec sa dégaine, on pensait à des groupes un peu calypso, Prince Buster,Lord Kitchener, on trouvait que ça collerait à son image…
La conversation dévie (une fois de plus), notamment sur l’encombrement des vinyls comparés aux CD, puis vient l’heure où il faut regagner qui sa loge, qui sa fosse, et nous nous séparons sous le soleil les nuages la pluie la soirée chaude et lourde, typique de ce climat tropical qui sied si bien au King et à ses cumberlands. Le concert a été chaud. La preuve :
Merci aux trois membres présents et à l’absent excusé pour cause familiales, c’était un fort bon moment.
Liens :
https://www.facebook.com/pg/KingSalamiandtheCumberland3/about/?ref=page_internal
L’asso organisatrice de la carte blanche (on reviendra dessus à la rentrée avec une petite rencontre avec Joachim, hein Joachim?) :
https://www.facebook.com/reviens.gamin.7?fref=search
Pour ceux que l’histoire du rock made in France (et in Tours) intéresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Portobello_Bones