Voilà bien des semaines que je ne vous avais pas écrit et, je dois bien l’avouer, vous m’avez manqué. Durant ces semaines, j’ai vagabondé de soirées en soirées avec à chaque fois une question qui me revenait aux oreilles : “Tu vas à Sweatlodge Party ?”
Une question qui revenait de plus en plus sur les lèvres des amis et des inconnus devenus connus au cours d’une soirée. La Sweatlodge Party vous m’avez dit ? Je ne connais pas ! Vous non plus ? C’est parfait, allons-y ensemble.
Nous sommes le 16 février, le soleil nous livre un incroyable coucher faisant du ciel bleu azur un dégradé d’orange sous des températures de printemps. Les bonnes ondes sont partagées dans la rue, on peut les lire à travers des sourires, rêvant tous secrètement d’allumer un barbecue pour prolonger cette belle fin de journée tant appréciée. Il est 22h et me voilà prêt à partir pour LA Sweatlodge Party au Stereolux.
La Sweatlodge party est organisée par le collectif Sweatlodge. Jusque-là, on peut le dire, ils ne se sont pas foulés sur le nom. Quoique, je comprendrai au cours de la soirée que “Sweatlodge” (en français : “Hutte à sudation”) prend tout son sens lors de leurs événements. Ce collectif créé en 2005 est devenu au fil des années une plateforme de production dédiée aux cultures sound system et aux arts forains. NON, ne ferme par cette page, car nous allons sortir des clichés très vite. L’association travaille principalement sous chapiteau en extérieur pour une question de liberté et produit ses propres artistes. Ils sont plus de 70 à s’activer en coulisses pour proposer de tels événements. Afin de se professionnaliser, Sweatlodge organise de magnifique fêtes techno déguisées : Les Sweatlodge Party !
J’arrive au Stereolux sur les coups de 22h30, les portes sont déjà ouvertes et il n’y a pas foule. L’occasion pour moi de faire un tour dans ce labyrinthe où l’on retrouve plusieurs lieux de fêtes. Le Hall, la salle micro et la salle maxi. Cette dernière livrera ses secrets à minuit pile.
Salle micro
Nous voici dans la salle micro du Stereolux difficilement reconnaissable puisqu’un mur de son est installé vers la scène, qui elle-même est cachée par un mur décoratif qui prendra toute la lumière de la salle. Les artistes, eux, ne sont pas sur scène mais au cœur de la salle et du public. Une disposition originale qui nous permet de circuler autour d’eux tout en dansant au rythme de leurs notes. Bethsabee commence très fort la soirée. Cette rappeuse, chanteuse et compositrice de Poitiers influencée par la Dub s’inscrit dans l’univers du Hip-Hop avec son dernier album “NUT” qu’elle a autoproduit. Le résultat est bien là en live avec son énergie débordante qui fait monter la sauce. Au bout de quelques minutes, la salle est remplie d’individus admiratifs face à cette effervescence. Seule sur scène avec ses machines et un micro en main. On retrouve également des influences dub step, drum n’bass et jungle tout en préservant une grosse partie électro dans son set. Sa voix fait toute la différence et vient aboutir sa musique à merveille. Elle cèdera sa place à Good Morning Africa et Les Fantastiks qui continueront à retourner le public.
Hall
Étouffé par toute cette chaleur humaine dégagée, je me dirige vers le bar pour un petit rafraîchissement. Malheur (ou plutôt bonheur) ! Je tombe sur El Maout qui commence son set dans le Hall. D’un côté, à 2 mètres de moi, le bar me fait signe de tomber dans ses bras dans l’optique de ne pas me déshydrater. De l’autre côté, j’entends ces loops qui tapent sur ma tête, accompagnés de beats et d’une voix aiguë, m’obligeant à renoncer à une bière fraîche et à me tourner vers El Maout. Lunettes d’aviateur débridées, blouse bleu de travail et un sourire qui ne décroche pas de son visage, sa mimique et sa musique font vibrer des gens de passages dans ce hall, qui d’ailleurs deviendra un lieu de représentation à part entière. En effet, El Maout captive le public en faisant de l’électro vocal avec sa loop-station. Son personnage dévergondé mais apprécié nous laisse imaginer qu’il a un don pour la musique mais pour le théâtre également. Très vite je comprendrai que l’impro est une évidence pour lui. Ce mouton bleu de Bretagne « débeat » (ou débite) son Hip-Hop électro. A mes côtés, une jeune fille admirative, qui n’a d’yeux que pour lui, me confiera que c’est un beatboxer reconnu en Bretagne. Je la crois sur parole et resterai scotché par la belle prestation d’El Maout.
Evidemment, l’appel de la bière fraîche a repris le dessus et c’est le moment ou jamais pour en profiter. D’ailleurs, je ne vous ai pas parlé d’un point essentiel de la soirée. Aux Sweatlodge Party, on vient déguisé. Et ce n’est pas ces fameuses soirées où l’on trouve un déguisement une heure avant l’événement… Non, non, chacun travaille parfaitement sa tenue et le résultat est incroyable ; c’était le carnaval avant l’heure. Les couleurs des déguisements et des lights se mélangent à merveille avec une tendance cette année… Le gilet jaune, plutôt omniprésent ! Finalement, cette règle permet de créer une communion entre tous les participants de la soirée et de faciliter les échanges. Combinaisons de ski, hippies, tenues moulantes en passant par le sublissime costume de lémurien, vous vous doutez bien que je n’étais pas déguisé au cœur de cette masse tant agitée et excitée par cette soirée. Soyez rassurés, je finirai la soirée recouvert de paillette dans l’idée d’être corporate.
Salle Maxi
Minuit a sonné et la salle maxi a déjà ouvert ses portes. Il y a une foule immense dans la fosse et la couleur rouge prédomine dans la salle avec ses faisceaux lumineux et sa projection sur écran en guise de décor. Minimum Syndicat lance les hostilités et leur univers underground nous emporte dans notre imaginaire, créant une téléportation vers un hangar désaffecté où je vois déjà un levé de soleil derrière des carreaux cassés après avoir festoyé toute une nuit. Le duo, enchaîne les titres et nous offre un live digne d’une bonne rave que l’on aurait aimé vivre. C’est une vraie musique énergique qui parle à notre tête mais également à nos pieds, (croyez-moi) tout en restant très narratif. Si l’on tend l’oreille, on pourrait y voir des influences punk/garage à la The Cramps ou The cure pour l’oreille électronique, un pur plaisir.
Soudain, l’ambiance change complètement. Une lumière blanche illumine le centre de la fosse où l’on voit une table préparée pour le dîner. C’est à cet instant que la musique se joint à la théâtralisation. Des comédiens viennent s’y installer et commencent à manger. L’action se passe au ralenti sous les yeux ébahis du public. Un cercle est tracé autour de cette scène familiale. L’un boit du vin rouge alors qu’un autre dévore son repas. De l’autre côté de la table, une femme sert une soupe. Très vite on comprend que le repas dérape. Toujours en musique, les personnages s’emportent au cœur de la salle de concert. L’un monte sur la table et d’autres sur leur chaise. La musique reprend ses droits et le décor s’efface après une performance totalement inattendue et très applaudie par la foule. D’autres prestations seront réalisées durant la soirée. Dans la salle maxi, Discord puis Zoltan se produisent. C’est depuis le balcon que j’apprécie le spectacle et que se termine la soirée.
Une soirée incroyable, très appréciée par tous et dont le seul mot d’ordre est : ”Faisons la fête ensemble”. Sweatlodge le fait très bien et démocratise le genre musical si souvent épinglé par des pseudos clichés que nous pouvons avoir sur la techno, l’électro et les cultures sound system. Une soirée affichée sold out avec plus de 1 500 personnes qui ont intégré la “hutte à sudation” le temps de quelques heures et en toute simplicité sans usage de plantes psychotropes. Une merveilleuse soirée où la musique, l’art et le partage sont les bases d’une bonne Sweatlodge Party.
Suivez-les :
Prochain événement de Sweatlodge :
- 13 Avril en Île-de-France