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Stupor Machine, le grand retour d’Eiffel

Stupor Machine, le grand retour d’Eiffel

Eiffel sort son sixième album studio ce vendredi 26 avril, et une chose est sûre, ils ne sont pas revenus pour faire de la figuration.

Eiffel - Stupor Machine photo promo 2019
Eiffel – Stupor Machine photo promo 2019

Après une pause de 6 ans (Foule Monstre, leur 5ème opus sortait en 2012), chacun des membres ayant fait son petit chemin en solo, ils reviennent avec leurs basiques. Et le talent de la plume de Romain Humeau, ce poète rockeur aux influences très éclectiques (De Brel à David Bowie, en passant par Prévert, Vian ou encore Calaferte pour ne citer qu’eux) déverse dans ses chansons une compréhension trop profonde de la réalité.  Quelque part cette torture, on la remercie, car il la sublime avec manière à chaque fois, et cela donne encore un bel opus pour ce groupe de rock qui n’a pas sa langue dans sa poche !

Eiffel, pour ceux qui ne font pas parti des ahuris (c’est comme cela que se nomme le groupe de fan du groupe), c’est un rock énervé, mais pas que. Ce sont aussi des notes envolées, touchantes, profondes. Un leader charismatique recherchant la perfection musicale et textuelle dans chacun de ses morceaux. Leur musique est colorée en fonction du climat socio-économique, mais aussi politique. (Autant dire que l’on écoute pas Eiffel pour se détendre et écouter des chansons à l’eau de rose.) Des textes qui dépeignent un monde effrayant, désespérant parfois, et soulignent à maintes reprises les travers, et parfois la perversion de l’être humain.

Petit retour en arrière – Abricotine à Foule Monstre

Le groupe né en 1995, créé par Romain Humeau et Nicolas Courret. Les deux potes se lancent dans cette aventure musicale sous le nom de Oobiks and The Pucks. Estelle Humeau, l’épouse de Romain et musicienne aux horizons classiques et baroques arrivera quelques temps après. Les débuts du groupe sont pour le moins bien difficiles. Une relation à la machine commerciale des maisons de disques déjà à l’époque bien foireuse, la bande aura du mal à trouver sa place dans ce monde musical, si dénué de sens quand la machine à fric vient mettre son nez dedans.

Un EP est sorti malgré tout de ce bric à brac en signant chez WEA, une filiale de Warner, mais n’obtient pas le succès attendu (surtout de la part de la maison de disque) et après une petite et colérique intervention d’Estelle, quelques concerts et singles plus tard, le groupe se fait tout simplement virer de WEA.

Qu’à cela ne tienne, Romain Humeau ne se voit pas faire autre chose que de la musique, et motive sa petite troupe pour trouver des solutions. Première étape, le changement du nom du groupe. Eiffel est né, mais l’essence musicale et les lignes directrices de travail resteront les mêmes. Un home made musical se met petit à petit en place chez les Humeau, la création d’un label qui n’aboutira finalement pas, l’amour de la musique finira par sortir vainqueur en 2001 avec le premier album Abricotine, sorti avec Labels. Dans cet album, on retrouvera l’un des plus grand succès du groupe ;  Te revoir, mais aussi d’autres petites perles comme Hype, Inverse-moi, ou encore Abricotine& Quality Street.

Abricotine - Eiffel 2001
Abricotine – Eiffel 2001

La renommée du groupe se fait très gentiment.

Il ne se passera qu’un an et demi entre le premier et le deuxième album, la machine Eiffel est lancée et nous laisse découvrir en septembre 2002 Le ¼ d’heure des ahuris, avec quelques tubes bien piquants comme Au néant, T’as tout, tu profites de rien, et la sublime Tu vois loin, écrite pour la fille de Romain et Estelle Humeau.

Le troisième album Tandoori sort en 2007. Il surfe sur les mêmes vagues musicales que ses prédécesseurs. L’ADN du groupe reste le même :  des prises de consciences, les contresens du monde et toujours cette énergie folle dans les textes et sur les instruments. C’est à cela que l’on reconnaît ce groupe qui peine (malheureusement) à percer sur les grandes scènes et sur les ondes françaises.

Mais le parcours est rempli d’embûches, et c’est pour le coup dans un contexte rock’n’roll que le groupe devra continuer son chemin. En effet, après ce 3ème album, le groupe n’a plus de maison de disques. Labels s’étant fait manger par les gros de l’industrie, Eiffel se retrouve encore confronté à la machine à fric de l’industrie musicale. Loin s’en faut pour Romain et ses partenaires, puisque c’est dans la maison bordelaise du couple Humeau que se réfugie la petite troupe, aidée par des copains musiciens pour plancher sur le prochain album. Parmi ces potes zikos, il y a Bertrand Cantat. Ce mec sera d’une aide précieuse pour Eiffel afin de faire des arrangements, redonner un nouveau souffle au groupe et une nouvelle direction musicale, tout en gardant la patte Eiffel.

PIAS donne sa confiance au groupe, ce qui lui permettra de sortir en 2009 le magnifique album A tout Moment. Dans cet opus, on retrouve cette chanson : A tout moment la rue.

Bouleversante, mélodique, et si ancrée dans le présent. De l’espoir dans cette vie si déroutante. On peut y entendre d’ailleurs la voix de Cantat dans les chœurs sur la version album. Cet album donnera enfin une place plus digne de ce nom à ce groupe talentueux. Les passages en radio se font plus nombreux, les médias s’y intéressent enfin.

Suite à cet album suivra Foule Monstre en 2012, qui continue à installer Eiffel sur la scène française rock, des constructions musicales perfectionnées. Place de mon cœur représente bien la direction musicale du groupe, des textes qui viennent eux aussi, toujours du cœur.

Alors, ce 6ème album, il donne quoi ?

De la bombe baby !

Ayant eu la chance d’avoir eu Eiffel dans les oreilles assez jeune, je suis bien heureuse d’avoir pu découvrir ce nouvel album, de pouvoir le décortiquer, car, oui, c’est une très belle réussite. Ils se sont accrochés les gars, et au fur et à mesure des albums, ils ont pris de l’aisance dans les constructions musicales, eh bien pour 2019, c’est pari réussi.

Cet opus démarre très fort avec Big Data. A l’image de cette société qui a bien bougé durant cette dernière décennie. Révoltés, enragés, c’est la technologie 2.0 et tous ses travers qui en prend pour son grade, le voyeurisme dans lequel l’être humain évolue désormais.

Cascade, le deuxième titre de cet opus, est déjà accessible en écoute. Un son pop rock bien accrocheur qui ne laissera pas les ahuris indifférents :

Dans l’ensemble, ce 6ème opus marque bien la colère dégagée par la plume de Romain Humeau. Manchurian Candidate est là aussi une chanson bien énervée, une petite touche anglaise, avec un petit pont plus mélancolique. Ce rock agressif, on le retrouve aussi dans Miragine, l’un des titre les plus prometteurs de l’album. Petit cadeau au système politique bien huilé, les médias, passant par le triste 7ème continent. Des jeux de mots à tue-tête, exercice très bien maîtrisé par Mr Humeau.

Entre les deux, on retrouve Chasse spleen : que je vous laisse également découvrir :

Tout au long de l’album, on voyage entre ce rock agressif si dénonciateur des vices ; comme Escampette, ou encore Pêcheur Pêcheur, mais aussi des chansons plus calmes gardant cette ambiance rock avec N’ai rien à Craindre, Chocho, ou encore Hôtel Borgne. Malgré tout, la touche plus mélancolique n’est jamais loin, et nous nous retrouvons avec des morceaux faisant monter une tristesse bien présente dans les mots de Humeau, comme Gravelines.

Oui, le 9eme titre de l’opus, est ma petite préférée. On y joue avec les époques. Même dans les époques d’Eiffel. Cette chanson me semble être comme une suite à cette très belle chanson de 2009 A tout moment la rue. Mais là, c’est plus une fatalité qui est posée, pour dire que finalement, la rue semble avoir dit oui à ce système qui nous tue à petit feu. Peut être qu’il s’agit aussi d’un oui à la résilience…

Enfin, cet album se ferme sur le titre Terminus, un très beau titre pour terminer en beauté cet album cohérent dans sa structure, qui suit bien une ligne directrice de dénonciation de cette vie 2.0 pas si belle qu’elle semble tant vouloir le montrer. Ce final d’album m’a fait monter les larmes aux yeux, m’a donné la chair de poule. Sa construction crescendo, piano et violon, ses paroles, font monter tellement d’émotions, un très grand final.

Parce qu’à chaque fois qu’Eiffel fait de la musique, ce n’est pas pour nous mentir, pour nous chanter l’amour de la dernière nana croisée. Eiffel, ils ont ce talent de nous ramener bien les yeux sur Terre, si on sait écouter les mots, écouter les messages sous les poèmes torturés. Clairement Eiffel est énervé, triste, désespéré de cette réalité, et ont les « couilles » de ne pas détourner le regard face à la civilisation de l’obscurantisme.

Voilà c’est dit.

Allez acheter le CD, bande de naïfs ! C’est un bon investissement pour les oreilles, pour les tripes, et pour la tête.

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