Nous avons eu la chance et l’honneur d’interviewer Maxime Gendre, Elliot Berthault et Simon Dubourg, membres du groupe RENDEZ VOUS un peu avant leur concert remarqué lors de la soirée Punk / Rock au 22 dans le cadre du Printemps de Bourges 2019. Crée en 2012, les 5 parisiens montent en puissance tant par leurs prestations scéniques que par la qualité de leurs différents EP et de leur premier album sorti en 2018 Superior State.
Les présentations faites, place à l’interview :
Weirdsound : Pour commencer une question qu’on doit souvent vous poser, mais comment vous êtes-vous trouvés ? Potes d’origine, ou collègues de soirée underground parisienne ?
Maxime : Francis et Elliot se connaissaient et ont créé le socle de RENDEZ VOUS en 2012. On a rejoint le groupe avec Simon la même année. Mais grosso merdo, RENDEZ VOUS est une bande de plusieurs potes qui se sont retrouvés sur Paris. Francis connaissait le mieux tout le monde et a fait l’assemblage.
WS : Vous vous êtes orientés directement sur ce son post-punk / cold wave ?
Maxime : Oui, mais à l’époque, notre approche était un peu plus synthétique quand même. C’est vrai qu’on avait une tendance d’origine à kiffer ce style musical EBM (Electro Body Music). Bien entendu, on était influencé par plein d’autres genres musicaux qu’on aimait.
Le Donjon…
Lecteur… L’interview, bien que court jusque-là, fut… pour le moment, des plus soft… Maintenant, si tu n’as pas ton brevet des collèges, si tu as eu une éducation judéo-chrétienne ou si tu votes Christine Boutin (pour ses idéaux ou son bagou)… passe ton chemin ou avance de quelques lignes vers le bas à un endroit indiqué par ton serviteur. Pour vous autres, nous vous rappelons que le dialogue et les actes décrits sont réalisés par des professionnels et que vous ne devez en aucun cas les réaliser chez vous.
WS : Vous vous êtes rencontrés… vous aimiez un genre musical similaire… C’est donc à ce moment-là que vous avez commencé à répéter sur Paris dans une cave mitoyenne à un donjon SM ?
Maxime : (Rire) Ah yes, vous avez trouvé ça ! En fait, ce n’était pas notre premier lieu de répétition, on a investi ces lieux lors de la préparation du 2ème EP Distance, vers 2015 à peu près. On louait une cave super chère, toute petite, mais positionnée à Bastille… c’est surtout ça qui était cool… Par contre, elle était hyper humide…
Simon : Enfin… cool, cool,… ça puait la merde… il y avait un problème de chiotte… ça puait c’était horrible…
Maxime : Ouais, je me rappelle qu’il y avait un sani-broyeur.
Simon : Bon bah par contre, on avait des voisins… sympas.
Rire…
WS : Du coup, ça compensait ?
Maxime : C’était complètement improbable…
WS : … mais en même temps les soirées de répétitions devaient être supers sympas ?
Simon : Non mais attend… même des 13h, tu entendais des bruits… de bouts de cuir qui tapent la peau…
Elliot : Enfin, c’était plus que des bruits de cuir, tu entendais une sorte de roulette à cuir (Elliot fait un bruit de répétition frénétique avec la langue en faisant tak tak tak)
Rire général
Elliot : On se demandait qu’est-ce que c’est que ces bruits ? Qu’est-ce qu’ils foutent là-dedans ? Bref, des bruits qui éveillent les fantasmes.
WS : Certains sortaient en sueur et un peu rouge ?
Elliot : Carrément… y avait des vieux aussi… mais du genre vieux-vieux. Et des fois… ils étaient beaucoup…
Maxime : Et je ne sais pas si vous vous rappelez mais il y avait une machine… enfin… on entendait qu’il y avait une machine (rire)…
… et des mecs qui réglaient cette machine avec une meuf qui devait être installée dessus…
Simon : Bah vas-y… va au bout de ta pensée.
Maxime : … Du genre, … « Madame, ça va la tension du ressort ?
Rire
Elliot : Enfin, en même temps, je t’avoue moi, je suis un peu dèg… vraiment dèg de pas avoir été curieux.
Maxime : Arrête ! On était super curieux… mais bon, on n’a pas toqué à la porte.
Simon : Peut-être maintenant… on l’aurait fait… bourré. Mais bon à l’époque, on était comme des gamins.
WS : Vous auriez pu vous faire passer pour les mecs qui règlent la machine ?
Rire
WS : Un peu de regret ?
Simon : C’est surtout le regret du mystère qui reste. Enfin, une fois on a vu un tout petit peu.
Elliot : Enfin, c’était pas fou ce que l’on a vu… Un matelas…
Maxime : Oui… mais je pense que la machine était dans un angle mort.
Rire…
Focus sur l’album Superior State et les créations vidéos de RENDEZ VOUS
Ames sensibles ou mineurs, vous pouvez reprendre votre lecture ici :
WS : Bon, revenons-en à la musique, on retrouve une certaine cohérence dans Superior State, un peu comme dans l’EP Distance d’ailleurs. L’album, bien que percutant, semble très équilibré. Comment décrieriez-vous votre positionnement par rapport à ce dernier album ? C’est une fierté, une étape,… ? Vous vous y retrouvez ?
Maxime : Le fait de faire un album cohérent était un peu le défi du projet. De nombreuses de nos créations ont des inspirations différentes, alternant entre l’indus, le shoegaze, de l’énervé… Notre grande difficulté est de mixer l’ensemble de ces genres musicaux qui nous représentent pour l’unifier dans un album de manière cohérente pour garder notre identité.
WS : Mais avec Distance, vous aviez déjà fait un premier pas vers l’équilibre et la cohérence ?
Elliot : Oui c’est vrai, plus que le premier EP, c’est clair (NB : Rendez-Vous sortie en 2012)
WS (John O’Cube) : Au niveau de Superior State, la pochette est… assez trash ?
WS (Elan Bleu) : C’est une pochette SM ?
Rire
Maxime : Enfin, c’est plutôt une défenestration.
WS : Quand on regarde vos clips aussi notamment Double Zero, on a une impression de revendication anti-vegan, anti-boucherie, anti-sang ?
Maxime : Le clip n’a pas forcément été créé dans le cadre d’une revendication ou d’un clip pro ou anti-viande. On a cherché une manière d’imager l’addiction humaine en général.
Simon : Nous avons également mis en avant la matière, l’esthétisme…
Elliot : Il faut savoir que dans le clip, ce n’est que de la viande humaine.
Double Zero – Superior State
WS : Ah oui, ça rend la vidéo d’autant plus impressionnante! Bon, vous avez par ailleurs pas mal d’autres clips assez stylés. Distance, Sentimental,... Il existe un côté artistique et assez recherché dans l’ensemble. Vous êtes accompagné ? Ce sont vos idées ? Comment vous bossez là-dessus?
Elliot : Ce sont souvent nos choix, même si sur Sentimental Animal on la fait réaliser par Samuel Rixon en un plan-séquence (NB : la prise vidéo s’effectue en une seule fois et est visuellement sans aucune interruption) mais ça restait notre idée de base. Et pour tous les clips précédents, on s’est toujours impliquée systématiquement sur cette idée de base et nous les avons par ailleurs tous réalisés.
Sentimental Animal – Superior State
WS : Je reviens un peu vers l’album. Deux morceaux sont un peu plus « soft »: Order of Bael et Last Stop. C’est une volonté de votre part d’insérer des morceaux plus mesurés dans Superior State ?
Maxime : En fait, cela nous semble naturel d’avoir intégré ces 2 morceaux. Nos influences vont également vers des morceaux plus lumineux, plus cool. Pour Last stop par exemple, on partait sur l’idée d’un morceau assez shoegaze, travailler sur le tempo avec un BPM qu’on a moins l’habitude d’utiliser.
WS : Et vos parents vivent bien le fait que Last Stop soit en Explicit Lyrics ?
Simon : Ah ouais sérieux !
WS : Enfin Spotify l’indique tel quel…
Elliot : Sérieux, c’est chelou, y a rien de trash.
Maxime : Oui, on doit dire « Fucking machin-truc » à un moment.
Rire
WS : Vous disiez que vous aviez de nombreuses influences. Mais vous écoutez quoi comme groupe ?
Maxime : On écoute un peu de tout, forcément pas mal de groupe cold-wave et post punk. Mais également on apprécie les musiques électroniques, les groupes 90’s, du classique, de l’ambiant.
WS : Vous n’avez pas une passion honteuse. Lorie, je sais pas ?
Simon : Non, mais on adore Ana Yakamura…
Rire.
WS : Il parait que vous préparez un featuring avec elle. Vous pouvez nous en dire plus ?
Simon : Ça c’est un scoop.
WS : Vous êtes en phase de réflexion ?
Elliot : Ouais c’est ça… Rire
Simon : Enfin bon, si on a des passions honteuses mais assumés complètement.
WS : Oui donc c’est plus honteux si c’est assumé.
Rire
Publics, concerts et tournée mondiale…
WS : On vous avait vu au Stereolux à Nantes. Le concert était blindé. Vous avez une musique qui devrait s’apparenter plutôt à une musique de trentenaire. Je ne sais pas si cela s’est maintenu sur vos différentes tournées, mais à Nantes le public m’a semblé relativement jeune ? C’est une tendance récente ?
Maxime : Ce n’est pas partout pareil.
Elliot : Perso, je trouve qu’effectivement notre public s’est rajeuni depuis un an.
Maxime : Ah tu trouves ?
Elliot : Le public est effectivement de plus en plus jeune, du 17-18 ans.
WS : C’est peut-être le featuring avec Aya Nakamura qui vous ramène un public de teenager ?
Rire
Maxime : L’idée ce serait de diminuer encore l’âge !
Simon : Ce qui était le plus chelou, au niveau de notre tournée dans les pays de l’est, c’est que les spectateurs était vraiment vraiment très jeunes… du genre 16-17 ans.
WS : Woh les gars… on veut pas tout savoir. Vous faites ce que vous voulez dans les pays de l’est?
Maxime : Bon ca sort du contexte la ! Rire…
Simon : Là au montage… ils peuvent faire ce qu’ils veulent : « Cave SM check… Aya Nakamura Check… Pays de l’est 16 / 17 ans check… Bon et bien RENDEZ VOUS… merci pour cette interview, nous avons tout ce qu’il nous faut… »
Elliot : The Real Story of Wonderland ?
Rire.
Elliot : Non, pour revenir sur Nantes c’était assez jeune.
WS (John O’Cube) : Ouais, perso je me suis retrouvé dans les 3-4 premiers rangs, la population avait moins de 20 ans, 20 cm de moins également, ça bougeait, ça transpirait. C’était bien cool cette ambiance, même si certains et certaines repartaient en mode évacuation après quelques morceaux…du fait des coups de chaud attrapés pendant les pogos.
Maxime : Finalement ça dépend vraiment des villes, j’ai pas l’impression qu’il y a une tendance. Mais nous on aime bien, le fait de voir des kids qui bougeottent devant nous.
WS : Du coup, on a pu voir également que vous partez bientôt en Chine (tournée en mi-juin 2019 d’une semaine)? Comment vous avez pu être connu là-bas ?
Maxime : En fait, un promoteur franco-chinois a déjà fait tourné quelques groupes français notamment KVB et s’est spécialisé là-dedans. Il était intéressé par RENDEZ VOUS et nous l’a donc proposé.
WS : C’est le même mec qui a fait tourner le Villejuif Underground ?
Simon : Ah oui c’est vrai qu’ils avaient tourné la bas.
Elliot : Le Villejuif là-bas, ça doit être che-lou… Enfin la tournée est également en partenariat avec l’Alliance française.
Maxime : Non, lui il avait fait KVB, A Place To Bury Strangers, Sunns,…
WS : Mais là-bas, ils vous connaissent ?
Maxime : En fait non… en Chine, il y a ni Spotify, ni YouTube. C’est normalement impossible qu’ils nous connaissent. Mais le mec qui nous fait la promo, fait en sorte que le public ait accès à nos titres et nos morceaux pour remplir un peu les salles lors de la tournée.
WS : Et vous pensez qu’il y aura un public ?
Maxime : On verra… Rire…
Elliot : En même temps, on ne va jouer que dans quelques villes. Et en Chine, même une ville moyenne on est facile sur du 10 millions de personnes, donc t’as forcément des gens qui écoutent une musique similaire.
Simon : Après si il nous le propose, c’est qu’il y a forcément du monde pour venir voir des groupes comme nous et les salles doivent se remplir.
WS (Fatherubu) : Pour un succès assuré… Vous faites 2 titres que vous sortez en chinois sur un EP…
WS (Elanbleu) : …et vous intégrez des pikachu,… ah non merde c’est pas la Chine.
Rire
Elliot : C’est l’Asie plus globalement.
WS : Ce doit être intéressant de voir des Chinois Punk et rebelles ?
Maxime : Au Japon, oui il y en a… en Chine je me rends pas compte… Il doit y en avoir, mais ils n’ont pas du forcément avoir la chance de pouvoir avoir accès à ce genre musical.
Simon : Non, je pense qu’ils doivent être un peu bridé par le régime…
Elliot : Ah pas mal…
Simon : Merde, j’ai pas fait exprès.
Rire.
WS : Pas trop de craintes d’aller là-bas et de partir aussi loin en tournée ?
Maxime : De la crainte, non. On s’est juste pas trop à quoi s’attendre.
Simon : Juste d’un point de vue logistique, c’est un peu complexe. Pour le déplacement du matos c’est relou (autorisation, visa,…). En dehors de ces aspects, c’est plutôt cool.
Distance – EP Distance
Le label Artefact
WS : Vous bossez du coup pas mal avec l’Alliance Française. Mais vous avez également votre propre label ? Vous gérer directement vos tournées ?
Maxime : Non, on bosse avec un Booker depuis pas mal d’années qui a une structure qui s’appelle Voulez-vous danser ? L’album on l’a fait avec notre structure ATF (Artefact), en co-prod avec une nouvelle structure CryBaby, créé par Stéphanie Fichard, une co-créatrice du label Kill The DJ sur Paris. On souhaitait créer notre label mais on avait besoin d’être épaulé quand même par des professionnels qui ont de l’expérience dans le label management et également trouver un distributeur. On ne se sentait pas de gérer à la fois le label, ni le réseau, et nous n’avions pas forcément l’expérience. Donc pour synthétiser, c’est une collab entre nous et CryBaby qui gère tout l’aspect label management.
WS : Du coup, vous avez votre liberté et votre autonomie?
Maxime : Oui effectivement, cela nous donne la possibilité d’avoir notre indépendance au niveau du calendrier de sortie, de nos choix musicaux,…
C’est ainsi que se finit notre interview. Les échanges se poursuivront ensuite sur les écoutes musicales actuelles respectives, les concerts, mais également des sujets bien plus recherchés tel que les pneus d’avion, les usines d’armement, le patrimoine français… Un grand merci à l’équipe de RENDEZ VOUS pour leur disponibilité et cet excellent moment passé avec eux.
Le soir même, le groupe jouait donc à la salle du 22, pour un set à la fois électrique, sombre et stromboscopique. On en a pris plein les mirettes. Je ne peux que vous re-dirigez vers le live report du Printemps de Bourges ici.
De notre côté, on a hâte de revoir ce groupe en plein rampe de lancement. Ils écumeront les festivals de l’été notamment :
- Le Festival Beauregard le 7 juillet 2019
- Le Festival de Dour le 11 juillet 2019
- Terres du Son le 13 juillet 2019
- Le Paleo Festival le 25 juillet 2019
- Le Sziget Festival le 13 août 2019
- Le Cabaret Vert le 23 août 2019
Vous aurez peut-être également la chance de pogoter, transpirer et d’en prendre plein les yeux et les oreilles lors de leur date à la Cigale le 29 janvier 2020.
Enfin, nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter ou réécouter leur album Superior State et leurs deux EP (Distance et Rendez-Vous).