Primavera Sound 19ème du nom: Let’s go!
La capitale catalane accueille pour la 19ème fois le Primavera Sound. Le festival de musique indé dure en tout et pour tout du lundi 27 mai au 3 juin 2019 au petit matin. 7 soirées, 226 groupes passant sur 25 scènes (entre le site du Parc Del Forum, la Sala Apolo et quelques petits lieux disséminés en ville) et jusqu’à 250.000 festivaliers réunis sur la semaine.
Sur ces 3 premiers jours de festival, des découvertes, des têtes d’affiche (Mac DeMarco, Interpol, Courtney Barnett,…) de l’Electro (Nina Kraviz, Job Jobse,…) et plein de trucs trop bien !
Déjà 6 mois que Weirdsound écoute la programmation, et 2 semaines que je suis en mode hyper actif pour réussir à planifier et sélectionner précisément le programme à suivre minute après minute. Vous pouvez lire ou relire un article présentant les grandes lignes du Primavera Sound ici (si ça vous dit!).
Lecteur, ne m’en veux pas trop… 6 jours, cela va te faire un peu de lecture… mais sache que Weirdsound est entré au cœur des Primavera Sound et je vais tenter de te faire chavirer pour que, soit, tu revives un peu ton PS 2019, soit, que tu aies tellement envie de venir… que tu vas te jeter sur la billetterie qui ouvre demain (4 juillet 2019) pour la prochaine édition du festival (clique ici et… munis toi de ta mastercard)
27 mai 2019, Ouverture du festival, Barcelone pleure l’absence d’un représentant Weirdsound…
Pour la 1ère fois, j’ai décidé de maximiser ma présence au festival… Malheureusement, j’ai quand même loupé le lundi soir et l’ouverture du festival à la mythique Sala Apolo accueillant un grand habitué des Primavera Sound à savoir le groupe Deerhunter et son leader emblématique Bradford Cox dont le nombre de présences depuis la création du festival se compte en dizaine. Je verse une larme… et attend patiemment Check-In-Party en août pour les revoir.
28 Mai 2019, Barcelone accueille et fête la présence d’un rédacteur Weirdsound – Premiers concerts à l’Apolo.
Je suis arrivé en Espagne donc, mardi 28 mai pour ma « Decima » (10ème présence au festival d’affilée…) c’est difficile de raconter les fortes émotions à mon arrivée à l’aéroport El Prat. Les Catalans m’ont fait une haie d’honneur pour ma énième venue, le public était en liesse entre rire et larmes de joie. Le maire m’a de nouveau donné les clés de la ville, j’ai fait quelques jongles avec Messi (je lui ai passé un petit pont… mais le sujet n’est pas là) et une Catalane, la vingtaine passée d’une quinzaine d’année m’a indiqué qu’elle avait nommé son nouveau-né « Juan », en hommage à ma venue… j’étais décontenancé… je m’appelle « John », mais n’ai préféré rien dire…
Larmes à l’œil, déjà des images plein la tête, j’enchaîne métro – petit resto – hôtel puis direction l’Apolo pour 20h30.
Lonker See (Pologne)
Après la récupération du pulsera (le fameux bracelet), je me retrouve face à mon premier dilemme avec 2 concerts en simultané. La musicienne et productrice galloise Cate Le Bon sur la scène principale (Sala Apolo) et Lonker See sur La (2) de Apolo. Par chance, dès mon arrivée, j’entre directement par la Sala Apolo 2, devant l’un des titres des Polonais de Lonker See, comme tout le public, je suis directement transporté et mon dilemme est très vite oublié…
Des morceaux fleuves d’environ 15 min, au final en une sorte d’apothéose post-rock-jazz-ambiant. Hallucinante, magique, la chanteuse Joanna Kucharska (accessoirement guitariste rythmique et bassiste) a une voix suave et est entourée d’un batteur à la cadence métronomique, la lead guitare saturée est talentueuse et enfin le saxophoniste aux allures de 2ème ligne du Stade Toulousain part dans des impros qui harmonisent l’ensemble. Le public en redemande,… belle petite entrée en matière et belle claque musicale. Je ne peux que vous conseiller l’album de … 3 morceaux One Eye Sees Red.
We will fail (Pologne)
15 minutes d’attente devant la Sala Apolo 2… et j’enchaîne sur We Will Fail, dj polonaise (La Pologne est décidément à l’honneur à l’Apolo ce soir). A première vue, en découvrant Aleksandra Grünholz sur scène, j’aurais plutôt parié sur une institutrice à lunettes, bon vous me direz moi et les jeux d’argents j’ai encore perdu 8€ à l’amigo dans un PMU de Nemours en région parisienne le week-end précédent les Primavera Sound. Du coup… donc… euh…c’est pas du tout une instit…
We Will Fail nous embarque plutôt dans une ambiance très hypnotique et dérangeante, 3 minutes de concert et on se téléporte dans un blockhaus en friche en ex-URSS. La musique est très minimale et industrielle, les basses sont profondes. Quant à Aleksandra, elle fait preuve d’une concentration d’horlogère. Elle est méticuleuse, le moindre petit mouvement est calé au millimètre près… en gros, si vous vous attendez à voir C2C… vous allez être déçus.Pour ma part, enchanté par la découverte, et le set de 45 minutes. Et c’est d’ailleurs sur cette bonne note que je rentre retrouvé Morphée. La semaine est longue, ne l’oublions pas.
Mercredi 29 mai 2019 : Début des hostilités au Parc Del Forum
À Roland Garros, le mercredi 29 mai 2019 était synonyme de journée des enfants… au Primavera Sound c’est le jour de gratuité au Parc Del Forum (site principal du festival en plein Barcelone), accessible facilement en métro. Les programmateurs nous proposent donc sur 2 scènes quelques concerts. Possibilité surtout pour les festivaliers de récupérer leur bracelet par anticipation… et d’éviter les afflux aux files d’attentes des check-in du jeudi. Possibilité également pour les Barcelonais n’ayant acheté le fameux « pulsera » d’assister à des concerts gratuitement.
Les girls band à l’action
Entré 3ème sur le site (petite fierté), petit tour par le merchandising, puis direction scène Primavera, pour découvrir Mow qui a la lourde tâche d’ouvrir les hostilités. Pop douce espagnole, nous assistons avec mes copains de festival à 35min de concert tranquille devant un public finalement peu nombreux.
Un live et une musique assez standards : rien de bien transcendant et rien de bien désagréable. On profite du soleil et de notre première bière bien méritée… puis d’une deuxième également bien méritée.
On enchaîne sur Melenas, girls band rock espagnol me faisant penser à Mourn qu’on avait vu au Printemps de Bourges 2019 en avril dernier. Originaire de Pampelune, les 4 Hispaniques nous distillent un indé-rock bien agréable, avec un clavier en fond donnant des tendances 70’s à leur set. C’est énergique, pêchu, cohérent…!
Belle petite découverte… assurément, même s’il y a un petit effet Mourn : au bout de 20 minutes, les morceaux se suivent et se ressemblent. Pour synthétiser, c’est good, mais pas très très novateur!
A 19h15, on découvre le groupe Hatchie. Les sonorités musicales nous emmènent sur les standards des années 90’s (Jesus and Mary chain, Yo La Tengo, My Bloody Valentine)… mais la voix trop pop de la chanteuse nous ramène à la réalité… ça ne vaut aucun des 3 groupes précités. La jauge du public augmente et le soleil persiste.
Une fin de soirée alléchante à la Sala Apolo…
J’ai fait le choix de ne pas rester pour Cuco… groupe suivant sur Primavera, pour lequel je n’ai pas d’accroche particulière. Mon mercredi est synonyme de repos avant la grande messe annuelle qui démarre jeudi et le rythme 16h-6h pour 4 jours d’affilés. La soirée de mercredi s’est néanmoins poursuivie au Parc Del Forum avec Big Red Machine, groupe formé par Justin Vernon de Bon Iver et Aaron Dessner de The National. Idem, j’ai un petit souci perso (attention lecteur, cela n’engage que moi), avec la voix un peu auto-tuné de Justin Vernon.
Les plus téméraires pouvaient de nouveau rejoindre la Sala Apolo jusqu’au petit matin avec notamment un live de Fucked Up (punk hardcore canadien) vers 2h du mat puis… et là ce fut un déchirement de ne pas remettre le réveil à 2h du mat pour y filer… un dj set de 2h d’Apparat entre 3 et 5h.
Mais promis je me rattrape dès le jeudi. Du coup, une bière, une pizza avec l’une de mes co-festivalières Julie, une autre bière et dodo !
Jeudi 30 mai 2019 : Primavera… à l’atta-taque !!!
On rigole plus… le moment tant attendu arrive. Day One… on rentre dans l’arène. Je m’abstiens de rejoindre la zone Primavera Bits (zone électro… nommée également, le côté obscur mais j’y reviendrai) où des Dj Sets sur la plage démarrent tous les jours à 14h permettant aux festivaliers motivés de se baigner (et oui, les scènes donnent sur la mer), en buvant des Spritz (et oui, les bars vendent notamment des Spritz), en prenant des coups de soleil (et oui… à prendre trop de Spritz, on oublie qu’il faut mettre de l’indice 50), tout en écoutant du son électro…
Pour ma part, je me nourrissais en ville, pour faire le plein de protéines pour près de 14h de concert non-stop.
Le live intimiste de Bridget St John à l’Auditori
Je rejoins le forum et prends la direction de l’Auditori, (très) grande salle de concert fermée située sur le site du Parc Del Forum, où jouent généralement des artistes spécifiques plus propices à une ambiance feutrée qu’aux grandes scènes extérieures. Bridget St John joue à 16h pétante, accompagnée de Sarah Smout au violoncelle. La songwriteuse folk de 72 ans à la très longue carrière nous propose un concert magnifique, on entre dans un cocon, une petite bulle.
Sa voix à la Nico/Joan Baez nous ramène dans les plus belles heures de folk des années 60-70. Un moment chargé d’émotion, avec cette grande dame de la musique, protégée de John Peel. Mon voisin s’endort au 3ème morceau… c’est vrai que les sièges sont confortables mais bon… il va gérer comment Nina Kraviz à 4h du mat à ce rythme là…
Bridget St Jones se permet de jouer l’un de ses morceaux en français, Mon Gala Papillon. Excellent moment et très beau concert en tout cas.
https://www.youtube.com/watch?v=3bs3B3Q7Jc0
Une fin d’après-midi plutôt pépouze…
Je rejoins à 17h sur la scène Rayban, (scène emblématique des Primavera Sound car disposée comme un amphithéâtre donnant vue sur la Méditerranée… et clôturant le festival chaque soir) pour un court passage de 10 minutes pour un girls-band-rock espagnol Las Odios. Les filles sont survoltées. Les morceaux sont courts et expéditifs, mais bien dynamiques.
Une belle découverte avec Elena Setien
Je file déjà à la scène Adidas pour découvrir Elena Setien, espagnole installée depuis quelques années à Copenhague. Pop douce et mélancolique, portée par la somptueuse voix d’Elena et son piano vintage. On est peu nombreux à s’être déplacé… c’est assez dommage de passer si tôt dans la journée, Elena et son groupe n’ont pas la jauge de public méritée… mais on en entendra parler dans le futur. Très belle découverte, je vous laisse découvrir son morceau A Foreigner Like Me :
Des derniers applaudissements et je rejoins la scène Primavera pour le concert d’Alice Phoebe Lou, l’écoute d’album m’avait vraiment plu, je m’attendais à un rock décomplexé… et ça arrive… on peut être déçu. Et effectivement grosse grosse déception… Une sorte de jazz de film érotique des années 80… bref, il faut le dire quand c’est le cas… mais c’était bien bien ch… fatiguant. Et concernant la Alice… droguée ou pas droguée… that is the question… mais elle en faisait (beaucoup) trop. Elle finit quand même par son tube She. Mais bon… le mal est fait. (Lecteur, soyons clair… cela reste mon humble avis)
Rayban 18h10 : Soccer Mommy. Le groupe rock aux sonorités 90’s (du type Pavement, Jesus & Mary Chain, Stereolab,…) sonne plutôt bien et fait le taf. C’est propre, maîtrisé et professionnel.
Dream Wife : Art Brut de décoffrage…
Re-direction Adidas : pour Dream Wife qui nous distille un punk-rock-californien. La chanteuse Rakel Mjöll (avec un véritable effort vestimentaire… ) est un peu l’alter ego de Mac de Marco (niveau du bagou) et du leader d’Art brut Eddie Argos (niveau musical) avec une grosse dose d’ Amy d’Amyl and the Sniffers… dans le côté fofolle. Un super live décomplexé. A suivre de près également !
Stephen Malkmus and the Jicks : on entre dans la cour des grands
Je profite de 25min de set bien cool de Dream Wife… que je dois quitter à regret pour rejoindre l’une des grandes attractions de la soirée : Stephen Malkmus and the Jicks, le groupe du leader des Pavement. Leurs morceaux et leurs albums sont tous des pépites. Le concert confirme le talent du garçon et de ses acolytes, en jouant des titres de l’ensemble de leur registre (notamment ceux du dernier album Sparkle Hard que j’affectionne particulièrement). On retrouve le vrai public de Primavera à 19h : du trente – quarantenaire.
10 minutes plus tard, le morceau Bike Lane du dernier album … est entonné… j’avoue, je prends mon premier gros pied du festival (J’avais loupé Pavement en 2010, lors de mon 1er PS, pour des histoires de transport m’ayant fait raté la journée du jeudi)… et je comprends pourquoi les Primavera… c’est juste le meilleur festival en Europe… euh au monde… que dis-je… de l’univers ! Le groupe enchaîne, ils ont la classe, le public est content, le son est parfait, il fait beau, la bière… hydrate,… on est pas bien là !
Non pas 1, non pas 2, non pas 3,… mais bien 5h de concerts enchaînés sur les 2 Main Stage…
Big Thief, une belle surprise
Stephen Malkmus finit son concert à 20h, je n’en ai pas loupé une miette. Je me dirige vers la scène Pull&Bear pour voir la fin du concert de Big Thief. Cela mérite d’être creusé, un folk bien plus agressif en live que ce que fait paraître l’écoute de leur dernier album U.F.O.F, la chanteuse Adrianne Lenker a une voix à la Mercury Rev, c’est bien plaisant… Et un peu déçu finalement que les originaires de Brooklyn soient tombés pendant Stephen Malkmus and the Jicks, je n’en profite que pendant 20 minutes… les Primavera Sound, ce sont aussi des choix drastiques!
Mac DeMarco, une cure de désintox amorcée? … et du talent!
20h30 – Direction scène Seat, pour le concert de Mac DeMarco. Quatrième fois que je le vois… Première fois où il n’a pas 4g d’alcool dans chaque bras. Le concert est de qualité… j’en suis le premier impressionné! Il est bon le gars quand il fait un effort pour éviter les psychotropes!
Petite casquette Nintendo 64 sur la tête… tous ses meilleurs morceaux y passent Salad Days, The Stars Keep On Calling My Name, Cook Up Something Good, et le final avec My Kind Of Woman puis Chamber of Reflection. Un peu d’extravagance forcément, mais bon, cela fait partie du personnage! Super show, et pourtant, j’avais pas mal d’a priori sur ces concerts suite à mes expériences passées (malgré ses excellents différents albums).
Le live intégral, c’est ici :
Courtney Barnett, comme quoi la coupe mulet revient à la mode
21h45 – On retraverse la grande esplanade des Main Stage pour rejoindre Courtney Barnett sur Pull&Bear.
La dame a pris en grade depuis les Primavera 2014 où j’avais eu la chance de découvrir l’artiste australienne suite à la sortie de ces 3 EP. Elle revient en étant l’une des têtes d’affiche du festival. Courtney Barnett a réellement pris en termes de présence scénique depuis 5 ans, rock, intense et… wahou schlapsh yeepee (lecteur, si ces 3 dernières expressions ne sont pas claires, tu peux les dire à haute voix, de préférence hors d’un milieu professionnel, et tu comprendras mieux le ressenti devant un live de Courtney)
C’est donc avec une coupe mulet fièrement portée, et ses 2 musiciens talentueux Bones Sloane à la basse et Dave Mudie à la batterie que nous découvrons ou redécouvrons un échantillon de ses créations, notamment ses 2 albums Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit (2015) et plus récemment Tell Me How You Really Feel sorti l’an dernier (que j’avais mis dans mon propre top 10 du top 10 2018 des weirdos de la rédaction). Du coup, je suis peut-être pas très très objectif, mais le concert entre dans mon top 3 du festival.
Pour les motivés, le live est aussi en intégralité ici :
Interpol, l’assurance sans-risque
Remis de nos fortes émotions, mes comparses et moi-même repartons dès la fin du concert vers la scène Seat pour (re)voir Interpol. Pour rappel, les New-Yorkais ont sorti leur d’ores et déjà 6ème album Marauder sur 2018. Et pour expliquer un live d’Interpol en quelques mots : professionnalisme, sombre, puissant, chaque morceau joué est un tube (Evil, C’Mere, All The Rage Back Home, Slow Hands, If You Really Love Nothing,… et je ne peux être exhaustif). Les fils spirituels de Joy Division nous ont donc proposés un concert complet, dark, sans renier un son et lumière des plus efficaces.
Les fans sont conquis… moi aussi, mais je suis un fan… Interpol reste et restera l’un de ces groupes bêtes-de-scènes qui, même vus à répétition, nous embarquent pour une petite parenthèse / bulle musicale le temps d’un concert. Merci Interpol !
Le passage du côté obscur… Electro jusqu’au bout de la nuit
Sauf qu’avec toutes ces belles têtes d’affiche enchaînées sur les grandes scènes des Primavera… il se fait tard… 1h du matin…
Vous croivez (du verbe croiver car le soleil s’est couché) que je viens à Barcelone depuis 10 ans pour faire des demis-nuits de concerts. J’ai un principe cher lecteur… je ne pars jamais avant le petit matin. Mes co-festivalières Célia et Julie font le choix d’aller voir Dirty Projectors sur la scène Ray-Ban, groupe mené par Dave Longstreth. J’y fais un arrêt pour 2 morceaux, je n’ai pas le feeling sur le moment. Indé, à la limite de la folktronica, je privilégierai en petite salle (bref, je ne dis pas non, mais dans d’autres conditions).
Job Jobse, un dj set de génie au Desperado Cube
Je pars donc du « côté obscur » enfin, dans la zone Primavera Bits. Rappelez-vous le beau plan en début d’article, depuis maintenant 4 ans, l’organisation des Primavera Sound a créé une zone purement électro accessible par une longue passerelle au-dessus de l’une des Marinas de Barcelone. Cette année, 4 scènes électro se relaient en quasi non-stop entre 14h et 6h du matin tous les jours. En fonction des heures de la journée, le public est assez changeant.
Entre 14h et 20h, nous avons les premiers fêtards inconditionnels d’électro, les premiers fans d’Aperol sous le soleil catalan, les premiers baigneurs (et oui déjà dit mais la baignade est autorisée toute l’après-midi).
Entre 20h et 0h,… rarement mis les pieds, les programmations des autres scènes ne permettant que peu de passage de ce côté du festival, malgré la présence de DJs de qualité sur ce créneau horaire.
Après minuit… les meilleurs Djs prennent possession des 4 scènes disposées à proximité ou sur la plage, le public est la crème de la crème, lunettes de soleil vissées sur les yeux, mouvements entêtants, entêtés et frénétiques enflammant leur corps, beuglant quelques « aaaaawwwwwoooooouuuuhhhh trop de la balle ce son », ou des « mais c’est grave le meilleur DJ du festival, mieux encore que celui d’avant où j’avais déjà dit que c’était le meilleur DJ du festival » (retranscrit approximativement du catalan, mais l’idée est là).
1h15 : J’arrive donc sur Primavera Bits pour l’excellent set de Job Jobse sur la scène Desperado Cube, qui comme son nom l’indique à la forme d’un cube. Petite particularité, les enceintes sont réparties en carré autour de la scène projetant le son à 360 degrés. Le Hollandais, ayant écumé Berlin et protégé de Dixon et Âme, nous a proposé un set techno propre, sans bavure et très dansant. L’heure et demie passe à vitesse grand V.
Le Ray-Ban Studios, un (autre) lieu des plus atypiques…
On poursuit (car mes collègues m’ont rejoint pendant Job Jobse) sur 10-15 min sur le set d’Octa Octa B2B Eris Crew, très efficace également avant de re-passer la passerelle pour rejoindre un autre lieu complètement atypique des Primavera Sound. Le Ray-Ban Studios… qui est un parking souterrain en-dessous de la grande structure en panneau solaire du Parc Del Forum (ouais… ok ça ne vend pas du rêve, dit comme ça). Toujours est-il, cette scène a une jauge assez limitée, les concerts sont donc généralement assez pleins et qualitatifs (j’avais vu Thurston Moore en 2017 à cet endroit). On prend une heure dans la face et dans les oreilles d’Anastasia Kristensen. C’est dans une ambiance très dérangeante, glauque, (en mode sous-marin nucléaire) que la DJ Russe partage une techno-électro sombre dans une atmosphère rouge pesante et étouffante. On s’approche des productions d’Helena Hauff et Paula Temple.
Pas de scène surélevée au Ray Ban Studios, Anastasia a disposé ses platines directement au milieu de l’espace, elle est entourée par les festivaliers à 360° et n’est séparée du public que par un rubalise. J’avoue… j’ai complètement kiffé… un amuse-gueule avant l’une des grandes attentes de la soirée… j’ai nommé l’autre DJ Moscovite… Nina Kraviz.
L’apothéose et la conclusion du jeudi 30 mai 2019… la grande prêtresse de l’électro Nina Kraviz
Nous rejoignons donc la grande scène Ray Ban, pour les 2 dernières heures de live en compagnie de Nina Kraviz. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir la dame, mais le set est excellent, le talent est loin d’être surfait. Le mieux, c’est de vous faire partager directement son set qui est en écoute ici:
Les 4 platines de Nina chauffent jusqu’au petit matin… et nous assistons ainsi, sur un enchaînement de morceaux de ouf, à un petit lever de soleil méditerranéen au Parc Del Forum. Les festivaliers ont le sourire figé sur leur visage, les jambes continuent de danser frénétiquement. On entend quelques « aaaaawwwwwoooooouuuuhhhh trop de la balle ce son », ou des « mais c’est grave le meilleur DJ du festival, mieux encore que celui d’avant où j’avais déjà dit que c’était le meilleur DJ du festival », 14h de concert non stop… et j’ai bien atteint un niveau B2 en catalan.
Il est 6h, Barcelone s’éveille. Heure pour moi d’aller me reposer un peu… du son et des images encore plein la tête. Vivement demain, enfin vivement tout à l’heure !