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Playlist pour la maison vol.2 : may the funk (and soul) be with you!

Playlist pour la maison vol.2 : may the funk (and soul) be with you!

Ok FatherUbu, tu l’as voulue! Une série donc qui continue et qui espère vous donner un petit bol d’air en cette période anxiogène. Bien que certains la vivent plutôt pas trop mal. Vous avez plutôt l’habitude de lire des chroniques de Mr. Moonlight sur des groupes avec des grosses guitares? Eh bien ça va changer pour ce coup-ci! Si l’on se fie à la légende, le terme « funk » serait un moyen détourné de jurer et d’éviter l’utilisation du mot « fuck »… Plus certainement, c’est de l’argot signifiant « qui sent la sueur ». Allez camarade, on bouge son popotin, on fait du sport, on sue. Un peu de gaîté et d’entrain avec cette playlist spéciale funk soul. Non, pas du RNB avec autotune, bien lisse et botoxé, mais du bon vieux qui craque, qui grésille et qui sent de sous les bras. Mais aussi qui sait vous tirer des larmes. Let’s go (Eh, ho)!

Amuse gueule

On commence avec une invitation à remuer le derrière avec les allumés de Funkadelic (obligé!). Sur Let’s Take It to The Stage (1975), septième album, et un des meilleurs du crew de George Clinton à mon humble avis, ce morceau est un amuse bouche pour entrer dans la danse. Samplé par de nombreux artistes, dont Public Ennemy, N.W.A., ce court titre devrait vous délivrer de votre apathie.

C’est sur le treizième album de Stevie Wonder pour Tamla/Motown, Innervision (1973), que figure ce titre. Le musicien, comme à son habitude depuis Where I’m Coming From en 1971, enregistre presque tous les instruments lui-même. À cette occasion, il teste l’un des synthétiseur de la société ARP dont les sonorités marqueront durablement la musique soul, funk et le disco et RNB à venir. Dans Higher Ground, il aborde le thème du cycle des réincarnations, de la joie d’être en vie. Ironie de l’histoire, quelques mois après la sortie du disque, il est victime d’un accident de voiture qui manquera la lui enlever. Innervision a remporté le Grammy Award de l’album de l’année. Le titre a été repris, sur un tempo plus enlevé, par les Red Hot Chili Peppers sur Mother’s Milk (1989).

Du groove et des sourires

Formé par les trois frères Wilson originaires du Panama, Mandrill mélange joyeusement funk, musique afro-cubaine et jazz. En 1973, le groupe sort Just Outside Town chez Polydor. Groovy, chaud et sensuel, Fat City Strut invite à onduler au rythme de ce titre qui nous fait naviguer entre Afrique, Jamaïque et Brooklyn. Mandrill a eu une longue carrière, et certains musiciens survivants continuent encore aujourd’hui. Ils ont été samplés par de nombreux musiciens, entre autres par un duo de DJ que j’adore, The Avalanches, peut-être les plus grands artistes du sample ayant jamais existé!

« We Come In Peace » affichent-ils sur leur site. Leur live tout en couleurs, paillettes et poses mystiques avait enchanté les oreilles de votre serviteur à Aucard de Tours il y a deux ans. Entre les extravagances du Parliament de George Clinton et l’influence astral de Sun Ra, la musique des californiens du Golden Dawn Arkestra nous trimballe entre disco, surf, funk et jazz.

C’est une reprise du groupe anglais The Shadows, mené par Hank Marvin qui fut considéré comme l’un des premiers guitar hero, que nous offre les Incredible Bongo Band. Conga déchainés, orgue en folie, et bien sûr ce riff de guitare aux accents de surf music mythique, un must dans les covers.

Pas vraiment un groupe de soul, ni un groupe de funk, ni même du disco, mais tout ça à la fois quand même. Du latin jazz, une pincée de swing, et un look d’enfer, August darnell invente le personnage de Kid Creole à la fin des années 70. En 1982, Tropical Gangster devait être un album d’August Darnell. Devant la pression du label, il rendosse le costume du Kid Creole et rembarque ses Coconuts dans l’aventure.

Hot and heavy

Aaaah, Curtis Mayfield! Ce titre me met en joie quand je l’écoute le matin, me fait entrer en transe si je le pousse un peu le soir après quelques verres, et bien qu’il soit un classique du guitariste, joué et rejoué, il reste un titre qu’on peut écouter sans se lasser. Le musicien avait été victime en 1990 d’un accident lors d’un concert : une rampe de spots s’était détachée et lui était tombée dessus, le laissant paralysé des membres inférieurs. Qu’à cela ne tienne : il avait continué à se produire en fauteuil roulant. Il est décédé en 1999. Cette version « extended » et sa reprise à coup de percus, et son solo de sax est sans doute un de mes morceaux préférés de tous les temps! Move On Up!

Une série funk soul sans le Godfather serait comme une tarte tatin sans pomme! En 1988 sortait Moteherlode, compilation d’enregistrements du parrain de la soul qui proposait des titres des années 60/70 inédits ou remixés. Dans le lot, ce jam mémorable au groove imparable avec sa relance de guitare lancinante qui s’étire sur neuf minutes et vous donne des suées. C’est le trombone de Fred Wesley et la trompette de Maceo Parker qu’on entend sur People Get Up and Drive Your Funky Soul.

« La guerre, hein, à quoi sert-elle? Absolument à rien » Composé par le duo Norman Withfield/Barret Strong, War est tout d’abord confiée à l’interprétation des Temptations. Mais le label Motown craint pour l’image du groupe. Aussi, c’est finalement Edwin Starr qui enregistre ce titre anti-militariste. Le morceau, qui s’élève contre la guerre du Vietnam, sort sur les ondes en 1970. Succès immédiat, il devient un hymne qui sera repris par le Boss lui-même et offrira de nombreuses récompenses à ses auteurs et à son interprète. Un classique qui ne prend pas une ride.

Hey Ladies!

Holala! Je vais m’attirer les foudres des moralisateurs et des rédactrices du site! Je commence cette série sur les femmes de la soul par un titre d’un groupe de mecs! Tant pis. Inspiré par le Who’s That Lady? des Impressions, That Lady est un titre à tiroir. Il a tout d’abord été écrit en 1964 par la première formation du groupe, puis rejoué et ré enregistré en 1973 avec les deux plus jeunes frères qui ont intégré le groupe peu de temps avant. Il a été samplé par Kendrick Lamar, mais aussi, et surtout, par les Beastie Boys sur Paul’s Boutique. C’est ce A Year and a Day qui m’a fait découvrir ce morceau des Isley Brothers.

Sulfureuse, anti-conformiste, féministe et fièrement indépendante, Betty Davis n’est qu’accessoirement la femme « trop jeune et sauvage »de Miles—le mariage ne durera qu’un an. En revanche, elle délivre un funk rêche, brut, sec et pourtant sensuel. Sa voix caractéristique et ses paroles explicitement sexuelles choquent même les ligues pour l’avancement des personnes de couleur et lui valent des interdictions d’antenne. Elle sait pourtant s’entourer, puisque pour son premier album, ce sont les musiciens de Sly et de Graham Central Station ainsi que les Pointer Sisters qui viennent l’accompagner. Devenue une figure culte, de nombreux musiciens lui rendent hommage aujourd’hui. Du haut de ses 74 ans, la Dame envisagerait de sortir un nouvel album…

https://www.youtube.com/watch?v=kEMmunAT7PA

Étoile mystérieuse, Mary Queenie Lyons est une énigme. Elle sort un album, Soul Fever, en 1970, avant de disparaitre de la circulation. Sa voix et son talent lui auraient pourtant certainement assuré le succès si elle avait persévéré. Elle aurait ouvert un bar, le Queenie, dans la ville de son enfance, Ashtabula, et serait encore en activité en 2014…

https://www.youtube.com/watch?v=PwcEFnwbVuo

Un carambar pour qui me dit dans quel titre d’un groupe de fusion des pays-bas des années 80/90 ce morceau fut samplé! Freda Payne avec sa voix juvénile—on dirait presque Michael Jackson avant la mue!—se vit offrir un contrat au sein du label de Brian Holland et Lamont Dozier, Invictus, en 1969. Elle sort alors ce titre, Unhooked Generation qui connait un petit succès. Chanteuse formée à l’école de musique, elle a commencé sa carrière en chantant du jazz et des jingles de pub. Elle connaitra le succès avec Band Of Gold, un autre tube du duo Lamont/Dozier, mais, à partir des années 80, elle se consacrera plus au cinéma. Son catalogue fut parmi les enregistrements détruits par lincendie des studio Universal qui vit aussi disparaitre une partie de ceux de Soundgarden, Tupac, Weezer, Tom Petty ou John Coltrane.

Allez, on retourne quelques années en arrière avec Martha Reeves and The Vandellas. Ce Heatwave sorti en 1963 est encore un tube des Holland/Dozier/Holland. C’est le premier succès des Vandellas dont Martha Reeves deviendra la chanteuse lead après le départ de trois des premières membres du groupe. Un titre estival.

Love and lounge

Le groupe des frères Bell a été remis au goût du jour par Quentin Tarantino sur ses B.O. avec Jungle Boogie. Mais ici, il s’agit de faire une petite pause pour se détendre, de boire un verre et de prendre sa/son partenaire par la taille. Sur Light Of The World de 1974, figure ce titre instrumental langoureux au solo de synthé planant. Le titre a été samplé par Ice Cube et Snoop Dog. Servez-vous un mojito ou une frozen margarita. Allongez-vous, fermez les yeux et laissez-vous porter par la magie et la douce folie de l’été de Kool & The Gang.

S’il y a un Parrain de la soul, le funk a son roi : Rickey Calloway. Sa voix et son style sont pourtant très proche de James Brown qui reste son modèle. Il a d’ailleurs débuté en interprétant des reprises du Godfather of Soul. Shed a tear est dans la lignée des It’s a Man’s World. Beau à verser une larme.

Décédé il y a trois ans, l’immense Charles Bradley nous a laissé quelques mois avant de partir, une formidable et poignante reprise du Sabbath, avec Changes. Il faut dire que l’original se prêtait particulièrement à une interprétation soul!

Au nord, il y a avait le label de la Motor City, Motown, au sud, il avait Stax. Sur ce label, la chanteuse Mary Frierson, rebaptisée Wendy Rene par Otis Redding himself, enregistre ce titre en 1964. Elle connaitra un succès relatif dans les années suivantes. Elle se retirera pour se consacrer à son église…

Quelques pépites

Ce groupe de British Soul a joué pour le mariage de Charles et Lady Di! Si, si, c’est vrai. Mais ça, c’était au début des années 80. Avant, en 1973, ils ont sorti ce titre avec Cozy Powell derrière les futs! Vous savez, celui qui enregistrera ensuite avec Rainbow, Whitesnake, Gary Moore, Black Sabbath…un immense batteur. Mais pour revenir à Hot Chocolate, le morceau parle d’un amour interracial et du rejet qu’il suscite dans les deux familles. Ain’t no difference ‘tween black or white, Brothers, you know what I mean. Le temps des Martin Luther King ou de ces paroles de Curtis Mayfield, We people who are darker than blue
This ain’t no time for segregatin’
I’m talking ’bout brown and yellow, too
semble bien loin à l’ère Trump…

https://www.youtube.com/watch?v=lGEUsz7jYA4

Entre free jazz et funk, le Art Ensemble Of Chicago est une formation instrumentale qui s’établira à Paris et verra passer en son sein des figures comme le pianiste Cecil Taylor. Ils enregistreront pour Fontella Bass ou accompagneront Brigitte Fontaine. Ce titre a été notamment repris par le Cinematic Orchestra pour la bande originale qu’il composera pour le film muet de Dziga Vertov, L’Homme à La Caméra.

La figure de George Clinton est décidément partout. Influence majeure de Prince, le pape du funk psychédélique est aussi l’un des inventeurs du disco avec ses formations comme Parliament, Parlet ou même en solo, comme cet Atomic Dog qui a donné son sample au célèbre titre du Snoop.

Un petit Parlet?

Les ponts entre soul et rock sont nombreux. Funkadelic enregistrera son titre Who Says A Funk Band Can’t Play Rock, montrant que Michael Hampton qui succède alors à l’immense Eddie Hazel sait jouer de la guitare. Mais il y a aussi cette reprise de Dylan par Bobby Womack qui prouve, si besoin est, que la musique n’a pas de frontière, ni de genre ni de couleur.

White Soul & Northern Soul

Il y a bien une scène pour la soul blanche qu’on appelle alors la Blue-Eyed Soul, la soul au yeux bleus. Si dans les années 70, Janis Joplin avec son Kozmic Blues Band sera une des artistes à transcender le genre, dans les années 60, il y a déjà toute une scène qui se met en place.

Oui, le funk et la soul sont des musiques qui ont été « inventées » par les populations noires américaines. Mais dans l’Angleterre des sixties, les fils de prolo s’identifient à ce genre musical sentant la sueur des ouvriers. Un DJ à qui l’arrivée de la funk fait regretter la bonne vieille soul, lance le terme de Northern Soul pour caractériser ce son de Detroit. C’est le mouvement Mod qui s’empare de cette musique et en fait un étendard. L’influence sur le rock et la pop made in UK sera considérable, à commencer par The Animals, Led Zep et les Who, puis Paul Weller, des Jam, qui fondera son propre groupe de soul, The Style Council. Parmi les plus connus, le Spencer Davis Group au sein duquel officie un certain Steve Winwood.

Figures emblématiques du mouvement Mod, les Small Faces, plus Stax que Motown, sont menés par Steve Mariott qui partira ensuite fonder Humble Pie.

Des artistes soul/disco/funk anglais verront le jour dans les années 70, comme Carl Douglas et son Kung Fu Fighting (qui aurait pu figurer dans le paragraphe « Du Groove et des Sourires »).

Dans les années 80, Paul Weller donc, se lance dans la soul avec son Style Council et signe quelques tubes. Il s’inspire de cette Northern Soul qui a bercé son adolescence.

Dans les années 90, la mode est à la fusion, et de nombreux groupes mélangent les genres, rock, métal, funk, soul, rap… Venus des Pays-Bas et très marqués par la musique de George Clinton, Gotcha! va sortir six albums entre 1991 et 2015. En 1991, sur leur premier album, le titre éponyme World and Music From Da Lowlands, rassemble ces influences diverses :

Cream of the Cream

Ce titre de paragraphe reprend celui d’un album des Supremes. Bon. C’est juste pour conclure, mais je ne voulais pas vous laisser sans quelques morceaux et artistes, majeurs ou pas, qui n’avaient pas encore trouvé leur place dans cet article. Comme ce grand monsieur, à qui l’on doit peut-être un des premiers morceau de rap avant l’heure avec The Revolution Will Not Be Televised, Gill Scott-Heron. C’est un poète-chanteur engagé. D’abord écrivain-poète, il rencontre le pianiste Brian Jackson à l’université, et en 1970, ils commencent à mettre ses poèmes en musique. Mais lui qui a fait une chanson sur les dangers de l’addiction, et notamment de l’alcoolisme avec The Bottle, tombe dans la drogue. J’ai eu la chance inouïe de le voir en concert à Paris avant qu’il ne soit incarcéré en 2001 pour possession de drogue et violences conjugales. À sa sortie, il est séropositif. Il collabore avec Blackalicious et sort un ultime album en 2010, I’m New Here, époustouflant et bouleversant requiem que je ne saurais que vous conseiller. Il décède un an après. En attendant, en 1971, sur son deuxième album, il rendait hommage à deux de ses idoles, celles qui l’aidaient à surmonter les journées difficiles, Billie Holliday et John Coltrane.

Surfant sur la vague disco et le phénomène Ekseption, le compositeur blanc Walter Murphy nous livre en 1977 une version disco de la cinquième de Beethoven.

On trouve aussi dans un style proche, Eumir Deodato—qui collaborera pendant dix ans avec Kool & The Gang!— et son Also Sprach Zaratoustra :

Il faudrait faire un article entier sur la musique des films de la Blaxploitation. Plutôt que l’éternel Shaft d’Isaac Hayes, j’ai choisi ce titre tout en douceur et suavité du jazzman J. J. Johnson interprété par Joe Simon pour la B. O. de Cleopatra Jones sorti en 1973 . On peut y voir, entre autres, Antonio Fargas. Vous vous souvenez, Huggy les Bons Tuyaux?

Il est temps de nous quitter, j’espère que cette playlist enjolivera vos journées (et nuits) de confinement. La séparation est dure? Alors pourquoi ne pas la faire tout en douceur avec cette invitation à la méditation et au voyage spirituel de Pharoah Sanders.

Fin alternative

One thought on “Playlist pour la maison vol.2 : may the funk (and soul) be with you!

  1. De belles découvertes! la version de Bobby Woomack entre autres ..pour le jeu je n’ai pas trouvé mais n’aime pas les carambars.. Par contre le titre « Unhooked Generation » a été samplé notamment par nos marseillais de I Am dans « Donne moi le micro »..alors j’ai gagné quoi?

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