Le groupe rock folk canadien Half Moon Run a fait vibrer le sol du Trianon le 26 Novembre et a confirmé sa grande maîtrise d’un éventail toujours plus large de compositions.
Fraîchement intégrée à l’équipe WeirdSound, j’ai découvert Half Moon Run récemment et le coup de cœur a été immédiat. Oscillant entre balades folks et rock plus indie, les trois albums du groupe révèlent la grande maîtrise du groupe canadien, et leur live au Trianon s’inscrit dans cette lignée.
Soirée placée sous le drapeau canadien, c’est Leif Vollebekk, originaire d’Ottawa, qui ouvre la danse, j’arrive tout juste pour les trois derniers morceaux. Qui me transportent bien loin., tout comme l’ensemble du public Nous voici tous enveloppés dans les accents suaves de la voix de Leif, qui nous communique toute sa sensibilité. Et c’est magnifique. Cela annonce-t-il une future chronique d’album pour « New Ways » sur WeirdSound ? Qui sait !
20h50, Half Moon Run débarque sur scène et lance le live avec un de mes morceaux favoris, 21 Guns Salute, issu du premier album. Et je ne semble pas être la seule étant donné les cris du public. Le timbre de voix légèrement cassé de Devon Portielje, sublimée en écho par Conner Molander, nous conquièrent instantanément. Que dire également de la partie instrumentale ? Chaque membre du groupe maîtrise un spectre large d’instruments, et chacun contribue à la volupté des morceaux : Devon Portielje (chant, guitare, piano, percussions), Conner Molander (chant, guitare, clavier, piano, « pedal steel », basse, harmonica), Dylan Phillips (chant, batterie, piano, clavier) et Isaac Symonds (chant, batterie, mandoline, synthétiseur, basse). C’est Dylan qui nous remercie à la fin du morceau et témoigne de leur plaisir d’être sur la scène parisienne.
Le groupe alterne les morceaux entre leurs différents albums, s’enchainent « I can’t figure out », « Then again » (morceau crescendo avec un sublime final), « Unofferable » et la complicité du groupe est palpable. Leur présence scénique est tout aussi impressionante, la scène est remplie d’instruments et les places s’échangent, une mention toute particulière pour Conner qui est habité, il passe de la guitare, au piano à l’harmonica tout en restant en harmonie avec le groupe et le public.
Ce qui m’a d’autant plus frappé, c’est l’impression qu’il y a eu plusieurs tournants dans le concert.
Le premier tournant fut « Turn your love », la musique se fait plus profonde, plus rock. Dylan s’autorise une petite blague avant de lancer « Natural Disaster », qui est repris en chœur par une partie de l’audience. C’est le cas également pour le très dansant « Favourite Boy », un des morceaux emblématiques du dernier album.
Le rythme se calme et l’atmosphère se teinte d’émotions pour « Narrow Margins » et « Flesh and Blood ».
Mais voici le deuxième tournant du live. Le groupe nous rappelle qu’il y a beaucoup d’instruments sur scène et que pour la suite, ils vont utiliser un seul microphone. Un moment d’une grâce incroyable, pendant lequel le groupe se resserre, s’écoute et s’unit pour faire résonner leurs voix. Ils reprennent leur place et nous nos esprits sur « Need it ».
Arrive le morceau le plus expérimental, le plus long, mais aussi mon préféré. Troisième tournant du live pour « Razorblade » . d’ailleurs le groupe évoque la peur, le risque et le voyage qui a accompagné l’écriture de ce morceau « J’espère que vous allez embarquer avec nous ce soir ». Et comment. Pari réussi durant ces sept minutes hors du temps, pour un morceau complexe, qui se révèle d’autant plus en live.
Un final toujours plus enthousiasmant avec l’excellent « Call me in the afternoon », bien plus brut et rock en live, où Connor se déchaîne sur le tambour et tout le public chante à l’unisson, puis l’entêtant « Drug you » (dans mon top 3) et tout feu tout flamme sur « She wants to know » au son des « She wants to know just who I am » quand les lumières s’éteignent.
Nous en avons encore sous le pied, et le sol du Trianon vibre sous les applaudissements et sauts de l’audience qui attend le retour du groupe pour un final haut en couleurs « Jello » / « Fire Escape » / « Full Circle ». Nous ne sommes toujours pas prêts à laisser partir la formation canadienne qui revient pour un deuxième rappel à un seul micro avec « Hands in the Garden » et un morceau de Neil Young, un autre canadien donc.
Une osmose du groupe, une osmose avec le public, une osmose retrouvée dans le choix de la setlist, piochée dans le riche répertoire de ce groupe, pour un live parfaitement maîtrisé.
Le groupe est de retour au Canada, mais ne manquez pas leur dernier album « A blemish in the great light », qui avait été chroniqué ici.