Andréas Touzé aka Lombre sort son 2ème E.P, La Lumière du Noir, le 10 Septembre sur le label Ulysse maison d’artistes. Cet E.P de 6 titres reflète la sensibilité d’un artiste talentueux: inspiré par sa propre vie, y compris ses maux, et par Pierre Soulages , Lombre joue avec les mots et la lumière pour mieux en exhaler des notes lumineuses et des ondes positives. Son nouveau clip, Espoir Noir, qui sort ce 2 Septembre, en est un nouvel exemple. Lombre, avec cet E.P, devrait rentrer dans la lumière d’une reconnaissance méritée. Andréas a bien voulu nous éclairer sur son parcours et cet E.P.
Une enfance rodézienne heureuse dans l’ombre de… Pierre Soulages
Andréas Touzé est né à Rodez, il ya 23 ans, et y a passé toute son enfance et adolescence jusqu’au départ pour Castres, en 2016, pour passer et réussir un DUT MMI (métiers du multimédia et de l’Internet). Andréas a une enfance heureuse, « super vie de famille, vacances à l’océan l’été et des parents équilibrés qui nous donnent tout leur amour« .
L’environnement familial favorise aussi un éveil artistique précoce avec « un père mélomane et metteur en scène dans une compagnie de théatre amateur » et une mère « passionnée » par les peintures de Pierre Soulages (né à Rodez lui aussi, ndlr). Ainsi , Andreas avoue « avoir été pris très tôt par la musique« : « A 8 ans mon salon était un Zénith et j’y faisais mes concerts à guichets fermés….je dansais également, j’adorais ça« ! Andréas s’est d’ailleurs inscrit un peu plus tard dans un cursus de 16 h par semaine comprenant danse classique, jazz, musique contemporaine et Hip Hop.
Une pré adolescence bousculée par le divorce de ses parents et déclic pour l’écriture
« C’est cette ombre qui m’a poussé à devenir Lombre…et c’est moi qui la suivrai »
Cette citation empruntée à Lombre (et au titre Lombre) peut résumer le choc mais aussi la réaction combative suite au divorce de ses parents auquel il ne s’attendait pas du tout. « A 12 ans, mes parents se séparent et c’est là que les premières émotions un peu étranges débarquent dans ma vie….idés chamboulées…pas forcément envie d’en parler à mes copains à l’école…alors j’ai pris de quoi écrire et c’est sorti comme cela, d’un seul trait« . Andréas confie qu’il a adoré l’exercice d’écriture et que « cela (lui) a fait beaucoup de bien » , d’autant qu’il essayait aussi de rassurer sa petite soeur de 7 ans. Si Souchon a déclaré que « les enfants de divorcés font de beaux poètes« , Andréas n’a pas hésité à chanter « le divorce de mes parents m’a aidé dans la vie« .
Même si cette « sale année » (référence à son premier texte, ndlr) fut un moment « très dur à vivre« , Andréas reconnait que cette passion pour l’écriture fut déclenchée par « cette passe difficile« . La « rage » qui était en lui l’a poussé aussi à découvrir le rap et le Hip Hop. Suite à cette période, Andréas décide de « garder cette philosophie d’écrire des choses introspectives, parfois noires pour en faire jaillir l’espoir, la lumière à l’intérieur car elle y est tout le temps ». Andréas évoque aussi des groupes comme # Fauve qui l’ont beaucoup aidé dans sa démarche: « j’aimerais tellement pouvoir faire de même pour les gens avec ma musique« .
Des influences musicales variées et le thème de la lumière
Si, enfant et adolescent, Andréas écoutait « tout ce qui passait à la maison… rock progressif, reggae et…variétés« , « plein de styles, d’artistes, d’approches m’ont nourri et inspiré » raconte t-il: « mes influences majeures et notamment pour ce projet (Lombre) sont Fauve, Georgio, Cabadzi, La Canaille, Psykick Lyrikah, Gael Faye, Abd Al Malik, Grand Corps Malade…Orelsan…Les amoureux des mots quoi! » ajoute t-il.
Quand je lui demande (désolé pour cette question bâteau!) s’il a choisi son nom en fonction d’un certain univers qui inspire ses chansons ou…en lien avec un des premiers titres de Georgio ( et le titre Homme de l’ombre en 2012) ou les deux, Andréas me répond très précisément et de façon complète: « Mon nom d’artiste, je l’ai choisi car j’ai toujours parlé de mon introspection. De ces choses qui sont en toi, en nous mais que l’on n’arrive pas forcément à extérioriser. Qui sont enfouies dans un « autre nous » finalement. Cette ombre qui nous suit partout et qui reste en retrait. Cela correspondait parfaitement à mon identité artistique et puis ce nom n’avait jamais été utilisé alors je me suis dit « Et pourquoi pas moi ? ». En plus de cela, je m’appelle Andréas, l’origine grecque de « André » c’est « L’homme ». Et « El Hombre » (L Ombre)… Bref, c’était devenu évident« .
L’univers de Pierre Soulages, source d’inspiration
L’univers de Pierre Soulages et le thème de la lumière sont omniprésents dans l’inspiration de Lombre, et particulièrement dans ce nouvel E.P puisqu’on entend même les mots de Pierre Soulages dans le titre éponyme La lumière du noir.
« Pierre Soulages est pour moi une grande inspiration effectivement. Ma mère est particulièrement passionnée par ses peintures, ce qui a fait que j’ai découvert très tôt son art, sa philosophie de faire vibrer la lumière dans le noir… Je pense qu’il fait partie de ces influences indirectes qui nourrissent l’âme sans vraiment conscientiser la chose. C’était pour moi une chose géniale de faire le parallèle avec sa philosophie dans un de mes morceaux. C’est pour cela que « La lumière du noir » est un « hommage » à ce grand artiste de ma ville en plus! Par la suite, j’ai carrément décidé d’appeler mon EP « La lumière du noir », c’est pour dire… » Rappelons que Pierre Soulages est resté à Rodez jusqu’à son bac et fut l’inventeur du « noir lumière » ou « outrenoir » suite à une expérience picturale déroutante début 1979.
Une lumière récurrente entre le premier et deuxième E.P de Lombre
Lombre reconnait avoir « toujours joué avec la lumière« , dès son premier texte, une sale année, « qui finit dans l’espoir que les choses allaient s’arranger…dans la lumière« . On retrouve aussi le thème de la lumière dans City of Lights, belle chanson dont Lombre a écrit les couplets et interprétée avec son « Papa musical » Olivier Savignac aka REYvilo: « il m’a beaucoup apporté, rassuré et conseillé pour mon projet…je lui dois beaucoup« .
Lombre est un projet qui démarre en 2016 et cette période correspond aussi aux premières récompenses synonymes de reconnaissance. En 2016, Lombre remporte le prix d’écriture Claude Nougaro. Bigflo et Oli en étaient les parrains et, dès lors, Lombre pourra compter sur le soutien des toulousains.Le premier E.P, Eau Trouble, non disponible en version physique, sort en 2017. Lombre y expose encore ses doutes et ses peurs dans de très beaux titres comme Eau Trouble, Discréminé . Mais « la peur s’estompe » dans Tout se balaye ou dans La Mutation où « il est loin d’être trop tard pour s’en sortir« . Preuve aussi, qu’avec les années, « on arrive à être plus confiant ou en tous cas plus fort pour affronter les obstacles » précise Lombre.
Les récompenses et prix s’enchainent avec, notamment, le Mégaphone Tour, le Pic d’Or et le prix obtenu au concours Jacques Brel, à Vesoul, en 2019. C’est à chaque fois beaucoup d’émotions mais surtout un formidable encouragement et une reconnaissance d’un talent, d’autant que Lombre travaille: le nouvel E.P, La lumière du Noir, c’est « pratiquement 3 ans de boulot pour ces 6 titres« .
La Lumière du Noir: un E.P magnifique qui doit nous pousser « vers le beau« .
En 3 ans, les progrès sont énormes et, même si Lombre pouvait être satisfait du premier, le second met la barre très haut. En 3 ans, Lombre dit, modestement, avoir « essayé de trouver une identité artistique tant au niveau des textes que des prods« . De fait, Lombre a travaillé avec plusieurs réalisateurs avant de trouver « les coéquipiers parfaits« : Clément Libes (Kid Wise, Bigflo& Oli) et Léo Bouloumié qui ont « su retranscrire exactement ce que j’avais envie de dire, d’explorer, de partager » rapelle t-il. Lombre a pris le temps car il lui semblait important de « sortir un projet fidèle à ce que je suis, du moins artistiquement » ajoute -t-il avant de pousuivre : « pour pouvoir être à 100% moi même sur scène..je veux être sincère, au plus proche de mes émotions en live« .
Avant de pouvoir retrouver Lombre sur scène, nous allons pouvoir savourer, sans modération les 6 titres de ce nouvel E.P. Le premier titre dévoilé , Lombre, en Février, donnait le ton et la qualité de l’ensemble. Quand la ville dort encore sortait le jour du début du confinement, alors que s’achevait à Paris, au Louvre, l’exposition consacrée à Pierre Soulages. Un deuxième titre éblouissant, réalisé à nouveau par Thibaut Lefèvre mais on attendait déjà la suite. Lumière Noir fut un nouvel émerveillement, le texte de Lombre et les images s’alliant parfaitement aux paroles de Pierre Soulages… »une lumière secrète, une lumière pas évidente« …
Espoir noir …ou la flamme de l’espoir
Espoir Noir est, depuis aujourd’hui, accompagné d’un clip video signé Jeremy Brivet. Il reflète, avec brio, une nouvelle histoire sur laquelle Lombre nous éclaire: « elle souligne le processus de reconstruction d’une personne après un coup dur« . Joshua (qui joue ici son propre rôle) est un danseur londonien qui s’est blessé: cela touche d’autant plus Lombre qu’il a fait de la danse pendant plusieurs années . « L’espoir est noir mais l’espoir n’est pas mort, la lumière brille encore » nous martèle t-il et cela pourrait être l’une des devises délivrées en forme de messages par Lombre depuis plusieurs années.
On retrouve en effet l’artiste qui refuse de broyer du noir salns se battre , comme dans le clip Elles où il retrouvait son ami REYvilo « Tant qu’il ya de la joie, ya de la vie » chantait-il face au défi du cancer. La sinistrose n’est pas dans l’A.D.N de Lombre: « Je ne veux pas pousser les gens dans un mauvais mood, dans une tristesse qui ne m’intéresse pas..ce que je veux, c’est parler de choses sensibles, délicates pour pousser les gens (et je me compte parmi les gens) à soigner les douleurs et aller vers le beau…parce qu’on passe tous par là« .
Epilogue
Voilà ce qui nous touche chez Lombre, artiste sensible qui sait nous émouvoir sans sensiblerie mais avec poésie et talent, en utilisant les mots justes qui font mouche. Le noir de Lombre reste toujours lumineux et fait sa force séductrice. On espère que la situation sanitaire liée au Covid 19 ne va pas gâcher la sortie de cet E.P et les premiers concerts à venir. La période de confinement, comme beaucoup, Lombre l’a vécue comme une période difficile mais, là encore, en positivant: « Oui, je suis convaincu qu’elle va nous servir à prendre du recul sur plein de choses, qu’elle nous a appris à nous reconnecter aux choses simples…c’est tellement important« .
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