« Alors là, chapeau la rédac! ». je vous entend déjà vous exclamer en constatant que pour une fois les clips de la semaine sont bien présents deux semaines de suite (à quelques jours prés, ok…). Oui, oui, un nouvel arrivage de sons et d’images, d’émotions, d’énergie comme de mélancolie automnale ou de légèreté estivale prolongeant encore un peu la belle saison est disponible. On y trouvera le retour de Blonde Redhead et de The National avec de nouveaux albums, les mystérieux flamands de Briqueville, le son lourd de MMTH, ou le surf psyché de Ponta Preta, un featuring de Billy Corgan… et, comme souvent, une petite cerise sur le gâteau en fin de sélection. Encore un lot de choix éclectiques de productions de qualité (oui, on aime vous choyer). Enjoy!
Ponta Preta-Real Countdown
Peu connu pour être un spot de surf reconnu, c’est pourtant à Lyon que s’est formé le groupe Ponta Preta. Le ton du single montre une orientation musicale qui penche de plus en plus vers la scène blues/psyché californienne des 60’s/70’s (comme un parfum de John Mayall période Blues From Laurel Canyon ou Cactus), déjà sensible sur leur précédent opus. On ne saurait dire mieux, car ce sentiment est d’ailleurs confirmé par le kit presse : »Les harmonies vocales se font de plus en plus présentes et le son du groupe s’affine, gagnant en intensité et en caractère, s’éloignant un peu du surf rock« . Le clip animé très sympa accentue cette sensation de plonger dans la Californie de la fin des sixties. Rafraichissant, intemporel, comme un prolongement de l’été, l’album Way Out West! est sorti le 22 septembre chez Le Surf Records.
Blonde Redhead-Sit Down For Dinner (Pts. 1 & 2)
Trente ans de carrière pour le trio Newyorkais et un dixième album, Sit Down For Dinner (Section 1) qui se sera fait attendre… dix ans. Prenant tout leur temps pour composer, les enfants sages de Sonic Youth (ils ont signé leurs premiers disques sur Smells Like Records, le label du batteur Steve Shelley), reviennent quelque peu à ce qui a fait leur succès, à savoir leur superbe sixième opus, Misery is a Butterfly. Cela se traduit par un savant mélange de mélodies faussement simplistes, une voix éthérée et des arrangements aériens. Le titre de l’album et du single qui en est extrait fait référence au roman autobiographique de Joan Didion dans lequel elle parle de la mort de son mari alors qu’ils venaient de s’attabler (L’année de la pensée magique, Grasset 2007). La voix douce et susurrée de Kazu Makino est toujours une des marques de fabrique du groupe et amplifie la douce sensation mélancolique qui se dégage de ce titre en apesanteur qu’est Sit Down…. Les images utilisées dans le clip (violences, morts…) ont entrainé un classement -18 ans auprès de You Tube, ce qui fait que malheureusement, vous devrez cliquer sur le lien dans la fenêtre ci-dessous pour apprécier toute la beauté de ce nouveau titre. Je vous garantie que ça serait dommage de s’en priver!
Code Orange-Take Shape (feat. Billy Corgan)
Enregistré par la légendaire Steve Albini au studio Electrical Audio, The Above est le cinquième album des Pennsylvanien de Code Orange. Le grunge/punk des débuts fait toujours partie intégrante de la cuisine du groupe, mais plus comme une attitude que comme ingrédient de la recette. Le tout est toujours largement saupoudré d’une grosse dose de hardcore/indus/nu metal, aspects qu’ils ont su cultiver et faire évoluer tout au long de leur carrière. Pourtant, ce single, tout comme le single plus récent, Mirror, pourrait faire croire qu’ils se sont un peu assagis. Le précédent opus, Underneath, avait enthousiasmé les critiques avec des compositions ultra violentes. On y trouvait peu de répits. Ce Take Shape avec le chanteur des Smashings Pumpkins ainsi que Mirror, proposent une musique un peu plus calme, où la mélodie est un peu plus présente et les influences nu metal plus sensibles. On sent que les (jeunes) musiciens entrent dans une certaine forme de maturité, ne délaissant pas l’urgence ni l’énergie, mais prenent de l’assurance, donnant beaucoup plus d’air à leurs compositions. On apprécie là leur capacité à évoluer sans jamais se compromettre. The Above est sorti le 29 septembre chez Blue Grape Records.
MMTH-Relais
Du heavy post-rock peut-être… Qu’importe. Formé en 2016, MMTH, c’est un groupe instrumental de la côte nord ouest allemande à la musique mélodique et puissante, aux accents post-rock prononcés. Infinite Heights sera le deuxième album du groupe. Autoproduit et enregistré et mixé par leur batteur, Hanno Janßen, le travail autour de cette création s’est littéralement fait en circuit (presque) court, puisque les images utilisées pour la pochette ont été prises par le bassiste, Bernd Frikke. Le mastering ayant été assuré par le compositeur de musique de film Eike Ebbel Groenewold. Relais est une sorte de condensé de ce qu’il y a de meilleur dans le post rock. À savoir un mélange de noirceur et de lumière, de mélodies accrocheuses déroulées autour d’un thème récurrent avec des variations d’ambiances et d’intensités qui procurent à ce genre toute sa charge émotionnelle.
B R I Q U E V I L L E -Akte XVII
Ils se sont rencontrés il y a dix ans dans une école… Membres de différentes formations, jazz, metal ou electro, de leur ville d’origine, les musiciens du groupe ont choisi de cultiver l’anonymat de façon à permettre aux spectateurs de se concentrer sur leur musique plutôt que sur leur personne. Le postulat de départ est de composer et improviser autour d’une seule et unique note. Le résultat est hypnotisant, envoutant, et procure des émotions multiples. Sombre, mystérieuse et répétitive, pouvant s’orienter vers de la noise, leur musique est effectivement une expérience unique et fortement physique. Doom? Drone? Encore une fois, ici, il est plus question d’ambiance que de style. Et quelle ambiance! La profondeur de la noirceur du son B R I Q U E V I L L E n’a que peu d’équivalent, et cet Akte XVII extrait de l’album IIII à venir le 3 novembre plonge encore plus profondément au cœur de cette ombre dense. Dans un monde où les horloges semblent aller toujours plus vite, Briqueville prends son temps pour ralentir le tempo peut on lire sur la page de Pelagic records, label de qualité s’il en est.
The National-Alphabet City
2023 est une année prolifique pour The National puisqu’après First Two Pages Of Frankenstein sorti en avril dernier, la troupe de Matt Berninger nous propose une sorte de suite imprévue au précédent opus. Il s’agit de titres enregistrés pour celui-ci, tout comme de morceaux composés ET enregistrés durant leur tournée. Certains (Smoke Detector, pour ne pas le citer…) ayant même été captés pendant les balances! Alors que le chanteur à la voix si reconnaissable avouait il y a encore quelques temps souffrir d’un syndrome de la page blanche et de dépression, il semblerait qu’au moins le premier des deux problèmes soit résolu! On retrouve sur ce disque des featuring et collaborations, dont Weird Goodbyes avec Bon Iver. Une deuxième bonne surprise de la part des natifs de l’Ohio qui nous offrent encore ici le meilleur d’eux même.
Rone-L(oo)ping-Arte Concert
Cela devient un peu une habitude de clore ces volumes sur un format un peu plus long ou une forme moins conventionnelle. Ce film court est disponible depuis quelques temps sur Arte TV et méritait largement d’être partagé. Le talent du musicien français, vous le savez, touche l’ensemble de la rédaction de Weirdsound. Son interdisciplinarité, si on peut appeler cela ainsi, est un élément de son expression qui permet d’élargir le champ de la création. Mélangeant danse (avec la Horde notamment), littérature en intégrant des enregistrements empruntés à Alain Damasio, l’artiste se prête ici à un court métrage mis en scène autour de sa prestation en compagnie de l’Orchestre National de Lyon et intègre une fois encore des séquences dansées. Un plaisir des yeux et des oreilles qu’il ne faut pas bouder. Disponible jusqu’en 2026 (si vous ne consultez le site qu’en 2027, tant pis pour vous….).