Tandis que j’imaginais ce séjour en Terre de Bretagne il y a quelques semaines, je me voyais déjà ce dimanche, à peine le petit déjeuner avalé, mettre mon short de bain flambant neuf et, serviette de bain sur l’épaule, parcourir les 200 mètres qui me sépareraient de la plage, pour profiter du sable et de l’eau… Comment dire? Dans ce doux rêve, il n’était pas question de canicule ! Dans le monde réel et non celui que j’avais imaginé, je suis descendu prendre mon petit déjeuner en extérieur, et assez rapidement, ai dû battre en retraite sur une place à l’ombre parce que je cramais littéralement ! A 10h du matin ! Mon short de bain et ma serviette de plage sont donc restés sagement dans mon sac, et une fois mon petit déjeuner avalé, je me suis calfeutré dans ma chambre volets fermés, afin d’emmagasiner un maximum de fraicheur (en regardant Oggy et les Cafards), et être le plus vaillant possible pour cette dernière journée du Bout du Monde.
13h:40, à l’heure où ça cogne méchamment : Ok mec, met toi un coup de pied au derrière, sors dans cette fournaise et monte dans ce four ta voiture, au bout du tunnel il y a de la musique ! Chouette alors ! 18 minutes et quelques suées plus tard, qu’il me fut agréable de me garer tranquillement à 150/200m de l’entrée VIP Presse Media… Un petit tour rapide à l’espace presse pour checker les interviews du jour, j’ai bien fait car les horaires prévus allaient changer. Ceci fait, il était nécessaire de faire une petite réserve d’énergie, que je trouvai au restaurant des bénévoles. Je pouvais à présent me rendre à mon premier concert du jour.
Gael Faye : Sans Faille!
Vous me pardonnerez ce mauvais jeu de mot, il était trop tentant! Mon programme et voyage musical commençait donc à 15:00 avec Gaël Faye, sur la scène Landaoudec.
Bien que la chaleur soit plus qu’écrasante en ce début d’après-midi, le public, jeune et moins jeune, est présent et actif.
De Gaël Faye, je ne connais que le nom, que ma belle-sœur a évoqué parce qu’elle voulait le voir dans un festival près de Tours. Ce Franco-Rwandais travaillant initialement dans la finance et aujourd’hui chanteur distille un rap plutôt sympathique, un peu jazzy et funk par moment. Présent devant la crash barrière pour les photos (pas facile d’ailleurs vu la lumière brûlée du soleil sur la scène), j’ai pu profiter pleinement des textes séduisants du rappeur-slameur-poète qui voue une admiration profonde à Gil Scott-Heron. Gaël Faye a évoqué le problème des migrants qu’il aimerait voir appelés « des hommes », et a salué l’action de l’association SOS Mediterranée.
Je pensais voir une bonne partie du concert, mais c’est bien jusqu’au bout que je suis resté ! Partons maintenant vers le Cabaret de Seb pour le concert d’Avishai Cohen, contrebassiste de jazz.
Avishai Cohen : Totale maîtrise ou maîtrise totale!
Musicien Israélien de basse et contrebasse, c’est en partant assez jeune à New York que sa carrière débutera, dans les clubs de jazz tout d’abord, pour ensuite enregistrer et jouer sur scène en trio, en quatuor, ou en septuor.
Le set proposé aujourd’hui a largement convaincu et séduit le public, lequel applaudira jusqu’à ce que rappel s’ensuive. Une belle palette de styles musicaux nous a été offerte par le quatuor, du jazz à la musique et chant traditionnel israélien, chant en hébreu et anglais. Dans sa partie orientale, cette musique m’a fait penser au Hadouk trio. Un bien joli concert, pointu, et mené de main de maître.
Après ces émotions, une petite pause était nécessaire. D’une part parce qu’il faisait vraiment très chaud, que j’avais soif, et d’autre part parce qu’un nouveau gros morceau musical se profilait un peu plus d’une heure après, avec le Dirty Dozen Brass Band, concert et interview à suivre ! Je pouvais entendre au loin le set du groupe « Motivés » manifestement mettre le feu, et profitais de l’espace VIP/Backstage du cabaret de Seb, me prenant une petite bière bien fraîche et bien méritée, en relisant mes questions pour la prochaine interview, et surtout, en jouissant de l’ombre dans ce petit coin de paradis…
Dirty Dozen Brass Band : L’esprit de la Nouvelle Orléans débarque!
Tout droit venu de la Nouvelle Orléans, le Dirty Dozen est le digne représentant du style Brass Band, rien de moins ! Créé depuis plus de 40 ans, comme Gregory Davis (membre depuis sa création) me le dira durant l’interview, ce groupe a révolutionné sa musique en y intégrant d’autres courants musicaux comme le funk et le bebop.
19:00 : le groupe arrive sur scène, nonchalant, avec ses magnifiques cuivres rutilants ! Petite touche d’originalité, le guitariste est japonais. J’aurai l’occasion d’aller le saluer plus tard, nihongo de (en japonais). Assez rapidement, le public a compris qui était Raoul ! Et que je dodeline de la tête, et que je remue le popotin, et que je tape des mains, et que j’oublie qu’il fait chaud et que je danse !
Magnifique set, magnifiques musiciens qui nous ont emmenés recta dans les rues de la Nouvelle Orléans d’un claquement de doigts ! Leur titre de chef de file des Brass Band n’était donc clairement pas usurpé… Je finis ce concert trempé, mais je ne vais pas me plaindre ; vu mon placement devant la crash barrière, j’ai eu sûrement moins chaud que tout le monde derrière ! Allé, dans 10 minutes, interview dans les loges ! Celle-ci sera publiée ultérieurement sur weirdsound.
A peine l’interview terminée, je dois » courir » à l’Espace Presse, pour une autre interview, la deuxième et dernière du jour, consacrée au groupe 47 Soul. Je dois pour ce faire passer tous les espaces bars et restauration, traverser le public qui assiste nombreux au concert de Camille en essayant de zyeuter pour voir si François Hollande n’est pas parmi les choristes, arriver au checkpoint, montrer patte blanche mon pass, encore 200m, ça y est j’y suis ! Allé va, une petite bière blanche entre deux interview, pourquoi pas ? Le temps de discuter avec Dorothée et Mélanie de Quai Ouest, de relire mes questions, de préparer mon matériel, et El Far3i arrive pour l’interview. A paraitre également ultérieurement sur Weirdsound bien sûr !
Rag’n’Bone Man : The voice!
21:20 : Son nom n’a pas été beaucoup prononcé aujourd’hui, personne n’en a trop parlé, à peine murmuré… Il n’y avait dans l’air ambiant que ce parfum d’évidence. Cette évidence que chacun savait. Savait qui était sur la grande scène Landaoudec ce soir, et serait présent à l’heure dite et même très en avance pour le concert de la tête d’affiche du jour, et même du festival : Rag’n’Bone Man. C’est à 21h40 que son groupe arrive sur la scène. Le solide gaillard d’1,96m arrive quelques instants plus tard, arborant un magnifique tee shirt Ewing 33 taille 4xl. Tout sourire et tout heureux d’être là, il salue et contemple la foule venue assister au show, avant de commencer à chanter.
OK OK, je vais répondre à votre question ! Bien sûr que oui il a chanté Human ! Comment aurait-il pu ne pas ? Il a même rajouté un couplet rap en fin de chanson !
Une fois passé le choc de la vue du colosse tatoué, c’est le choc auditif… La voix en live est aussi parfaite que sur l’album, c’est tout bonnement hallucinant. Celui qui était aide-soignant avec les patients atteints d’autisme, rappait depuis ses 15 ans, a commencé à chanter poussé par son père au soir de son 21ème anniversaire a un pure V12 en guise de cordes vocales.
Soul, blues, rock, rap, le ténor a une voix chaude et puissante. Le public a été conquis, admiratif, par ce géant à la voix d’or. Saluons son groupe de musiciens très talentueux, et sa superbe choriste.
The Inspector Cluzo : Euh, c’est quoi le projet?
Peut être étais-je trop dans mon concert de Rag’n’Bone Man ? Peut être étais-je déjà inconsciemment trop dans le concert à suivre de 47 Soul que j’avais interviewé plus tôt dans la soirée ? Pourtant, ce que j’avais lu du duo The Inspector Cluzo m’avait laissé penser que je pourrais passer un bon moment. Mais il n’en fut rien.
Le discours « on est contre la société de conso », « on utilise pas les ordis », « on est bio », « nous nous nous on est les vrais et les meilleurs», c’est très bien, mais à outrance c’est lourd, trop lourd, surtout lorsque c’est dit sur un ton assez faussement rebelle. Donc lassé, je me suis enfui suis très rapidement parti à l’autre bout du festival, vers la scène Kermarrec où je n’avais encore pas assisté à un seul concert, et où 47 Soul allait se produire dans une heure.
47 Soul : La puissance de la musique orientale!
En attendant que le set ne commence, je me repose une bonne demie heure dans l’espace VIP/backstage derrière la scène. J’aperçois les loges de 47 Soul, de Moon Hooch e de ‘Ndiaz. 1h00, le quatuor arrive. Leur force et leur talent, c’est de savoir mêler musique traditionnelle arabe et électro. Clairement, ça envoie du steak !
L’un des leitmotivs du groupe est de faire danser et ça se voit ! Malgré l’heure tardive et la fatigue accumulée au cours de ces 3 jours de festival, le public réagit au quart de tour, et se laisse saisir par une folie douce toute orientale. C’est beau ! Sur la scène, les musiciens chanteurs (El Far3i, El Jehaz, Z the People, Walaa Sbeit) ne sont pas avares de leur énergie non plus. Walaa Sbeit, qui paraissait tout tranquille en début de set, s’avère être en réalité un sacré showman avec une énergie de dingue !
C’est sur ce superbe concert que s’achèvera pour moi la 19ème édition du Bout du Monde. Alors que Clément Bazin clôture le festival sur la grande scène, je m’en vais ravi regagner ma voiture, puis mon hôtel. Demain il y a la route retour… Merci aux organisateurs d’avoir accordé à Weirdsound une accréditation, Merci à Chloé de Quai Ouest pour avoir organisé les entretiens en amont, merci à Dorothée, Mélanie et Jeanne de Quai Ouest pour leur accueil, leur professionnalisme, et pour leur réactivité au top face aux aléas. Chapeau à la qualité de la programmation et les belles découvertes ! Merci à tous les bénévoles ainsi qu’aux membres de la sécurité.
Vivement le Boudu édition 2019 pour les 20 ans !