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GiedRé : le constacle qui pique, repique, et fait hurler de rire!

GiedRé : le constacle qui pique, repique, et fait hurler de rire!

C’est en zappant sur l’émission On n’est pas couché un samedi de l’année 2014, que j’entendis parler pour la première fois de GiedRé (prononcer Guiédré). J’avais trouvé sa prestation excellente de par son côté décalé, percutant l’air de rien, drôle et faussement naïf, et m’étais promis de creuser plus en avant ce que proposait l’artiste, dont la répartie laissait penser qu’un caractère bien trempé se cachait derrière. Las ! N’ayant pas joint le geste à l’idée de suite, quand je décidai quelques temps plus tard de faire mes recherches, j’échouai misérablement à chaque tentative. Impossible de me remémorer le nom de l’artiste, et, persuadé de son origine ukrainienne, toutes mes tentatives furent vaines. Chanteuse, blonde, française, origine ukrainienne, Ruquier, onpc, toutes mes requêtes furent vaines et rien n’y fit. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Petit bond en avant de 4 années ; me voici l’été dernier en vacances chez ma mère, parcourant le journal aux pages culturelles. Il y est question d’un festival à Pornic et l’on parle, entre autres, d’une artiste d’origine lituanienne (et non pas ukrainienne, bougre d’idiot !) chantant en français et répondant au nom de GiedRé. « C’est elle ! », m’écriai-je intérieurement. Je courus à mon smartphone, tapai le nom sur le moteur de recherche, et vis la photo… J’avais gagné ma journée, et avais rudement bien fait de lire le journal ce jour-là ! Non seulement j’avais enfin le nom : GiedRé, mais cette dernière était aussi en tournante (Eh oui, Giedré ne fait pas de tournées mais des tournantes), laquelle passerait par la salle Paul Fort (La Bouche d’Air) de Nantes ce jeudi 6 décembre 2018. J’achetai mon billet de suite, et le concert afficha rapidement complet…

GiedRé, c’est un sacré personnage, dont on ne connait finalement pas grand-chose, si ce n’est qu’elle aime La Vérité. La légende veut qu’à l’âge de 7 ans, elle a souhaité prendre son indépendance afin de ne plus vivre aux crochets de ses parents. Elle a donc pris ses clics et ses clacs, sa voiture (si si, elle avait déjà le permis !), et a roulé jusqu’à arriver en France. Comprenez par là que vous n’en saurez pas plus sur le pourquoi du départ !

Elle se voit offrir un CD de Céline Dion, mais ne disposant pas de lecteur, elle s’en sert de miroir, et accessoirement, tente de chanter les paroles du livret en inventant des mélodies. Doublement inventive la petite alors !

Elle étudie au cours Florent durant 3 années après le bac pour devenir comédienne et jouera dans des téléfilms, séries, et courts-métrages. Elle expliquera à la RTS (Chaine tv suisse), avoir été frustrée par le métier qui veut que les mots sortis de la bouche du comédien ainsi que le ton sur lequel ils sont dits lui sont imposés, tandis qu’elle, voulait raconter des histoires, ses histoires.

En parallèle, GiedRé écrit des chansons. Des chansons crues (mais jamais vulgaires), politiquement très incorrectes, et à l’humour noir façon encre de chine en ce sens que si vous écoutez l’un de ses disques, il vous restera une marque indélébile, que vous aimiez ou non son univers déjanté, corrosif, et à la fois tellement drôle. Car oui, elle est tout cela à la fois et bien plus encore. Quelle dichotomie entre ce visage d’ange d’une part, et les mots qui sortent de cette bouche ! Quelle dichotomie encore, entre cet accompagnement musical tendance comptine pour enfant, et ces paroles  so choking ! Le résultat n’en est que meilleur, encore plus drôle, et punchy. Si vous ne connaissez pas GiedRé, prenez le temps d’écouter, d’écouter vraiment. Des aventures de Jacky le nain qui économise 3 mois d’allocs pour aller aux putes, à Jean Do le croque-mort violeur de cadavre, en passant par On fait tous caca, mais aussi Regardez (C’est ma b***), et Chambre 26 (occupée par un vieux abandonné de ses enfants), on rit, on grince des dents, on se demande encore comment elle ose, tout en en redemandant secrètement.

J’avais hâte de découvrir l’artiste sur la scène ! Qui plus est avec le temps maussade perdurant depuis des jours et des jours et le soleil parti pour un congé indéterminé… Un peu de rire que diable !!! Le matin même du concert, j’écoutai encore le dernier opus en partant travailler. Heureusement à cette heure très matinale (nocturne même) je ne croise pas grand monde en voiture, cela permet de laisser libre cours à la gymnastique des zygomatiques !

Arrivé sur les lieux trois quarts d’heure avant le spectacle affichant complet donc, j’ai pu après avoir récupéré le pass photo (Merci Nicolas du Rat des Villes !) prendre un très bon siège au 3ème rang. Et attendre patiemment 21h00.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

Ce soir, GiedRé n’arrive pas sur scène en tenue extravagante et flashy mais dans une robe bleue légèrement croisée, et nous explique le principe de la soirée. Pour promouvoir ce disque « GiedRé est les gens », l’artiste ne donne pas de concerts, mais des “constacles”, à la croisée des chemins entre le concert et le one woman show. Chaque chanson de l’album représentant un personnage nous racontant sa propre existence, ce sont ces personnages que campera GiedRé. Libérée de sa guitare, elle est sur cette tournante accompagnée de Sandrine, musicien (et non pas musicienne) et handicapé (ce qui permet de le payer bien moins cher).

Sandrine, le musicien et acolyte de GiedRé - Photo Khaled pour weirdsound
Sandrine, le musicien et acolyte de GiedRé – Photo Khaled pour weirdsound

Elle peut donc faire parler tout son talent de comédienne pour interpréter ses chansons et habiter ses personnages pour lesquels elle changera systématiquement de tenues. Tenues qu’elle sortira d’une poubelle en fer… La plupart des chansons du spectacle seront issues du dernier album, mais que le public se rassure, il sera convié à faire des anus avec ses doigts (GiedRé militant activement contre le monopole du signe du coeur avec les doitgts ; il y a d’autres organes tout aussi charmants, dit-elle).

Place au spectacle et c’est Jean Do, le croque-mort violeur de cadavres qui ouvre les festivités. Rapidement, les rires gagnent le public, et l’on entend même ici et là des fous rires. GiedRé est douée, très douée. Ses mimiques, son jeu de corps et sa gestuelle sont à se faire dessus. Le cours Florent et son probable naturel sont une combinaison qui fait mouche dans le registre qui est le sien !

Entre et pendant les chansons, un jeu s’installe entre GiedRé et Sandrine ; la première s’agace des interventions intempestives du second. Ce dernier qui parti faire ses besoins en coulisse reviendra fièrement montrer à la première son « œuvre » dans un sac plastique. Ou prendra le temps de faire une sieste très inopinée.

Il ne serait pas de bon aloi d’égrener ici la setlist au sens d’un concert “classique” compte tenu de la part de théâtralité du constacle. Je veux néanmoins partager ici les coups de cœur auxquels j’ai eu droit.

Sœur Chantal, pas aussi pieuse qu’elle le prétend, et qui une fois le soir venu quand elle est seule dans le noir “se touche avec le crucifix”.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

Regardez, l’histoire du type qui sait qu’il fait mal, souffre du regard que l’on porte sur lui, mais ne peut s’empêcher de montrer son entrejambe. A telle enseigne qu’il descendra dans le public pour mieux la montrer ! Rires et fous-rires assurés du public…

Chambre 26, (celle qui pue la pisse) : l’histoire de ce vieil homme délaissé par ses enfants, un brin vicelard rêvant de toucher un sein avant de partir, et faisant croire à l’infirmière qu’il ne peut uriner seul pour ne pas louper “une occasion de se faire toucher”.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

Salut, moi c’est Michel : Michel l’éboueur, se fait engueuler parce que son camion ralentit la circulation, mais d’un autre côté sait tous les secrets les plus sales et inavouables de ceux dont il ramasse les poubelles.

Rho ça va :  Celle-ci est vraiment hard puisqu’elle raconte le viol d’une jeune fille lors d’un mariage. Ceci chanté sur une musique ambiance fête au village.  Grosse performance que de parvenir à en faire une chanson drôle alors que la thématique sent l’ammoniaque à plein nez.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

Dors dodo Dors : chantée par maman exténuée à son bébé qui ne veut pas s’endormir. Elle perdra patience jusqu’à exprimer ses regrets des 3 minutes à l’arrière de la Clio, et comprendre “les filles qui avalent”….

Au travers de chacun de ces personnages de son album, GiedRé explore la noirceur et les déviances, sans les juger, tout au moins dans les paroles. Car le ton sur lequel elle chante, certes rigolard, n’est finalement peut être pas si badin qu’il n’y parait. Le beau ne l’intéresse pas car on le montre. Au contraire, elle ne trouve d’intérêt que dans ce qui est caché, non-dit, ce qui se passe une fois la porte close. Les limites ? Elle ne s’en impose pas, arguant de du fait que la réalité restera toujours plus noire que ses textes.

Une dernière chanson pour clore le spectacle : Les gens. GiedRé redevient GiedRé, et nous explique qu’écrire des chansons sur “des gens tout le temps super”, très peu pour elle car à y bien regarder ceux-là même qui semblent l’être recèlent en eux “du pourri”. Chacun a une part de “plutôt pas mal” et de “fonds d’égouts”. C’est cela, les gens.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

GiedRé a clairement en elle du Renaud, dont je suis archi fan. De même, je ne puis m’empêcher en écoutant ses textes, de penser aux Happy Tree Friends, ce dessin animé trash qui démarre toujours benoitement sur une musique guillerette, et se termine inexorablement dans une horreur que l’on attend avec impatience et délectation.

GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d'Air) - Photo Khaled pour weirdsound
GiedRé en concert à la salle Paul Fort de Nantes (La Bouche d’Air) – Photo Khaled pour weirdsound

Le spectacle est déjà terminé, c’est passé très vite, trop vite. Je regarde autour de moi ; le public est tout sourire et plus qu’enchanté. Nous avons tous oublié la morosité ambiante, les histoires de gilets, et même la pluie qui tombe sans discontinuer. Je repense à ce jour chez ma mère, où en lisant le journal j’ai retrouvé le nom de l’artiste, et mon sourire s’élargit un peu plus. Au merchandising, je retrouve Nicolas du Rat des Villes pour échanger sur la soirée. Cherrish on the cake, GiedRé acceptera de me dédicacer son album. Merci vraiment pour cette très très belle soirée !  Chers lecteurs, si GiedRé passe pas loin de chez vous,  n’hésitez pas une seconde : courez-y !

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