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Gaz Coombes en apesanteur, retour sur l’album de 2018 de l’homme le plus fort du monde

Gaz Coombes en apesanteur, retour sur l’album de 2018 de l’homme le plus fort du monde

Supplément détachable

Détaché de Supergrass comme on couperait la corde attachée à la cheville reliée au pavé en béton au fond du fleuve—après avoir insulté la maman de Don Corleone—s’échappant avec difficulté des volutes de fumées lourdes, le chanteur a finalement décidé de se produire seul, libre, et affûte désormais ses muscles musicaux. Il nous offrait il y a un an et demi, pour l’arrivée du printemps, un des albums les plus rafraichissants du moment. Une perle constituée de onze morceaux tous aussi accrocheurs les uns que les autres. Weirdsound était alors passé à côté de l’évènement. Grâce à cette formidable machine à remonter le temps qu’est cette nouvelle rubrique « Dans  le rétro« , retour sur un LP avec une chronique qui aurait du paraitre en 2018.

Quand on se coupe l’herbe sous les pieds…

Supergrass nous avait laissé sur notre faim en ne terminant jamais leur ultime album, Release the Drones, et le cover band, The Hotrats, side project du gars avec Dany Goffey, autre compère échappé de la super herbe, patinait dans le vide. Les influences psychédéliques, jazz-rock et krautrock de Coombes ne convenaient peut-être pas aux autres membres du trio—puis quartet—d’Oxford, au sein duquel le chanteur se sentait sans doute trop à l’étroit.  Coombes—Gareth de son vrai prénom —s’est donc affranchi des contingences inhérentes à la vie de groupe et a produit et composé deux albums solo, Here Come The Bombs (2012) et Matador (2015). Avec World’s Strongets Man, il continue son introspection et prouve une fois de plus qu’il est un grand, très grand, songwriter, tel que l’Angleterre a su en produire depuis le duo Lennon/Mc Cartney et autres frères Davies.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs

1994, Gaz, Mick Quinn et Dany Goffey forment Theodore Supergrass sur les cendres des Jennifers. Theodore ne fera pas long feu, les voici donc bien Supergrass. Le premier album du trio arrive en pleine vague brit-pop et va surfer sur la mode musicale. C’est une bombe rock gavée de fuzz qui fait un méga carton. Le phénomène est lancé, et le groupe vendra des centaines de milliers d’albums durant sa carrière. Tout au long de celle-ci et des six albums qui l’émailleront, les membres du groupe vont faire évoluer leur musique, et le chanteur, toujours à l’affut des dernières productions, tel un Bowie contemporain (The Man Who Sold The World figure parmi les disques préférés du musicien d’Oxford), saura recycler ces sonorités dans sa production solo.

Si j’entendais une bonne idée dans un titre à la radio, je m’en inspirais immédiatement pour l’adapter à ma sauce. C’est l’avantage du travail à la maison.

Gaz Coombes pour Addictculture.com

Il pédale dans la choucroute : Krautrock et trip hop

Le titre de l’album qui donne aussi son nom au premier morceau est une façon de se moquer de ses fantômes quotidiens que sont la dépression et l’anxiété. Construit sur des loops répétitives d’un riff de guitare que n’aurait pas renié Neu!, accompagné d’un beat electronica, l’ambiance n’est pas loin d’un Morcheeba ou d’un Beck. Sur l’ensemble de l’album, les guitares sont assez présentes, plus que sur les précédents, mais parfois noyées dans des effets qui les fondent dans une instrumentation composée de chœurs, de synthés, de violons, de piano…

Le titre éponyme et la pochette inspirée des tableaux de David Hockney, période A bIgger Splash

Éclectisme et diversité pour cet album où les oreilles pourront entendre des échos qui rappelleront Mercury Rev ou encore Brian Eno. Le musicien cherche sans cesse l’incident, préférant se laisser guider par ses intuitions, son instinct et achever quelque chose d’inattendu mais dont il est fier, plutôt que de se complaire dans des formats et styles pré-établis ou trop étroits. Tel un peintre auquel il se compare parfois, il revient sans cesse sur l’ouvrage, épurant, retouchant, se réveillant avec de nouvelles idées, pour enfin trouver le ton juste. À l’écoute de titres comme In Waves, on se prend à imaginer l’artiste bidouillant ses sons, se levant en caleçon, enregistrant telle ou telle partie, jurant ou exultant, et arriver à ce résultat qu’il jugera toujours imparfait, mais qui sonne si bien à nos oreilles. Le titre évoque le tournant de sa vie lorsqu’il a, pour la première fois, à 12 ou 13 ans, empoigné une guitare et choisi la musique comme destin.

It’s always important for me to kind of try and push it somewhere else. I can’t just relax on it being a lovely or sweet guitar part. I have to keep pushing it. I have to try and find a place for it to sit. That’s what I find exciting about writing at the moment being very instinctive and letting my instincts take over in that way but then trying to push myself in terms of what I normally do and how I normally go about things.

C’est toujours important pour moi de faire en sorte d’expérimenter et de pousser toujours plus loin. Je ne peux pas me contenter de faire du joli ou des riffs sympas. Je dois toujours aller plus loin. Je dois trouver un arrangement qui convienne. C’est ce que je trouve excitant en écrivant sur l’instant en écoutant mon instinct et le laissant prendre le dessus, et ensuite me pousser à revenir à ce que je fais habituellement et à aborder le résultat de façon plus personnelle.

Gaz Coombes pour Popmatters.com
Le mercuryrevien Slow Motion Life

L’angoisse de la fin… de l’album

Si Walk The Walk semble explorer l’angoisse face aux fureurs et défis du monde contemporain, Vanishing Act met en musique la tension et la montée d’une crise de panique. Durant 2mn 50, le musicien tente de saisir le flux de conscience pur et inébranlable que suscite ces épisodes dont il parait coutumier. N’évoque t-il pas l’angoisse du créateur qui répond à celle de l’homme devant la finitude et l’inexorable marche du temps? Marqué par la disparition précoce de sa mère, Gaz Coombes n’en finit pas de constater avec une bonne dose d’anxiété, que le temps passe trop vite, nous laissant seul face à notre propre effacement du monde. Pour traduire cela dans Vanishing Act, le chant se transforme en cris de panique ponctués par un riff répétitif et oppressant. Le voyage en compagnie de l’homme le plus fort du monde se termine par une séquence de rêves déstructurés, Weird Dreams ,où l’amour des bandes originales, anti-thèses d’une chanson couplet/refrain/couplet, se traduit par ces changements d’ambiance et ce final piano voix qui se termine de façon abrupte, nous laissant un peu seul face au silence.

Catharsis face à l’angoisse de vivre, psychanalyse, drogue, c’est tout cela que représente le fait de créer pour le natif d’Oxford. La musique donne cette force nécessaire pour affronter le quotidien et fait certainement de Gaz Coombes l’homme le plus fort du monde lorsqu’il aborde l’acte créatif. Comme cet album apporte contentement, émotion et plaisir à l’auditeur, comme la musique qui nous accompagne chaque jour fait de chacun de nous l’homme (la femme) le.a plus fort.e du monde.

Cadeau de fin d’article, une superbe version de The Oaks pour la TV US. Enjoy.

Liens :

https://www.gazcoombes.com/

https://www.facebook.com/GazCoombes


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