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Festival Les Escales 2019 : Direção de São Paulo!

Festival Les Escales 2019 : Direção de São Paulo!

Les Escales de Saint-Nazaire se déroulent sur le port de ladite ville, chaque dernier week-end du mois de juillet sur trois jours, du vendredi au samedi. Il y a un an tout juste, je faisais mon baptême de la « couverture de festival », lors de la 28ème édition des Escales. Ce festival conserve donc une saveur toute particulière pour moi. Ainsi, je retournai avec grand plaisir cette année, faisant équipe cette fois avec Fatherubu. L’équipe s’est renforcée avec notre photographe Fred, que l’on remercie vivement.

Programmation des Escales 2019
Programmation des Escales 2019

Comme chaque année, une ville est mise à l’honneur pour un focus sur ses artistes. 2019 : Exit Melbourne, welcome Sao Paulo ! Hasard ou coïncidence ? Les artistes brésiliens vivent une période trouble (compliquée ?), avec l’extrême droite arrivée au pouvoir fin 2018. En effet, Le Président Jair Bolsonaro vient d’annoncer une guerre culturelle afin de lutter contre les idées progressistes, se servant pour se faire de l’organe qu’est la Funarte, plaçant à la tête de cette dernière la personne « adéquate ». Il sera donc très intéressant d’interroger à ce sujet les artistes brésiliens que nous allons rencontrer…

La programmation laissait donc une place de choix aux artistes brésiliens. A noter la prise de risque des programmateurs en faisant venir Sepultura, groupe brésilien de Metal, dans un festival plutôt ambiance familiale ! A chaque jour ses têtes d’affiche, et nous avons été bien servis, avec notamment Orelsan, Jeanne Added, Charlotte Gainsbourg, Sepultura, Franz Ferdinand, Bernard Lavilliers et The Avener, pour ne citer qu’eux. Les découvertes ont eu la part belle également, et certains artistes ont laissé à coup sûr un souvenir impérissable aux quelques 45 000 festivaliers du weekend.

Ainsi que vous pourrez le constater au cours de ce live report, Fatherubu et moi n’avons pas chômé, courant de scène en scène, de scène en interview, voire d’interview en interview ! Mais je vous rassure, nous avons tout de même pris le temps de manger et de nous hydrater de temps à autre. A cet égard, nous avons béni d’une part la canicule pour s’être arrêtée deux jours avant le festival, et d’autre part la pluie pour nous avoir uniquement menacés de loin ! Allez, les Escales 2019, c’est parti !

Vendredi : Grand écart très maitrisé entre Charlotte Gainsbourg et Sepultura.

Si la pluie s’est faite discrète durant tout notre séjour Nazairien, en ce début de journée et jusqu’au milieu de l’après-midi et même sur le trajet, la météo n’augurait rien de bon. Entre les restes d’orages et les fortes averses, le pire était à craindre… Je me maudissais pour avoir le 25 juillet 2017 jeté au Stade de France mon poncho (tout neuf jamais servi !), pour accélérer la fouille au concert de U2. Oh, mais je m’égare… A l’approche de notre objectif, quelle ne fût pas notre surprise de constater que la route devenait de plus en plus sèche, et le ciel de plus en plus clair ! Les Dieux de la musique étaient avec nous, ouf ! Qui plus est, nous trouvions même de la place à moins de 10 minutes de marche… Nos badges et cartes cashless récupérés, nous faisions un premier tour des lieux, nous dirigeant tranquillement vers le concert de Manu Dibango. Nous croisons le Batucada Çavamania, ensemble Nazairien de percussions brésiliennes. Ils se produira plusieurs fois durant les trois jours à différents endroits du site des Escales.

Manu Dibango : On commence doucement

(Vu par Ehyobro)

S’il ne s’agit pas du concert d’ouverture du festival, c’est bien Manu Dibango qui donne le premier concert sur la Grande Scène du Port, la plus grande des trois scènes principales. Il est 19:00, et le public n’est pas encore présent en nombre, tandis que l’artiste se fait attendre. Alors que Fatherubu se dirige vers le pit pour les photos, je repense soudainement à une personne bien connue dans le passé, fan de Dibango, et me demande si elle a finalement eu l’occasion de le voir un jour… Mais voici que le chanteur saxophoniste arrive sur scène, précédé des musiciens qui l’accompagnent. Difficile de croire que le Monsieur qui se présente devant nous a 85 ans. Et pourtant si, il faut croire que l’amour de la musique conserve (parfois…)

Manu Dibango - Les Escales - ©Fb-photographe
Manu Dibango donnait le premier des concerts sur la Grande scène du Port

Manu fait partie des plus français des camerounais, lui qui est arrivé en France avec 3 kilos de café pour payer ses premiers mois de loyer lorsqu’il y vint faire ses études. (3 kilos de café est le titre de son autobographie) Il est typiquement l’artiste qui a eu 100 vies dans une vie, et qui lorsque l’on se regarde soi-même, nous fait nous demander : « Moi, j’ai fait quoi ? »

Et musicalement ? Sa discographie longue comme l’annuaire propose une palette de styles très différents, faisant des incursions dans la funk, la musique latino, le jazz, la World Music etc. Je lui suis personnellement très reconnaissant d’avoir composé le morceau Soul Makossa dont Michael Jackson se servit d’une partie pour composer à son tour « Wanna be starting something ». Si nous étions enchantés d’avoir l’occasion d’assister au concert de l’artiste, nous décrochons assez rapidement. La setlist proposée semble se cantonner à une musique trop simpliste eu égard à ce qu’il sait faire, et l’on a l’impression d’être à une fête de mariage. Alors que les fans semblent quant à eux ravis et commencent à bouger leurs popotins, nous voguons vers le bar, car le rituel de la petite bière pour marquer le début du festival n’a pas été respecté !

Manu Dibango - Les Escales - ©Fb-photographe

Michelle David & The Gospel Session : Wonder Woman!

(Vu Par Ehyobro)

Michelle David - Les Escales - ©fb-photographe
Michelle David nous a offert une Soul à défriser les cheveux!

Nous nous dirigeons tranquillement vers la scène Espadon pour le concert qui sera ma claque musicale du jour. Michelle David fait partie des artistes que nous avons demandé(e)s en interview. Nous aurons la chance de la rencontrer 30 minutes après son concert. Je ne connaissais pas du tout avant qu’elle ne soit programmée aux Escales. Naturellement, j’ai écouté afin de préparer la rencontre. Typique des voix soul black américaines, elle a tout d’une grande. Si elle est américaine et a grandi à New York, c’est aujourd’hui à Amsterdam qu’elle vit. Michelle David redéfinit à sa façon le gospel (vous en saurez plus dans l’interview à venir), et précise que non, celui-ci n’est pas nécessairement un(e) chanteur(se) principal(e) et une chorale.

A l’heure dite, c’est accompagnée d’un superbe band ultra class’ habillé dans un style années 20 que Michelle entre sur scène, robe ample et cheveux afro ultra volumineux. Le band qui l’accompagne est nord européen. Si je trouvais suspect de ne pas avoir trouvé grand-chose sur le net à propos de l’artiste, dès la première chanson je relevai le niveau de suspect à proprement scandaleux. Sa voix puissante, et chaude m’a fait dresser les poils et cheveux plus d’une fois. Son énergie communicative s’est répandue comme une traînée de poudre parmi le public aux anges, ce dernier subissant avec bonheur les assauts de la diva. Elle joue avec sa voix, elle joue avec le public, elle joue avec son groupe. L’aisance qu’elle dégage sur scène et dans sa voix laisse imaginer le travail en amont, pour cette chanteuse qui nous expliquera en interview que petite, elle chantait comme les garçons jouaient au foot. A y repenser quelques jours après le concert, ce qui me fascine le plus est la facilité déconcertante avec laquelle elle pousse sa voix, donnant l’impression qu’elle chante tranquillement une berceuse pour enfant.

Michelle David - Les Escales - ©fb-photographe

Charlotte Gainsbourg : Débord de charme…

(Vu par Ehyobro)

Charlotte Gainsbourg - Les Escales - ©fb-photographe
Charlotte Gainsbourg a envoûté la Grande scène du Port aux Escales

Fatherubu a vu Charlotte Gainsbourg à de nombreuses reprises en festival, bien plus que moi pour qui ce sera la seconde fois après le Stereolux de Nantes en décembre dernier. Tandis que je la défends (bec et ongles), lui a beaucoup de mal. Il m’accompagne néanmoins vers la scène du port (me faisant remarquer au passage ce sacrifice, signe d’amitié dont il fait preuve) sur laquelle elle va se produire. La scène installée est similaire à celle proposée lors de sa tournée : des cadres tubulaires éclairants (et accessoirement néfastes pour les photos…), et des miroirs amovibles sur le haut de la scène. Nous décidons de rester à l’extérieur du pit pour ce concert. En attendant l’entrée sur scène, je repense au concert magistral de sa mère Jane Birkin il y a un an tout pile lors de la précédente édition des Escales, avec l’orchestre symphonique.

Charlotte Gainsbourg évoque pour moi une énigme, pour laquelle je n’ai pas nécessairement besoin de réponse. Le mystère d’une timidité, combinée à des choix de rôles très forts dans lesquels elle se met à nu. Le mystère d’une voix susurrante, combinée à une force de caractère qui se dégage de tout son être. Musicalement, j’aime me laisser transporter par l’ambiance planante de ses chansons, qui ont tendance à me mettre de bonne humeur, bien qu’empreintes de nostalgie et mélancolie. Voilà, je pense que là réside la clé de mon attirance pour la musique qu’elle propose : la bonne humeur et la zénitude. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de partager ce point de vue loin de là !

Charlotte Gainsbourg - Les Escales - ©fb-photographe

Vêtue de jean de la tête aux pieds, l’artiste entre sur scène, s’empresse de saluer le public pour gagner bien vite le tabouret face à son clavier. Le concert débute sur Lying with you, issu du dernier album Rest. Je demande à Fatherubu : « Alors ? Tu ne kiffes pas ? ». « Non » me répond-il laconiquement. C’est moche, car moi oui… Je me laisse littéralement envoûter. La scénographie prévue pour une salle dans le noir, ou à minima pour la nuit, est nettement moins efficace en plein jour ; il a beau être 21:00, il fait encore bien jour! Charlotte enchaîne les titres issus principalement de Rest, et tandis que je guette l’heure, arrive trop rapidement le moment où l’on doit s’éclipser. Eh oui, nous avons rendez-vous avec Michelle David pour la première interview des 6 que nous ferons ce week-end. Je dois donc m’arracher à cette douce léthargie dans laquelle je m’étais laissé bercer.

Thylacine : Un concert qui roule et déroule parfaitement

(Vu par Fatherubu)

Voilà un nom qui m’intéressait beaucoup pour cette nouvelle édition des Escales ! Rappelez-vous, nous avons déjà rencontré Thylacine lors de son passage au Printemps de Bourges cette année. Sa performance avait été remarquable, malgré une acoustique perfectible. A Saint Nazaire, il se produit sur la scène Espadon en début de soirée : petite scène avec soleil couchant, j’étais curieux de voir le résultat.

Thylacine - Les escales 2019 - ©fatherubu
Thylacine nous a offert la bande son inspirée de ses voyages sur la scène Espadon

Thylacine a sur scène sa scénographie habituelle, composée de trois écrans diffusant des images liées à ses différents voyages, sources d’inspirations principales de sa musique. On remarquera aussi le saxophone, qu’il utilise sur certain de ses morceaux. Privilège lié à weirdsound, je croise Thylacine avant qu’il monte sur scène, en train de s’échauffer. Il enchaine les dates (le lendemain des Escales, il jouait au Paléo en Suisse), le physique doit suivre !

Thylacine - Les escales 2019 - ©fatherubu

Le set débute, avec un savant mélange d’extraits de l’album Transsiberian (2015 et sans doute mon préféré) et de Roads (l’album paru cette année). Les festivaliers se trémoussent bien gentiment sur Train ou bien encore Roads. Thylacine maitrise parfaitement son affaire, c’est autant agréable à regarder qu’à écouter ! On a hâte qu’il reparte en voyage pour nous pondre un nouvel album, en attendant Thylacine reste une valeur à suivre de l’électro française !

Sepultura : Un groupe à ne définitivement pas enterrer trop vite!

(Vu par Fatherubu)

Choix audacieux pour la programmation des Escales, le passage du groupe mythique Sepultura sur la grande scène ! J’étais vraiment curieux de voir l’accueil réservé à la formation brésilienne de trash metal, dans un festival qui n’est pas connu pour son positionnement sur les musiques extrêmes. Arrivé sur place, j’ai vite compris qu’une bonne partie des festivalier(e)s était visiblement des fans du groupe, vu le nombre de tee-shirt noirs que j’ai croisés,  avec des dessins pour faire peur aux grandes mères.

Sepultura - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Sepultura a fait parler la poudre brésilienne aux Escales 2019

J’ai dû voir Sepultura une bonne demi-douzaine de fois, sans être un grand expert de leur discographie, je peux quand même revendiquer une certaine connaissance du sujet ! Je vais donc me permettre de lancer une affirmation qui me vaudra les foudres des fans hardcore du groupe, mais tant pis, je prends le risque. J’adore la période avec les deux frangins Cavalera à bord, l’album Roots étant un putain de chef d’œuvre ! Depuis les années 2000, il y a eu quelques bons morceaux, sans jamais égaler la première jeunesse du groupe. Voilà c’est dit !

Sepultura - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Une chose est certaine cela étant, Sepultura sur scène ne m’a jamais déçu. Pour les Escales, allaient-ils être à la hauteur de leur réputation ? Suspense… La pénombre s’installe, puis nous voilà dans une lumière rouge (merci pour les photos les mecs !). On remarque d’entrée de jeu la présence du chanteur Derrick Green, dire que le garçon est une armoire à glace est un euphémisme ! On retrouve aussi Paulo Jr à la basse (seul membre du line up d’origine), Andreas Kisser à la guitare et Eloy Casagrande, planqué derrière sa batterie.

Sepultura - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Je trouve qu’il y a un peu de retard à l’allumage, les deux premiers morceaux (Policia, The Curse) sont un peu poussifs mais comme un moteur diesel, ça finit par réellement démarrer ! Dans le désordre, nous aurons le droit à quelques morceaux de premier choix : Troops of Doom, Escape to the Void, Beneath the Remains, Against, Territory… La voix de Derrick Green est vraiment impressionnante ! En rejoignant Sepultura il avait été fortement critiqué, ce que j’entends là ferait fermer leurs bouches à ses détracteurs. Les intonations d’un certain Max Cavalera ne sont pas si loin. La fosse ne semble pas trop réagir, bon on n’est pas au Hellfest non plus ! j’ai vraiment apprécié ce concert, qui m’a donné envie de me replonger dans l’écoute de Sepultura, et quel pied de les voir dans le cadre des Escales, merci aux orga !

Teto Preto : La giga claque et mon coup de cœur des Escales!

(Vu par Fatherubu)

Encore une démonstration de l’intérêt d’aller voir des artistes que l’on ne connaît pas sur un festival ! Sur le papier (ou plutôt l’application des Escales), j’étais moyennement emballé par Teto Preto. En bons journalistes soucieux de couvrir un maximum de concerts, nous nous sommes rendus devant la scène Estuaire, pour nous prendre…une grosse claque.

Teto Preto - Les Escales 2019 - ©Ehyobro (4)
L’Envoûteur s’apprête à donner vie à sa marionnette…

Sur la scène, on remarque d’emblée la chanteuse et claviériste Carneosso, brésilienne de 29 ans, vêtue d’une tenue qui ne laisse aucune place à l’imagination concernant son intimité. C’est assez déroutant ! Avec elle évolue Loïc Koutana, un danseur d’origine congolaise ultra talentueux vêtu dans une tenue traditionnelle brésilienne. Le duo est soutenu par trois musiciens aux percussions, aux synthétiseurs et au trombone. On aurait tendance à les oublier devant le spectacle visuel qu’offre Loïc et Carneosso. Les deux œuvrent de concert pour nous offrir une chorégraphie où Loïc joue le rôle d’un envoûteur et Carneosso sa marionnette…c’est beau et déroutant à la fois. Le tout sur un fond musical très rythmé et syncopé où l’électro prend le dessus pour être parfois remplacé par des cuivres et percussions : on imagine très bien l’ensemble pour une fête dévergondée dans un club underground. Personnellement je suis hypnotisé !

Teto Preto - Les Escales 2019 - ©Ehyobro (1)

Sur le fond, la musique de Teto Preto évoque le Brésil et le sort réservé aux femmes ainsi qu’aux homosexuels. Pour ceux qui auraient besoin d’une piqûre de rappel, intéressez-vous à ce qui se passe là-bas, c’est assez édifiant… Face à la connerie humaine, Teto Preto fait parler la poudre de la manière la plus équivoque qui soit ! Une performance assez proche du mouvement Femen, radicale et exubérante, qui ne laissera personne de marbre.

The Avener : Efficace et sans surprise

(Vu par Fatherubu)

Pour clôturer cette première soirée de festival, les organisateurs des Escales ont choisi The Avener.  Tristan Casara de son vrai patronyme, est un DJ français qui a déjà une belle carrière derrière lui (ses premiers morceaux datent de 2005), sa renommée ayant vraiment explosée à compter de 2014 avec la sortie du titre Fade Out Lines. L’album paru en 2015, The Wanderings of the Avener, a été un vrai carton (trois fois disque de platine) et vous  connaissez sûrement quelques-uns de ses titres présents ! N’ayant jamais eu l’occasion de le voir en live, j’étais curieux de le voir sur la grande scène des Escales. Musicalement, ce n’est pas forcément le genre d’électro que j’apprécie, mais parfois on peut se faire surprendre… Alors verdict ?

The Avener - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
The Avener pour le concert de clôture de cette première journée des Escales 2019

Il arrive sur scène accompagné d’un guitariste, histoire de chauffer un peu les kids présents en masse devant la grande scène du Port. Le gus (le guitariste) s’y croit à mort, c’est simple ; c’est la réincarnation de Jimmy Hendrix à Saint Nazaire ! Ah non en fait, c’est simplement trois accords et un guitariste en train de souiller son slip tellement il se croit bon. Bref c’est risible, mais ça partait d’une envie de bien faire.

Revenons-en à The Avener et aux Escales ! Dès les premiers instants la fosse répond présente, on voit une énorme bouée canard se balader ainsi que pas mal de jeunes gens faisant les zouaves, ça finit par quelques évacuations par-dessus la crash barrière. Voilà un bon baromètre de l’ambiance qui règne, nous ne sommes visiblement pas à un concert de François Feldman. Et la musique alors ? C’est un bon set, clairement. The Avener ne réinvente pas la poudre à canon, mais il a le mérite de faire une house music de bonne qualité. L’auditeur attentif aura le plaisir de discerner quelques samples de Daft Punk et consorts qui se planquent par-ci par-là ! A titre personnel, cela ne m’a pas transcendé, mais les festivaliers m’ont donné l’impression de bien s’amuser et de bien apprécier : c’est là l’essentiel !

The Avener - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Samedi : I got a question for you!

Nous avons été très sérieux ce matin et en début d’après-midi ; nous avons travaillé sur deux interviews tombées à « la dernière minute ». Bon, en fait c’était le projet, en réalité nous en avons travaillé une. La seconde ce sera pour demain matin. On fait les choses bien chez Weirdsound !

Puisque l’on en parle, ce ne sont pas moins de trois interviews que nous allons enchainer en arrivant aux Escales aujourd’hui, avec peu, voire pas de pause. Tout d’abord Tassia Reis, artiste brésilienne, dont nous projetons de voir le concert le lendemain. Puis ce sera au tour d’Edgar, que nous verrons en concert un peu plus tard aujourd’hui. Enfin, Pongo, chanteuse née an Angola et qui vit au Portugal depuis ses 8 ans. Nous assisterons également à son concert ce soir.

Je dois avouer que l’enchainement de ces trois rencontres, soit en anglais, soit avec le filtre de la traduction puisqu’aucun de nous deux ne parle le portugais, avec la concentration que nécessite l’exercice, nous a mis un poil K.O. Nous allons donc profiter quelques instants d’une pause fraîcheur à l’espace presse, avant de commencer la série de concerts du jour. Ce faisant, nous avons vue sur le concert de Hocus Pocus qui ne nous intéressait pas vraiment. A tout le moins ne pourrons-nous pas être taxés de chauvinisme nantais!

Hocus Pocus - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Hocus Pocus – Les Escales 2019 – ©fb-photographe

Edgar : Monsieur 100% créateur !

(Vu par Ehyobro)

Nous avions laissé le rappeur il y a maintenant deux heures en fin d’après-midi après une rencontre fort intéressante que nous vous dévoilerons ultérieurement. Nous le retrouvons maintenant sur la scène de l’Estuaire à 21:15. Pour vous le présenter en quelques mots, Edgar, à 26 ans, a grandi dans les favelas, fréquenté et habité la rue, connu l’addiction de l’alcool pour laquelle il s’est soigné. Poète et ciseleur de mots, il pose un regard consterné et lucide sur le monde, et s’inquiète beaucoup pour le futur du Brésil dans l’ère qui vient de s’ouvrir. Très au fait de l’écologie, Edgar qui se définit lui-même comme un créateur, imagine ses vêtements (chaussures comprises) et bijoux de scène qu’il crée en recyclant vêtements et déchets électroniques. S’il a peu tourné en dehors du Brésil où il s’est fait un nom et une place, il s’agit là de sa seconde venue en France, après le MaMa Festival automne 2018 à Paris.

Edgar - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

C’est dans un déguisement qui ne laisse voir de lui que ses mains qu’Edgar arrive sur scène, deux Mc’s l’accompagnent. Le son est un mix hip-hop-électro, sur lequel Edgar pose son flow. Un flow qui me rappelle vaguement voire un peu plus par moments celui d’Asian Dub Foundation. Sympa à écouter, l’artiste tarde à retirer le masque derrière lequel il se cache. J’aurais aimé le rencontrer plutôt après le concert, afin de lui demander le pourquoi de ce masque gardé bien longtemps. L’un des temps forts du concert sera le moment ou il rejettera de son estomac par la bouche du plastique, renvoyant chacun face à ses responsabilités eu égard à nos modes de vie.

J’avoue avoir un poil regretté de ne pas avoir fait portugais LV2, la barrière de la langue ne laissant pas profiter pleinement de la qualité des textes. Si vous aimez un peu le rap, un peu l’électro, un peu les deux, et que vous vous demandez ce à quoi peut ressembler un rap électro brésilien, je vous invite à découvrir l’album Ultrassom.

Kiddy Smile : Il donne le sourire aux Escales

(Vu par Fatherubu)

Kiddy Smile - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Kiddy Smile nous a fait groover au son des 90’s

Celui-là enchaine les dates et les festivals cette année : Kiddy Smile était venu mettre un peu d’esprit voguing aux Escales de Saint-Nazaire ! En avril au Printemps de Bourges son show m’avait beaucoup diverti, c’était très rafraichissant de retourner se baigner dans les sonorités des 90’s. Kiddy Smile est sur la petite scène Espadon, quasiment en fin d’après-midi, franchement il aurait mérité la grande scène afin d’ambiancer les Escales !

Au Printemps de Bourges j’avais déjà apprécié le personnage et la performance, c’est toujours aussi marrant et les festivaliers réagissent bien aux bonnes vibes de Kiddy. Un bon concert pour se mettre en jambes !

Nous « profitons » du concert de Lomepal pour aller dévorer un burritos. Depuis notre point de vue, la jeunesse semble apprécier…

Pongo : Let’s dance!

(Vu par Ehyobro)

Tout comme Edgar, nous avons rencontré Pongo plus tôt dans la soirée. Nous nous sommes d’ailleurs bien amusés et avons bien ri, elle n’est pas la dernière à déconner loin de là !

Pongo - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Pongo nous a appris à danser le Kuduro sur la scène Espadon des Escales

Angolaise d’origine, sa famille a fui le pays à la fin des années 90 pour s’installer au Portugal. Elle en conserve une nostalgie, et un amour de ses racines qu’elle aime à retranscrire dans sa musique. Initialement portée par la danse qu’elle a pratiquée avant de marcher, il ne lui a pas été facile une fois parvenue à l’adolescence, de faire admettre à sa famille qu’elle aimait et pratiquait le Kuduro, cette danse aux mouvements très libres. Elle nous confiera avoir du trouver 1000 ruses pour s’adonner à cette passion librement, avant que ses parents ne tombent sur un clip à la télévision… (la suite dans l’interview !). Les rencontres et collaborations vont la mener au chant pour lequel elle va se découvrir un talent. En solo, elle a sorti en 2018 son premier disque Baïa (danse), mélange de Kuduro, rap et électro.

Dans sa combinaison couleur argent avec triple ceinture, Pongo arrive avec la même bonne humeur et la même énergie qu’elle dégageait lors de la rencontre. On comprend tout de suite que ça va bouger. Et ça a bougé ! Un a un, Pongo délivre les titres de son E.P, (j’ai un gros faible pour Tambulaya). Elle n’oubliera pas Wegue wegue, carton de 2008, époque où elle collaborait avec le Buraka Som Sistema. Courant d’un bout à l’autre de la scène, dansant tantôt comme une furie, tantôt avec sensualité, haranguant le public pour qu’il participe à la fête, Pongo a tôt fait de transformer l’endroit en un dancehall, elle a mis le public dans sa poche et ne le libèrera qu’à la fin du show.

Pongo - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Jeanne Added : Sur le toit de la scène française!

(Vu par Ehyobro)

Jeanne Added - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Jeanne Added a livré aux Escales 2019 un set énergique!

Nous l’avions vue il y a moins d’un mois à Beauregard, sur une scène plus petite que la grande scène du port sur laquelle elle joue ce soir. Très attendue par le public, une fois de plus on réalise que les premiers rangs sont arrivés depuis un bon moment pour voir leur idole. L’artiste le leur rend bien, dans ce show super maîtrisé qui ne baisse jamais en intensité. La setlist reste la même et c’est très bien ainsi. Toujours aussi pêchue, Jeanne Added est heureuse sur scène, on le sent. Malgré l’enchaînement des dates, la voix est toujours impeccable et son énergie débordante.

Ainsi se clôt cette seconde journée des Escales, nous rentrons pour un repos bien mérité!

Dimanche : Déjà dimanche…

Déjà le troisième et dernier jour de festival. C’est une lapalissade, mais diable que le temps passe vite ! Nous commençons la journée par le concert de Muthoni Drummer Queen, que nous rencontreront plus tard dans la soirée.

Muthoni Drummer Queen : La Beyonce Kényane

(Vu par Ehyobro)

Muthoni Drummer Queen - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Weirdsound avait chroniqué son album She, dédié aux femmes africaines en mars dernier. Vous pouvez retrouver la chronique ici. Muthoni Drummer Queen, (dont le surnom vient d’un photographe qui avait ainsi légendé un cliché d’elle jouant de la batterie), est une rappeuse Kényane. Elle est également une entrepreneuse qui a créé le Blankets and Wine Festival à Nairobi, capitale du Kenya. Rappeuse ? Oui, mais pas seulement. Sa voix n’a rien à envier à celle d’une Beyonce, le concert le démontrera ce soir. Féministe jusqu’au bout des ongles, son discours se veut sans concession et constructif à la fois. Nous aurons l’occasion d’en discuter ce soir après le concert dans sa loge.

Muthoni Drummer Queen - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Sur la scène Espadon, MDQ va donner le premier concert de la journée devant un public déjà bien présent. La setlist présente essentiellement son dernier opus She, entrecoupé de temps de parole durant lesquels elle nous exhorte entre autres à laisser aux femmes prendre la place qui leur est due. Le public, conquis par son Afrobass, reprend en chœur les paroles lorsqu’il y est invité. J’ai particulièrement apprécié la reprise de Grandmaster Flash « The Message », plus proche de l’originale que la version album rebaptisée Kenyan Message. Le public semble apprécier Suzie Noma, titre paru sur la bande originale du film Rafiki présenté à Cannes 2018.

Nous nous éclipsons car nous avons rendez-vous pour une interview avec La Yegros, que vous retrouverez bientôt.

La Yegros : Et le charme argentin opéra

(Vu par Ehyobro)

La Yegros - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
La Yegros nous a régalé de sa Nu Cumbia aux Escales 2019

Artiste argentine de Buenos Aires, La Yegros (prononcer la Chégrrross) a plutôt bien roulé sa bosse. Non contente de s’être produite un peu partout, elle a habité à Barcelone, New York, et Los Angeles. Aujourd’hui, c’est en France qu’elle s’est établie, du côté de Montpelier. Sa musique est un mélange des influences de ses deux parents, la Cumbia et le Chamané, qu’elle mixe avec des sons électro. Elle s’est taillé un créneau sur lequel elle règne en maître(sse). Le sort a voulu qu’elle frappe un grand coup avec Viene de Mi, titre éponyme de son premier album.

Depuis, La Yegros a sorti deux nouveaux opus, dont le dernier Suelta, en mars 2019. Si la ligne continue est le mélange des styles et la douce fureur de donner l’envie de danser, on y décèle ici et là quelques pointes de nostalgie qui me rendent sa musique encore plus sympathique. Cette impression m’a été confirmée lors de notre rencontre.

La scène est habillée de végétation, les tenues sont très colorées. Du pied de scène où nous prenons les photos, on a l’impression d’avoir été transporté en Amérique du sud en un claquement de doigts. Avec son sourire ravageur et son charme naturel, la Yegros va nous faire vibrer au son de la Nu Cumbia. Pour l’essentiel, les chansons proposées ce soir sont issues de Suelta : A Ver A Ver, Linda la Cubia, Sube la Presion, Cuando (qui comporte un petit refrain en Français). Son tube Viene de Mi ne sera pas oublié. Je m’estime à ce moment très chanceux d’assister à ce concert très chaleureux, et d’avoir pu rencontrer l’artiste.

La Yegros - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Orelsan : Pas si simple, pas si basique, mais sacrément efficace !

(Vu par Ehyobro)

J’avoue être passé complètement à côté du phénomène Orelsan, considérant jusqu’alors, que « le rap c’était mieux avant ». C’est en tombant par accident sur le clip de Basique que je commençai à découvrir l’artiste. Claque ! Finalement goûtant très peu au rap moderne, il y a quelques exceptions dont Orelsan, que je trouve très habile parolier, subtil, et qualité des plus importantes à mon humble avis, sincère.

Orelsan - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Orelsan a mis le feu aux Escales 2019

Les Escales ont fait le plein de jeunesse aujourd’hui, Orelsan n’est absolument pas innocent dans cette affaire ! Alors que le moment de son arrivée sur scène approche, le public scande « Aurélien ! Une chanson ! Aurélien ! Une chanson ! » Fatherubu m’explique qu’il s’agit là d’une tradition, laquelle se perpétue à chaque concert. Je vous renvoie pour explication à la chanson « Défaite de famille« .

Veste sport rando et casquette bien vissée sur le crâne (merci pour les photos), le concert débute sur Épilogue. Le lascar bouge beaucoup, pas évident pour les cadrages ! On poursuit avec Basique la chanson par laquelle je l’ai finalement connu, pour le plus grand plaisir du public qui accompagne au chant. Me retournant pour observer, ce sont en fait les enfants ET les parents qui chantent. L’allumage aura été rapide pour ne pas dire immédiat, le chanteur peut dérouler son set énergique qui élimine de facto la concurrence… Nous écouterons encore quelques titres après la session photo, et à mon grand regret nous devrons nous éclipser avant « Défaite de Famille », car Tassia Reis que nous avons rencontrée hier va bientôt entrer sur la scène de l’Estuaire… Chemin faisant, nous croisons les visages des jeunes et moins jeunes qui semblent passer un bon moment, ça respire le bonheur et c’est très plaisant à voir.

Tassia Reis : beau brin de voix

(Vu par Ehyobro)

Tassia Reis - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Tassia Reis sur la scène Estuaire des Escales 2019

Tassia Reis fait partie des artistes invités pour le focus brésilien. A 29 ans, elle vient de sortir son troisième album Prospera. Originaire d’une ville située à 80 km de la mégalopole Sao Paulo, elle quitte sa ville natale Jacarei pour des études de mode, en parallèle desquelles elle danse dans un premier temps, puis se met à écrire. Elle commence à chanter, et sort son premier disque en 2013. Son parcours de vie déjà très riche lui a permis de se forger un caractère en acier trempé dont elle se sert pour militer activement pour la place des femmes et contre les discriminations. Si sa musique est classée dans le Hip Hop – Rap, ce n’est pas à mon sens ce qui ressort le plus. Oui, elle rappe, mais elle sait aussi chanter et possède à cet égard une voix très cajoleuse et chaleureuse. Nous vous en reparlerons dans l’interview à paraître.

Ce n’était pas un cadeau à lui faire que de lui proposer un horaire chevauchant le concert d’Orelsan… Le public est assez clairsemé puisque tout le monde est sur la Grande Scène du Port. Dommage. Ainsi que vous pouvez le voir sur les photos, Tassia semble s’être fait agresser par un animal qui aurait littéralement dévoré son jean !  Ce qui n’est pas le cas de ses musiciens et musiciennes.

Tassia Reis - Les Escales 2019 -©Ehyobro
Tassia Reis - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Peut être parce que j’ai encore Orelsan dans la tête et que je suis parti à regret de son concert, j’ai du mal à rentrer dans celui de Tassia Reis, (Fatherubu partage le sentiment). J’ai du mal à retrouver sur scène le charme et la chaleur qui ressortaient de mes écoutes en préparant mes questions pour la rencontre. Il est temps d’aller manger un morceau avant d’assister au concert de clôture de cette édition des Escales : Franz Ferdinand.

Franz Ferdinand : 15 ans de carrière et encore ados!

(Vu par Fatherubu)

Franz Ferdinand - Les Escales 2019 - ©fb-photographe
Franz Ferdinand avait la lourde tâche de clôturer l’édition 2019 des Escales

Dernier concert pour cette édition des Escales, les écossais de Franz Ferdinand ont créé le buzz en étant annoncés en tête d’affiche de ce dimanche soir. En 2018, ils nous proposaient un nouvel album, Always Ascending, que nous avons d’ailleurs chroniqué dans ces colonnes. Il y a foule devant la scène, avec une moyenne d’âge logiquement plus élevée que pour Orelsan ! Le groupe arrive sur ses quinze ans de carrière, ça ne nous rajeunit pas cette histoire… Ah, la lumière s’éteint, voilà que nos écossais arrivent ! Visiblement le temps n’a pas de prise sur eux, ils ont l’air en pleine forme, en attestent les sauts de cabri sur scène.

Avec six albums au compteur, ils ont l’embarras du choix pour nous sortir une setlist comportant leurs plus grands tubes : on débute avec Jacqueline, suivi de Do You Want To et No You Girls. Alex Kapranos se foule de quelques mots en français, c’est un sacré showman en plus d’être un bon chanteur, très photogénique de surcroit !

Franz Ferdinand - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Derrière lui on retrouve le fidèle Paul Thomson à la batterie ainsi que Bob Hardy à la basse. A eux trois, ils sont les membres fondateurs de Franz Ferdinand en 2000, Nick McCarthy ayant quitté le groupe en 2016. On continue avec Walk Away et le rouleau compresseur Right Action, puis avec Glimpse of Love et Always Ascending.

Franz Ferdinand - Les Escales 2019 - ©fb-photographe

Je dois vous avouer un truc, c’était la première fois que je vois Franz Ferdinand ! je suis agréablement surpris, je m’attendais à quelque chose d’assez mou du genou. Comme quoi les idées préconçues volent souvent en éclats lors d’un live. Musicalement c’est super bon, pas une fausse note, pas un retard, un chant très juste… Voici Black Tuesday et l’énorme Love Illumination que tout le monde attendait. Nous faussons compagnie à Franz Ferdinand durant le morceau Ulysses, loupant de ce fait les rappels ! Rassurez-vous, pendant ces derniers ils ont bien sur joué Take Me Out ! En définitive, un très bon concert pour un groupe dont je n’attendais pas grand-chose, ni en bien ni en mal, une agréable surprise donc !

Et c’est ainsi que se terminait cette belle édition des Escales 2019, avec son florilège de découvertes musicales. Merci aux organisateurs, au service média-presse, aux traducteurs(rices) et bien sûr, à tous les bénévoles! Rendez-vous pour les Escales2020!

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