Quasiment inutile, pour tous nos lecteurs, de présenter le groupe Dead Can Dance, fondé en 1981, à Melbourne, par le londonien Brendan Perry d’autant que j’étais revenu brièvement sur la genèse du groupe dans mon article sur le concert de Brendan Perry à Nantes Stereolux en Février dernier. (voir article). Le 3ème album du groupe « Within the realm of a dying sun » (1987) tournait en boucle dans mon walkman dans le car entre Nantes et Berlin en Avril 1988. Dead Can Dance, après des débuts mêlant rock/cold wave de Brendan Perry et influences classico-mystiques de Lisa Gerrard est devenu rapidement un groupe culte quasi inclassable de par son originalité: musique souvent éthérée multipliant influences et mélanges musicaux, médiévaux, liturgiques et musiques du monde avec un rôle croissant des percussions. Après leur séparation en 1998, Brendan Perry et Lisa Gerrard poursuivent carrière et projets musicaux avant de décider de reformer provisoirement Dead Can Dance pour une tournée mondiale en 2005 puis en 2012 pour une nouvelle tournée, accompagnée cette fois d’un nouvel album, Anastasis (chez Pias). A L’automne 2018, Dead Can dance sortait un nouvel album, Dionysus, toujours chez Pias, et annonçait une nouvelle tournée mondiale en 2019, baptisée « A celebration- Life &works 1980-2019 Tour » nous laissant deviner que le groupe allait revisiter une grande partie des titres de sa brillante carrière. Le Lieu Unique (L.U) à Nantes, chargé d’Histoire (puisque correspondant à une partie du bâtiment industriel de la biscuiterie fondée par deux industriels nantais issus des familles Lefèvre et Utile au milieu du XIXème siècle) frappait très fort en proposant, ce 30 Avril, la 1ère date de la tournée de Dead Can Dance à quelques 500 chanceux qui s’étaient arrachés les places en moins d’une heure. J’eus la chance d’être invité à cet évènement (Merci à Aret et Jules!) pour pouvoir rendre compte de cette soirée mémorable.
David Kuckhermann ouvrait déjà le concert de Dead Can Dance au R.A H de Londres en 2012.
En 1ère partie, le Lieu Unique nous proposait un set d’une trentaine de minutes du percussionniste de Dead Can Dance, David Kuckhermann ( qui a sorti aussi un album avec Lisa Gerrard en Août 2018). Prestation originale, accompagnée de commentaires explicatifs, notamment sur les « flying saucers », drôles de soucoupes métalliques, les Hang, sur lesquelles David Kuckhermann frappe, jouant des 11 (?) notes offertes par chacune.
Après une pause d’une vingtaine de minutes, la salle s’éteint doucement et nos 8 musiciens entrent en scène sous un tonnerre d’applaudissements. Lisa Gerrard apparait, telle une cantatrice impératrice, vêtue et coiffée de blanc, accompagnée de la grande prêtresse en robe blanche, la claviériste écossaise Astrid Williamson. Quelques notes sautillantes sur le clavier de l’irlandais Jules Maxwell permettaient d’introduire et de reconnaître immédiatement le 1er titre de la soirée « Anywhere out of the world » de l’album de 1987 que j’avais tant écouté! La voix de baryton de Brendan Perry est désormais un peu plus grave mais toujours aussi addictive! Suivra « Mesmerism« , un des 3 titres joués ce soir de l’album Spleen and Ideal de 1984: Brendan Perry est au bouzouki, tandis que Lisa Gerrard chante tout en tapotant sur son yang qin avec des baguettes. Brendan Perry empoigne sa guitare et annonce « une chanson très ancienne »: c’est « Labour of love » le tout 1er titre qu’il ait composé pour Dead Can Dance et qu’il a d’ailleurs joué aussi à Stereolux Nantes il y a deux mois. Lisa Gerrard revient au chant, avec sa langue inventée, dans « Avatar« . Suit un titre de 1984 (d’un E.P 4 titres) « In Power we entrust the love advocated« , titre que j’affectionne où Brendan Perry chante, soutenu par les deux claviers et leurs nappes à la fois magiques et mélancoliques.
On retrouve Brendan Perry sur « Bylar« , titre de 1996, composé par Lisa Gerrard et Robert Perry, le frère de Brendan Perry, guitariste et percussionniste présent aussi sur scène. Brendan Perry et Lisa Gerrard unissent leurs voix pour des incantations mi tribales où l’on peut même aussi entendre la voix du claviériste Jules Maxwell. Brendan Perry joue le rôle de chef d’orchestre sur « Xavier« , titre de l’album de 1987, pour diriger les vocaux et en l’absence de batterie: « Fair Rosanna, your vagrancy’s a familiar tale »….un 1er parfum d’Irlande flotte sur la salle. Lisa Gerrard se retrouve seule avec les deux claviéristes, Jules Maxwell et Astrid Williamson pour un superbe et inoubliable « Sanvean« : la voix de contre alto de Lisa Gerrard, capable de couvrir 2 octaves est puissante et magnifique à la fois et le titre s’achève sous les applaudissements nourris…un des grands moments de ce concert!
https://www.youtube.com/watch?v=1wmPnEMfBFI
Lisa Gerrard « Sanvean »…..un moment de magie à chaque fois!
Le groupe est à nouveau au complet pour « Indoctrination » tandis que Lisa Gerrard s’évente. Brendan Perry chante d’abord, avant de reprendre sa guitare et Lisa Gerrard invite le public à battre des mains pour rythmer le titre. « The wind that shakes the Barley » est un des 3 titres joués d’affilée du 6ème album de DCD en 1993. Lisa Gerrard chante seule cette balade et même si elle se trompe dans les paroles, elle préfère en rire très simplement. « Yulunga » (Spirit Dance) commence sur un rythme très lent; La robe blanche de Lisa Gerrard est étincellante sous la lumière. Incantations magiques pendant près de 3 minutes avant que le titre ne devienne plus rythmé, relayé par les percussions et Brendan Perry aux maracas. Lisa Gerrard est sortie pour « The carnaval is over« , déjà joué avec Astrid Williamson au clavier il y a deux mois à Nantes par Brendan Perry…lumière rouge et bleue.
https://www.youtube.com/watch?v=Y8EbcG9Ertg
Lisa Gerrard est de retour pour la 1ère incursion dans l’album The Serpent’s egg avec le magnifique « The Host of Seraphim« . Les vocaux de Brendan Perry , d’Astrid et de Jules sont impeccables: les claviers et la voix de Lisa Gerrard nous envoûtent; Le public ne s’y trompe pas et toute la salle est debout à la fin du titre. « Amnesia » (2012) voit Brendan Perry reprendre son bouzouki et le titre, musicalement, se révèle assez proche de l’univers de « notre » groupe français, Deleyaman, à qui je vais consacrer un long article très prochainement. C’est d’ailleurs le titre « Autumn Sun » de l’album de Deleyaman paru en 2016 que DCD va jouer immédiatement après; Brendan Perry avait programmé les percussions sur ce titre dans l’album de Deleyaman et jouait du bouzouki sur le titre « Escape ». « Dance of the Bacchantes » est le seul titre joué du dernier album de DCD mais c’est la 1ère fois que le groupe le joue en live: incantations, atmosphère tribale et influences orientales et sud méditerranéennes omniprésentes. Lisa Gerrard invite à nouveau le public à rythmer, des mains, le titre.
Fin provisoire du set et premier rappel: Brendan Perry souligne que « c’est la 1ère de notre nouveau tour », reprend son bouzouki pour « Cantara« , dernier emprunt à l’album de 1987. Brendan Perry reste seul en scène avec Astrid W au clavier (comme à Nantes en Février) pour la très belle reprise du titre de Tim Buckley « Song to the siren« …J’adore…frissons garantis. « Merci, bonne nuit » lance Brendan Perry.
Nouveau rappel pour deux titres alors que Lisa Gerrard reçoit un bouquet de fleurs d’un admirateur et qu’elle va rester seule, avec les deux claviers, pour interpréter »The Promised Womb » de l’album Aion de 1990. C’est au tour de Brendan Perry de conclure le concert, accompagné lui aussi des deux claviéristes pour « Severance » , titre empli d’une atmosphère mélancolique d’autant que l’on voudrait que ce ne soit pas le dernier …La salle est à nouveau debout pour chaleureusement acclamer le groupe. Dead Can Dance nous a donné 2 heures d’un concert intense et brillant où émotion et magie se sont souvent conjuguées.
J’eus la chance de faire partie d’une poignée de privilégiés pour l’after show et de rencontrer une partie du groupe dans les loges du sous sol du L.U. A noter que Jules Maxwell, le claviériste, a apprécié l’écoute et l’accueil du public nantais (il n’est pas le 1er à le souligner!). La tournée de DCD, qui affiche déjà complet quasiment partout, se poursuit jusqu’en début d’été en Europe: Rennes (2 Mai), Londres (4/5 Mai), Bruxelles (7/8 Mai) puis Paris (Grand Rex les 10 et 11 mai) avant Berlin, l’Espagne etc….et, après les deux dates en Grèce, le groupe s’envole pour l’Amérique ….mais aussi la Nouvelle Zélande qui ravivera les souvenirs d’adolescent de Brendan Perry en attendant son nouvel album pour l’été 2020.
Encore un merci spécial à Aret Madilian de Deleyaman et Jules Maxwell de DCD pour leur gentillesse.
lien: https://www.deadcandance.com/
Et un bonus supplémentaire pour apprécier la voix de Lisa Gerrard (Live in Sofia Juin 2017)
Hey hey, tu as réussi à assister au concert, chapeau! Et belle chronique…bises