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Chauds balancements au Trabendo : Temples révèle toute sa force en live

Chauds balancements au Trabendo : Temples révèle toute sa force en live

20h, c’est 20h!

La traversée de Paris

La nuit est tombée depuis un petit moment déjà, et de la silhouette sombre de la grande Halle de la Villette s’échappent quelques lueurs rougeoyantes qui éclairent le parc qui a sombré dans l’obscurité. Les petites lumières violettes nous indiquent le chemin vers le Trabendo. Il est vingt heures vingt et le concert devait débuter à vingt heures! La circulation parisienne, décidément, nous n’y sommes plus habituées. Tant mieux! Oui, nous, car ce concert de Temples nous l’attendions en famille depuis juin, date à laquelle mon fils reçut son billet, le jour de son anniversaire. On est fan de père/mère en fils, chez nous. Nous ne savons guère à quoi nous attendre, mais je connais le Trabendo, j’y ai assisté à quelques concerts, dont un passage mémorable de Reverend Horton Heat il y a déjà … et bien de nombreuses années. La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est qu’il ne risque pas d’y avoir de crowd/body surfing à un concert de Temples ! Et pourtant…

Anni B Sweet, une pop douce et mélancolique, un moment trop court

Lorsque nous arrivons, le set d’Anni B Sweet qui assure la première partie est déjà bien avancé. Nous n’assisterons malheureusement qu’aux deux derniers morceaux de la chanteuse espagnole. Sa pop douce, matinée de variété « à l’espagnole » (remember Porque te vas) a visiblement réchauffé l’atmosphère et nous fait vite oublier les deux, trois degrés celsius de l’extérieur. Le public semble avoir apprécié sans pour autant qu’elle ait déclenché l’hystérie. Les titres qui clôturent son passage sont en effet assez calmes, et les musiciens ont plutôt l’air à l’étroit sur le petit espace de la scène qui leur a été octroyé. L’artiste commence à faire parler d’elle en 2007, époque où MySpace peut encore faire office de vecteur de découverte et amener le succès à un musicien. Andalouse, elle se fait aussi remarquer par une reprise réussie de Take On Me. Ses textes, parfois en anglais, parfois en espagnol, sont mélancoliques et traitent du passage du temps, de l’inadéquation au monde contemporain, le tout, habillé d’une voix caressante, légèrement voilée qui assure un charme indéniable à ses compositions.

Temples fait dans la retenue

Vient alors le temps de l’attente. Rappelons que la salle affiche complet depuis bien longtemps et que les seules places disponibles se vendent aux alentours de 70€ sur le parvis de la Villette ! Les fumigènes rendent difficile la prise de vue, heureusement, l’organisation a prévu une crash zone dans laquelle je m’installe en compagnie de quatre autres photographes. Les places sont chères !

Un show qui va crescendo

Après avoir fait mariner le public juste le temps qu’il faut, le groupe entre en scène. Les lights shows balaient les spectateurs, dessinant les silhouettes des musiciens, ombres brouillées par les fumigènes qui peinent à se dissiper. Les premières notes de The Howl sont acclamées par un public plus que conquis. Le son de la salle, précis et juste assez fort pour ne pas avoir à supporter les bouchons d’oreilles, met immédiatement en valeur l’exceptionnelle qualité vocale des trois musiciens. À droite, discret, alternant clavier et guitare, Adam Smith (rien à voir avec le père du libéralisme économique), se tient en retrait entre le synthé et son ampli © Fender. Tout du long du concert, le musicien se réfugiera régulièrement dans ce petit recoin, comme pour s’éloigner du regard des spectateurs. Ce sont donc plutôt James Bagshaw et Thom Walmsley qui vont assurer le show.

Si le contact avec le public est plutôt fait de réserve et de « merci », il n’en reste pas moins qu’un courant fort passe entre le groupe et l’audience. Quelques blagues vont contribuer à cet effet, ainsi qu’une set-list intelligemment coordonnée.

Le groupe enchaîne avec le premier single sorti à l’annonce de Volcano, Certainty, dont l’ambiance tout aussi calme que le précédent contribue à installer une atmosphère apaisée et attentive au sein du public. Les mélodies prennent toute leur dimension en live où le son se fait beaucoup plus rock et brut que sur album. Des bandes enregistrées—ou un musicien en backstage ?—assurent les parties qu’aucun des musiciens n’est en mesure de jouer live.

Lorsque les claps de A Question Isn’t Answered s’élèvent, le public est aux anges. L’intro vocale très éthérée sur l’enregistrement, présente une texture différente et procure une présence plus intense au titre en live. Indéniablement, le groupe sait faire sonner ses compositions. Le jeu de scène reste pourtant assez sobre, même si James Bagshaw fait plusieurs fois une incursion au-devant de la scène. Thom Walmlsey est peut-être le membre du groupe le plus expansif : il ondule, brandit sa basse, comme s’il voulait trancher le public avec son manche ! Ses lignes de basse, bien mises en relief par le son du lieu, permettent d’apprécier leur efficacité et l’apport indéniable à l’ensemble de l’édifice musical qu’est la musique de Temples.

Bagshaw va régulièrement se rapprocher du public, voir se coller dos aux premiers rangs, peut-être dans l’espoir de faire du crowd-surfing?

Les compositions de Hot Motion passent le test du live

Vient enfin, le premier single de Hot Motion, le toujours très mid-tempo You’re Either on Something. Le public, plutôt assez réservé jusque là se met à danser sur le rythme balancé par Rens Ottink. Le batteur accompagne désormais le trio sur scène. Le Néerlandais, aussi auteur/compositeur, est tout à fait à l’aise avec les titres. Il permet d’ailleurs à ceux-ci, parfois un poil trop linéaires, d’acquérir plus de nuances.

Colours to Life fait monter la tension, le clavier et ses nappes « pink floydiennes » me feraient presque entrer en transe. On sent que Bagshaw aimerait aller plus loin et se lâcher un peu. À plusieurs reprises, il descendra dans la crash zone, se mettant dos au public. Cherche-t-il à faire du crowd-surfing ou tout simplement à apprécier le son de l’ensemble ? La voix du natif de Kettering paraît beaucoup moins nasillarde et haut perchée en live. Placée plus en avant, le timbre du chanteur a quelque chose de Donovan, avec ce très léger vibrato dans la voix.

Trois accords de guitare, Bagshaw chante «Holy horses lighting the skies, Ringing in my ears and filling up my eyes » aussitôt repris par quelques personnes dans le public. Le titre donne un coup de boost au concert, l’emmenant vers des moments plus rock et dansants.

Et là, à l’autre bout de la salle, quelle n’est pas ma surprise de voir un spectateur grimper sur un baffle et se faire porter pendant quelques dizaines de secondes au-dessus de la foule. Bon, le public ne semble pas trop coutumier de ce genre de comportement et l’initiative ne fait pas long feu, en dépit d’une tentative de renouveler l’exercice.

On n’échappe pas au passé, ou « mais ça me rappelle… »

L’ombre des Byrds

The Golden Throne, plus sec et rugueux que l’interprétation sur disque précède le deuxième et dernier extrait de Volcano pour ce soir, Oh ! The saviour. Le final au clavier de Smith sur le « trône d’or » achève d’enthousiasmer le public dont les acclamations sont de plus en plus longues et bruyantes. Pas besoin d’en faire des caisses, donc, la musique se suffisant à elle même. Alors, lorsque James Bagshaw entame les arpèges de Hot Motion, l’ambiance monte encore d’un cran. Ma voisine s’évertue à convaincre son amie que la musique de Temples et celle des Kinks partagent de nombreux points communs. Certes, les deux chanteurs ont cette capacité rare d’écrire des chansons immédiatement accrocheuses, mais il est encore trop tôt pour dire si les jeunes anglais auront la même capacité de renouvellement que leurs aînés… Et puis, si comparaison il devait y avoir, je rapprocherais plus la musique des enfants de Kettering de celle sensuelle et hypnotique des californiens des Byrds que des Kinks, plus rock et versatiles.

Adam Smith va progressivement se faire plus présent sur le devant de la scène sans pour autant empiéter sur la performance du leader, James B.
Adam Smith va progressivement se faire plus présent sur le devant de la scène sans pour autant empiéter sur la performance du leader, James B.

Les musiciens vont enchaîner deux autres titres du dernier opus, The Beam et Context. Plutôt noyés dans l’ensemble sur l’album, ces deux morceaux se révèlent en définitive avoir un potentiel énorme en live.

« T-Rex es-tu là? » et « c’était génial! »

Le très T-Rexien Keep In The Dark sera l’occasion pour Bagshaw de prendre des poses que n’aurait pas reniées Bolan lui même. Le groupe va terminer son set en calmant tout d’abord le jeu avec la première partie d’Atomise. Le titre est assez symbolique du concert, puisque, d’une même manière, il se développe tout au long d’une montée toute en douceur et évolue progressivement vers des passages plus puissants et des ambiances hypnotiques et psychédéliques. Shelter Song est longuement applaudi, puis le groupe quitte la scène tandis que le public hurle de plus en plus fort.

This is the end

Good vibrations

Le retour et final se fait sur Mesmerize dont le final est une longue montée autour de la guitare du chanteur qui se fait d’abord bluesy et intimiste sur un beat léger et montant tenu par Ottink, puis de plus en plus hendrixienne. Encore une fois, les solos de guitare de Bagshaw vont m’évoquer les sons aigus et les tremolos des Byrds (qu’il faut décidément que je me décide à ré-écouter).

Puis, les feedback se multiplient, les aigus montent, et le paroxysme une fois atteint, les musiciens quittent définitivement la scène après avoir remercié le public. « C’était génial! », fût la contribution de Mr. Moonlight Jr, avec une approbation de Mme. Moonlight, à ce live report. Mais l’impression générale, à écouter les personnes qui s’égayent à la sortie de la salle de concert dans le parc, est bien la même. Certains regretteront que le groupe ne se soit pas lâché plus tôt. Il est vrai que la salle ne s’y prête guère, et que l’on a souvent senti que les musiciens étaient sur le point de basculer, sans jamais vraiment y aller à fond. Personnellement, je n’ai pas senti de frustration, l’interprétation et leur musique m’ont amplement comblé.

Bagshaw en début de show, peu expansif et concentré.
Bagshaw en début de show, peu expansif et concentré.

En marchant pour regagner la voiture, mon cœur se serre quelque peu lorsque nous croisons un homme d’une cinquantaine d’année brandissant des affiches mal imprimées, sur un fond jaune, arborant tout en haut en police Times : The Temples. Pas sur qu’il en vende des masses, le pauvre…

En attendant le printemps

Lors d’un des rares moments où le chanteur aura aligné plus de trois phrases entre les morceaux, on aura compris que la tournée affiche complet. Dès lors, il aurait pu être judicieux de faire plusieurs soirées dans une même salle afin de contenter un public de plus en plus nombreux à les suivre. Le bon côté des choses, c’est que la taille du Trabendo, salle ni trop grande pour éloigner totalement le groupe de l’audience, ni trop petite pour réduire le champ de vision et écraser les musiciens, aura permis d’apprécier la dimension live de Temples et de se rendre compte que tout ne se joue pas sur album mais que c’est aussi un groupe de scène. Les titres ont une véritable vie, et Bagshaw une aura indéniable et communicative. L’occasion nous sera donnée de voir comment évoluent la tournée et la taille des salles puisque le groupe revient au printemps dans l’hexagone.

James bagshaw remercie le public après le rappel ce 20 novembre au Trabendo
Final psychédélique, Bagshaw ravi et public conquis

http://www.templestheband.com/live

https://www.subterfuge.com/artistas/anni-b-sweet/

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