Iggy Pop - Love Missing
The Offspring - Why Don't Get You A Job?
The Dropkick Murphys - Dirty Old Town cover
Washington Dead Cats - I'm A Dead Cat
Bob Vylan - We live here
Ghost - Kaisarion
Decius
The Brains

Bill Callahan: Reality en face et en live à Rennes

Bill Callahan: Reality en face et en live à Rennes

Bill Callahan, bientôt 57 ans, a déjà une longue carrière musicale derrière lui. Onze albums avec son projet Smog-juqu’en 2005- puis 9 sous son nom propre, en restant fidèle au label Drag City. N’ayant jamais vu le natif du Maryland lors de ses passages à Nantes, avec Smog il y a 25 ans ou, en 2010, à Stereolux, je voulais enfin découvrir en Live ce musicien. Le dernier album, YtilaerReality dans un miroir-étant, de surcroît, très bon, aller à Rennes Antipode ce 22 Avril s’imposait. Un album dont il allait jouer 9 des 12 titres dans un set de près de 2 heures.

Reality: un cri….du coeur

Bill Callahan Rennes 2023 photo benoit@weirdsound.net
Bill Callahan Rennes 2023 photo benoit@weirdsound.net

2 ans après son album Gold Record et moins d’un an après Blind Date Party-double album réalisé avec Bonnie Prince Billy-, Ytilaer offre un nouveau visage au Folk Rock de Bill Callahan. La période confinement/Covid et sa nouvelle vie familiale l’avait déjà amené à réfléchir et à ne pas rester inactif. C’est ainsi qu’il avait proposé, avec Bonnie Prince Billy, une série de duos où l’on retrouve Matt Sweeney et Ty Segall, parmi une série d’artistes plus qu’intéressants! Bill Callahan est aussi un homme comblé car après son mariage tardif, il est devenu « jeune » père en 2015 puis en 2018.

Cela peut et doit entraîner certaines prises de conscience et de nouveaux points de vue sur le monde et les gens. Bill Callahan n’est pas ainsi le seul artiste à s’interroger sur le monde consumériste qui court à sa perte et de s’apercevoir qu’il était temps de regarder la réalité en face. Le dernier et énième rapport du GIEC est encore là pour nous rappeler l’urgence d’agir sur le plan climatique. Occasion aussi pour Bill Callahan de se tourner davantage vers les gens et de ne pas tomber dans le repli qui guette souvent aujourd’hui, y compris via l’illusion des réseaux sociaux, les individus.

Pochette de l'album Ytilaer Bill Callaham
Pochette de l’album Ytilaer Bill Callaham

Ce n’est sans doute pas un hasard si désormais, dans ce nouvel album, le thème de la nature revient si souvent dans les textes. Le titre de l’album, à lire dans un miroir où l’on se voit également, peut être un appel à une certaine introspection….L’oiseau de la couverture se reflète lui-même dans l’eau. Le très bel artwork de l’album-avec pochette ouvrante- est signé Paul Ryan. Celui-ci a déjà réalisé les pochettes des albums Apocalypse et Dream River. Sur la pochette-comprenant les paroles- d’un des 2 vinyles, Bill Callahan ne tarit pas d’éloges sur la peinture de Paul Ryan!

Bill Callahan en quatuor à Rennes Antipode

Matt Kinsey Rennes mars 2023 photo benoit@weirdsound.net
Matt Kinsey Rennes mars 2023 photo benoit@weirdsound.net

Bill Callahan est -seulement-entouré de 3 musiciens ce soir et l’orchestration ne sera pas aussi riche que sur le dernier album. Cela ne signifie pas pauvre pour autant! On retrouve deux texans déjà rencontrés sur d’autres albums de Bill Callahan. Matt Kinsey, à la guitare, déjà présent sur les albums de 2019 et 2020 et Derek Philips, présent aussi sur Gold Recors en 2020. Il a cependant délaissé clarinette et trompette pour un saxo. A la batterie, l’australien Jim White…mais oui, bien sûr, je l’ai déjà croisé….Jim White est le co-fondateur du groupe Dirty Three en 1992, passé par Nantes en 2005, lors de la troisième édition du regretté festival Soy. Le trio comprenait aussi Warren Ellis, « le » violoniste de Nick Cave et Mick Turner à la guitare.

L’entrée du quatuor, dans la pénombre, se fait sur le titre de Carly Simon Haven’t Got Time For The Pain. Hommage à la chanteuse ou clin d’oeil à décrypter par un psy…ou les deux…bon..on ne saura pas! Le concert débute par les 3 premiers titres de l’album Ytilaer et donc First Bird. Une manière d’entrer au coeur d’une des problématiques de l’album avec cette phrase du refrain: « Et quand on sort des rêves, alors on retourne dans les rêves« ….A vous/nous de nous plonger dans un voyage entre rêve et réalité mais où la mélancolie n’est plus dépressive …Bill Callahan est un homme …neuf et… plus épanoui… First Bird se référant aussi à son dernier enfant.

Cinquième titre joué aussi à Rennes Antipode le 22 Avril 2023

On peut se demander si l’album va continuer à être déroulé dans cet ordre et dans sa totalité…Non, après Bowevil, un traditionnel réarrangé par Bill Callahan, les 4ème et 5ème titres sont l’occasion d’un détour-le seul-sur la période Smog. Que ce soit sur ces titres ou les premiers joués, la voix chaude de baryton de Bill Callahan est déjà là pour nous séduire. Un brin crooner parfois, rappellant aussi, par moments, Leonard Cohen ou Kurt Wagner (Lambchop) que j’affectionne particulièrement.

Coyotes un des nombreux bons titres de l’album Ytilaer

On revient au dernier album avec 2 bons titres, Coyotes et Drainface. Après que Bill Callahan ait demandé de baisser l’intensité de l’éclairage, Coyotes s’étire, délicieusement cool, le chanteur répétant de nombreuses fois Yes I am Your Loverman...avant un final plus free. Les délicates notes de piano de l’album pourraient manquer mais l’orchestration riche laisse sa place à un ensemble plus brut et nullement décevant. On perçoit encore plus chacun des 4 instruments même si le saxo n’est pas, pour moi, toujours assez mis en valeur. Les effets de guitare country de Matt Kinsey sont appréciés comme les effets de manche-stylés- de Jim White.

Une deuxième heure de concert aussi riche et plus pêchue

Cowboy-de l’album Gold Record-est accueilli par des applaudissements de fans. Titre au parfum bluesy et country à la fois précédant Drover, emprunté à l’album Apocalypse avant un nouveau retour à 2020 avec The Mackenzies. Viennent alors 3 titres du dernier album. Partition et son rythme plus pêchu nous rappelle que Bill Callahan est loin d’être statique avec sa guitare derrière son micro. On le voit même effectuer quelques sauts de cabri et esquissant des pas de danse, se retournant aussi plusieurs fois vers Jim White.

Naked Souls, un des sommets du concert de Rennes dans une version plus débridée qu’à Madrid

Avec Naked Souls, on atteint un des sommets du concert . Titre teinté free jazz-sans les choeurs de l’album- ponctué d’un long passage semblant presque expérimental et improvisé. Le titre s’étire sur près de 10 minutes, plusieurs morceaux auront d’ailleurs des versions rellongées-extended diraient les anglo-saxons. Avec Planets, on reste dans la veine de longs passages instrumentaux.

Après une brève sortie de scène, rappel presque incontournable pour deux titres. Too Many Birds de l’album de 2009, un nouveau régal pour les oreilles puis Natural Information, sorte de reflexion finale à faire confiance à notre intuition.

Album de la maturité, bon concert et bon son!

En rappel et pour conclure le set de Rennes Antipode

Belle soirée à Antipode Rennes où le son, une nouvelle fois, fut de qualité. C’est important pour apprécier un concert, d’autant qu’à Paris, le lendemain, le son fût-apparemment-médiocre et trop fort-au grand dam de nombreux spectateurs. Même si l’orchestration fut moins riche que sur l’album, nous avons su apprécier-sans le titre Lily– le dernier double album Ytilaer. Il va certainement compter dans la carrière de Bill Callahan. Après le concert, il était en vente-au côté d’anciens albums vinyles vite achetés-au prix plutôt raisonnable de 30 euros. Difficile de comprendre les prix notamment pratiqués par la Fnac à plus de 50 euros! On pouvait trouver encore, sur le stand merch, le vinyle Apocalypse à 20 euros, une aubaine pour quelques uns!

Bill Callahan semble avoir évolué aussi en tant qu’homme comme il le rappelait dernièrement dans une ITV à Télérama. « Avec le temps, notre rapport au monde change. On se sent plus connecté aux autres et à l’environnement. Quand on est jeune, on est centré sur soi, avec ses interrogations et ses angoisses…Qui suis -je, que vais -je faire demain? lorsqu’on vieillit, l’existence devient un ressenti plus universel« …

https://billcallahan.bandcamp.com/album/yti-a

https://www.dragcity.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *