A.A Williams, nous l’attendions depuis des mois ! Nous étions déjà heureux de sa venue au Hellfest, en Juin dernier, avec Mono puis seule, une semaine plus tard. La voir et surtout l’écouter, dans une petite salle comme celle du Ferrailleur à Nantes allait se révéler être un privilège. Son dernier album, As The Moon Rests venant de paraître, sur le label Bella Union, nous étions sûrs d’en avoir de larges extraits. En première partie, Karin Park, compositrice et musicienne suédoise, est l’invitée de A.A Williams et de son groupe sur cette tournée européenne 2022.
Karin Park: un set plutôt électro
Quelques uns connaissaient Karin Park pour avoir composé le titre représentant la Norvège à l’Eurovision en 2013….Bon, de quoi se méfier même si la Norvège avait terminé 4ème du concours se déroulant à Malmöe, donc… en Suède! Beaucoup vont en fait découvrir Karin Park ce soir au Ferrailleur. Sa musique oscille entre électro et pop avec un parfum industriel sur quelques morceaux. Elle a notamment tourné avec Gary Newman, claviériste-guitariste qui a connu son heure de gloire-synth pop- alors qu’il avait à peine 20 ans.
Karin Park est seule en scène, entourée de ses machines-claviers. Le set, plaisant, est à dominante électro et ses titres ne reflètent cependant pas de réelle émotion. Sa voix est sûre et puissante et elle dégage une belle énergie. Doit-on ajouter-sans passer pour un affreux macho- qu’elle ne fait pas ses 44 ans!? L’étiquette « gothique » parfois rencontrée n’est pas du tout évidente dans ce set! Je préfère Karin Park lorsqu’elle décide de jouer, en fin de set, de son harmonium pour interpreter Blue Roses. On perçoit alors un autre potentiel, plus sensible aussi, qu’elle devrait exploiter peut-être davantage.
A.A Williams en quatuor
L’artiste affectionne les collaborations plus larges comme celles avec Mono et le Jo Quail Quartet. Elle retrouve alors son violoncelle de prédilection ou son piano. Ce soir, c’est en formation plus simple et « classique » que nous la retrouvons au Ferrailleur. Comme elle me le dira après le concert, pas de place non plus pour un piano ici et choix de ne pas utiliser le violoncelle dans un set plus électrique. Cela ne va pas nous empêcher d’avoir droit à un nouveau concert magique, après celui de Tess Parks -autre prêtresse post rock-en Octobre.
Nos lecteurs fidèles connaissent déjà bien A.A Williams. Son premier album, Forever Blue, chroniqué ici, fut un véritable coup de coeur pour votre serviteur. Après un très bel album de reprises, Songs From Isolation, réalisé pendant le confinement, nouvel opus en Octobre dernier. As The Moon Rests vient aussi de bénéficier d’une belle chronique. Pour en savoir davantage sur A.A Williams, nous vous invitons, bien sûr, à vous reporter à ces chroniques!
Le quatuor entre en scène dans une lumière tamisée comme pour mieux nous préparer à la rencontre de la diva. La set list semble avoir été minutieusement construite dans le but d’un bel équilibre et d’une belle cohérence entre les morceaux puisés dans la jeune-mais déjà riche-discographie de l’artiste. Evidemment, A.A Williams va faire la part belle à son album paru un mois auparavant.
A.A Williams en prêtressse envoûtante.
Les trois premiers titres sont d’ailleurs ceux qui occupent la première face du double vinyle récent. A.A Williams, de noir vêtue, envoûte très vite le public du Ferrailleur. Voix addictive pour une artiste habitée et musique capable de séduire un public large comme on a pu le constater avec la présence de la prêtresse-alors post gothique- au Hellfest. Vient ensuite un autre bloc de 3 titres: Love & Pain-du premier album- puis For Nothing-du dernier et le très beau Control du premier E.P paru en Janvier 2019. A noter que cet E.P a été réenregistré, en version acoustique avec cordes, en 2021. Sous le titre Arco, cet E.P est superbe aussi!
Un nouveau trio de morceaux emprunté au dernier album va continuer l’oeuvre d’envoûtement post rock dark. Golden, The Echo et Pristine nous livrent leur construction musicale souvent un peu semblable mais que l’on adore. Lente montée toute en tension avant une explosion de sons au parfum dark metal. A.A Williams nous montre alors qu’elle est capable de beaux riffs de guitare énergiques. Les émotions oscillent toujours entre fragilité, contrôle et chaos. Les morceaux sont souvent enchaînés sans quasiment de pause et donc d’applaudissements. A.A Williams parle peu, sauf pour souligner qu’elle semble avoir apprécié le Quai des Antilles et l’atmosphère des lieux.
Elle remercie aussi tout particulièrement son mari Tom-Thomas Williams-qui assure la basse en arrière plan. N’oublions pas pour autant Wayne Proctor, à la batterie, et Matthew de Burg Daly, terriblement efficace et naviguant entre clavier et guitare. Le superbe morceau titre du dernier album va encadrer Belong-du 1er E.P- et Melt-du 1er album- qui clôture le concert. Un final éblouissant!
75 minutes de bonheur musical
Les 150 spectateurs présents sont comblés. Encore une fois, on peut être surpris et regretter cette faible fréquentation pour une telle affiche. Il est vrai que Nantes est une des premières scènes musicales françaises. Les salles et cafés offrent quasiment quotidiennement des concerts de qualité. L’après confinement et l’inflation laissent indéniablement des traces.
On peux noter, le son excessivement fort…beau compte rendu, c’était un chouette concert Benoît.
Slt, bon compte rendu 👍. Je confirme ce concert était super. Avec peut-être un son un peu fort..