Un samedi au Casino de Paris pour le concert des Coccinelles

Le Casino de Paris scintille ce samedi 3 novembre 2018 à notre arrivée vers 18h, une quinzaine de personnes font déjà la queue devant l’entrée de la salle de spectacle qui a vu passer les plus célèbres et qui accueille en ce moment le musical de la famille la plus déjantée des USA, la famille Addams.
Mais ce soir, point de comédie musicale, le public fait la queue pour une toute autre raison, une cause qui lui tient à cœur et qu’il est venu soutenir en famille ou entre amis. Il s’agit de l’association de neurofibromatose et Recklinghausen qui est au centre de toute les curiosités ce soir grâce à la brochette d’artistes présents pour soutenir ce combat.
Les Neurofibromatoses sont un groupe de maladies génétiques neurologiques. Elles se caractérisent par l’apparition de tumeurs de la peau ou des nerfs dans ses formes les plus fréquentes. La neurofibromatose NF1, également appelée maladie de von Recklinghausen, est une des maladies génétiques les plus fréquentes (1 cas pour 3 500 naissances). Il n’existe à ce jour aucun traitement pour lutter contre ces maladies. Communément appelée maladie des coccinelles, elle reste peu connue en France alors qu’elle touche plusieurs milliers de personnes.
Nous abandonnons le public qui patiente sur place en attendant l’ouverture des portes; pour nous ça sera le passage par l’entrée des artistes où nous sommes accueillis par la chargée de presse. Nous empruntons le chemin des backstages, nous apercevons Hugues Aufray sur scène en train de répéter son passage dans une salle encore vide où des techniciens s’affairent autour de lui afin que tout soit fin prêt avant l’ouverture du spectacle.
Nous arrivons dans la salle d’interviews où plusieurs confrères patientent tandis que Gaël Faure répond à d’autres. Les places sont déjà prises et une gentille demoiselle nous cède une place sur le fauteuil qu’elle occupe toute seule. Je la remercie gentiment et lui demande si elle aussi attend son tour pour l’interview, elle me répond par la négative et semble un peu interloquée. Plus tard dans la soirée, je vais comprendre ma méprise, elle fait partie de la programmation de la soirée en tant que membre du trio féminin Bodie qui a assuré l’un des meilleurs passages. La prochaine fois, promis!, j’imprime le visage de toute la programmation dans ma tête pour éviter de commettre des impairs de la sorte.
Gael Faure et Alain Souchon en interview

C’est à notre tour de faire passer Gaël Faure sur le gril, il nous salue gentiment et nous prenons place autour de la table. Pour lui la découverte de cette maladie s’est faite lors d’un festival dans le sud de la France, grâce à Théo, un enfant atteint de neurofibromatose. « Je n’en avais jamais entendu parler, on a passé du bon temps la-bas, on y retourne chaque année pour des concerts. Ça fait un moment que je ne les avais pas vu, je suis content de les revoir ce soir »
« Je n’aime pas qu’on dise que je suis un artiste engagé, parce que tout de suite ça vous met dans une case »
Il ne veut pas entendre parler du mot engagement, car il y a des personnes qui sont beaucoup plus engagées au quotidien alors que lui ne vient que de temps en temps pour donner un coup de main, « c’est un mot trop fort, je dirai plutôt que c’est important de s’ouvrir. C’est une maladie qui n’est pas trop mise en avant et on fait ça pour gagner le maximum afin d’aider à la recherche. » ce qui le choque le plus ? « L’inaction des gens me choque ainsi que la fatigue. Les gens sont fatigués parce qu’ils ne croient plus à la politique, ils ne croient plus en rien. On nous empêche de croire aux choses parce que c’est catastrophique. » Pour lui l’avantage d’être artiste (même s’il n’aime pas ce mot) c’est d’avoir le temps de réfléchir à ces choses-là. « on peut se permettre de regarder avec un peu de recul les choses qui nous entourent pour peu qu’on soit un peu concerné. C’est le devoir d’un chanteur de faire passer des messages » Ce soir l’objectif pour lui c’est de « faire résonner cette maladie médiatiquement afin que les gens sachent ce que c’est, c’est vrai que c’est un peu difficile à prononcer neurofibromatose. J’espère que les gens pourront s’investir, donner de l’argent, être touchés. »

Le Grand Alain Souchon que nous avons le privilège d’interviewer quelques minutes plus tard, n’est pas très loin d’épouser les mots que Gaël Faure nous a dit tout à l’heure : « Quand on est chanteur, des fois on nous demande de venir aider, de faire un spectacle pour que l’argent rapporté par ce spectacle, au lieu que ce soit moi qui le garde pour m’acheter une Porsche, on le donne pour la recherche médicale. Parce que la recherche médicale c’est un vrai problème, ça coûte une fortune, il faut des appareils suffisamment sophistiqués qui coutent des sommes astronomiques. Donc quand on nous demande de faire des trucs pour la recherche, on le fait. On est toute une bande ce soir, on est content de se retrouver avec Maxime Le Forestier, Zazie, Hugues Aufray, Renan Luce, Ben Ricour. »
« On a tellement de chance quand on fait ce métier de chanteur et quand ça marche, on se rend compte qu’on peut aider. »
Un conseil pour les jeunes « faire des études, moi je n’en ai pas fait et je regrette énormément. Si vous voulez avoir la belle vie, il faut faire des études. » Compris Alain, pour les études c’est fait, mais la belle vie on l’attend encore (éclats de rires)
Et il s’en alla à la rencontre de son ami Hugues Aufray qui venait de faire son entrée dans la salle d’interview et, après quelques échanges entrecoupés de fous rires, ils s’en allèrent diner avant le show. Nous profitons de ce laps de temps pour faire de même, car la soirée s’annonce longue et animée.
Show Must Go On
Nous arrivons dans une salle déjà bondée de monde et un peu à la bourre, puisque nous loupons de justesse le discours de Jean Michel Dubois le président de l’association.

« J’ai un grand besoin de toucher quelqu’un et vous ? » lance Ours sur scène avec son compère Ben Ricour, les deux parrains de la soirée. Vivre à même l’amour résonne dans le casino de Paris. « On est heureux d’être ici, très heureux de faire découvrir et de sensibiliser les gens qui ne connaissent pas cette maladie. Bienvenue au concert des coccinelles. » Une guitare à la main , Ours nous berce avec son le titre Jamais su danser et il ne se risque pas à esquisser quelques pas de danse.
C’est au tour de Doremus de monter sur scène, il a voulu passer en début de soirée pour nous mettre en garde, car les artistes ce n’est pas toujours comme à la télé. Un petit problème technique au départ avec le son de sa guitare qui ne s’entend pas et il repart de plus belle Les artistes sont des bêtes à chagrin et Lire aux chiottes font rigoler le public, un peu de légèreté ça fait du bien.

Place à Zazie qui joue avec ses bras en interprétant Je suis un homme issue de son dernier album Essenciel, elle est rejointe juste après sur scène par maxime Le Forestier, Ours et Alain Souchon pour nous interpréter Jolie Louise.
Pour Gaël faure, ça sera Colibri et Caractère avant le passage de Dawta Jena « Nous sommes tous ensemble ce soir pour soutenir les enfants et les familles. On m’a demandé de composer une chanson pour la cause que nous défendons. On vous embrasse et on va continuer à oser avec vous. » place au titre Ose qu’elle a composé à la demande de l’association, le public se lève pour chanter « Oser » donnant de la voix avec elle, moment d’émotion et de partage pour les malades et les familles.

Les trois sœurs en cavale du trio féminin Bodie ont offert un moment d’émotion avec leur Medley entre fous rires et concentration pour cette prestation clandestine qui était l’un des meilleurs passages de la soirée, un hommage tout en ironie à leur chère maman. Comme les frères Dalton, Renan Luce, Doremus, Ben Ricour et Ours viendront siffler sur la colline après une petite dispute sur qui des quatre étaient joe Dalton.
Les barons « Osent » sur scène

Hugues Aufray viendra nous fredonner Santiano et Céline; comment rester insensible à cette chanson de 1966 qui a marqué toute une génération et une partie de cette génération est présente dans la salle pour reprendre « dis-moi Céline, les années ont passé, pourquoi n’as-tu jamais pensé à te marier ? »

Standing ovation pour le taulier Maxime Le Forestier, il est l’un des seuls pour qui le public se lève spontanément pour l’applaudir durant un moment à la fin du titre Mon frère. Il enchaine avec San Francisco avant d’être rejoint par Alain Souchon pour interpréter Marinette, Une jolie fleur et Balade de Jim
Bouquet final avec L’ensemble des artistes qui rejoignent Alain Souchon sur scène pour chanter tous ensemble foule sentimentale . Ils sont rejoints par le public qui lève comme un seul homme pour partager ce moment de communion fraternelle.

Ce concert était une occasion de donner un coup de projecteur sur l’association et d’informer le public sur cette maladie orpheline mais aussi de récolter des fonds pour la recherche médicale qui est extrêmement coûteuse et a besoin du soutien du plus grand nombre. Alors n’hésitez pas à « oser » soutenir l’association qui en a tant besoin.