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This Is Not A Love Song au 7e ciel

This Is Not A Love Song au 7e ciel

Inspiré de la chanson de PIL, This Is Not A Love Song est LE festival des découvertes musicales. Il y a 7 ans, quelques passionnés se sont retrouvés pour monter l’un des événements les plus marquants de la vie culturelle en France. Depuis, les #Tinals comme le surnomment les habitués, offrent une programmation raffinée faite de coups de tête, de coups de cœur et même de coups de pouce. Retour avec Fred Jumel sur ces sept années et présentation de la programmation de cette saison où la langue de bois n’a pas sa place.

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Weirdsound • Fred Jumel by christopher

Entre un téléphone qui ne cesse de vibrer et un ordinateur portable qui bipe a chaque nouveau message, on retrouve Fred Jumel, directeur du Paloma à Nîmes et l’un des initiateurs de « This Is Not A Love Song », dans un des salons du Paloma au décor kitsch des années 50. « Un de mes plaisirs est de chiner dans les brocantes… » avoue-il, avec cette décontraction des hommes habitués à gérer des multitudes de dossiers en même temps. Il retrace pour nous les moments croustillants des éditions passées et nous présente le prochain opus qui aura lieu du 30 mai au 1er juin prochain.

Weirdsound : Fred, en deux mots, ton parcours…

Fred Jumel : Avant d’être ici, à Nîmes, j’ai été directeur 7 ans à la Vapeur à Dijon, et précédemment j’ai été 7 ans à l’Antipode à Rennes.

WS : Et comment s’est monté This Is Not A Love Song, toi qui venais de débarquer dans la région…

FJ : Quand je suis arrivé à Nîmes, il y a un peu plus de 7 ans, j’ai rencontré quelques acteurs de la vie associative qui avaient les mêmes goûts musicaux que moi. On allait aux mêmes festivals, aux mêmes concerts parfois à l’autre bout du monde. Et en s’emballant, on s’est dit qu’on pourrait monter un temps fort sur Paloma pour proposer tous les artistes qui nous intéressent d’un seul coup. C’est, comme j’aime à le dire, un festival qui s’est monté sans réflexion, plutôt sur un coup de tête entre potes.

WS : Vous aviez donc investi le Paloma à Nîmes…

FJ : On avait deux scènes, l’une de 1300 places et une autre un peu plus loin de 300, et c’était le ping-pong entre les deux lieux. Dès la première année, on a réalisé qu’il y avait un public pour cette manifestation et on s’est pris au jeu. L’année suivante on a tenté de monter une scène à l’extérieur, puis une deuxième, puis une troisième et maintenant, on est arrivé à 5 scènes sur le festival.

WS : Les #Tinals ne sont pas qu’une programmation, ce sont aussi un état d’esprit.

FJ : On s’est interrogé sur ce qui nous plaisait dans la musique indépendante. Avant tout, c’était la démarche artistique sans être volontairement dans une démarche de succès. Il y avait cette dimension do-it-together. C’est ça qui a composé un peu l’ADN du festival. On s’est aussi beaucoup amusé à travailler sur l’idée du décor. On avait envie d’un festival qui reste dans la simplicité, le bricolage…

WS : Ce concept de do-it-together et de rencontres a-t-il atteint ses limites ?

FJ : D’année en année, on a grossi de plus en plus jusqu’à l’année dernière où l’on a basculé dans la catégorie des gros festivals. On s’est retrouvé avec des artistes qu’on adore comme Beck, qui nous ont poussé dans une problématique qui ne nous branchait pas. Il fallait qu’on gère une sécurité devant sa loge, une escorte pour son Tour-bus, et là, on s’est dit non. On est arrivé à un seuil qui ne nous intéressait plus. Ce qu’on recherche, c’est la proximité avec les artistes, on a envie de s’amuser et de se faire plaisir, et on n’est pas du tout dans une démarche professionnelle.

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Weirdsound • This Is Not A Love Song (by Stephane Rip)

WS : Comment expliques-tu cette escalade ?

FJ : En fait, on a monté ce festival à une période où il n’y en avait pas. Des festivals comme We Love Green (Au bois de Vincennes à Paris) n’existaient pas. On s’est pris au jeu de la concurrence, mais on n’avait pas du tout les mêmes moyens ni les mêmes envies artistiques, c’était pas ça notre ADN. On n’est pas là pour proposer des artistes qu’on attend dons tous les festivals, mais pour proposer des artistes que l’on n’a pas l’habitude de voir en France.

WS : Pour cette nouvelle édition, vous êtes revenus aux origines du festival.

FJ : Oui. Puis, en se creusant un peu la tête, on s’est dit qu’on aimerait élargir le spectre et proposer quelque chose de différent. On n’est pas que sur un champ musical, mais sur une problématique : ça veut dire quoi « être indépendant » en 2019 face au marché, à la réalité économique, aux contraintes du marché ?

WS : Vaste réflexion, vous avez trouvé la réponse ?

FJ : Pas pour l’instant, mais peut-être qu’on va arriver à une mutation du festival. En tout cas, on invite plein de gens à débattre de cette question comme des dessinateurs, écrivains… Je relisais un bouquin de Pablo Servigne, collapsologue (étude de l’effondrement de la civilisation industrielle), qui explique qu’on arrive vers la fin d’un cycle avec l’épuisement des ressources de notre planète, et un des moyens selon lui pour survivre à la crise future, c’est la collaboration et l’entraide : le vivre-avec, le vivre-ensemble. Ça a toujours fait partie des questionnements que l’on a eu depuis le démarrage du festival. Non pas qu’on y ait réfléchi, mais on l’a fait par instinct. Alors, comment crée-t-on de la rencontre et de l’échange entre les gens qui viennent dans un cadre festivalier ? A nous de trouver le moment propice ou les excuses qui vont permettre à des gens d’échanger ensemble.

WS : Cette volonté de rencontre et d’échange, tu la sens aussi entre les artistes ?

FJ : Ça a toujours été le cas ici. Comme on a une grosse programmation, il y a beaucoup d’artistes qui aiment ce que font d’autres, qui ont envie de les rencontrer. Au tout début, on n’avait pas anticipé que des tour-managers nous appellent en demandant que tel groupe ait sa loge à côté de tel groupe. Et le must, c’est lorsqu’un groupe demande à ce qu’on décale leur set pour qu’il puisse voir le concert d’un autre prévu en même temps.

Donc, oui, il y a un vrai lien entre les artistes. On a aussi un espace commun entre les loges où ils se retrouvent. Ils peuvent jouer au ping-pong ou à la pétanque. On se rend compte qu’ils passent beaucoup plus de temps sur le site du festival que ce qui était prévu. Peut-être aussi est-ce dû à la taille du festival.

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Weirdsound • This Is Not A Love Song

WS : Retrouver les valeurs humaines d’un concert…

FJ : On voulait surtout créer un festival où il n’y ait pas de starification des artistes avec une star et un public perçu comme des consommateurs. Il n’y a pas de déballage technique, on ne fait pas des sur-shows. On a toujours demandé aux artistes de venir en toute simplicité. On ne veut pas de concurrence.

Le principe est que l’on a 5 scènes avec des concerts qui se chevauchent. Le set moyen d’un groupe est de 45 mn, ce qui permet de jongler aux gré de ses envies d’une ambiance à une autre. On a un public qui vient pour découvrir, donc ça se ballade pas mal. Comme on est à 30% sur de la découverte, le parcours prévu est souvent chahuté en fonction des claques qu’on se prend en découvrant de nouveaux artistes.

WS : Peux-tu revenir sur les moments forts, anecdotiques ou drôles qui t’ont marqué ?

FJ : Il y a des artistes qui m’ont marqué de par leur personnalité comme Daniel Johnston, un artiste à part entière et singulier, c’était assez fort de l’accueillir. Sur un plan artistique, j’ai vraiment pris une claque sur Idles qui dégage une énergie à chaque concert quelque soit la dimension des scènes puisque je les avais déjà vus en concert à l’étranger. Ils ont une force et une envie de tout retourner qui est géniale.

Lors de la première édition, j’étais ravi d’accueillir les Breeders parce que pour moi, c’était un symbole. On les a programmé sur la grande scène, et on avait programmé un jeune groupe sur la petite qui s’appelait FAUVE. Et entre le moment où on les a programmés et le jour du concert, ces derniers sont devenus célèbres, car entre le moment où tu montes la programmation, c’est-à-dire septembre, octobre et le concert en mai, il y a eu un véritable buzz autour du groupe. Et comme c’est un univers en perpétuel mutation, toi aussi, tu te retrouves désarçonné. Bref, tout le monde voulait voir FAUVE dans la petite salle de 300 places.

WS : De simples découvertes deviennent de véritables avant-premières.

FJ : Dans cet esprit, cette année, on invite Lizzo, une artiste américaine dans un registre un peu hip-hop. Aux États-Unis, c’est une icône du mouvement LGBT qui est en train d’exploser mais pas encore en France, et c’est pour ça qu’on veut la voir.

WS : La programmation est tellement riche, comment le public y trouve-t-il son compte ?

FJ : C’est ça qui est intéressant. La question qu’on se pose est : comment donner envie à des gens de venir découvrir des groupes qu’ils ne connaissent pas ? Ou plutôt : Comment faire découvrir à des gens des choses qu’ils n’attendent pas forcément ? Et je crois que c’est ça le principe d’un festival comme le notre. Tu dois avoir des surprises et des rencontres.

WS : Y a t’il un ou deux coups de cœur que tu es content d’avoir cette année ?

FJ : C’est très dur de répondre à cette question. Je pense à Cola Boyy. Un chanteur américain qui fait un truc un peu disco assez dansant et avec son handicap (Matthew Urango a une malformation de la colonne vertébrale de naissance ayant entrainé l’amputation d’une jambe), c’est un moment que j’ai envie de voir parce que le public peut vraiment s’emballer !

Sinon, j’aime particulièrement l’album de Caroline Rose. J’attends beaucoup de Low aussi, je ne les ai jamais vus sur scène. Il y a aussi des projets que l’on suit depuis longtemps comme Le SuperHomard qui sont d’ici et que l’on soutient énormément. Ils viennent de sortir leur premier album avec de beaux retours positifs.

WS : Qu’espérer pour le futur des #Tinals ?

FJ : On n’a pas envie de rester dans un train-train, on veut s’autoriser à rêver et on ne souhaite pas te retrouver dans 15 ans pour te parler des #Tinals. J’espère bien que d’ici-là le festival aura su rebondir, muter, avancer et ne pas être dans la continuité. On est sur une aventure humaine, faite de coups de cœur et c’est l’envie qui doit nous porter et pas l’obligation de le faire.

WS : En conclusion ?

FJ : Je suis plutôt content aujourd’hui parce qu’on se positionne et on se questionne sur les valeurs. Pourquoi on fait un festival et quel sens ça a de faire un tel événement ? Pour moi, on est sur une, voire deux années de transition pour aller vers encore autre chose. On sait qu’il faut absolument garder cette spontanéité. Mais il n’y a jamais eu une édition où l’on ne s’est pas dit : C’est bon, c’est la dernière.

Merci à Fred Jumel pour le temps consacré à parler de This Is Not A Love Song, ou devrions-nous dire les #Tinals, car maintenant, vous êtes familiarisés avec le concept atypique de ce festival. A vous maintenant de venir découvrir la cinquantaine d’artistes qui vont performer tout au long des trois jours de l’Ascension. Pas de doute, pour cette septième édition, vous monterez au ciel !

Programmation :

Jeudi 30 Mai : FAT WHITE FAMILY / SHELLAC / ALDOUS HARDING /WALLOWS / KURT VILE &THE VIOLATORS / MEN I TRUST / LE SUPERHOMARD / RON GALLO / BUILT TO SPILL / THE MESSTHETICS / BLACK MIDI / CAROLINE ROSE

Vendredi 31 mai : DELGRES / LOU DOILLON / JAMES BLAKE / COURTNEY BARNETT / BOY PABLO / STEPHEN MALKMUS & THE JICKS / BIG THIEF / JPEGMAFIA / DTSQ / DAM FUNK /OFF THE WAGON / POUTRE / TOMBERLIN

Samedi 1er juin : FONTAINES DC / SCARLXRD / RENDEZ VOUS / SHAME/ LOW / PRETTIEST EYES / DIRTY PROJECTORS /WARM DRAG / SHONEN KNIFE / GENESIS OWUSU /JIM YOUNGER’S SPIRIT / COLA BOYY / ROCKY CONTROLO

Site et billetterie :

https://thisisnotalovesong.fr/

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