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The Besnard Lakes : un sixième album pour une Renaissance!

The Besnard Lakes : un sixième album pour une Renaissance!

The Bernard Lakes sortent leur nouvel album, The Besnard Lakes are The Last Of The Great Thunderstorm Warnings, ce 29 Janvier. Il s’agit de leur sixième album, le premier sur leur nouveau label Full Time Hobby. C’est un concept album, une sorte de voyage au bord du gouffre mais dont on ressort aussi, vivant. Nous avons eu la chance d’avoir un échange et un éclairage apporté par le couple fondateur du groupe. Ce sont, en effet, Olga Goreas (Basse Chant) et Jace Lasek (multi-instrumentiste, chant) qui créent, il y a bientôt 20 ans, The Besnard Lakes. Le nom a été inspiré par le lac du Saskatchewan, à l’Ouest du Canada.

The Besnard Lakes est un groupe que j’ai découvert en 2007, avec leur deuxième album, The Besnard Lakes are The Dark Horse. Le titre était inspiré par le surnom du groupe, The Dark Horse, sur la scène montréalaise. Il était aussi leur premier sur le label américain Jagjaguwar. J’ai ensuite vu le groupe en 2013 à Nantes, alors que paraissait leur 4ème album Until In Excess, Imperceptible UFO. Il était, jusqu’alors, mon préféré et comporte de nombreuses pépites comme 46 Satires qui ouvre l’album.

Très beau titre ouvrant le quatrième album

The Besnard Lakes : un nouveau label pour un concept album ambitieux.


Aujourd’hui, The Besnard Lakes ont signé sur le label Full Time Hobby, comme pour un nouveau départ. Un label où l’on retrouve beaucoup de groupes que j’aime, de Timber Timbre à Tunng, en passant par Katie Von Schleicher, Dana Gavanski ou Aidan Knight ! Pourquoi ce changement de label, même si je me doutais un peu de la réponse, contenue partiellement dans ma question. C’est Olga Goreas (chanteuse et songwriter/compositrice) qui répond. « Nos chemins se sont séparés avec Jagjaguwar car nous avions cherché un niveau où, avec eux, nous nous sentions plafonnés. Ce fut une décision mutuelle et nous avons eu la chance de trouver un label comme Full Time Hobby (en partenariat avec Fat Cat aux USA et Flemish Eye au Canada). Un label qui nous permettait de faire le disque que nous voulions. Nous sommes très heureux, c’est sûr!« .

Il est vrai qu’après cette séparation avec Jagjaguwar, il y eut aussi un temps de doutes et de réflexion. Fallait-il poursuivre l’aventure, avec de longues chansons rock à la pesanteur chtonienne mais aussi à la grâce éthérée, de 5, 10 voire 18 minutes. Surtout à l’heure du streaming, était-il pertinent de continuer !? Heureusement l’Amour du couple et celui de jouer de la musique avec leur groupe allait vaincre leur hésitation. « On s’en fout » se sont surtout dit the Besnard Lakes, et ils ont décidé d’entreprendre le plus ambitieux album de leur carrière.

Un concept album de plus de 71 minutes qui doit s’appréhender « comme un voyage » me diront successivement Olga Goreas et Jace Lasek. Comme je le ressentais moi-même, dès la première écoute, Jace Insiste sur ce point. « L’album est conçu pour être écouté comme un tout-en continu-quelque chose que peu de gens peuvent faire aujourd’hui et nous le savons…mais on s’en fout ! Les 9 titres sont répartis en 4 faces-en vinyle- correspondant à 4 parties. Olga rappelle que « chaque face a un titre, Near Death, Death, After Death, Life. Les titres de chacune de ces faces correspondent à ces thèmes ».

Un album aux influences et hommages divers.

Hommage à Mark Hollis avec de belles harmonies vocales pour un titre magnifique

Bien sûr, il est beaucoup question de mort mais ce n’est pas la même approche que le dernier album de Tunng. Nous avions chroniqué ce bel album éclairé par Sam Genders et paru, lui aussi, chez Full Time Hobby. L’obscurité de la mort mais aussi le côté lumineux de la vie, comme d’une Renaissance après la mort vont se succéder sur cet album aux influences multiples. Le « voyage » est, en partie, l’histoire de la propre odyssée de The Besnard Lakes. C’est aussi un souvenir, voire un hommage rendu à d’autres, plus ou moins proches et disparus. Les trois premiers titres s’enchaînent et contiennent d’ailleurs, déjà, deux hommages.

Après le beau titre d’ouverture, Blackstrap, vient Raindrops, dévoilé en Novembre et que nous vous avions présenté. Le duo explique que la chanson, mais aussi le clip raconte »un vol psychédélique à travers l’esprit lorsqu’on est au plus profond d’un état modifié de conscience« . Olga Goreas confirme que le titre fait référence à Mark Hollis « quand je chante au sujet du Garden of Eden spirited« . Rappelons que Spirit of Eden était le titre du 4ème album de Talk Talk, paru en 1988 et loin des premiers hits et clichés des premiers albums. Ce jardin d’Eden décrit également « l’idée d’évolution, déterminante dans l’histoire de celui ci ». Olga ajoute que « Talk Talk fut une énorme influence pour Jace et moi et nous avons été très secoués quand nous avons appris la mort de Mark Hollis« . Nous avions consacré un article à cette disparition.

Le titre suivant, Christmas Can Wait fait référence, me dit Olga, « au moment où Jace est aux côtés de son père mourant (en 2019) et comment celui ci explique les visions qu’il a eues, alors qu’il est sous morphine« . Le père de Jace Lasek a, alors, évoqué une « fenêtre » sur sa « couverture« , mots que l’on retrouve dans cette magnifique chanson de plus de 8 minutes. Le père de Jace a alors décrit ses visions comme « un charpentier fabricant des objets compliqués« .

Le troisième hommage vient un peu plus loin dans l’album. Le titre Father of Time Wakes Up est une référence à Prince que le duo a pleuré. Là encore, c’est Olga qui explique « les références des paroles ». Ainsi la chanson démarre sur « Jamie Starr would steal everything that you wore« . Jamie Starr était un pseudo utilisé par Prince, dans son début de carrière mais devenu aussi une mention de label sur plusieurs de ses disques. « Le dernier solo de guitare s’inspire de Purple Rain » (le titre When Doves cry, ndlr)me précise encore Olga.

The Besnard Lakes are the last of the great Thunderstorm Warnings…un message implicite?

Dans la deuxième partie Death

Le 7ème titre, New Revolution, marque une rupture évidente y compris dans le rythme musical. La chanson vient après The Dark Side Of Paradise, un de mes titres préférés, très planant. Si le morceau est très court en terme de paroles, il se termine sur la phrase « What in The World are we gonna do ». C’est à nouveau Olga Goreas qui répond à mon interrogation. « Oui, bien sûr, New Revolution coïncide avec After Death (la phase précédente de l’album, ndlr) et la chanson est une sorte de réponse à la question-Quoi maintenant ? Nous n’étions pas sûrs de mettre cette chanson sur l’album mais j’ai insisté parce que je pense que c’est une chanson positive. Je l’ai appelée notre « Posi-rock-song« . (Rires).

Au delà d’une révolution à laquelle le groupe peut appeler, je voulais en savoir un peu plus sur le choix du titre de l’album qui sonne comme une sorte d’avertissement ! C’est Jace Lasek qui me répond. « Quand j’étais jeune, les programmes TV étaient interrompus par des bulletins météo, notamment lorsque le temps allait être mauvais. J’étais stupéfait par le pouvoir que pouvait avoir ce mauvais temps et l’impuissance que je pouvais ressentir. C’est comme si nous sommes cette technologie obsolète / désuète – les derniers survivants d’une espèce en voie de disparition de créateurs d’albums – qui espèrent encore que les gens prendront le temps de s’asseoir et écouter l’album de bout en bout. Tout va si vite maintenant. Peut-être essayons-nous d’envoyer une alerte pour prévenir les gens de ralentir. Nous ne pourrions avoir qu’une seule vie sur cette planète qui se meurt« .

The Besnard Lakes….une renaissance pour une belle continuité musicale.

Titre conçu dans le cabanon du Rigaud Ranch et beau clip signé Dr Cool

Ce nouvel album revient aussi à ce qui pouvait être l’ADN du groupe. Des titres souvent longs qui leur offrent une liberté totale. Olga et Jace composent et écrivent ensemble les paroles. Avec « une règle basique« , précise Olga: « J‘écris ce que je chante et Jace fait de même« . Certains titres ne sont pas nouveaux mais ont pu être réinventés. Beaucoup sont nés dans leur cabanon aménagé en studio de leur « Rigaud Ranch », leur coin de paradis.

Quand on écoute l’album, on retrouve bien les ingrédients des influences principales du groupe. Jace Lasek les résume joliement. « Spiritualized’s Lazer Guided Melodies, Bee Gees Odessa, Brian Wilson’s Smile, Roy Orbison, Pink Flyod Dark Side Of The Moon ». Décryptage bref pour les premiers: Lazer Guided Melodies est le premier album, en 1992, de Spiritualized, le groupe fondé par Jason Pierce. Nous l’avons revu avec plaisir au festival Levitation en 2018. Odessa est l’album des Bee Gees de 1969, comportant l’un de leurs premiers hits, First Of May. Smile devait être, en 1967, le 12ème album des Beach Boys. Abandonné, il fut ressuscité par Brian Wilson en 2004.

Alors, The Besnard Lakes continuent dans ce qu’ils savent faire de mieux pour séduire nos oreilles. Au delà des influences musicales précitées, The Besnard Lakes restent fidèles à un style musical qui contribue à leur identité : entre rock psyché, shoegaze et dream pop avec une dose de drone. Le morceau titre qui clôt l’album (plus de 17′) laisse la part belle à un très long final d’Organ Drone. Un final qui peut durer très longtemps vu le sillon sans fin! Le Welkon In De Blaak est un orgue Hammond dont Jace Lasek joue dans plusieurs titres. C’est le seul orgue Hammond C3 au monde, modifié pour être connecté à 4 enceintes Leslie pour ainsi créer un son quadriphonique. Aujourd’hui, Jace Lasek résume d’ailleurs ainsi l’identité musicale de The Besnard Lakes. « Je pense que nous sommes Drone, gazouillis, Noise, Ondes courtes et harmonie« .

Jace Lasek et son Welkon In De Blaak

Epilogue : prendre son temps avec l’épopée de The Besnard Lakes

Quelques grincheux vont peut-être dire que The Besnard Lakes changent peu depuis 18 ans et alors ? On peut apprécier la réponse de Jace Lasek quand j’évoque cette période de près de 20 ans ! « Mon ami Steve (Steve Ramsay a constitué, avec Jace, le duo Light Conductor qui a sorti l’album électronique Sequence One en 2019, ndlr), nous appelle les AC/DC du rock indie, parce que notre son est tout simplement resté le même / notre musique est tout simplement restée la même. Nous avons toujours pensé que changer ton son / ta musique pour s’adapter à la périodec’est de la merde.., et nous ne saurions pas changer de toutes manières. Nous ne savons faire que ce que nous jouons. Nous nous moquons des tendances, ou si les gens vont davantage nous aimer parce que nous jouons de telle façon. Notre musique vient du cœur et de nulle part ailleurs« .

Puis, il ajoute avec humour : « Pour le dernier album, nous avons essayé de faire des chansons plus courtes, il s’agissait d’un exercice plus personnel qu’autre chose. C’est ce qui s’approche le plus pour nous d’ « évolution » (rires).

Aujourd’hui, il faut savoir prendre son temps, y compris pour écouter de beaux albums de musique. Heureusement, beaucoup de gens ont commencé à le comprendre, en ces temps de confinement et/ou de couvre-feu. Tant mieux ! Savourez l’album de The Besnard Lakes !

Un seul concert prévu en France en 2021 : Paris(Bus Palladium) le 30 Septembre

https://fulltimehobby.co.uk/

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