Directement issu de la nébuleuse garage/rock bordelaise, Th’ da Freak délivre une pop légère et flamboyante, teintée de psychédélisme. Ainsi, le nouvel album du freak Thoineau Palis sortie le 8 mars chez Howlin’ Banana sonne comme une journée de glande devant la télé un jour d’été. Disque décontracté et bourré de références au cinéma d’horreur de série B, Boris Karlof, Bela Lugosi ou encore l’immense Christopher Lee hantent les plages de ce Freakenstein.
Membre fondateur du collectif Flipin Freaks (J. C. Satan nous en avaient touché deux mots), le musicien est un hyper actif auto proclamé qui ne peut guère passer plus de quelques semaines sans produire quelque chose sous une forme ou une autre, sous un pseudo ou un autre. Freakenstein est donc le successeur de The Hood et autre H-Sides et T-Sides.
Comme vous le savez, avant tout bon film qui se respecte, il y a toujours une petite entrée en matière, un gimmick obligé pour rentrer dans le film—rappelez-vous les James Bond. Et bien dans un disque de rock (et surtout de metal!), il y a aussi la petite entrée en matière.
Au commencement, donc, était une musique angoissante, sorte d’intro à la bande son du film « Thrill! Love! Freakenstein! » qui va se dérouler dans vos oreilles. À la suite de cette mise en bouche—je sais, tout ça c’est un peu surréaliste et improbable, mais ici, tout est possible—déboulent une dizaine de morceaux tous aussi désinvoltes et foutraques que Low-fi. Des chansonnettes, souvent guillerettes, emmenées à fond la caisse—Nutty—des hymnes fuzzés à mort—Surrender— qui cachent bien souvent des paroles plus trash avec un second degré , voir plus, très prononcé. Au milieu de tout ça nage le graisseux Freakenstein, avec sa voix d’outre tombe et son riff ultimement garage!
À la fois :
« hyper fort et complètement horrible » (dixit Thoineau lui-même dans une interview pour Général Pop),
ce monstre intérieur qu’est Freakenstein serait donc et le fantasme, et la métaphore de l’amour selon Th Da Freak.
Alors oui, vous me direz, lorsqu’on me demandera « t’écoutes quoi dans ton casque? » il sera assez difficile de répondre « ve d’Afrique », « v’deufric », « T. H. d’Afrique »… C’est vrai que cela risque de couper court à tout échange sur le sujet et de générer une réponse du style « ah… Ok. » Le mieux est de ne rien dire et de placer les écouteurs sur la tête/dans les oreilles de votre interlocuteur. Il pourra déguster un délicieux mélange de pop et de garage, une musique où le grunge des années 90 est palpable. Comme sur ce Kurtains aux paroles pleines d’espoir :
« I Hate myself and I want to die, but suicide is not for me…« .
Enjoy.
Enregistré pour la première fois avec les musiciens qui l’accompagnent habituellement, l’album garde une sincérité brute et une spontanéité que la production dépouillée met en valeur. Et, tel ces films de série B auxquels il fait référence, un peu à la manière des films de la Hammer, mais aussi un peu comme le monstre du Dr Frankenstein—et non : Frank Enstein n’est pas le frère d’Albert!—le disque est fait de bric et de broc, de morceaux ramassés ça et là et assemblés par une équipe de doux dingues qui n’ont qu’une ambition : faire du bruit. Et la musique n’est elle pas autre chose que du bruit qui pense? (Oui, alors là, pour ce qui est de Freakenstein, il peut y avoir discussion…).
Comme dans tout bon film, il y a un « pay off », avec les accents westerniens de Adios Freakos, Thoineau Palis nous dit « Hasta la vista, baby! ». Et comme dans tout bon article, il y a aussi un « pay off ». Un dernier pour la route :
C’est bien, hein? À croire qu’il se passe quelque chose dans l’estuaire de la Gironde. Peut-être une série de fuites radioactives de la centrale du Blayais que les autorités nous auraient tues, et qui aurait engendré une génération de mutants, comme J.C. Satan, Cockpit ou …Th Da Freak. Une vrai épidémie. Bordeaux rock city, comme pourrait le chanter le groupe Bisou.
Liens :
https://thdafreak.bandcamp.com/