« T’es qui là ? », ivresse poétique

Son nom ne vous est probablement pas méconnu, et pour cause: après avoir produit deux albums intitulés From Gainsbourg to Lulu pour le premier (sorti en 2011), et Lady Luck pour le second (publié en 2014), c’est avec une nouvelle création, dont les sonorités sont tout aussi enivrantes que la boisson alcoolisée à laquelle elle se réfère, que Lulu Gainsbourg revient sur le devant de la scène musicale avec des titres écrits par sa compagne.

C’est sur quelques uns d’entre eux que nous souhaiterions revenir.
La question que semble se poser l’Artiste tout au long de l’œuvre est une porte d’entrée sur un univers particulier, dans lequel l’Amour se reflète et plus encore semble occuper une place prépondérante. S’il nous est permis de penser à un conte de fée des temps modernes, nul doute que le premier titre de l’album, Tequila, en trace les contours.
La chanson Jeux d’enfants laisse en nous un sentiment de nostalgie, tout en multipliant les références artistiques (dont une à Serge Gainsbourg), et en faisant naître une poésie qui aurait aisément inspiré les œuvres qui nous sont donner a imaginer…à défaut de voir.
L’interprétation de ce morceau se fait à deux voix: celle de Lulu en domine une autre, qui se fait discrète mais assurée. Celle de Lilou. Car même si l’amour repose sur une complémentarité il n’en reste pas moins dualiste. C’est cette dualité qui nous entraîne parfois dans une danse qui nous plonge dans des minutes pour le moins déplaisantes, en témoigne le Bal des infidèles dont la couleur noir est symbole de deuil … amoureux. Peut être pourrions nous discerner au sein de l’album une toute autre peine, liée à une perte particulière : celle de l’innocence de l’enfance ainsi que celle de la figure paternelle. Lucien sonne comme un hommage à Serge Gainsbourg mais aussi comme une certaine forme de dissociation du fils vis à vis de son père.
Enfin, Love is the Key est cité par l’Artiste comme la chanson « clef » de l’Album. Elle est probablement celle qui illustre au mieux la question de la temporalité : l’amour serait elle la seule chose qui permette aux hommes d’être immortels? Une chose pourtant certaine: si l’amour se joue du temps (après tout l’Amour n’a pas d’âge, comme il l’est si bien dit ici) il n’en a pourtant pas à perdre.
Lulu Gainsbourg a accepté de nous accorder une interview concernant cette troisième oeuvre, et c’est avec enthousiasme que nous la partageons ici:
Bonjour Lulu ! Ma première question pourrait vous paraître très redondante mais reste néanmoins importante : Qui est Lulu Gainsbourg ?
Un grand passionné de musique…
Comment vous est venue l’idée d’un album commun ?
Cela s’est fait tout naturellement. J’avais besoin de textes, et Lilou, qui me connaît mieux que personne, savait que je souhaitais une chanson sur la « Tequila »… D’une chanson, nous sommes passés à un album.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour le réaliser ?
1 an environ
Comment vous êtes vous organisés sur la répartition des tâches ?
Je m’occupe de la musique et de l’arrangement, Lilou des textes, et Jeremy, mon meilleur ami, est l’ingénieur son et réalisateur.
Les 14 titres ont été enregistrés en une seule prise, les sonorités sont très années 60’s, 70’s. Cela dénote une certaine prise de risque … non ?
C’était risqué mais j’aime les défis… et je l’ai relevé.
Quel est le souvenir le plus marquant de cet enregistrement ?
J’ai enregistré mes voix « rue de Verneuil » chez mon père, et au moment d’enregistrer la chanson « Lucien » (qui porte son nom), le réveil dans sa chambre a sonné, c’était assez… étrange. Nous avons d’ailleurs gardé ce moment sur l’album, et si vous avez l’oreille assez fine, vous pouvez entendre le réveil sur le début de cette chanson.
D’où provient votre inspiration ?
L’inspiration peut venir d’un coup comme elle peut aussi repartir d’un coup… Elle vient de tout et de rien, de la vie et de chacun de ses moments.
Quels sont les Artistes qui vous ont le plus inspirés, ou influencés pour réaliser cette œuvre ?
J’ai fait quelques clins d’oeil dans cet album; « Blackstar » de David Bowie pour « L’artiste », « Variations sur Marilou » de Serge Gainsbourg sur « Jeux d’enfants » ou encore « Imagine » de John Lennon pour « Love is the key ».
C’est donc un album ‘’ co-réalisé’’ .Marque t-il le début d’une longue collaboration ?
Jeremy Loucas et moi travaillons ensemble depuis mon premier album « From Gainsbourg to Lulu », et c’est pas prêt de changer.
Il est également le seul où toutes les chansons sont interprétées en Français. Pourquoi avez vous décidé de ‘’renouer’’ avec la langue française ?
C’est ma langue natale.
On ressent dans les paroles, bien que tintées de poésie, une certaine insouciance et légèreté, est ce que cela traduit une certaine vision de l’amour que vous partagez ?
Je suis jeune et amoureux, alors oui, pourquoi ne pas être insouciant et léger ?
Son titre, Tequila, peut faire référence à une infinité de choses, que ce soit à l’enivrement amoureux ou à la curiosité enfantine. Néanmoins, pourrions-nous également y voir aussi un clin d’œil à la chanson Tequila de Danny Flores ?
Et non, juste un clin d’oeil à mon histoire personnelle.
Lulu, nous pourrions avoir l’impression que le fil conducteur de vos albums est non seulement le hasard mais également l’attente d’une rencontre, quelque soit sa forme. Est-ce que ce sont deux sujets qui vous tiennent particulièrement à cœur ?
Le hasard, la rencontre, tout ces sujets sont connectés à l’amour, qui est lui, effectivement, un sujet qui me tient à coeur, car pour moi, c’est l’essence même de la vie.
Le titre Lucien, est celui où vous semblez vous mettre le plus à nu. Est-ce également une pensée que vous vouliez avoir pour votre père ou au contraire une manière de vous en dissocier ?
Les deux. « Lucien » est une chanson qui raconte une histoire vraie, j’aurais du officiellement m’appeler « Lulu » mais à l’époque, ce n’était pas possible. Je suis néanmoins très fière de porter le prénom de mon père.
Je ne doute pas que chaque titre occupe une place particulière pour vous, néanmoins, quel est celui que vous affectionnez le plus ( de manière commune ou singulière)
Love is the key, c’est le message de l’album « T’es qui là ? »
Aurons-nous le plaisir de vous revoir prochainement sur scène ?
Après une série de concerts au Café de la Danse à Paris, j’y serai une dernière fois le lundi 25 mars, je pars ensuite à New-York pour enregistrer un nouvel album, et mes prochaines dates auront lieu à la rentrée.
Enfin, si vous deviez définir votre album en un seul mot, lequel choisiriez vous ?
Santé!!!
Merci !
Si vous avez envie de voir ou de revoir Lulu Gainsbourg sur scène, c’est par ici :
